Citations sur Voyage au centre de la Terre (206)
- Je dis vrai." Ah ! femmes, jeunes filles, cœurs féminins toujours incompréhensibles ! Quand vous n'êtes pas les plus timides des êtres, vous en êtes les plus braves ! La raison n'a que faire auprès de vous. Quoi ! cette enfant m'encourageait à prendre part à cette expédition ! Elle n'eût pas craint de tenter l'aventure. Elle m'y poussait, moi qu'elle aimait cependant ! J'étais déconcerté et, pourquoi ne pas le dire, honteux. "Graüben, repris-je, nous verrons si demain tu parleras de cette manière.
« Le Sund ! » s’écria-t-il.
Il y avait sur notre gauche une vaste construction qui ressemblait à un hôpital.
« C’est une maison de fous », dit un de nos compagnons de voyage.
« Bon, pensai-je, voilà un établissement où nous devrions finir nos jours ! Et, si grand qu’il fût, cet hôpital serait encore trop petit pour contenir toute la folie du professeur Lidenbrock ! »
Otto Lidenbrock n’était pas un méchant homme, j’en conviens volontiers ; mais, à moins de changements improbables, il mourra dans la peau d’un terrible original.
Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère une fois ou deux. Non point qu’il se préoccupât d’avoir des élèves assidus à ses leçons, ni du degré d’attention qu’ils lui accordaient, ni du succès qu’ils pouvaient obtenir par la suite ; ces détails ne l’inquiétaient guère. Il professait « subjectivement », suivant une expression de la philosophie allemande, pour lui et non pour les autres. C’était un savant égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en voulait tirer quelque chose : en un mot, un avare.
Otto Lidenbrock n'était pas un méchant homme, j'en conviens volontiers ; mais, à moins de changements improbables, il ,mourra dans la peau d'un terrible original.
Mais les mots de la langue humaine ne peuvent suffire à qui se hasarde dans les abîmes du globe.
[…] le grand mouvement plutonique s’est concentré surtout à l’intérieur de l’île ; là les couches horizontales de roches superposées, appelées trapps en langue scandinave, les bandes trachytiques, les éruptions de basalte, de tufs, de tous les conglomérats volcaniques, les coulées de lave et de porphyre en fusion, ont fait un pays d’une surnaturelle horreur. Je ne doutais guère alors du spectacle qui nous attendait à la presqu’île du Sneffels, où ces dégâts d’une nature fougueuse forment un formidable chaos.
Où me conduisit cette course insensée ? Je l’ignorerai toujours. Après plusieurs heures, sans doute à bout de force, je tombai comme une masse inerte le long de la paroi, et je perdis tout sentiment d’existence.
Avant de remonter, je pensai qu'une ablution me ferait quelque bien.
Je me baissai donc pour plonger mon front dans l'eau du Hans-bach !
Que l'on juge de ma stupéfaction ! Je foulais un granit sec et raboteux !
Le ruisseau ne coulait plus à mes pieds !
Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois; la lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s'allumer à notre passage. On eut dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre.
"C'est magnifique! m'écriais-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux?
Que pouvais-je faire ? Résister seul contre deux ? Impossible. Si encore Hans se fût joint à moi. Mais non ! Il semblait que l'Islandais eût mis de côté toute volonté personnelle et fait vœu d'abnégation. Je ne pouvais rien obtenir d'un serviteur aussi inféodé à son maître. Il fallait marcher en avant.