Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de König-strasse, l’une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg.
Mon regard s’attendait à toutes les surprises, mon imagination à tous les étonnements.
Enfin, la dernière courroie de la valise fut bouclée. Je descendis au rez-de-chaussée.
Pendant cette journée, les fournisseurs d'instruments de physique, d'armes, d'appareils électriques, s'étaient multipliés. La bonne Marthe en perdait la tête.
"Est-ce que monsieur est fou ?" me dit-elle.
Je fis un signe affirmatif.
"Et il vous emmène avec lui ?"
Même affirmation.
"Où cela ?" dit-elle.
J'indiquais du doigt le centre de la terre.
"A la cave ? s'écria la vieille servante.
- Non, dis-je enfin, plus bas !"
[...] pour grandes que soient les merveilles de la nature, elles sont toujours explicables par des raisons physiques.
« Ainsi se formèrent ces immenses couches de charbon qu’une consommation excessive doit pourtant épuiser en moins de trois siècles si les peuples industrieux n’y prennent garde. »
Depuis le commencement du voyage, j’avais passé par bien des étonnement : je devais me croire à l’abris des surprises et blasé sur tout émerveillement. Cependant, à la vue de ces deux lettres gravées là depuis 300 ans, je demeurai dans un ébahissement voisin de la stupidité. Non seulement la signature du savant alchimiste se lisait sur le roc, mais encore le stylet qui l’avait tracé était entre mes mains. À moins d’être d’une insigne mauvaise foi, je ne pouvais plus mettre en doute l’existence du voyageur et la réalité de son voyage. (P325)
« Il y a dans ce document cent trente-deux lettres qui donnent soixante-dix-neuf consonnes contre cinquante-trois voyelles. Or, c’est à peu près suivant cette proportion que sont formés les mots des langues méridionales, tandis que les idiomes du nord sont infiniment plus riches en consonnes. Il s’agit donc d’une langue du midi. »
Otto Lidenbrock n’était pas un méchant homme, j’en conviens volontiers ; mais, à moins de changements improbables, il mourra dans la peau d’un terrible original.
Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère une fois ou deux. Non point qu’il se préoccupât d’avoir des élèves assidus à ses leçons, ni du degré d’attention qu’ils lui accordaient, ni du succès qu’ils pouvaient obtenir par la suite ; ces détails ne l’inquiétaient guère. Il professait « subjectivement », suivant une expression de la philosophie allemande, pour lui et non pour les autres. C’était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose : en un mot, un avare.
Ses gros yeux roulaient sans cesse derrière des lunettes considérables; son nez, long et mince, ressemblait à une lame effilée; les méchants prétendaient même qu'il était aimanté et qu'il attirait la limaille de fer. Pure calomnie, il n'attirait que le tabac, mais en grande abondance, pour ne point mentir.
Ah ! femmes, jeunes filles, cœurs féminins toujours incompréhensibles ! Quand vous n'êtes pas les plus timides des êtres, vous en êtes les plus braves !