Citations sur Le Silence de la mer (83)
J'appris ce jour-là qu'une main peut, pour qui sait l'observer, refléter les émotions aussi bien qu'un visage, aussi bien et mieux qu'un visage car elle échappe davantage au contrôle de la volonté.
Je sais bien que mes amis et notre Führer ont les plus grandes et les plus nobles idées. Mais je sais aussi qu’ils arracheraient aux moustiques les pattes l’une après l’autre. C’est cela qui arrive aux allemands toujours quand ils sont très seuls. […].
« Heureusement maintenant, ils ne sont plus seuls : ils sont en France. La France les guérira. […].
― Mais pour cela, il faut l’amour. […].
― Un amour partagé.
En vérité, il se montra ce jour-là comme il fut toute sa vie : toujours prêt à charger sur ses propres épaules le poids de n'importe quelle injustice, toujours prêt à payer lui-même pour les péchés du monde.
Le succès est peu de chose, auprès d'une conscience en repos.
J'appris ce jour-là qu'une main peut, pour qui sait l'observer, refléter les émotions aussi bien qu'un visage, -- aussi bien et mieux qu'un visage car elle échappe davantage au contrôle de la volonté. Et les doigts de cette main-là se tendaient et se pliaient, se pressaient et s'accrochaient, se livraient à la plus intense mimique tandis que le visage et tout le corps demeuraient immobiles et compassés.
Ses pupilles, celles de la jeune fille, amarrées comme, dans le courant,la barque à l'anneau de de la rive, qu'on eût pas oser passer un doigt entre leurs yeux.
D'un accord tacite nous avions décidé, ma nièce et moi, de ne rien changer à notre vie, fût-ce le moindre détail : comme si l'officier n'existait pas ; comme s'il eût été un fantôme. Mais il se peut qu'un autre sentiment se mêla dans mon cœur : je ne puis sans souffrir offenser un homme, fût-il mon ennemi.
Son front, bourrelé et fripé, ressemblait à un grelin d'amarre..
LE SILENCE DE LA MER
p.63
Nous ne fermâmes jamais la porte à clef. Je ne suis pas sûr que les raisons de cette abstention fussent très claires ni très pures. D'un accord tacite nous avions décidé, ma nièce et moi, de ne rien changer à notre vie, fût-ce le moindre détail : comme si l'officier n'existait pas ; comme s'il eût été un fantôme. Mais il se peut qu'un autre sentiment se mêlât dans mon cœur à cette volonté : je ne puis sans souffrir offenser un homme, fût-il mon ennemi.
Je veux faire moi, une musique à mesure de l’homme : cela aussi est un chemin pour atteindre la vérité. C’est mon chemin. Je n’en voudrais, je n’en pourrais suivre un autre. Cela, maintenant, je le sais. Je le sais tout à fait. Depuis quand ? Depuis que je vis ici.