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«Elle» (ce sera son nom), elle est blonde («hâlée, d'une blondeur trop éclatante pour être naturelle»), toute de blanc vêtue et croqueuse de glaçons du Grand Nord. Femme d'affaires impitoyable, cyclique manipulatrice et charmeuse. le pôle Nord peut rapporter gros : réserves de gaz, de pétrole ou de diamants. C'est ici, au pays des Inuits, que la Reine des Glaces va poser ses griffes acérées joliment peintes au vernis. «Elle» va tout anéantir sur son passage jusqu'à se
(s'auto)détruire. Pour l'appât, sans partage, d'un bon gain, bon teint.
Le narrateur, «Il» (ce sera son nom) travaille dans l'ombre fascinée de «Elle».
«Il» la suit partour comme l'ombre de son ombre, comme l'ombre de son chien. Amoureux ? Agent secret ? Valet ? A vous de voir...
Cruel et cocasse, clinique et cynique ce roman glacial devrait figurer dans chaque trousseau offert aux juvéniles traders bourgeonneux et sans reproche qui partent, sabre au clair, au front des dégradantes agences de notation !
(Et au pédantesque pontifiant Jacques Attali tant que j'y suis !)
Petites parenthèses qui me brûlaient les doigts !
Ce roman efficace écrit avec éloquence est une démonstration sans tain et sans pitié de notre monde au frigide coeur économique.
Au temps cannibale de «notre» crise boursicoteuse, le salvateur Philippe Vasset veut nous «décrire les effloraisons incontrôlées de l'économie mondialisée.»
Philippe Vasset nous avait déjà imergés dans le monde sinistre des marchands d'armes avec son «Journal intime d'un marchand de canons», après la descente aux enfers dans le monde financier avec ce «Journal intime d'une prédatrice», que nous prépare t-il ?
Peut-être un «Journal intime d'un marchand de sable» ?
En attendant le troisième opus avec impatience, interrogeons-nous : mais dans quel monde vivons-nous ?
Né en 1972, Philippe Vasset est journaliste et écrivain. Diplômé en géographie, en philosophie ainsi qu'en relations internationales, il a travaillé un temps dans un cabinet d'investigation américain, tiens, tiens ! Il est aujourd'hui rédacteur en chef d'Intelligence on line, publication spécialisée dans le renseignement industriel et politique, tiens, tiens !
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«La glace qui flotte dans vos verres vient de l'Arctique : ce bloc a été détaché d'un iceberg dérivant la semaine dernière en mer de Beaufort, puis acheminé par bateaux jusqu'à New-York.
(Elle s'interrompt, observe l'assistance pour juger l'effet produit et poursuit.)
Mais la fonte des glaces n'a pas pour seul bénéfice de refroidir vos cocktails. Elle peut aussi vous rendre fabuleusement riches, c'est la raison pour laquelle je vous ai conviés ici ce soir.»

La prédatrice est une femme venue de nulle part qui se rêve au sommet : créatrice d'un fond d'investissement, Icecap, celle qu'on surnomme La Reine des glaces veut tirer profit du réchauffement climatique et des ressources naturelles de l'Arctique, pour construire sa fortune, sa puissance et être ainsi l'objet de tous les désirs.

Du tourisme polaire jusqu'aux armements conçus pour les températures extrêmes, la prédatrice fond sur toute opportunité économique en Arctique, nouvel eldorado d'un capitalisme qui s'essouffle, et on n'est ici pas très loin de l'ambiance du ParK (Bruce Bégout).

Comme pour le Journal intime d'un marchand de canons, Philippe Vasset intègre des personnages fictifs dans une réalité très bien documentée. Raconté par un collaborateur toujours dans son ombre, ce journal intime prend par moments des allures de théâtre caricatural, à l'image du fond de teint que La Reine des glaces applique par couches sur son visage pour masquer son vieillissement et ses fragilités. Ce personnage en carton-pâte, qui a égaré en chemin sa part d'humanité, est au final une illustration saisissante d'un capitalisme mondialisé et voyou.
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Histoire de la reine des glaces, une arriviste qui se sert du réchauffement climatique pour exploiter l'Arctique. Bien vu et d'actualité.
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Une belle réussite dans la veine du "Journal intime d'un marchand de canons"...

Après son remarqué « Journal intime d'un marchand de canons » en 2009, Philippe Vasset publiait en cet automne 2010 ce « Journal intime d'une prédatrice ».

Sur un postulat amusant et « réaliste » (la création d'un fonds d'investissement dédié aux ressources « libérées » en Arctique par le réchauffement climatique), le romancier (et par ailleurs rédacteur en chef des lettres confidentielles des milieux du renseignement « Intelligence Online » et « Africa Energy Intelligence ») livre une peinture vivante, féroce, endiablée des milieux et du fonctionnement des grands fonds d'investissement multinationaux, en même temps qu'une étonnante revue de tout ce qui peut « produire du profit » en Arctique, incluant des descriptions et des énumérations que ne renierait pas le Vollmann des « Fusils ».

Après un malicieux exergue : « Il y a là-bas une fortune colossale qui nous attend. Une fortune colossale qui ne m'échappera pas ! » (Hergé, L'étoile mystérieuse, 1947), l'auteur explique dans un bref avant-propos le sens de sa démarche d'écriture : « L'objectif est toujours le même que dans mon précédent roman : décrire les effloraisons incontrôlées de l'économie mondialisée. Pour y parvenir, le livre fait réagir des environnements réels à des précipités de fictions et mêle personnages existants et inventés. Pourquoi un tel dispositif ? Un récit documentaire n'aurait-il pas été préférable si le but est d'exposer des faits ? le recours à la fiction permet de prendre en compte la part fantasmée des échanges réels et de ne pas séparer les actions des individus de la représentation qu'ils s'en font. La série des « Journaux intimes » s'intéresse tout autant à l'imaginaire des agents économiques qu'aux transactions qu'ils mènent et aux bénéfices qu'ils en tirent. »

Une belle réussite, même si le ton et le rythme du récit sont peut-être un peu moins parfaitement au point que dans le « Journal intime d'un marchand de canons ».
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Second opus de la série, après le Journal intime d'un marchand de canon ; Philippe Vasset convainc tant par le dispositif littéraire engagé (mêler personnages et évènements réels et fictifs pour traduire plus justement la réalité de la vie économique, triviale et fantasmée) que par les faits narrés : la tentative de positionnement de certains agents économiques au pôle nord dans la perspective de l'exploitation des ressources minières qui y dorment, facilité par le réchauffement climatique et la fonte des icebergs. Très intéressant et très efficace.
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Aurait mieux fait de faire un doc; écriture exécrable.
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