"Quel livre ! quel livre ! " s'écriait-il.
Cette exclamation me rappela que le professeur Lidenbrock était aussi bibliomane à ses moments perdus ; mais un bouquin n'avait de prix à ses yeux qu'à la condition d'être introuvable, ou tout au moins illisible.
Où me conduisit cette course insensée ? Je l’ignorerai toujours. Après plusieurs heures, sans doute à bout de force, je tombai comme une masse inerte le long de la paroi, et je perdis tout sentiment d’existence.
Enfin, à onze heures du soir, en pleine obscurité, le sommet du Sneffels fut atteint, et, avant d’aller m’abriter à l’intérieur du cratère, j’eus le temps d’apercevoir « le soleil de minuit » au plus bas de sa carrière, projetant ses pâles rayons sur l’île endormie à mes pieds.
Nous étions partis par un temps couvert, mais fixe. Pas de fatigantes chaleurs à redouter, ni pluies désastreuses. Un temps de touristes.
Le plaisir de courir à cheval à travers un pays inconnu me rendait de facile composition sur le début de l’entreprise. J’étais tout entier au bonheur de l’excursionniste fait de désirs et de liberté. Je commençais à prendre mon parti de l’affaire.
Je serrai Graüben dans mes bras, et pris place dans la voiture. Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s’élancèrent au galop sur la route d’Altona.
In Sneffels Yoculis craterem kem delibat umbra Scartaris Julii intra calendas descende, audas viator, et terrestre centrum attinges. Kod feci. Arne Saknussem.
Ce qui, de ce mauvais latin, peut être traduit ainsi :
Descends dans le cratère du Yocul de Sneffels que l’ombre du Scartaris vient caresser avant les calendes de Juillet, voyageur audacieux, et tu parviendras au centre de la Terre. Ce que j’ai fait. Arne Saknussemm.
Au moment de faire son expérience capitale, les yeux du professeur Lidenbrock lancèrent des éclairs à travers ses lunettes. Ses doigts tremblèrent, lorsqu’il reprit le vieux parchemin ; il était sérieusement ému.
La science est faite d’erreurs, mais d’erreurs qu’il est bon de commettre, car elles mènent peu à peu à la vérité.
J'ai commencé ce voyage; je l'accomplirai jusqu'au bout, ou je n'en reviendrai pas.
La science, mon garcon, est faite d'erreurs, mais d'erreurs qu'il est bon de commettre, car elles mènent peu à peu à la vérité.