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4,16

sur 9081 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Delphine de Vigan trace ici le portrait de sa mère, atteinte de troubles bipolaires, et, au delà, le portrait de cette famille dans laquelle elle a grandit. Elle nous parle aussi de la difficulté de décrire à la fois tout le côté pathologique et tragique de cette histoire (que je ne saurai résumer sans trahir la trame du récit) sans en nier les couleurs vives, les joies partagées, les solidarités réelles et salvatrices. le style est clair, direct, franc, jusque dans les hésitations et les craintes de trahir. C'est terriblement beau. C'est un des témoignages les plus poignants (avec celui de Sorj Chalandon, "Profession du père") qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois (*).

(*) note de lecture rédigée le 23 novembre 2015
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Magnifique livre, bouleversant. Prouesse sur le fond comme sur la forme.

Delphine de Vigan éprouve le besoin de nous raconter sa vie suite au suicide de sa mère. Une relation mère/fille compliquée mais qui ne tombe jamais dans le mélo ou dans le cliché. Une délicatesse admirable dans la narration pour aborder les sujets les plus difficiles (suicide, dépression...).
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Dans un texte bouleversant, parce qu'il ne tombe jamais dans la plainte et le larmoyant, Delphine de Vigan cherche sa mère. Les raisons qui l'ont poussée au suicide, son mutisme, sa dépression...
Elle a mené une grande enquête parmi les frères et soeurs encore vivants de celle-ci, auprès de sa soeur à elle ; elle a fouillé ses propres souvenirs, ses journaux intimes. Elle a replongé dans des souvenirs douloureux, a remué son angoisse et sa culpabilité. A lu, fouillé, écrit. S'est forcée à l'écriture.
Car s'est cela aussi : un journal d'écriture, où elle pose ses doutes, ses interrogations. Où se pose la question de la légitimité de ce texte, de la place de la fiction dans ce texte.
Une chose m'a frappée : elle met sa mère à distance, comme un objet d'étude. Elle l'appelle "Lucile", jamais "maman" sauf dans les dialogues. Est-ce une manière de juguler la culpabilité qu'elle ressent de n'avoir su discerner les signes avant-coureurs de l'acte ? Est-ce le sens du titre ?
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En 2013 j'ai postulé pour devenir jury du Grand Prix des Lectrices de ELLE. Pour candidater il fallait rédiger une chronique sur une lecture qui nous avait marquée. Aujourd'hui je pense encore à ce témoignage, et ai envie de vous présenter ce livre plusieurs fois primé.

Sur la couverture, la photo d'une belle femme, présentée de profil, un sourire aux lèvres mais perdue dans ses pensées, ou tout simplement perdue…

Dans la famille de Lucile, la mère de l'auteure, on fait illusion, on passe pour une grande tribu unie. Entourée de ses frères et soeurs, la petite Lucile fait des photos de mode. Jeune femme, elle assiste, impuissante, au décès de ses frères et s'enferme peu à peu dans le silence. Adulte, elle se déconnecte de la réalité, part à la dérive. Diagnostiquée bipolaire, elle devient une mère fantasque, irresponsable et excessive. Après 10 ans de camisole chimique elle se « stabilise » mais les fondations sont trop fragiles.

Lucile choisit finalement de se donner la mort, et Delphine de Vigan ressent le besoin d'écrire son histoire. Pour ce faire elle rassemble ses souvenirs, et enquête auprès des membres de sa famille. le processus est douloureux.

Ce récit fait réfléchir sur la fragilité de certains êtres, la complexité des rapports familiaux, le poids de fardeaux trop lourds à porter.

Un témoignage fort, poignant, sincère dont la lecture ne laisse pas indemne.
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Mes réticences à lire ce roman reposaient essentiellement sur ma crainte d'un texte lourd, grave, empreint de tristesse, voire de noirceur. Car ayant lu Delphine de Vigan auparavant, connaissant sa tendance à l'écriture triste (mais vraie, au demeurant), je me suis dit qu'en écrivant sur sa propre mère cela serait sans doute encore plus torturé et douloureux.

En fait, j'ai plongé avec appétit dans l'histoire de cette famille hors du commun, aux nombreux enfants (la mère de l'auteure avait 7 frères et soeurs). le début du roman, parlant de l'enfance de Lucile, la maman, est totalement prenant, on vit avec cette famille de doux dingues, déjà marquée par le malheur, et Delphine de Vigan installe, tout doucement et avec brio, une tension, on sent que l'on glisse vers le drame, vers quelque chose d'horrible qui va se produire...

Ensuite, sa mère devenue adulte, l'auteure parle d'elle-même, forcément, et de sa soeur. Mais son talent est de ne jamais se prendre comme sujet du roman, sa mère reste au centre, c'est vraiment très bien écrit et plein d'émotion, que l'on sent retenue néanmoins. La maladie, ou plutôt les maladies de sa mère sont évoquées à la fois avec précision et pudeur, ce qui est une prouesse.

Au final, il se dégage de ce roman effectivement une infinie tristesse, mais surtout beaucoup d'amour, de ceux qui font vibrer toutes les familles. Et beaucoup de complexité, de non-dits, de failles et d'erreurs, mais sans jamais d'apitoiement.

Un roman personnel et singulier, à l'écriture brillante mais modeste, tout en finesse et très féminin.
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Après le suicide de sa mère, Delphine de Vigan entreprend l'écriture de Rien ne s'oppose à la nuit ; elle s'attache à retracer la vie de celle-ci depuis son enfance pour tenter de la comprendre et de capter l'origine de la maladie qui a hanté sa vie, la bipolarité. C'est donc une biographie en forme de quête : qu'a-t-il bien pu arriver à Lucile Poirier, double littéraire de la mère de l'auteur, pour qu'elle mette fin à ses jours en 2008 ?

Dès la première page, le ton est donné : la narratrice découvre sa mère inanimée, vraisemblablement cinq jours après son suicide. Interrogeant oncles et tantes, amis de la famille, elle enregistre des heures de témoignages qui lui permettront de saisir l'atmosphère des années cinquante et les conditions de vie de sa mère enfant. Débute alors un récit sans tabous, entrecoupé des interrogations de l'auteur, régulièrement assaillie par le doute, la difficulté du projet qui tient tant à son but qu'à son contenu – pourquoi raconter sa mère ? Peut-on écrire la vérité sur quelqu'un ?

Il s'agit d'un récit atypique, qui débute par une narration à la troisième personne jusqu'à ce que le « je » émerge avec la naissance de l'auteur. C'est une histoire tissée de drames sans noms et de non-dits destructeurs. Sans sombrer dans le voyeurisme, l'auteur nous donne à voir des relations troubles tout en les confrontant à d'autres témoignages pour tenter de les élucider. Et bien qu'elle évoque des faits sans ambage, souvent choquants, il s'agit bien d'un hommage car d'un bout à l'autre on ressent l'amour qu'elle a éprouvé pour sa mère, malgré les souffrances que celle-ci lui a - involontairement - infligées.

L'écriture de Delphine de Vigan oscille toujours entre sobriété et poésie ; en quelques mots simples mais d'une grande beauté, elle parvient à nous toucher directement au coeur. J'ai particulièrement apprécié les moments où, délaissant sa voix de narratrice, l'auteur se livre directement au lecteur, partageant avec lui les difficultés de l'écriture et mettant en doute le bien-fondé même de son projet.

C'est un travail titanesque et courageux auquel s'est livrée Delphine de Vigan, haletant comme une enquête et extrêmement poignant, qui saura émouvoir tous ceux qui ont eu affaire, de près ou de loin, à la dépression.

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J'ai été éblouie par la subtilité et l'honnêteté de ce livre. Il n'est pas donné à tout le monde de donner à ressentir qu'une famille peut engendrer en même temps joie, rire,intelligence aussi bien qu'horreur névrose et négation de l'individu. L'écriture est délicate, on progresse au côté de Delphine de Vigan, on suit ses méandres et la révélation choc nous tombe dessus presque en milieu de livre sans crier gare. Tout concourt à faire dire qu'on pouvait s'y attendre dès le début, mais j'avoue que j'ai reçu le choc seulement à ce moment là. Des émotions comme ça ce n'est pas tous les jours. merci à Delphine de Vigan de m'avoir mené sur ce chemin là. Je vais me jeter sur ses autres livres.
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Je viens de terminer la lecture de ce roman et c'est un choc.
J'avais déjà lu d'autres textes du même auteur mais celui-ci est explicitement autobiographique... et éclaire les autres écrits.
En voulant raconter la vie de sa mère qui vient de se suicider, Delphine de Vigan découvre des secrets de famille dont elle n'avait pas idée bien qu'ayant conscience de vivre au sein d'un communauté un peu hors norme.
Par moments, le fonctionnement de la famille nombreuse dans laquelle a grandi Lucile m'a fait pensé au roman "Les bourgeois" d'Alice Ferney mais sur un mode beaucoup plus bohème.
Le lecteur comprend combien Lucile, la mélancolique, a pu souffrir et avoir du mal à trouver sa place dans cette troupe aux parents charismatiques, dans cette maison aux portes et à la table ouvertes, un genre d'éducation communautaire au sein d'une fratrie marquée par des drames, subissant sa beauté blonde d'enfant vedette comme un fardeau supplémentaire qui ne contrebalançait pas ses multiples peurs.
Lorsque le récit passe à l'enfance de l'auteur, on découvre néanmoins un héritage dans cette manière d'élever les enfants très librement (dans les années soixante) et Delphine ne peut ignorer de quelle famille elle est issue.
C'est un texte extrêmement fort et intime qui pose la question de l'écriture et de ce que l'enquête qu'elle mène auprès des proches de sa mère déclenche en faisant remonter des souvenirs enfouis ou cachés.
Je pense, en relatant les réactions et les points de vue des différents protagonistes ainsi relevés que l'auteur a su dresser un portrait complexe et sincère de sa mère.
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"Rien ne s'oppose à la nuit" est le récit bouleversant de Lucile, la mère de l'auteur dont la vie marquée par les rires et les larmes, les traumatismes et la "folie" est narrée avec beaucoup de pudeur et de justesse. C'est l'histoire de la détresse d'une femme en proie avec ses démons, d'un héritage familial tabou et douloureux transmis de génération en génération, et de la culpabilité, la honte et le désarroi de ceux qui subissent et quittent bien trop tôt leur statut d'enfant pour devenir l'adulte de leur parent. C'est beau, poétique, on pleure Lucile que la malédiction n'épargnera pas, on pleure Manon et Delphine, les enfants écorchées mais on salut aussi le courage de ces femmes qui par le drame se sont révélées. Magnifique et tragique à la fois.
Lien : http://la-decouverte-de-soi...
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Delphine de Vigan, dans ce roman autobiographique, nous parle de sa mère, Lucile qui s'est suicidé à l'âge de 61 ans.
L'auteure essaie de comprendre sa mère rétrospectivement à travers ses souvenirs d'enfance...Tour à tour sombre et lumineux, ce livre raconte les drames et les désastres de la vie de Lucile.
Delphine de Vigan se livre avec une grande pudeur et une grande justesse, c'est un livre émouvant, un cri d'amour à sa mère.
Des phrases courtes, un ton direct et des sentiments forts, le ton intime de ce roman lui donne une forme d'élégance désespérée.
J'ai adoré ce roman atypique et sincère, un récit empli d'émotion. Magnifique et poignant !
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