AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 9083 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De Delphine de Vigan j'avais lu Les heures souterraines, dont j'étais sortie enthousiasmée par le style et la capacité à faire naître chez le lecteur de l'empathie pour ces personnages. C'est donc toujours Je ne suis pas déçue, un brin bousculée néanmoins par le récit que l'auteur nous fait de la vie de sa famille et, plus particulièrement, du destin tout en douleur de sa propre mère.
L'écrivain, suite au suicide - qui intervient dès les premières pages - de Lucile, se lance dans un travail de mémoire familiale. Elle interroge la fratrie nombreuse de sa mère, écoute les cassettes enregistrées par son grand-père Georges, relit ses journaux intimes, les écrits de sa mère – bref, plonge dans l'histoire des Poirier. La famille, plutôt fantaisiste, joyeuse, est néanmoins le lieu de drames au fil des décennies : décès accidentel d'Antonin (dont on comprend que personne jamais ne se remettra, tragédie inaugurale), suivi de suicides qui laissent tout le monde dans un grand désarroi mais qui ne les empêche pas de continuer à se réunir, à faire tribu, à inventer des jeux et des rituels. le climat familial oscille donc toujours entre morbidité et allégresse.
Lucile est une petite fille très jolie qui fait des photos de mode, qui dira plus tard « J'étais une enfant très belle et ça m'a couté cher ». Secrète, discrète, en retrait, elle est la préférée de son père. Peu investie dans sa scolarité, elle préfère rêver et se promener. Elle rencontre Gabriel alors qu'elle n'est pas complètement sortie de l'adolescence et doit l‘épouser car elle est enceinte de la narratrice.
Les 400 pages de Rien ne s'oppose à la nuit sont le récit de la lente dérive de Lucile, dont la bipolarité génère en elle une souffrance qu'elle cherche à oublier dans l'alcool et la drogue. Ses enfants assistent donc aux bouffées délirantes, aux hospitalisation en psychiatrie et tentent de se construire auprès de cette mère qu'elles adorent mais craignent aussi.
Ce n'est pas seulement une oeuvre autobiographique, c'est aussi l'histoire d'une création littéraire. En effet, Delphine de Vigan nous fait partager son travail d'élaboration psychique et d'écrivain, les deux ici étant intimement liés. Souvent, elle doute : a-t-elle raison de mettre à jour ainsi sa famille, ses secrets, ses noirceurs ? Ne fait-elle pas violence à ses oncles et tantes ? Ne se met-elle pas elle-même en péril en ravivant ainsi des épisodes douloureux : « L'écriture me met à nu, détruit une à une mes barrières de protection défait en silence mon propre périmètre de sécurité. » ? Mais elle a besoin de comprendre, d'approcher Lucile dans sa construction, dans l'origine de son mal-être : « J'aimerais être capable d'écrire ce qui est arrivé à Lucile, minute par minute, saisir le moment exact où cela a dérapé, examiner le phénomène au microscope, en saisir le mystère, la chimie. ».

La maladie mentale est dépeinte sans détour mais avec pudeur. La complexité des liens familiaux – on s'aime mais qu'est-ce qu'on se fait souffrir – est retranscrite avec justesse. On oublie parfois que nous ne sommes pas dans un roman tant l'histoire familiale et ses rebondissements sont dignes de la fiction, puis on est rattrapé par la souffrance de Lucile, ses efforts pour faire face et par l'ambivalence de l'auteur vis-à-vis de l'écriture de ce livre. Une fois achevée sa lecture, outre l'émotion qu'elle a suscitée, les questionnements persistent: pour Lucile et ses frères, pas d'autre alternative qu'en finir ? Quand l'enfance est douloureuse, il n'y a donc jamais de répit, jamais on ne pose ses valises ? Delphine de Vigan nous propose quelques pistes et, par ce livre, témoigne en tout cas qu'écrire peut permettre d'apaiser et de dire ce qui n'a pu l'être, son amour pour sa mère.

Commenter  J’apprécie          180
Si rien ne s'oppose à la nuit qui va inéluctablement envelopper Lucile, sa fille lui offre en revanche un lumineux tombeau littéraire.
Et si certains textes parviennent à susciter une réelle émotion, rares sont ceux qui vous arrachent de véritables larmes. J'avoue que j'ai pleuré en refermant ce livre.

Dès les premières pages, j'ai été happée par l'univers recréé par l'auteur, charmée par les mots qu'elle a choisis. Il s'agit pourtant d'une histoire très personnelle, celle de sa famille. Pourquoi cela m'a-t-il intéressée et séduite ? Moi comme plusieurs centaines de milliers de lecteurs ? Sans doute parce que Delphine de Vigan parle avec une extrême sincérité et c'est cela qui nous touche. Même si la famille dont elle brosse le portrait est différente de la nôtre, on projette nos propres expériences; à la lecture de son récit ressurgissent nos propres souvenirs, qui font écho aux mots que nous lisons.
L'expérience de la mort, de l'amour, de la maladie, du passage à l'âge adulte sont universelles et l'auteur sait trouver les mots justes pour en parler. Elle le fait avec ses interrogations, ses doutes et c'est ce qui donne de la force à son récit. Elle n'impose ni n'affirme rien.
Peut-on jamais comprendre de quoi est faite la souffrance de l'autre, quel que soit l'amour qu'on lui porte ? Peut-on vraiment influer sur quelqu'un, modifier son essence pour l'empêcher de se détruire ? Et ce, sans se perdre soi-même ? En dépit de l'amour qu'elle lui porte, l'auteur n'a pu empêcher l'issue fatale vers laquelle sa mère se dirigeait. Certes il y a eu des rémissions, des moments de paix, mais, comme elle le dit elle-même, elle ne pouvait être responsable de sa mère. Elle avait sa propre vie à vivre.
L'amour est là. Même s'il était parfois difficile à exprimer, c'est l'amour inconditionnel, inébranlable et tellement fort unissant une mère et son enfant qui est dit. Il en résulte un portrait magnifique, dont il ressort beaucoup de lumière, à la manière des tableaux noirs de Soulage. Il reste l'image d'une famille pleine de sève, avec sa part d'ombre, certes, mais aussi avec ses fantaisies et sa poésie particulière, et c'est cela que l'on veut retenir.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
Commenter  J’apprécie          180
Un douloureux et boulversant cri d'amour de Delphine de Vigan pour celle qu'elle n'appelera jamais Maman dans ce livre. C'est pourtant bien d'elle et du fardeau qu'elles partageront ensemble dont parle ce livre. Entre la souffrance, l'impuissance et la colère, elles traceront chacune leur route jusqu'a ce que... plus rien ne s'oppose à la nuit. On imagine ce qu'a du coûter l'écriture de ce livre biographique à Delphine de Vigan. Espérons qu'elle ait pu y trouver un peu de paix, c'est tout le mal que je lui souhaite.
Commenter  J’apprécie          171
Gros coup de coeur et grosse claque pour ce roman de Delphine de Vigan, qui est aussi mon premier (oui oui je sais honte à moi). J'avais beaucoup hésité à le lire à cause de ma sensibilité et si effectivement il n'est pas facile, je ne regrette absolument pas mon choix. L'auteur décide, après le suicide de sa mère, d'écrire un roman sur elle, sa jeunesse, sa vie, ses troubles mentaux et ses drames familiaux. Tout est écrit avec beaucoup de pudeur et en même temps tellement d'ouverture aux lecteurs, c'est troublant, touchant et prenant. le travail et la difficulté d'être écrivain, de l'écriture, des conséquences et du cheminement comblent ce livre qui apporte déjà beaucoup. Un véritable coup de coeur. A lire absolument.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          170
Dix fois, vingt fois, durant la lecture de Rien ne s'oppose à la nuit, on ne peut s'empêcher de regarder encore et encore la photo en couverture du roman de Delphine de Vigan. Une jeune femme blonde, lèvres légèrement entrouvertes, tient une cigarette de la main gauche, les yeux rivés, rêveurs ?, sur quelque chose ou quelqu'un que nous ne voyons pas. Cette femme est belle. Douloureusement belle. Elle, c'est Lucile, la mère de Delphine de Vigan et cette dernière a décidé, non sans hésitations, de raconter sa vie, jusqu'à son suicide. Lucile, sa bipolarité, ses angoisses, ses internements, son absence du réel, ses périodes de rémission. La romancière dévoile des secrets familiaux, une succession de drames invraisemblables -mort d'un enfant, inceste, folie, suicides à répétition-, avoue son impuissance à comprendre les démons qui ont rongé celle qui lui a donné la vie. Un mystère, qu'elle a emportée dans l'au-delà. Pour écrire ce livre, l'auteure a rassemblé des centaines d'écrits intimes, interrogé sans relâche ses frères et soeurs, oncles et tantes. Pour comprendre et expliquer, au risque de se perdre. La lecture de Rien ne s'oppose à la nuit bouleverse, terrifie et passionne. Dans ce roman intime, Delphine de Vigan ne cesse de se poser des questions : à quoi rime son entreprise ? Ne va t-elle pas se brouiller avec l'ensemble de sa famille (comme Lionel Duroy en a fait la triste expérience) ? Tant pis, il faut qu'elle aille jusqu'au bout, écrire sur cette mère solaire et lunaire, perdue, emmurée dans un monde opaque. Et toujours cette interrogation, lancinante : l'accable t-elle ou lui rend elle hommage ? le lecteur peut lui répondre : c'est la deuxième hypothèse qui est la bonne. Avec Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan a écrit son plus beau livre, d'une lumineuse noirceur, qui ne peut laisser les yeux et le coeur secs. Lucile in the sky with diamonds.
Commenter  J’apprécie          170
Après le décès de sa mère, Delphine de Vigan ressent le besoin de partir à la rencontre de l'histoire de celle qui est partie si brutalement et qui laisse derrière elle un immense mystère. Un besoin irrépressible de comprendre, de savoir, et en même temps une crainte difficile à saisir, à exprimer. Quels secrets reste-t-il dans cette famille ? A quel moment la vie de Lucile a-t-elle commencé à déraper ?

« Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence ». On ne peut mieux résumer ce qu'écrit Delphine de Vigan sur la quatrième de couverture.

Divisé en trois parties (l'enfance de Lucile, sa vie d'adulte, la vie d'adulte de sa fille Delphine), cette biographie en forme de roman autobiographique, est un chant d'amour à une mère dont la vie a été majoritairement souffrance, au sein d'une famille qui n'a pas été épargnée par les drames familiaux.

En refaisant le parcours de vie de sa mère, l'auteure va essayer de comprendre les douleurs qui ont imprégné sa mère, tenter d'en trouver l'origine. le récit se fait roman, peut-être pour atténuer l'écho et les vagues émotionnelles générées par l'écriture. Delphine de Vigan entrecoupe le récit de ses propres réflexions et interrogations sur le pourquoi de ce livre, sur ce que provoque en elle ce qu'elle découvre au cours de son enquête, ce qu'elle réalise de l'histoire familiale et de son empreinte sur chacun des membres de la famille qu'elle va interviewer. Elle ressent, analyse la difficulté à se plonger dans sa mémoire, dans celle des autres, la peur de ce que son besoin de comprendre peut réveiller, comment cette nécessité de puiser au fond de ce que l'esprit et le coeur veulent oublier peut faire reparaître les fantômes du passé. En décrivant la difficulté d'écrire la vie de Lucile, Delphine de vigan va mettre de l'ordre dans ses souvenirs en les confrontant à ceux des autres témoins. Elle nous décrit la difficulté et la douleur du chemin parcouru pour aller à la rencontre de cette mère aimée mais si énigmatique

Un roman et un récit douloureux pour l'auteure mais aussi pour la lectrice que je suis par les émotions et sentiments multiples ressentis. Pourtant je ne le referme pas avec le sentiment de douleur mais plutôt avec une sensation de vertige par rapport à cet héritage familial si lourd et une grande admiration pour le chemin parcouru par Delphine de Vigan.

Cette quête de vérité, et peut-être de paix, je le ressens comme un hommage à une mère aimée, malgré tout ce que la vie dans cette relation mère-fille.

Un roman qui m'a profondément touchée.
Commenter  J’apprécie          160
Énorme coup de coeur pour ce roman qui n' en ai pas vraiment un.
Il s' agit d' un récit sur la famille de l'auteure et en particulier de sa mère mais il se lit comme un roman.
Le mot qui me vient à l'esprit esprit en y pensant c' est douceur.
Douceur malgré la violence sourde de cette famille ,douceur malgré les drames ,malgré la mort omniprésente,malgré la souffrance ,la folie de cette famille si particulière.
Des pages et des pages de douceur dans un tourbillon de ce qui a de plus sombre chez l' être humain.
Pas un instant d' ennui ,pas un instant de colère, pas un instant de rejet dans ce merveilleux livre écrit avec la délicatesse de l' âme et cet amour qui nous lie pour toujours, malgré tout et pour tout à celle qui est notre mère.
Un livre qui restera pour toujours un des plus beaux livres que j'ai lu avec le coeur au bord des yeux.
Commenter  J’apprécie          160
Au travers de ce livre l'auteure nous parle de sa mère et ce qui est intéressant c'est qu'elle nous fait part de ses recherches, ses interrogations. 
Ce livre est écrit simplement et nous fait découvrir une facette de sa vie aussi surprenante qu'elle puisse être. Son passé n'est pas des plus anodins et plutôt douloureux.
Une histoire, un témoignage touchant qui vaut le détour. 
Lien : http://scoobydu41.over-blog...
Commenter  J’apprécie          160
Rien ne s'oppose à la nuit est une de mes pépites de ces dernières années. Pourtant, je n'étais pas forcément prête à lire ce livre dont j'avais trop entendu parler... Je me suis laissée séduire et je ne le regrette pas.
L'auteure nous raconte l'histoire absolument incroyable de sa mère, faite de rebondissements incessants, de mensonges, de virages à 90 degrés... On s'étonne, on s'émeut et on a envie d'en savoir plus, tout le temps, sur cette femme au destin extra-ordinaire. La plume de Delphine de Vigan est belle, juste et tendre à la fois.
Un récit à lire et sans doute relire...
Commenter  J’apprécie          160
Un roman bouleversant autobiographique. L'auteure se livre et il ne laisse pas indifférent. La première partie du roman pose l'histoire, présente les personnages et peut paraître un peu longue mais elle est nécessaire pour pouvoir bien appréhender cette histoire. La seconde partie du roman m'a complétement transporté. J'ai ressentie beaucoup d'empathie pour les personnes en souffrance. Il nous montre une réalité parfois dérangeante mais qui malheureusement est une réalité. Un belle leçon de courage également.
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (22683) Voir plus



Quiz Voir plus

Delphine de Vigan

Delphine de Vigan a écrit son premier roman "Jours sans faim" sous un pseudonyme. Quel est-il ?

Agnès Dantzig
Lou Delvig
Sara Dliping
Mia Dumrig

10 questions
255 lecteurs ont répondu
Thème : Delphine de ViganCréer un quiz sur ce livre

{* *}