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Professeur en minéralogie, Otto Lidenbrock est un « terrible original » (p. 3). Quand il trouve un manuscrit de l'explorateur islandais Arne Saknusemm, il décide de suivre ses indications pour se rendre au centre de la Terre. Il entraîne avec lui son neveu Axel, que ce voyage inquiète au plus haut point, et un guide islandais, Hans, qui se révèle plein de ressources et de courage. le périple commence par une descente dans le cratère du volcan Sneffel, porte ouverte sur le centre de la Terre. Pendant plusieurs semaines, les trois hommes s'enfoncent dans les profondeurs du volcan et de l'écorce terrestre. de découvertes en surprises, leur périple est aussi passionnant qu'il est dangereux.

Le professeur Lidenbrock est le type même du savant extravagant, enragé de découverte et convaincu de la suprématie de la science. Il ne s'arrête pas aux principes et ne croit qu'à l'expérimentation. « Les faits, suivant leur habitude, viennent démentir les théories. » (p. 203) Ce qui motive ce périple incroyable, c'est l'occasion de perfectionner une science et de développer un savoir. « Ni toi ni personne ne sait d'une façon certaine ce qui se passe à l'intérieur du globe, attendu qu'on connaît à peine la douze-millième partie de son rayon. » (p. 48) Avoir la primauté de la découverte est une obsession au 19° siècle, époque fabuleuse pour l'avancée des sciences et des connaissances.

Axel endosse le rôle du sceptique, voire de l'inquiet. « Descendre dans un tromblon, […], quand il est chargé et qu'il peut partir au moindre choc, c'est oeuvre de fou. » (p. 139) A contrario, le professeur Lidenbrock est un savant dont la science est la seule foi. Il ne doute jamais et si tout l'émerveille, c'est parce que rien ne l'étonne puisque tout est possible. Devant la fascinante architecture souterraine et l'étonnante géographie intérieure du globe, Axel s'exclame toujours alors que le professeur Lidenbrock se réjouit devant ce qui est.

Très à la mode au 19° siècle, le cabinet de curiosités est un sujet que Jules Verne exploite souvent dans ses romans. Dans Voyage au centre de la Terre, ce cabinet prend des proportions gigantesques. L'objet d'étude n'est plus confiné dans la chambre ou le laboratoire, mais observé in vivo. « Jamais minéralogistes ne s'étaient rencontrés dans des circonstances aussi merveilleuses pour étudier la nature sur place. Ce que la sonde, machine inintelligente et brutale, ne pouvait rapporter à la surface du globe de sa texture interne, nous allions l'étudier de nos yeux et le toucher de nos mains. » (p. 183 & 184) Ce qui passionne et motive le professeur, c'est l'invention au sens premier du terme, à savoir la révélation de ce qui existe, la découverte de ce qui était caché, même si tout cela ne quittera jamais les profondeurs de la terre.

Ce roman est un des voyages extraordinaires imaginés par le prolifique auteur. Pour Jules Verne, tous les domaines et toutes les sciences pouvaient être objets de littérature, qu'il s'agisse de profondeurs marines dans Vingt-mille lieues sous les mers, de l'espace dans de la terre à la lune ou des airs dans Cinq semaines en ballon. Toutefois, il ne s'agit jamais d'étaler un savoir, mais bien de le partager et de l'associer avec une réflexion plus large. Ici, Jules Verne propose une cosmogonie inversée : en descendant vers le centre du globe, ses personnages remontent aux origines de la vie, vers les âges primitifs du monde.

Ce voyage extraordinaire est l'un de mes favoris, car c'est celui qui s'ancre le plus dans l'improbable, l'incroyable et le fantastique. Et pourtant, à grand renfort d'arguments scientifiques, Jules Verne parvient à rendre ce voyage crédible. Ça se lit sans compter les pages. Arrivée au terme du roman, j'en redemande ! Voici une lecture que je conseille sans aucun doute aux jeunes lecteurs avides d'aventure.
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Je persiste dans ma découverte des classiques de la littérature, je n'avais pas encore lu Jules Verne, à soixante ans il était temps non ?
Si j'ai choisi ce "Voyage au centre de la Terre", c'est que c'est un titre emblématique de l'oeuvre de l'auteur, l'autre raison c'est qu'il s'agit de l'édition illustrée par Édouard Riou, j'avoue que les images ont toujours sur moi un attrait certain, à plus forte raison sur une liseuse où elles sont assez rares.
J'ai apprécié le style, même s'il est "daté" avec ses tournures et expressions d'un autre temps, le langage y est particulièrement policé, je n'ai pas relevé ne serait-ce qu'un "saperlipopette", c'est dire.
J'ai aimé la construction du scénario, classique et cohérente, un peu moins aimé l'intrigue et ses invraisemblances, mais il s'agit là d'un récit d'aventures qui ne se soucie pas trop de réalisme.
Pour tout dire, j'ai adoré lire la mise en place du scénario et les préparatifs de l'expédition qui sont tout à fait logiques, et moins les péripéties qui trainent en longueur en plus d'être peu crédibles.
J'ai aimé les personnages, le professeur Lidenbrock, savant déterminé et intransigeant, Axel son neveu, embarqué dans cette expédition un peu contre son gré, et enfin Hans, le guide islandais, taciturne et efficace.
L'histoire commence avec la découverte d'un parchemin codé de runes anciennes qui s'échappe d'un vieux manuscrit, oeuvre d'un alchimiste islandais du 16e siècle. Après d'intenses efforts de réflexion de la part de notre professeur émérite, ce parchemin révèle l'entrée d'un passage vers le centre de la Terre situé dans un volcan islandais, l'aventure peut commencer.
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Où le lecteur met ses pas dans ceux du professeur Otto Lidenbrock et de son neveu géologue Axel ou comment, partant de Hambourg et pénétrant dans les entrailles de la terre en Islande, nos deux aventuriers en ressortirent... Non mais vous ne voulez pas non plus que je vous raconte le livre ? Vous n'en aurez pas une miette de plus !

"Voyage au centre de la terre" est, comme son titre l'indique, un voyage au centre de la terre. Comment est-ce possible ? Avant de lire le célèbre roman de Jules Verne, je n'en avais aucune idée moi non plus mais il a suffi de me laisser guider et entraîner dans cet incroyable périple pour y croire à mon tour.

Je pense avoir moins "frémi" que si j'avais lu ce roman enfant mais j'ai tout de même passé un bon moment de dépaysement. Monument de la littérature fantastique classique, ce roman aura tout de même risqué de perdre mon attention à plusieurs reprises lorsqu'il s'est agi d'analyser les théories scientifiques permettant d'étayer l'odyssée du professeur et de son neveu. Que voulez-vous, quand on n'a jamais rien compris aux sciences...

Enfin, je citerai Axel, notre narrateur, apostrophant son mentor : "Savez-vous, mon oncle, [...] que nous avons été singulièrement servis par les circonstances jusqu'ici !". Cette petite phrase résume à elle seule mon sentiment vis-à-vis de Jules Verne : tout vient heureusement à point et tout finit bien. Un constat qui présente le léger inconvénient de ne plus vraiment surprendre la lectrice exigeante que je suis devenue et qui aurait apprécié un peu plus de suspense.

Toutefois, rendons à César... euh, à Jules, ce qui lui revient : incroyable conteur, fantastique rêveur, lui seul a le pouvoir de vous emporter très très loin dans l'imaginaire en moins de 300 pages. J'espère bien que des générations de lecteurs continueront à savourer ses nombreuses aventures.


Challenge 19ème siècle 2015
Challenge ABC 2015 - 2016
Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Voilà encore un classique que je repoussais sans cesse et que je n'aurais pas dû laisser si longtemps sur mes étagères...

Dans Voyage au centre de la Terre, il y a un peu de tout ce qui peut plaire dans un récit : de l'aventure en terre totalement inconnue, de l'instruction (en géologie, minéralogie, géographie, cosmogonie et j'en passe...*), de magnifiques paysages (plaines, volcans, glaciers, lacs...), et une écriture passionnante (nul besoin de présenter la plume de Jules Verne, empreinte de légèreté, d'humour et de tension narrative).

Axel et son oncle Lidenbrock nous embarquent à leur suite en charrette puis en train et en bateau, de l'Allemagne jusqu'en Islande en passant par Copenhague. L'on prend plaisir à découvrir les paysages et les moeurs des contrées traversées mais le dépaysement est total lorsque Jules Verne nous décrit les paysages souterrains. Ils sont d'ailleurs totalement différents selon les zones traversées.

Je dois pourtant vous avouer qu'il y a quelques points (mineurs au vu de l'oeuvre) qui m'ont un peu chagrinée.
D'abord on frôle parfois la limite de la vraisemblance. Je pense à certaines "thèses scientifiques" présentées par les personnages principaux ou quelques détails pratiques (le radeau en bois qui ne brûle pas lors du passage de la boule de feu).
Le personnage de Hans, le serviteur Islandais, m'a beaucoup surprise également. Il ne semble exister que pour aider et sauver les deux personnages principaux et manque beaucoup trop de consistance.
Enfin, j'ai trouvé le final de ce récit assez expéditif. L'oncle Lidenbrock a plusieurs fois fait preuve d'insouciance en voulant rejoindre le centre de la terre au mépris de sa vie et celle de ses compagnons, mais il finit par accepter de remonter sans s'énerver (c'est pourtant un personnage assez sanguin).

Ce que je retiendrais de ce Voyage au centre de la Terre, ce sont ses paysages, son amour de la nature, son humour, l'imagination dont a fait preuve son auteur (la forêt de champignons, la bataille d'animaux antédiluviens sur cet océan gigantesque, l'orage apocalyptique !) mais, surtout, sa volonté d'interroger les limites de la science et l'évolution des connaissances scientifiques. Un livre passionnant en somme !

PS : les gravures d'Edouard Riou, qui agrémentent mon exemplaire, sont magnifiques !

*Connaissez-vous le secret de fabrication d'un véritable édredon ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Eider_(oiseau)
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Un roman d'aventures où la science est parfois malmenée, mais tellement addictif. À la suite de la découverte d'un manuscrit, le professeur Otto Lidenbrock entraîne son neveu Axel, en Islande pour vérifier ce qu'il vient de lire : le cratère d'un volcan éteint permettrait d'atteindre le centre de la terre. Contre toute attente (scientifique), ils découvrent le passage. Bien sûr, ils se perdent, se retrouvent, découvrent une mer sur laquelle ils naviguent en radeau, manquent d'être tués par des dinosaures marins. Ils font d'autres découvertes encore plus surprenantes et remontent à la surface de la Terre, de façon invraisemblable, mais prenante pour le lecteur.

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Avec tous les livres "en- cours" et" à lire" de ma bibliothèque, je trouve encore un peu de temps quelquefois pour me replonger dans un de mes livres favoris dont "Voyage au centre de la terre" fait partie.
Je n'ai pas lu tous les romans de Jules Verne, et je dois pour être tout à fait honnête, dire que certains m'ont un peu ennuyé, non pas à cause des aspects "rétros", inévitables d'ailleurs, vu l'époque à laquelle ils ont été écrits, mais à cause des longues descriptions didactiques, qui occupent parfois de longue places dans les romans de Verne (voir ainsi : "Vingt mille lieues sous les mers" par exemple).
Ces passages ne sont pas absents de ce roman, mais ils "passent" bien.
Les personnages du professeur, de son neveu ou encore de leur valet, sont, je trouve, parmi les plus attachants et sympathiques de Verne, et j'ai toujours plaisir à les retrouver dans leur périple souterrain...
En bref, il s'agit tout simplement de mon roman préféré de ce cher vieux Jules !
Comment ? Je suis bien familier en parlant du Grand Auteur ?!
Bah, après tout lui même s'est lâché quand il a écrit une chanson intitulée "Histoire d'un poil de cul de femme" !
D'accord, ce n'est pas son oeuvre la plus célèbre, alors lisez ou relisez "Voyage au centre de la terre"...
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En fouillant dans la bibliothèque magique de ma grand-mère, remplie de vieux classiques, je suis tombée sur ce roman au combien célèbre de Jules Verne: Voyage au centre de la Terre. Je lui ai tout de suite demandé l'autorisation de l'emprunter car je voulais le lire depuis un bout de temps déjà. C'est chose faite à présent.
J'ai voyagé en compagnie du professeur Lidenbrock, de son neveu Axel et de Hans, le guide et je n'ai pas été déçue même si je n'ai pas adoré ce livre non plus. J'ai trouvé que c'était un peu trop long au début et le fait aussi qu'il y ait énormément de description y a joué un grand rôle. Enfin, bref, je ne vais parler que du positif.
Les personnages sont très attachants, on suit le point de vue du plus jeune, Axel, que j'aime beaucoup car il pose toujours les bonnes questions, il n'hésite pas à remettre en question les théories de son oncle et essaie de le décourager, en vain, surtout que ce dernier semble avoir réponse à tout et qu'il est difficile de le contredire. le professeur Lidenbrock est un peu loufoque mais on le sent vraiment passionné, il n'a presque jamais d'hésitations, il sait et il sent que le centre de la Terre est réel, qu'il est accessible et qu'il est possible de s'y rendre. Une troisième personne va s'inviter au voyage: leur guide, Hans qui n'est pas très bavard et de toute façon, il ne parle pas la même langue qu'eux mais qui les sortira d'un mauvais pas plus d'une fois.
Ils veulent accéder au centre de la Terre. Oui mais la question qu'il faut se poser est: ''où est l'entrée?". Mais dans le cratère d'un volcan, pardi! Dans le cratère du volcan islandais nommé "Sneffels". Axel ne croyait pas à l'existence du centre de la Terre jusqu'à son arrivée au pied du volcan, il fut surpris de constater que tout se déroulait comme prévu car les indices laissés sur place s'avéraient véridiques, leurs informations aussi.
Mon intérêt redoubla lorsqu'ils commencèrent leur longue descente dans les entrailles de la Terre. On peut dire que l'aventure commençait à cet instant-là. Et dès lors, les descriptions me fascinèrent et je les trouvais instructives. Bien sûr, ils rencontrèrent des difficultés comme le manque d'eau, la paranoïa qui s'installe, la peur de mourir, se perdre... et ils firent la découverte des merveilles du centre de la Terre: un océan, des fossiles, des ossements plus récents, des vrais animaux... le paradis pour les géologues, les paléontologues et les anthropologues.
Un livre qui se laisse lire, qui fait fonctionner notre cerveau à plein régime, qui instruit et qui active l'intérêt que l'on peut avoir pour les mystères du monde.
Je terminerais par ceci: si l'on croit aux théories de Jules Verne, c'est que nous sommes des Verniens. Une part de moi l'est. Et vous?
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A une époque où la frénésie des voyages et des grandes expéditions commençait seulement à prendre son essor, certains, pressentant déjà la monotonie qui gagnerait le coeur des vagabonds quelques décennies plus tard, se prenaient déjà à imaginer des vagabondages plus fantastiques. Puisqu'on aura bientôt fait le tour de la Terre, pourquoi ne pas prévenir la lassitude qui ne saurait tarder d'apparaître en se plongeant directement dans ses entrailles ?


Nous sommes d'accord –et Jules Verne aussi- une telle idée ne pouvait naître que dans l'esprit un peu hétérodoxe d'un savant fou. le professeur Lidenbrock, grand fantasque, maigre et sec comme une trique, nerveux comme une ampoule électrique mais déconnecté de la réalité, convient parfaitement au rôle. Qu'on ne cherche pas la nuance : Jules Verne n'ambitionne pas de détailler ses personnages dans les moindres ambiguïtés de leur caractère. Il en fait des types plutôt grossiers dont la description nous les rendra immédiatement familiers. Non pas qu'on ne les connaisse de longue date, mais on les a déjà rencontrés ailleurs, sous d'autres noms peut-être, mais leur essence reste la même.


« Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère une fois ou deux. Non point qu'il se préoccupât d'avoir des élèves assidus à ses leçons, ni du degré d'attention qu'ils lui accordaient, ni du succès qu'ils pouvaient obtenir par la suite ; ces détails ne l'inquiétaient guère. Il professait « subjectivement », suivant une expression de la philosophie allemande, pour lui et non pour les autres. C'était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose : en un mot, un avare. »


Le professeur Lidenbrock, fort de la maîtrise d'une modeste douzaine de langues, intercepte un message crypté glissé entre deux feuillets d'un volumineux manuscrit. La compréhension du code posera problème cinq minutes, et puis le message finira par être déchiffré, comme l'on s'y attend. Quel suspens… impossible d'imaginer quelle sera la teneur du message… Quoi ? Vraiment ? Un homme aurait trouvé une voie pour s'infiltrer jusqu'au centre de la Terre ? Ainsi, tout le mystère du titre du roman s'éclaire ! Et Lidenbrock, émoustillé par une idée aussi saugrenue qui irait à l'encontre des principales théories de son époque –si on peut se rendre au centre de la Terre, alors la température n'y est pas aussi élevée que ce que disent les plus grands scientifiques- décide de suivre les traces de ce précurseur et de s'engager à son tour jusqu'aux entrailles de la Terre. Tout ceci est rapporté par son neveu, jeune dadais romantique et naïf, possédant juste ce qu'il faut de science pour affronter son oncle lors de passionnantes discussions théoriques. Celui-ci, à force de ne vouloir rien faire, finira par être embarqué dans le sillage de son oncle pour un Voyage au centre de la Terre.


Récit d'aventure bien rythmé, pas avare en péripéties et en étapes géographiques, ce roman entraînera ses personnages à crapahuter d'abord en Islande, aussi loin du monde civilisé que possible, avant de leur faire découvrir les profondeurs de la planète. Au cours de leur expédition, ils embarqueront avec eux un guide islandais. Pas pénible du tout, celui-ci a l'avantage de ne s'exprimer que par monosyllabes (ce que l'on traduirait par « oui » ou « non » en islandais) et de gérer d'une main de maître les bagages et provisions des deux énergumènes qu'il accompagne. Jules Verne n'aime pas s'embarrasser de complications, qu'il s'agisse de personnages, de situations ou d'énigmes. Ces dernières, par exemple, justifient leur existence dès lors qu'elles sont citées. La question importe plus que la réponse. le plaisir loge dans l'interrogation et la spéculation intellectuelle qui en découle, plus que dans la certitude du fait accompli.


En lui-même, le Voyage au centre de la Terre n'a rien qui ne parvienne à égaler les artifices en trois dimensions que serait capable de nous fournir le cinéma aujourd'hui. On le verra, la progression de l'aventure sera plutôt linéaire. le dépaysement, si tant est qu'il existe, s'inspire des données des sciences archéologique, biologique et géologique, dernières en date apparues pour tenter d'expliquer l'évolution d'un monde, de sa flore et de sa faune. Sous les profondeurs de la Terre, rien de neuf ne surgit de l'esprit de Jules Verne, mais la découverte d'un monde différent que celui qui bruisse à la surface ; une possibilité parmi tant d'autres. Jules Verne, précurseur de la théorie des univers parallèles, un siècle avant que Hugh Everett ne l'énonce ? Mieux encore ! Puisque sous terre, il est possible de constater la présence d'un ciel, quid de celui qui surplombe nos épaules sur ce que l'on croit être la « surface » de la Terre ? Cette fois, Jules Verne anticipe les spéculations des théoriciens de la « Terre creuse », dont Louis Pauwels nous avait parlé dans son livre le Matin des magiciens :


« Pour les partisans de la terre creuse qui organisèrent la fameuse expédition parascientifique de l'Ile de Rügen, nous habitons l'intérieur d'une boule prise dans une masse de roc qui s'étend à l'infini. Nous vivons plaqués sur la face concave. le ciel est au centre de cette boule : c'est une masse de gaz bleutée, avec des points de lumière brillante que nous prenons pour des étoiles. Il n'y a que le soleil et la lune, mais infiniment moins grands que ne le disent les astronomes orthodoxes. L'univers se limite à cela. Nous sommes seuls, et enveloppés de roc."


Mais Jules Verne ne s'étend pas sur les interrogations que suscite le monde qu'il met en place. Véritable jouisseur des mots et des images, il s'amuse à faire voyager ses personnages de tableaux en tableaux, faisant naître une flore et une faune dont les monstruosités côtoient les ondoiements des roches et des minéraux :


« Aux schistes succédèrent les gneiss, d'une structure stratiforme, remarquables par la régularité et le parallélisme de leurs feuillets, puis les micaschistes disposés en grandes lamelles rehaussées à l'oeil par les scintillations du mica blanc.
La lumière des appareils, répercutée par les petites facettes de la masse rocheuse, croisait ses jets de feu sous tous les angles, et je m'imaginais voyager à travers un dimant creux, dans lequel les rayons se brisaient en mille éblouissements.
Vers six heures, cette fête de la lumière vint à diminuer sensiblement, presque à cesser ; les parois prirent une teinte cristallisée, mais sombre ; le mica se mélangea plus intimement au feldspath et au quartz, pour former la roche par excellence, la pierre dure entre toutes, celle qui supporte, sans en être écrasée, les quatre étages de terrains du globe. Nous étions murés dans l'immense prison de granit. »


Jules Verne excelle dans la représentation de cette beauté naturelle, subtilement remaniée par ses soins. Si l'on ne sait pas vraiment ce que le professeur Lidenbrock et son neveu recherchent en s'engageant jusqu'au centre de la Terre, en revanche, on sait quelles sont les motivations de Jules Verne : donner la possibilité à son émerveillement biologique et géologique de s'épanouir au sein d'une trame dramatique. Pour parler de sa prose en elle-même, peut-être devra-t-on en revanche oser avancer l'hypothèse qu'elle s'inspire plus vraisemblablement de celles qui parcourent ses ouvrages de vulgarisation scientifique que de celles qui définissent ce que l'on appelle couramment la « grande littérature ». Lorsqu'il ne sait pas comment conclure les situations qu'il a amorcées, Jules Verne s'en sort souvent par une résolution en queue-de-poisson : ainsi décide-t-il subitement, au milieu du livre, d'amorcer l'écriture d'un journal de bord tenu par le neveu ; puis, voyant que le procédé ne tient pas la route, il décide de l'interrompre subitement pour revenir à la narration habituelle et se justifie maladroitement par une note entre crochets :


« [Ici mes notes de voyage devinrent très incomplètes. Je n'ai plus retrouvé que quelques observations fugitives, prises machinalement pour ainsi dire. Mais dans leur brièveté, dans leur obscurité même, elles sont empreintes de l'émotion qui me dominait, et mieux que ma mémoire, elles donnent le sentiment de la situation.] »


Jules Verne n'hésite pas non plus à avouer que les mots lui manquent lorsqu'il s'agit de décrire les sensations éprouvées par ses personnages. Les confessions se multiplient au fil de la progression du voyage :


« Toutes ces merveilles, je les contemplais en silence. Les paroles me manquaient pour rendre mes sensations. Je croyais assister, dans quelque planète lointaine, Uranus ou Neptune, à des phénomènes dont ma nature « terrestrielle » n'avait pas conscience. A des sensations nouvelles, il fallait des mots nouveaux, et mon imagination ne me les fournissait pas. »


Heureusement, les images sont là pour pallier aux limites naturelles du langage. Chaque chapitre est accompagné d'une vignette en noir et blanc effectuée par Riou. Racées et précises, elles apportent du charme à cette histoire un brin désuète –en cela même, attachante- et rappellent d'autres contes fantastiques de la même époque –que l'on pense par exemple à Alice au pays des merveilles. D'ailleurs, le Voyage au centre de la Terre aurait également pu s'intituler Voyage au pays des merveilles ; hormis le fait que le déplacement est ici aussi primordial que la destination.


« - Et le retour ?
- le retour ! Ah ! tu penses à revenir quand on n'est pas même arrivé !
- Non, je veux seulement demander comment il s'effectuera.
- de la manière la plus simple du monde. Une fois arrivés au centre du sphéroïde, ou nous trouverons une route nouvelle pour remonter à sa surface, ou nous reviendrons tout bourgeoisement par le chemin déjà parcouru. J'aime à penser qu'il ne se fermera pas derrière nous. »


O folie joyeuse ! Et c'est dans cet état d'esprit insouciant/inconscient que Jules Verne nous mène à la baguette. La science n'est pas terne, et loin d'être triste : grâce à elle, les hommes deviendront les égaux de Lidenbrock, sautillant allègrement entre des parois de feldspath et de quartz, virevoltant entre les troncs démesurés des « lyoperdon giganteum », et s'abreuvant aux sources joyeuses de la biologie et de la géologie !
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Motivée par les rééditions par RBA de l'oeuvre de Jules Verne en beaux livres à couverture cartonnée à la façon de la collection Hetzel, je pars à la conquête de l'oeuvre de ce foisonnant visionnaire à côté de qui je suis trop longtemps passée.

Pour Voyage au centre de la Terre, j'ai embarqué avec plaisir en compagnie du rude et impatient professeur Lidenbrock et de son neveu Axel - le narrateur. En route pour l'Islande depuis Hambourg. On récupère le flegmatique et taiseux Hans et nous voilà partis à la recherche de l'entrée vers le coeur de la planète, dans le cratère du volcan Sneffel. Et tout ça à cause d'un cryptogramme mystérieux d'Arne Saknussem échappé de son ouvrage d'alchimie.

Que d'aventures et de périls en chemin. Et n'est pas grand aventurier qui veut! Axel y va vraiment à reculons et se montre le plus pusillanime quasiment tout le long du récit. Quelle différence avec son grand escogriffe et puits de savoir d'oncle!
J'ai aimé parcourir avec eux les sentes obscures des cheminées volcaniques, les rivages d'une étrange mer souterraine, sans compter les surprenantes rencontres au gré des chapitres.

En plus d'être un récit très divertissant, Voyage au centre de la Terre, paru en 1864, est un roman qui promeut la science. Géologie et paléontologie quittent les cabinets de curiosités pour devenir sciences appliquées à la continuation du périple. Jules Verne voit loin puisque, lorsque ses personnages arrivent dans une vaste houillère, il fait dire à Axel : " Ainsi se formèrent ces immenses couches de charbon qu'une consommation excessive doit, pourtant, épuiser en moins de trois siècles, si les peuples industriels n'y prennent garde." Il s'inquiétait déjà de la voracité humaine pour les ressources naturelles. Il ne s'est hélas pas trompé...

En plus du roman, la présente édition offre deux nouvelles de l'auteur. La première part d'une mutinerie sur deux navires espagnols pour se diriger vers une vengeance au pied du Popocatepelt.
La seconde, "Dix heures en chasse" est un récit drôle et ironique où l'auteur raconte sa première (et dernière) participation à une chasse, un jour d'ouverture. Datée de 1859, cette nouvelle est un petit bijou satirique sur les fanatiques de la chasse. Délectable.

D'autres merveilleux voyages et aventures m'attendent avec l'ami Jules Verne. Il me tarde déjà de reboucler les valises.
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Le roman d'aventures dont il faut perpétuer la renommée. Surtout après quelques décevantes lectures, dont un Goncourt.
La découverte d'un parchemin dans un vieux grimoire islandais va déclencher des d'événements aussi improbables que palpitants.
En route, avec l'acariâtre professeur Lidenbrock, son jeune neveu Axel et leur guide islandais, Hans, aussi fort et taiseux qu'un volcan du Massif Central.
En route sur les traces d'Arne Saknussem, l'auteur de ce parchemin et pionnier d'un voyage vers le centre de la Terre.
Ce livre décrit non seulement une quête de la vérité mais aussi un voyage dans l'inconnu avec ses découvertes scientifiques.
Découvertes incroyables que l'on jugera sans mépris et à l'aune des connaissances du milieu du XIXème siècle.
Découvertes qui suscitent toujours l'émerveillement.
En avant dans les galeries où salles cathédrales de diamant succèdent aux strates de houille dans la pénombre d'une nuit sans fin, éclairé par l'érudition du professeur et les premières lampes à piles.

Avec ces héros, partir à la découverte de cette roche, matrice originelle qui abrite les Enfers ou quelques Paradis perdus.
Pour savoir ce qu'il y a de cacher, oui, suivre Jules Verne dans l'intimité de la Terre.
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