Le moi dans le titre c'est Lou, une adolescente de 13 ans surdoué, intellectuellement précoce, qui sort du cadre et cherche à rouler correctement sur la route qu'est sa vie. No, c'est Nolwenn, 18 ans et sans domicile fixe.
No et moi c'est l'histoire d'une rencontre, une rencontre improbable entre deux jeunes filles, une rencontre de laquellel il va pourtant naître une très belle amitié. Que dire après 558 critiques si ce n'est que j'ai trouvé ce roman beau, oui vraiment très beau. La plume de Delphine de Vigan est simple mais efficace, percutante :
« On est capable d'envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l'espace, d'identifier un criminel à partir d'un cheveu ou d'une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d'informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue. »
Oui, aujourd'hui encore on laisse des gens mourir dans la rue, c'est une bien triste réalité que celle-là.
Delphine de Vigan avec de très beau personnage auxquels on s'attache au cours de notre lecture nous parle de sujets bien difficiles, de ceux que l'on ne voit pas en marchant dans la rue
« … Il y a cette ville invisible, au coeur même de la ville. Cette femme qui dort chaque nuit au même endroit, avec son duvet et ses sacs. À même le trottoir. Ces hommes sous les ponts, dans les gares, ces gens allongés sur des cartons ou recroquevillés sur un banc. »
Mais aussi de l'exclusion, exclusion ressentie par No, Lou, mais aussi Lucas, une exclusion différente mais qui est pourtant bien là.
Delphine de Vigan montre que rien n'est simple, que parfois même une main tendue ne suffit malheureusement pas
« Avant de rencontrer No, je croyais que la violence était dans les cris, les coups, la guerre et le sang. Maintenant je sais que la violence est aussi dans le silence, qu'elle est parfois invisible à l'oeil nu. La violence est ce temps qui recouvre les blessures, l'enchaînement irréductible des jours, cet impossible retour en arrière. La violence est ce qui nous échappe, elle se tait, ne se montre pas, la violence est ce qui ne trouve pas d'explication, ce qui à jamais restera opaque. »
J'ai fini ce livre un peu triste, moi aussi comme Lou, j'aurai bien voulu que cela marche.
No et moi fut donc une très belle découverte, c'était mon tout premier roman de Delphine de Vigan et ne sera assurément pas le dernier.