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Régis Boyer (Autre)
EAN : 9782080641809
213 pages
Flammarion (08/01/1992)
4.12/5   21 notes
Résumé :
« Le feu dans un seul cœur suffit à illuminer la forêt.
C’est la nuit qu’il connaît ses grandes heures. »

L’œuvre de Tarjei Vesaas (1897-1970) est l’une des plus fortes à nous être parvenue de Norvège. Il fut sans distinction romancier, poète, nouvelliste et auteur de théâtre (ou de « pièces à entendre »).
Paru alors que Tarjei Vesaas était âgé de 64 ans, "L’Incendie" est un roman limite, une œuvre étrange et forte qui fait c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Des feux errants

Dans ce livre crépusculaire (et surtout nocturne), Tarjei Vesaas nous plonge droit au coeur de "l'incendie" qui couve en chaque être humain. Dès le début de ce récit brûlant, le personnage de Jon se jette en errance, car une voix au téléphone lui a fait comprendre que quelque chose n'allait pas, et il lui a fallu répondre à cet appel.

Ainsi se retrouve-t-il par les chemins, à rencontrer des frères et soeurs en humanité tous atteints par un mal qui les ronge, que ce soit la fureur de détruire, la folie ou encore le désespoir.

À plusieurs reprises, épuisé, Jon voudrait pouvoir se coucher n'importe où, mais il lui faut aller, aller toujours, faire connaissance avec le mal et essayer de ne pas sombrer pour autant.

Roman de la déréliction, mais aussi de la rencontre, "L'incendie" est une véritable expérience dont on ressort avec l'âme en proie aux flammes. Il y a dans ce livre des échos de Kafka et de Peter Handke. La traduction de Régis Boyer est de toute beauté pour décrire ces paquets de chair emplis d'obscurité que sont les êtres humains. Sans jamais juger, Tarjei Vesaas raconte le feu noir qui s'allume en chacun de nous dès que la raison prend la tangente. Et c'est inoubliable comme une brûlure dont la morsure ne vous quitte plus.

Thibault Marconnet
© le 9 mai 2024
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Jon arrive dans une ville nouvelle. Il cherche un logement, du travail. Et voilà qu'un appel étrange fait tout basculer. Jon quitte précipitamment la chambre où il se trouvait. « Y allait-il ? Restait-il ? le temps vole, comme des oiseaux, dans les escaliers. On arrive ne bas bien assez tôt. » (p. 11) Désormais, dans une succession indistincte d'heures et de jours, Jon rencontre des personnes qui le sollicitent et l'emmènent dans des expériences entre terreur et émerveillement. « Qu'est-ce que tu comprends à des choses comme ça ? / Rien, dit Jon. » (p. 24) Entraîné dans des déambulations sans but ou sur des barques, l'homme semble avoir pris un engagement dont il ignore les termes et va de visions d'horreur en situations inconfortables. Ce dont Jon est certain, c'est qu'un incendie brûle, pas loin, mais que personne ne paraît s'en préoccuper. « Ainsi, la fumée jaillit un jour, épaisse et lourde comme un mur. » (p. 75) Jon évite de peu des dangers tapis et se confronte à des choses mouvantes qui changent de forme. Sans certitude ni repère, manquant de sommeil, il côtoie une humaine coupable et hurlante que seul le feu pourrait purifier.

Rêve, hallucination ou délire, ce roman est un peu de tout cela. le personnage est en décalage constant et le malaise est total, entraînant le lecteur dans des abîmes d'interrogation. Mais il est vain de chercher le rationnel dans cette expérience : il est certes difficile de se laisser porter sans se débattre, mais le texte continue sa marche. Il est illusoire de penser s'arrêter, car le livre a accroché son lecteur et ne le laissera pas jusqu'à la dernière page. C'est ainsi que j'ai traversé ce récit étrange, une fois encore bouleversée par la puissance poétique de Tarjei Vesaas. Voyez les mots qu'il emploie pour parler de l'automne qui approche. « L'air était immobile et mûr, repu pour cette année, en attente de la putréfaction et de la chute. » (p. 33) Tout est dit, du plus beau au plus sordide ! Je vous ai déjà recommandé de lire cet auteur et je ne peux que recommencer !
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Voici un récit déconcertant, de l'auteur norvégien Tarjei Vesaas, un récit qui vous hante et garde ses secrets, bien après la dernière page, comme s'il pouvait être repris à l'infini, dans une sorte de procession fatale, où se mêlent le réel et les fantasmagories, la douceur et la folie. Récit d'une errance, d'une traversée, celle de Jon, personnage angoissé et solitaire, autour duquel se multiplient, sans relâche, à un rythme qui n'appartient déjà plus au domaine de l'ordinaire, des évènements et des rencontres qui marquent par leur violence et leur mystère et qui agissent comme autant d'appels et de signes, comme si le personnage et le lecteur avec lui entraient dans une eau de plus en plus profonde, dans une nature faite de forêts, de plaines, de rivières, mais aussi de ravines où se jouent les drames de ce récit. Quel est d'abord cet incendie sinon un mal qui se propage et qui dévore, qui se déploie et qui se métamorphose ? Mais n'est-ce pas aussi, dans ce monde si menaçant, une quête de l'amour, même parfois dérisoire ou insensée ?
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Vesaas est depuis des années dans mon "top 10" et cela se confirme avec cette nouvelle lecture. Il faut savourer chaque mot, chaque phrase, laisser les choses entrer en soi comme un souffle de vent, tournoyer avant de passer au souffle suivant... Tous les éléments des autres Vesaas sont là, en puissance, comme dans "Les oiseaux", "La barque le soir", "Palais de glace" ou "Les ponts" : ce lien particulier avec la nature, les éléments symboliques (pont, barque, rocher, etc), la voix intérieure qui impose les choses comme des vérités inaliénables, un destin auquel on ne peut que se soumettre, et ce style majestueux (encore bravo à Régis Boyer pour ces traductions incroyables).
A lire, à relire, à rerelire encore...
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Un .livre assez magique dont des images me hantent des années après sa lecture. Un livre qui fait partie de ses oeuvre que l'on peut relire plusieurs fois dans une vie en y découvrant de nouvelles choses.
On peut sans doute y rester complètement étranger. Mais si on rentre dedans, alors on est envouté et on ne peut oublier.
Vesaas est un très grand écrivain, de ceux qui dépassent complètement leur propre culture tout en y étant profondément inscrits. Un des plus grands que j'ai lu. Et l'incendie est de ses livres celui qui m'a fait l'une des plus profondes impression. Une vingtaine d'année après l'avoir découvert, j'ai l'impression que je viens juste de le refermer.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il était tellement épuisé qu’il ne fit que s’écarter, en titubant, de la chaussée, entre des fourrés invisibles et des pierres, assez loin à l’écart pour que les phares des voitures qui passeraient le laissent en paix... et là, il s’assit au hasard. Il y avait quelque chose qui faisait comme un dossier, il s’y appuya. (...)
Il y a quelque chose.
Qu’est-ce qui se passe avec ce dossier ?
Il restait assis, immobile, mais une incroyable pensée se mit à le faire frissonner intérieurement.
Cela devint une certitude :
Son dossier : ce n’était pas une pierre ou un grossier tronc d’arbre. Il sentit que ce sur quoi s’appuyait son dos était également un dos. Il était vivant, ce dossier. Il s’en assurait au fur et à mesure, bien qu’il n’eût ressenti aucun mouvement.
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Puisque tu es monté dans la barque, il n’y a pas d’échappatoire pour toi non plus. Puisqu’on t’a amené dans cette barque, il faut que tu suives à terre. Que tu y sois prêt ou non
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« L’air était immobile et mûr, repu pour cette année, en attente de la putréfaction et de la chute. » (p. 33)
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« Que faut-il faire quand il semble que le monde entier soit un œil qui vous fixe ?
Promettre, promettre. Pour avoir la paix. »
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La nuit passe à toute allure. Elle est devant et derrière, elle vous rencontre, elle vous dépasse à toute allure…
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Videos de Tarjei Vesaas (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tarjei Vesaas
« […] Liv ved straumen parut à l'automne 1970 […] quelques mois après la mort de son auteur […].
« […] par-delà ce qui se dit, en résonance, jusque dans l'espace de ce qui ne se dit pas ou bien de ce qui n'est pas dit […] ; là, semble-t-it, se joue l'un des aspects les plus marquants de l'oeuvre de Tarjei Vesaas […]. » (Olivier Gallon)
« Romancier, nouvelliste et poète norvégien, Tarjei Vesaas (1897-1970), fils de paysan, hésite longtemps entre le métier de son père et l'écriture. Il écrit en néonorvégien (nynorsk) et atteint une notoriété nationale et européenne en 1934 avec le Grand Jeu. Il publie deux grands romans après la guerre : Les Oiseaux et le Palais de glace. » (Yvon le Men)
« […]
[…] Ma maison est un tumulte insensé, de miroirs et de portes, et c'est ainsi qu'elle restera. »
(Tarjei Vesaas, de la vie dans ma maison)
0:00 - 1er extrait 0:36 - du perron 1:11 - le voyage 1:49 - le chemin 2:11 - La graine semée à l'aveugle 2:34 - Par de sombres défilés 3:13 - Générique
Référence bibliographique : Tarjei Vesaas, Vie auprès du courant, Traduction de Céline Romand-Monnier, Éditions La Barque, 2016
Image d'illustration : https://snl.no/Tarjei_Vesaas
Bande sonore originale : REW - Swimming With Kawatora Swimming With Kawatora by REW is licensed under an Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 United States License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/REW_1123/Swimming_with_Kawatora/Swimming_With_Kawatora_1254
#TarjeiVesaas #VieAuprèsDuCourant #PoésieNorvégienne
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