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Citations sur Le Silence de la mer (83)

Mais le bourdonnement sourd et chantant s'éleva de nouveau ; on ne peut dire qu'il rompit le silence, ce fut plutôt comme s'il en était né.

LE SILENCE DE LA MER
p.34
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Il était devant les rayons de la bibliothèque. Ses doigts suivaient les reliures d'une caresse légère.

- ... Balzac, Barrès, Baudelaire, Beaumarchais, Boileau, Buffon... Chateaubriand, Corneille, Descartes, Fénelon, Flaubert... La Fontaine, France, Gautier, Hugo... Quel appel ! dit-il avec un rire léger et hochant la tête. Et je n'en suis qu'à la lettre H ! Ni Molière, ni Rabelais, ni Racine, ni Pascal, ni Stendhal, ni Voltaire, ni Montaigne, ni tous les autres !...

Il continuait de glisser lentement le long des livres, et de temps en temps il laissait échapper un imperceptible "Ha !", quand, je suppose, il lisait un nom auquel il ne pensait pas.

- Les Anglais, reprit-il, on pense aussitôt : Shakespeare. Les Italiens : Dante. L'Espagne : Cervantès. Et nous, tout de suite : Goethe. Après, il faut chercher. Mais si on dit : et la France ? Alors, qui surgit à l'instant ? Molière ? Racine ? Hugo ? Voltaire ? Et quel autre ? Ils se pressent, ils sont comme une foule à l'entrée d'un théâtre, on ne sait pas qui faire entrer d'abord.

Il se retourna et dit gravement :

- Mais pour la musique, alors c'est chez nous : Bach, Haendel, Beethoven, Wagner, Mozart... Quel nom vient le premier ?

"Et nous sommes en guerre !" dit-il lentement en remuant la tête.
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Pour conquérir suffit la Force : pas pour dominer. Nous savons très bien qu’une armée n’est rien pour dominer.
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-Où est la différence entre un feu de chez moi et celui-ci ? Bien sûr le bois, la flamme, la cheminée se ressemblent. Mais non la lumière. Celle-ci dépend des objets qu’elle éclaire, - des habitants de ce fumoir, des meubles, des murs, des livres sur les rayons. 
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Papa regarda distraitement la Grande Vue et ne s'arrêta même pas. Il tenait la petite main de son petit garçon bien serrée dans la sienne. De sorte que quand un peu plus loin on passa près de l'endroit où le bord du fossé monte et descend, le petit garçon ne put pas lâcher son père pour grimper la petite pente en disant : "Regarde, papa, je grandis... je grandis... je grandis... Regarde, je suis plus grand que toi... et maintenant je rapetisse... je rapetisse... je rapetisse..." Ça l'ennuya un peu, parce qu'il était très attaché aux rites. Ça faisait une promenade qui ne ressemblait pas tout à fait aux autres. (Ce jour-là, p.202)
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Est-ce que cela ne vous a jamais tourmenté ? Quand, dans les jours heureux, allongé au soleil sur le sable chaud, ou bien devant un chapon qu'arrosait un solide bourgogne, ou encore dans l'animation d'une de ces palabres stimulantes et libres autour d'un "noir" fleurant le bon café, il vous arrivait de penser que ces simples joies n'étaient pas choses si naturelles. Et que vous vous obligiez à penser à des populations aux Indes ou ailleurs, mourant du choléra. Ou à des Chinois du Centre succombant à la famine par villages ; ou à d'autres que les Nippons massacraient, ou torturaient, pour les envoyer finir leurs jours dans le foyer d'une locomotive. [...]
Cela vous tourmentait parfois et vous vous cherchiez des excuses. "Trop loin", pensiez-vous. Que seulement ces choses se fussent passées en Europe ! Elles y sont venues : d'abord en Espagne, à nos frontières. Et elles ont occupé votre esprit davantage. Votre coeur aussi. Mais quant à "ressentir", quant à "partager"... Le parfum de votre chocolat, le matin, le goût du croissant frais, comme ils avaient plus de présence... (Le Songe, p.129-130)
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L'enfance est terriblement sérieuse, ne l'oubliez pas. Un enfant engage tout son être. Et nous, hommes graves et mûrs ? À quoi sommes-nous prêts à engager tout notre être ? Nous tenons trop à notre chère carcasse. On l'a bien vu, quand ces bourgeois galonnés abandonnaient leurs troupes battues, et sillonnaient la France dans la 15 CV où ils avaient empilé leur famille et leur coffre-fort. Non, l'amour lointain de Thomas Muritz pour le Pont des Arts ne me fait pas sourire. Il fait lever en moi une ardente tendresse. Que je n'en vienne pas un jour à sourire, c'est ce que je me souhaite à moi-même. (La marche à l'étoile, p.86)
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Mais depuis j’ai perdu moi aussi la joie de la lecture. Pensé-je
comme Renaud ? Non pas, tout au contraire ! L’art seul m’empêche
de désespérer. L’art donne tort à Renaud. Nous le voyons bien que
l’homme est décidément une assez sale bête. Heureusement l’art, la
pensée désintéressée le rachètent.
Et pourtant, depuis ce jour, j’ai perdu la joie de lire. Mais c’est à
cause de moi : c’est moi qui ai mauvaise conscience. Devant mes
tableaux, devant mes livres, je détourne un peu les yeux. Comme un
filou, pas encore endurci, qui ne peut jouir avec un cœur tranquille
de ses trésors dérobés.
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Le cadet Széchenyi, fils d'une juive! Lui qui,à l'image de ses compagnons, méprisait les juifs plus que le plus bâtard des chiens de rues, qui les faisait lever, dans les trains, pour lui céder leur place! On le trouva à l'aube d'une nuit qui dût être pleine d'un combat atroce, pendu dans sa chambre.
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Et moi je sentais l’âme de ma nièce s’agiter dans cette prison qu’elle avait elle-même construite, je le voyais à bien des signes dont le moindre était un léger tremblement des doigts.
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