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Voici un récit déconcertant, de l'auteur norvégien Tarjei Vesaas, un récit qui vous hante et garde ses secrets, bien après la dernière page, comme s'il pouvait être repris à l'infini, dans une sorte de procession fatale, où se mêlent le réel et les fantasmagories, la douceur et la folie. Récit d'une errance, d'une traversée, celle de Jon, personnage angoissé et solitaire, autour duquel se multiplient, sans relâche, à un rythme qui n'appartient déjà plus au domaine de l'ordinaire, des évènements et des rencontres qui marquent par leur violence et leur mystère et qui agissent comme autant d'appels et de signes, comme si le personnage et le lecteur avec lui entraient dans une eau de plus en plus profonde, dans une nature faite de forêts, de plaines, de rivières, mais aussi de ravines où se jouent les drames de ce récit. Quel est d'abord cet incendie sinon un mal qui se propage et qui dévore, qui se déploie et qui se métamorphose ? Mais n'est-ce pas aussi, dans ce monde si menaçant, une quête de l'amour, même parfois dérisoire ou insensée ?
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Jon arrive dans une ville nouvelle. Il cherche un logement, du travail. Et voilà qu'un appel étrange fait tout basculer. Jon quitte précipitamment la chambre où il se trouvait. « Y allait-il ? Restait-il ? le temps vole, comme des oiseaux, dans les escaliers. On arrive ne bas bien assez tôt. » (p. 11) Désormais, dans une succession indistincte d'heures et de jours, Jon rencontre des personnes qui le sollicitent et l'emmènent dans des expériences entre terreur et émerveillement. « Qu'est-ce que tu comprends à des choses comme ça ? / Rien, dit Jon. » (p. 24) Entraîné dans des déambulations sans but ou sur des barques, l'homme semble avoir pris un engagement dont il ignore les termes et va de visions d'horreur en situations inconfortables. Ce dont Jon est certain, c'est qu'un incendie brûle, pas loin, mais que personne ne paraît s'en préoccuper. « Ainsi, la fumée jaillit un jour, épaisse et lourde comme un mur. » (p. 75) Jon évite de peu des dangers tapis et se confronte à des choses mouvantes qui changent de forme. Sans certitude ni repère, manquant de sommeil, il côtoie une humaine coupable et hurlante que seul le feu pourrait purifier.

Rêve, hallucination ou délire, ce roman est un peu de tout cela. le personnage est en décalage constant et le malaise est total, entraînant le lecteur dans des abîmes d'interrogation. Mais il est vain de chercher le rationnel dans cette expérience : il est certes difficile de se laisser porter sans se débattre, mais le texte continue sa marche. Il est illusoire de penser s'arrêter, car le livre a accroché son lecteur et ne le laissera pas jusqu'à la dernière page. C'est ainsi que j'ai traversé ce récit étrange, une fois encore bouleversée par la puissance poétique de Tarjei Vesaas. Voyez les mots qu'il emploie pour parler de l'automne qui approche. « L'air était immobile et mûr, repu pour cette année, en attente de la putréfaction et de la chute. » (p. 33) Tout est dit, du plus beau au plus sordide ! Je vous ai déjà recommandé de lire cet auteur et je ne peux que recommencer !
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Vesaas est depuis des années dans mon "top 10" et cela se confirme avec cette nouvelle lecture. Il faut savourer chaque mot, chaque phrase, laisser les choses entrer en soi comme un souffle de vent, tournoyer avant de passer au souffle suivant... Tous les éléments des autres Vesaas sont là, en puissance, comme dans "Les oiseaux", "La barque le soir", "Palais de glace" ou "Les ponts" : ce lien particulier avec la nature, les éléments symboliques (pont, barque, rocher, etc), la voix intérieure qui impose les choses comme des vérités inaliénables, un destin auquel on ne peut que se soumettre, et ce style majestueux (encore bravo à Régis Boyer pour ces traductions incroyables).
A lire, à relire, à rerelire encore...
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Un .livre assez magique dont des images me hantent des années après sa lecture. Un livre qui fait partie de ses oeuvre que l'on peut relire plusieurs fois dans une vie en y découvrant de nouvelles choses.
On peut sans doute y rester complètement étranger. Mais si on rentre dedans, alors on est envouté et on ne peut oublier.
Vesaas est un très grand écrivain, de ceux qui dépassent complètement leur propre culture tout en y étant profondément inscrits. Un des plus grands que j'ai lu. Et l'incendie est de ses livres celui qui m'a fait l'une des plus profondes impression. Une vingtaine d'année après l'avoir découvert, j'ai l'impression que je viens juste de le refermer.
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Jon est nouveau venu dans un "ici" étrange, dont les règles paraissent bien difficiles à appréhender. le téléphone installé dans sa chambre ayant finalement, conformément à ses craintes, sonné, et fait entendre l'énigmatique phrase d'un inconnu, il se décide à mettre le nez dehors...

Il y fait une succession de rencontres surprenantes, abordé par des personnages qui semblent attendre de lui quelque chose d'imprécis mais de pressant. Une jeune fille l'entraîne d'abord dans une marche vaguement angoissante qu'elle interrompt brutalement, avant de laisser la place à un enfant qui l'emmène au coeur de la forêt pour assister au désespérant spectacle de son père qui, inlassablement, nuit et jour, y scie du bois... une femme insiste ensuite pour qu'il la suive jusqu'à une scène particulièrement macabre qu'elle doit absolument, selon ses dires, "montrer à quelqu'un".

Bien que leurs motivations restent énigmatiques, ces individus agissent avec une assurance hâtive, parfois même agressive, leurs regards vifs et brûlants ne se posant que rarement sur Jon lui-même. Ils donnent l'impression de participer à un ballet dont eux seuls maîtrisent les codes, mais dont ils sont aussi prisonniers, comme pris d'un envoûtement qui les épouvantent, mais auquel ils se soumettent aveuglément, puisqu'ils ne peuvent s'en défaire.

Jon se laisse entraîner comme dans un rêve, avec un sentiment d'évidence prudente et une passivité qu'il trouble parfois d'un semblant de révolte. Lui qui ignore les lois de cet univers à la substance incertaine, est poussé dans une errance où le caractère même de sa propre réalité semble remis en doute, son incapacité à y trouver sa place l'empêchant de se définir comme un individu à part entière.

Ses tribulations insensées ont pour écrin une nature tantôt piégeuse, tantôt accueillante et réconfortante, mais toujours prégnante. La beauté y côtoie l'horreur, à l'instar des scènes auxquelles assiste le héros qui, pour ne pas perdre pied face à la violence et la souffrance tacitement exprimées par ses laconiques interlocuteurs, se raccroche à la moindre manifestation de douceur ou de joie qui jalonne -bien que rarement- son périple.

La dimension sans doute très symbolique du texte -restée pour moi obscure- m'a empêchée de m'y immerger vraiment. Mais le charme de son écriture poétique, très évocatrice, et de sa ténébreuse poésie a malgré tout opéré, et m'a permis de passer un moment singulier mais agréable...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Fascinante et à la fois déconcertante l'oeuvre de Tarjei Vesaas
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