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EAN : 9786580309313
262 pages
Todavia (01/01/2019)
4.9/5   10 notes
Résumé :
Um texto épico e lírico, realista e mágico que revela, para além de sua trama, um poderoso elemento de insubordinação social.

Vencedor do prêmio Leya 2018.

Nas profundezas do sertão baiano, as irmãs Bibiana e Belonísia encontram uma velha e misteriosa faca na mala guardada sob a cama da avó. Ocorre então um acidente. E para sempre suas vidas estarão ligadas ? a ponto de uma precisar ser a voz da outra. Numa trama conduzida com maestri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vainqueur du prix Jabuti 2020 (l'un des prix littéraires brésiliens les plus prestigieux, équivalent du Goncourt en France), succès absolu de critique et de public - vendu à plus de 400.000 exemplaires au Brésil-, traduit entre autres en allemand et en serbo-croate et publié dans plus de vingt-pays, le roman «Torto Arado» (littéralement : "Araire Tordu") n'est curieusement toujours pas disponible en langue française !

À mi-chemin d'un naturalisme et réalisme social proches du «roman engagé», d'une part, et d'un réalisme magique et d'un lyrisme ancrés dans l'imaginaire populaire et l'héritage culturel afro-brésiliens, «Torto Arado» est une fiction originale, bien écrite et accessible, et surtout très attachante. «Roman émotionnel», dit-on parfois, exercice non dénué de risques face aux ravins de mièvrerie où l'on risque de glisser en douceur... Ce qui, à mon avis, n'est absolument pas le cas ici.

L'action se déroule au mitan du XXe siècle, autour du destin de deux soeurs, Bibiana et Belonísia, nées dans le «sertão» de l'état de Bahia, fusionnelles depuis qu'un accident fit perdre l'usage de la parole à l'une d'elles.
Couvrant trois générations d'une même famille de «quilombolas» (terme désignant globalement les descendants d'esclaves, ou issus de groupes ethniques indiens ou migrants sans-terre, occupants sans titre de parcelles appartenant à de grands propriétaires terriens), «Torto Arado» s'inspire directement de la situation calamiteuse dans laquelle l'Abolition, à la fin du XIXe, avait précipité la communauté afro-brésilienne, et témoigne du combat de leurs descendants pour survivre dans des conditions précaires et inhumaines, sous plusieurs aspects analogues à celles de l'esclavage. Sous-citoyens, libérés mais laissés-pour-compte par la République naissante, ceux-ci seront abandonnés à la merci des grands propriétaires terriens et d'un système féodal de servage qui se poursuivra au long du XXe siècle et, malheureusement, persistera encore de nos jours localement à certaines zones rurales reculées de l'immense territoire brésilien.

Il y a des écrivains, fabuleux jongleurs de mots, capables d'agencer autrement ce qui a déjà été écrit d'innombrables fois, et même dans certains cas de ne rien raconter de précis ou de directement décodable par la logique et le langage courants, voire même de déconstruire complètement ces derniers en laissant voguer le verbe dans des zones mentales nébuleuses d'où émergera de temps en temps un vague «je» ; d'autres ont tout simplement une histoire à partager, et cette dernière, qui n'avait pas encore été racontée, ou pas encore de façon aussi percutante, trouve sa beauté et sa pertinence en elle-même et dans le contexte historique ou allégorique où elle prend ses racines, incarnée en même temps par des personnages dont la texture humaine immédiatement tangible et la puissance d'évocation et d'universalité sont susceptibles d'être captées par des lecteurs de tous horizons.


Itamar Vieira Assunção fait sans doute partie de ces derniers. Et son roman, «Torto Arado», la première oeuvre de fiction brésilienne à dresser un portrait aussi saisissant et proche de la réalité sociale et économique vécue par des générations successives de descendants d'esclaves libérés après trois siècles de servitude, ainsi que de leurs tout premiers sursauts d'insubordination contre leurs oppresseurs traditionnels.
La prégnance du puissant imaginaire mystique, animique, le syncrétisme forgé à partir de leur héritage culturel (yorouba essentiellement, provenant des régions de l'actuel Bénin et du Nigéria) associé à leur nouvelle expérience socio-culturelle, sont également très présents dans le roman (Zeca «Chapéu Grande», père des deux soeurs narratrices de l'histoire, est aussi le «guérisseur de maux du corps et de l'esprit» de la communauté quilombola de la «fazenda» Água Negra où elles sont nées). Élément primordial pour résister à l'oppression, les rituels inspirés des religions polythéistes afro-brésiliennes (en l'occurrence, le «jarê», pratiqué essentiellement dans la région de la Chapada Diamantina, à Bahia), ont permis de sauvegarder une identité commune aux descendants des esclaves et, plus largement, d'imprimer une marque profonde dans l'ensemble de la culture brésilienne.
Ceci pourrait par ailleurs expliquer en grande partie, je pense, le succès retentissant que ce roman connaîtrait au Brésil.
“Sans mon expérience de travail avec les communautés quilombolas, avec la communauté de Iúna, peut-être ce roman n'aurait-il pas montré une vision du monde, des modes de vie, des rêves et des histoires avec une telle densité", déclarait l'auteur, lorsqu'on l'avait interrogé à propos de la puissance d'évocation de son roman.
En effet, Itamar Vieira Assunção, géographe de formation, occupait un poste depuis une quinzaine années aux services ministériels chargés entre autres de faire appliquer les droits de propriété (accordés par la Constitution depuis 1988) aux communautés quilombolas occupant des terres en zone rurale ou, beaucoup plus rarement, installées dans des zones urbaines. Droits dont l'application reste néanmoins très problématique au Brésil, entravée par des facteurs d'ordre divers et résultant notamment de la spéculation immobilière, d'obstacles procéduriers de toutes sortes les différant sans fin ou des fluctuations, voire de l'absence d'incitation au niveau exécutif et fédéral (ce qui aura été, pas besoin de le préciser, particulièrement catastrophique pendant la mandature Bolsonaro).

Selon des sources officielles brésiliennes, il y aurait aujourd'hui 3.495 communautés quilombolas disséminées dans toutes les régions du pays, depuis le Sud jusqu'en Amazonie, dont à peine 200 auraient été régularisées depuis la loi de 1988, 1 700 autres étant à ce jour toujours en procédure de titularisation.

Ceci étant, mon propos n'était au départ, croyez-moi, de poster là une critique particulièrement «engagée» sur un ouvrage qui ne le serait pas moins.
Bien qu'on puisse saluer cette oeuvre pour sa dimension éclairante sur la situation des noirs brésiliens descendants d'esclaves, pour l'empathie et l'intérêt vis-à-vis des injustices et inégalités sociales, dont hélas continuent à pâtir nombre de ces derniers - qu'elle réussit à susciter avec éloquence dans l'esprit du lecteur - «Torto Arado» reste avant tout une belle oeuvre de fiction, romanesque à souhait, très agréable à lire, d'un épique captivant et sans prétention, empreinte de sensibilité et d'un lyrisme inspirés, liés à la nature et à la tradition orale afro-brésilienne, beauté et simplicité rimant en l'occurrence parfaitement.

D'où mon incompréhension totale sur la logique éditoriale (Métailié, Chandeigne, Actes Sud qu'attendez-vous ?) et sur les raisons qui diffèreraient toujours la parution de ce beau roman en langue française (?)

Saravah!




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Itamar Vieira Junior est un romancier complet, extraordinairement sensible et talentueux.

Torto arado est un récit au réalisme magique teinté d'allégories. L'auteur brésilien nous prouve que la prose poétique n'est pas morte et que son ancrage dans la modernité est tout à fait appréciable.

Chez lui l'intuition et la grâce poétique s'équilibrent dans une parfaite maîtrise même lorsque la tonalité devient plus rêche et plus dramatique pour évoquer les désillusions et les espoirs qui animent les personnages.
Captivés dès la scène d'ouverture, l'enthousiasme ne cesse de grandir tout au long du récit, divisé en trois parties, parfaitement rythmées, portées par trois narrateurs distincts.

Le romancier nous offre une incontournable page de l'Histoire du Brésil où résonnent les échos des descendants des esclaves noirs et l'héritage des inégalités sociales et de l'exclusion raciale qui sont toujours une dure réalité dans la société brésilienne.

Le régionalisme est savamment exploité avec des belles descriptions du « sertão », soutenu par la lutte des classes, le mysticisme, les traditions afro-brésiliennes qui cohabitent sereinement avec la religion.
C'est aussi une histoire de femmes fortes, courageuses, battantes, dotées d'un optimisme à toute épreuve, prêtes à tous les sacrifices.

La dualité complexe entre les deux soeurs, développée tout au long du récit, est nécessaire pour aborder les questions de la condition de la femme dans un monde dominé par les hommes, de la bataille contre le déterminisme et de la lutte militante Son regard se pose longuement sur la manière dont le passé pèse sur la destinée des hommes.

Oeuvre de mémoire, ce beau roman démontre l'attachement à la terre et au peuple auquel on appartient et que l'on doit protéger.

Torto arado est un roman universel, de ceux qu'on peut ranger aux côtés des livres qui touchent tous les lecteurs. Il ébouriffe par son érudition et sa capacité à tisser des liens entre le régionalisme, la culture, la religion et un certain militantisme.


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En 1888, l'esclavage est aboli au Brésil. Pourtant, soixante-dix ans plus tard, pratiquement rien n'a changé pour la famille de Bibiana et Belonisia, deux jeunes soeurs qui vivent dans les profondeurs du sertao baiano. La famille survit, au service d'un grand propriétaire terrien qui ne lui concède que le droit d'habiter sur ses terres, et encore à condition que la maison ne soit pas en dur, et de cultiver pour elle-même une minuscule parcelle, mais dont la faible production est régulièrement pillée par le contremaître. le père, soumis au maître, travaille sans relâche, mais bénéficie auprès des autres familles qui partagent leur sort d'une grande aura comme guide du Jarê, la religion syncrétique, mélange de tradition africaine, de catholicisme et de spiritisme, que tous pratiquent.
Les deux jeunes soeurs, qui ne connaissent rien d'autre que ce monde-là, découvrent un jour un vieux et mystérieux couteau sous le lit de leur grand-mère. Leur vie en sera bouleversée à jamais.
En usant d'une écriture autant réaliste que poétique, Itamar Vieira Junior nous conte ici de manière magistrale une histoire où vont s'entremêler parfaitement les thèmes de l'enfance, de la famille, de la condition féminine, de la religion, de la rédemption, de l'émancipation, mais également du paysage, de la faune et de la flore locales.
C'est beau, c'est fort, c'est une lecture nécessaire pour qui souhaite mieux comprendre l'origine de ces inégalités qui s'étendent jusqu'à aujourd'hui au Brésil.
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Magnifico!

Eu aprendi mais nesse livre sobre a história do Brasil que em muitas aulas de história na escola.
Esse livre deveria fazer parte dos livros lidos na escola.
Eu sou a favor de mais livros como este aonde a história do Brasil é contada por meio de personagens que são tão brasileiros e que fazem pensar em nossos avós, bisavós, antepassados.
Eu fiquei encantada com a riqueza dos detalhes desse livro e identifiquei vários trejeitos que vi na minha família, mesmo eu sendo nascida e criada na cidade.
Obrigada ao autor por esse livro e que venham mais!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
O medo atravessou o tempo e fez parte de nossa historia desde sempre.
Era o medo de quem foi arrancado do seu chão. Medo de não resistir à travessia pou mar e terra. Medo dos castigos, dos trabalhos, do sol escaldante, dos espíritos daquela gente. Medo de andar, medo de desagradar, medo de existir. Medo de que não gostassem de você, do que fazia, que não gostassem do seu cheiro, do seu cabelo, da sua cor.
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