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sur 9117 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Je n'ai pas du tout aimé ce livre, à telle enseigne, — et vous m'accorderez que c'est un cas rarissime me concernant — que je n'ai même pas trouvé la force de le lire complètement. Ce que j'en ai lu m'a suffisamment déplu pour me pousser à le refermer à jamais sans espoir de retour.

Dès mon tout premier survol, j'y ai de suite retrouvé tout ce que je déteste chez Annie Ernaux : écriture plate dénuée de tout ce que j'aime en littérature, sujets volontiers racoleurs, dissertation creuse et pseudo métaphysique sur son puissant " travail d'écrivain ". Elle a donc sagement fait attention de bien tout recopier de son aînée, mais en prenant le soin d'aller encore un peu plus loin du côté obscur… (C'est normal, me direz-vous, rien ne doit s'opposer à la nuit…)

Comme je suis normalement hostile aux critiques qui disent juste J'AIME / J'AIME PAS sans rien argumenter ou sans rien éclaircir sur le pourquoi de ce ressenti, je vais tâcher d'argumenter. On pourra aisément me rétorquer à chaque argument — ce sera légitime —, que je n'ai aucun droit à me plaindre de tel ou tel élément m'ayant déplu puisque je n'aurai pas lu le texte dans son ensemble ni l'intégralité du contexte dans lequel cet élément textuel se situait. Et au sens strict, on aura raison de fustiger une telle critique.

J'ai fortement hésité à écrire une critique sur un livre que j'ai lâchement abandonné. En ai-je réellement le droit ? Pas évident. Cependant, ce sur quoi j'ai quelques droits et quelques certitudes, c'est sur mon ressenti de lecture, qui lui peut s'exprimer à n'importe quel stade de la découverte d'une oeuvre écrite, même si la découverte n'est que partielle. Un site de partage littéraire comme Babelio a toute sa raison d'être justement si tous les avis s'y expriment. Certes, je n'ai pas lu le livre en entier, mais d'un simple point de vue statistique, ce que j'ai éprouvé d'autres peuvent l'éprouver également. C'est pour eux que j'écris ce qui suit, pas pour les nombreux aficionados qui ont dévoré goulûment ce livre et qui ne changeront pas d'avis après avoir (éventuellement) lu cette contribution mineure.

Pour être tout à fait honnête, j'avais un a priori très négatif d'emblée sur ce livre. Si j'y suis venue, c'est par l'entremise de quelqu'un qui m'est aussi cher que proche et qui a beaucoup aimé Rien Ne S'Oppose À La Nuit. Un gros succès éditorial, des gens que j'estime qui sont conquis, cela méritait sûrement d'essayer de passer outre mes a priori. Voilà comment j'abordais cette lecture : direction bibliothèque municipale. (Pas folle la guêpe, pas envie de laisser le moindre centime là-dedans avant de m'être forgée ma petite idée. Si le livre est vraiment bon, il sera toujours temps de l'acheter ensuite.)

Me voici donc au sortir de la grande médiathèque, moi, petite, frêle, avec un gros pavé sous le bras. L'examen de la quatrième de couverture ne me laisse rien présager de bon. Je l'ouvre par hasard à la page 84. le passage que j'y ai découvert allait prendre une très grande importance dans mon ressenti général. Je vous le retranscris tel quel avec seulement des parenthèses où le NB signifie Nastasia-B :

« L'homme que j'aime, dont l'amour se heurte parfois à mes absences, s'est inquiété, il y a quelque temps, de me voir entreprendre ce travail. (NB : il s'agit donc d'un travail. Travail, au sens commun, rime avec rémunération et salaire, je tiens à le préciser.) C'est ainsi en tout cas que j'ai interprété sa question, posée avec une certaine prudence : avais-je besoin d'écrire ÇA ? (NB : normalement ce « ça » ainsi que le suivant est en italique, mais je n'ai pas la possibilité de le restituer.) Ce à quoi, sans hésitation, j'ai répondu que non. (NB : c'est donc qu'aussi bien elle que ses proches perçoivent le côté voyeur, racoleur, indécent ou impudique de la chose, comme le nez au milieu de la figure.) J'avais besoin d'écrire (NB : exutoire ou salaire ? That is the question.) et ne pouvais rien écrire d'autre (NB : tellement absorbée par le sujet ou en panne totale d'inspiration pour autre chose, un vrai roman par exemple ? That is another question.), rien d'autre que ÇA. La nuance est de taille ! (NB : effectivement, la nuance ou plutôt les nuances sont de taille, je confirme.)
« Ainsi en avait-il toujours été de mes livres, qui au fond s'imposaient d'eux-mêmes, pour des raisons obscures (NB : oui, très obscures) qu'il m'est arrivé de découvrir longtemps après que le texte eut été terminé. (NB : probablement en fonction des succès remportés par les ventes !) À ceux qui redoutaient les dangers que pouvaient représenter pour moi un tel chantier, si peu de temps après la mort de ma mère, je répondais avec assurance que non, pas du tout, mais enfin, pensez-vous. (NB : vous aurez remarqué au passage la grande richesse de plume de cette « auteure ».) Je sais aujourd'hui — alors que je ne suis même pas encore à la moitié du vaste chantier dans lequel je me suis empêtrée (j'ai failli écrire : du vaste merdier dans lequel je me suis foutue) — combien j'ai présumé de mes forces. (NB : là, pas d'erreur, vous êtes convaincus, nous avons affaire à une grande écrivaine au style incomparable qui imprimera de son sceau la littérature française pour des siècles et des siècles.) »

Après ce passage introductif, j'en viens aux deux points principaux qui me dérangent avec cette marchandise livresque. Premièrement, les motivations de l'« auteure ». (J'ai mis des guillemets, ce n'est pas une erreur de frappe, ne m'en veuillez pas.) En effet, à l'ère de l'internet, lorsqu'on a un gros truc sur la patate, un besoin irrépressible de partager avec autrui des moments forts ou pénibles, il y a un moyen phare, largement ouvert et diffusé sur la planète entière, totalement libre et gratuit qui s'appelle le blog (ou toute forme apparentée).

Si je cherche à faire éditer un livre, c'est que mes motivations sont différentes. Soit j'ai quelque aspiration à la gloire et à la renommée, soit je compte en vivre et donc me faire de l'argent avec, soit je considère que ce que j'écris est réellement une oeuvre d'art, soit — ce qui est pire encore — un mélange des trois. En fait ces motivations ne me dérangent pas à partir du moment où l'on a affaire à un véritable artiste, quelqu'un qui a un talent de plume rare, suffisamment exceptionnel pour justifier et de la renommée et des retombées financières.

Oui, excusez-moi de penser ce que je pense Delphine de Vigan, mais vous ne m'empêcherez pas de penser qu'il y a une motivation cruellement commerciale là-dedans. Si vous vouliez vraiment partager (je précise qu'en langue française le mot « partager » signifie prendre partie avec, en même temps que d'autres, comme un repas, une conversation…), le blog eût été le meilleur support. le respect d'une mère, est-ce de l'étaler sur la place publique et de se faire payer pour cet étalage ?

À partir du moment où vous émettez sans recevoir, ce n'est pas un partage, et à partir du moment où vous vendez ce que vous émettez, cela s'appelle du commerce. du commerce de quoi ? de vie privée. Vie privée de qui ? Même pas la vôtre seulement. C'est-à-dire que non seulement vous vous arrogez des droits sur la vie privée de votre mère (la vôtre vous en faites ce que vous voulez, libre à vous) mais aussi sur celle d'autres personnes de la famille. C'est-à-dire que leur vie privée à eux n'est plus privée mais publique, lue et répétée par des milliers de gens (et dans vingt-cinq langues nous précise la quatrième de couverture.)

Que dit votre pudeur ? que dit votre conscience ? que dit votre âme ? chère Delphine de Vigan quand vous vous rendez compte que vous gagnez votre vie sur les détails sordides de votre existence ou de celle de votre mère ? de votre famille ? (J'ai sous les yeux sur un autre onglet d'internet une photo de vous avec un gigantesque sourire tenant votre livre encerclée par des piles et des piles de votre ouvrage, et ça me fait froid dans le dos quand j'y pense.) Ici on fait tinter les trémolos du voyeurisme ordinaire, dont la presse à scandale fait ses choux gras, avec juste ce qu'il faut de retenue, juste ce qu'il faut de précaution et d'habileté mensongère pour faire croire à quelques scrupules, sous couvert d'expérience psychologique.

Pour moi c'est purement et simplement, dans le principe, répugnant et écoeurant. (Fasse l'avenir, ma pauvre maman, que jamais il ne me prenne l'idée de déballer en public tes pauvres travers et tes misérables secrets, ni ceux de tes pères ou frères.) Je vous assure, tous les détails sordides y sont. (Je n'ai pas tout lu heureusement mais quand j'ai survolé le passage de la croûte de camembert sur la joue bleue de la défunte, j'ai reçu mon quota d'irradiation aux rayons Gala, Voici et Closer pour une année complète.)

Mais surtout, ce qui est fort, c'est que Delphine de Vigan, par ces nombreuses considérations sur la gestation de son machin, sur la prouesse de parvenir à faire naître un tel chef-d'oeuvre en exhumant de la matière fétide en putréfaction, voudrait presque qu'on s'apitoie sur son sort d'écrivain, sur sa difficulté, sur son délicat labeur d'écriture, " ouh ! que c'est dur ma pauv' dame ", " oh ! là ! là ! que vous avez dû souffrir à affûter vos adjectifs et à régler tous vos verbes dans ce bourbier-là ! "

Le deuxième point qui me chagrine avec ce livre, je l'ai déjà vaguement évoqué plus haut, c'est son style. Aïe, aïe, aïe ! Que j'ai mal à ma littérature ! Rien Ne S'Oppose À La Nuit…
… effectivement, rien ne s'oppose à la nuit de la littérature française. Alors c'est donc ça la littérature française actuelle ! D'ailleurs j'en profite au passage pour faire une petite remarque aux éditeurs qui eux aussi n'ont que de nobles desseins et aucune vue financière.

Je ne sais pas pour la version de poche, mais sur celle de grand format, sous le titre, en première de couverture, est écrite l'appellation « roman ». Je suis désolée de pinailler de la sorte mesdames et messieurs les éditeurs de JC Lattès, mais à ma connaissance, ce type d'écrit doit être catégorisé sous l'étiquette « témoignage » ou « récit autobiographique » mais assurément pas de roman. Pardonnez-moi, mesdames et messieurs les éditeurs, mais cela vient du fait que j'ai une trop haute estime du roman pour le laisser salir ainsi. Un roman c'est autre chose que ça, parce qu'un roman, sachez-le une fois pour toute, un roman c'est écrit, un roman ça se compose, ça ne se rédige pas comme un rapport médical ou une note de service.

Je sais bien qu'en français le substantif « écriture » désigne aussi bien l'acte de faire une trace sur un papier comme ce qu'expérimentent les enfants de la maternelle qui apprennent à « écrire » que le travail d'un écrivain. Or ici, il ne peut certes pas s'agir de la seconde acception du terme écriture. Vous voulez un argument ? Okay, transportons-nous, si vous le voulez bien à la page 420 de l'édition grand format, c'est-à-dire à l'un des moments supposés être les plus forts de la narration, celui où l'« auteure » découvre le cadavre de sa mère :

« Lucile était allongée sur le côté, les bras pliés, hors de la couverture, j'ai voulu la retourner mais son corps était raide, résistait, j'ai voulu éteindre la radio branchée sur France Inter, comme depuis la nuit des temps, je n'ai pas trouvé le bon bouton, mes mains commençaient de trembler, j'étais gagnée par une panique progressive et silencieuse, je me suis relevée, je suis allée vers la fenêtre, j'ai ouvert les rideaux, j'ai enlevé mon blouson et mon écharpe, je les ai posés sur sa chaise, j'ai posé mon sac aussi, au pied de son bureau [… etc., etc…] »

Oooooouuuuuhhhhh ! Là ça dépote, les enfants ! Des phrases qui fusent, des verbes qui chantent, des figures de styles sur quatre étages ! Chapeau l'artiste ! Choderlos de Laclos et Flaubert, vous pouvez aller vous rhabiller, Racine et Verlaine, faites dans votre caisse et tremblez car la relève est assurée et c'est pas de la roupie de sansonnet ! Quelle indigence, mes aïeux, quelle indigence… les bras m'en tombent ! Stendhal aurait passé un mois entier à composer le paragraphe de cette découverte, à soupeser chaque gramme de mot chaque atome de syllabe et pourtant c'était un rapide en matière d'écriture. En fait, sur l'ensemble de l'ouvrage, j'avais trouvé le titre pas mal et elle nous révèle que même ça ce n'est pas d'elle, mais un emprunt à l'Osez Joséphine d'Alain Bashung. Aïe, aïe, aïe ! Que j'ai mal à ma littérature ! Rien, absolument plus rien ne s'oppose à la nuit… une nuit sans lune, sans étoile, sans rien.

En somme, l'« auteure » a utilisé sept mots pour donner un titre à sa mixture, je n'en ai pour ma part besoin que de six pour exprimer ce que j'en pense :
— déballage impudique dans un style insipide — Voilà, six mots, pas un de plus et j'ai dit tout ce que j'avais à en dire, tellement c'est beau et combien c'est dense dans l'analyse psychologique.

Des souvenirs me reviennent d'À L'Est D'Eden de John Steinbeck, qui lui aussi abordait beaucoup de points intimes et mettait en scène sa famille, je me souviens de la pudeur, du velours, de la dentelle d'écriture, de la magnifique ouverture et généralisation qu'il avait faite du cas particulier de sa famille à quelque chose de plus vaste et transcendant et c'est là que je mesure toute la différence, tout l'écart, tout l'abîme qui existe entre une oeuvre d'art, fruit du travail d'un authentique romancier et ce machin, cet édredon plat fourré aux vers fétides, cette émanation bassement commerciale sans la moindre parcelle de génie littéraire, ce truc qui passera comme une étoile filante dans les cieux du mois d'août, qui engrangera quelques substantiels bénéfices au passage et que tout le monde se dépêchera d'oublier avant dix ans d'ici.

Aïe ! Que j'ai mal à ma littérature ! Mon coeur se serre, mes jambes se fléchissent, mes genoux touchent le sol en soulevant un léger nuage de poussière qui vient masquer, pour quelques instants, ma tristesse d'avoir levé le voile et posé le regard sur un tel non roman. Bien évidemment, il en faut pour tous les goûts (sans quoi TF1, ARTE et Horse TV diffuseraient le même programme), nombreux(ses) sont mes ami(e)s qui ont adoré ce livre et qui y trouvent mille qualités, mais permettez-moi, en mon seul nom, de ne pas applaudir cette fois-ci.

D'ailleurs qui suis-je pour exprimer ce que j'exprime ? qui suis-je pour juger l'oeuvre d'autrui ? Alors certes, en ce qui me concerne c'est : rien ne s'oppose à l'ennui, mais ce n'est qu'un avis noir, nocturne, aussi ténébreux que l'âme de Judas, c'est-à-dire, pas grand-chose, soyez-en sûrs.

P. S. : je passe évidemment sous silence le fait que cette « auteure » soit la compagne de François Busnel et qu'elle ait accepté que celui-ci en fasse la promotion dithyrambique dans son émission " La Grande Librairie " en 2011. Tout ceci n'ayant aucune espèce de rapport avec un quelconque intérêt commercial de l'entreprise Rien Ne S'Oppose À La Nuit.
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Page 116... Je referme le livre.
Je rame, je me raccroche depuis quelques dizaines de pages aux branches... J'ai l'impression d'être un derviche tourneur qui est emporté dans une lecture, mais sans en saisir le sens, le pourquoi, d'un passé ancien à un passé plus récent, puis de nouveau en arrière, on revient ensuite plus tôt, et on repart... Je m'enlise. Au final, je lis des mots sans prêter attention au sens, à l'histoire... Bref, aucun plaisir de ressort pour moi de cette lecture.
Dommage... J'ai été attiré par cette belle femme sur la couverture (elle me fait penser à Romy Schneider !).
J'ai déjà lu de Delphine de Vigan No et Moi et j'avais adoré.
Rien ne s'oppose à la nuit n'est pas pour moi, ou alors ce n'est pas le bon moment...
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Une histoire touchante! Ce n'est vraiment pas évident de faire un témoignage sur la folie surtout quand la personne concernée est un parent très proche. La folie est une maladie déroutante qui affecte encore malencontreusement l'entourage du malade que le malade lui-même. On voit bien que Dephine de Vigan a eu avant tout à exploiter plusieurs pistes pour se tracer finalement un chemin pour venir à bout de nous partager les solennels combats de la vie de sa mère. J'avais fini par m'attacher à Lucile, cette femme qui a lutté, bataillé fort pour vaincre cette maladie incontrôlable qui lui a collé à la peau tout le long de sa vie de mère, surtout pendant que ses deux filles, adolescentes, avaient plus que jamais besoin d'elle, pour s'orienter dans la vie. Lucile a toujours essayé de se distinguer professionnellement une fois qu'elle se soit remise d'une rechute, jusqu'à ce qu'elle reparte à l'école à 42 ans. Elle a tenu tête au grand trou noir qui l'a abimé affreusement de l'intérieur, elle a vaincu et s'en est sortie avec bravoure en obtenant finalement à la deuxième tentative son diplôme d'assistante sociale...

Le style, trop ampoulé, alourdit le livre, le piège est imminent en voulant écrire sur soi avec beaucoup plus d'émotion plutôt que d'objectivité, et le comble est qu'on se retrouve avec des longueurs lassantes à certains endroits!
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Je me suis sentie très mal à l'aise à la lecture de ce livre.
L'écriture a certainement fait beaucoup de bien à son auteur, mais était-ce nécessaire de nous infliger ce déballage de linge sale familial ? Pas sûr.
Ce n'est pas un roman que Delphine de Vigan nous donne à lire, mais sa thérapie. Et franchement, je me suis sentie de trop.
J'avais beaucoup aimé "jours sans faim", terrible récit de son passé d'anorexique que l'auteur a choisi de nous raconter. Mais dans "rien ne s'oppose à la nuit" j'ai eu l'impression quasi-permanente de lire des choses que je n'aurais pas dû lire, de me livrer au voyeurisme malgré moi. Impression que j'ai trouvée bien désagréable.
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Je considère ce texte comme proprement scandaleux. Comment un auteur peut-il avoir suffisamment d'irrespect pour maltraiter de la sorte un lecteur ?
Quel peut être l'intérêt de publier un tel travail qui n'est autre qu'une thérapie.
Il y a là, à mon sens, quelque chose certes d'indécent mais c'est le propre de tout travail artistique ; mais il y a surtout quelque chose de malhonnête.
Car pourquoi prendre le lecteur à témoin ? Pour chercher une sorte de validation ?
Comme si ce déballage en place publique allait chasser le malaise familial ressenti par l'auteur.
Pourquoi prendre le lecteur en otage ? Car que pouvons-nous faire d'autre que subir ? Quand bien même nous aurions des compétences thérapeutiques, devant ce texte définitivement en noir foncé sur blanc, que pouvons-nous faire d'autre qu'emmagasiner ce transfert de pathos ?
Le texte aurait pu être sauvé par ses qualités littéraires ou l'originalité des vies que l'on y croise. Mais ce n'est pas le cas.
Il m'a rappelé, par son poids auto-psychanalytique, ce texte d'Annie Ernaux : l'autre fille par cette même prise d'otage méprisable.
Vous me jugerez dur, mais ma révolte au long de ma lecture l'a été tout autant ; comme si chaque phrase, chaque nouvelle étape dans l'enfer de la folie attisait cette révolte car, comme lecteur, que puis-je y faire sinon subir ?

Je me suis vraiment fait violence pour lire jusqu'au bout ce document qui n'aurait jamais dû quitter le coffre à secrets de madame De Vigan, mais je l'ai fait dans l'espoir sans cesse amenuisé d'y découvrir une infime particule interpelant le lecteur, sollicitant sa réflexion, son imagination.

Bien sûr le texte est inondé de l'amour profond de l'auteur pour sa mère et il m'est revenu cette belle phrase De Balzac :
Le coeur d'une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon.
Et Delphine de Vigan m'a fait comprendre que le coeur d'un enfant est aussi un abîme au fond duquel se trouve parfois un pardon pour ses parents.

C'est bien la seule graine que cette lecture aura fait germé dans mon esprit mais elle est bien désuète et décidément non, je n'ai pas aimé ce texte et n'y reviendrai pas.

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A part le titre je n'ai rien aimé dans ce livre. S'il ne m'avait pas été pioché dans le cadre d'un challenge de lecteur je l'aurais refermé bien avant la fin parce que 440 pages c'est quand même beaucoup surtout pour lire la thérapie de l'auteure. Ce soi-disant roman autobiographique est en fait un récit qui raconte la vie de Lucile, la mère de l'auteure, et les conséquences subies par l'ensemble de la famille et surtout par @Delphine de Vigan elle-même. C'est le grand déballage !
Ecrire ce livre a probablement été salutaire pour @Delphine de Vigan mais le publier je ne vois pas trop l'intérêt si ce n'est pour engranger des euros avec sa sordide histoire familiale. J'ai eu l'impression d'être comme Malcom McDowell dans Orange mécanique à qui on imposait de voir des images violentes pour le soigner de sa violence mais me concernant je n'ai rien à soigner (du moins de ce point de vue-là) et le voyeurisme imposé par @Delphine de Vigan m'a juste fait ressentir extrêmement mal à l'aise.

Si la plume avait partiellement rattrapé ce texte sans pudeur et nauséabond, j'aurais moins eu la sensation d'avoir perdu mon temps, mais non l'écriture est insipide, un désastre. J'ai quand même mis une étoile pour le titre et la belle photo en première de couverture.
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Avant de lire son dernier livre pour lequel les critiques sont dithyrambiques je voulais me familiariser avec l'auteur. le passage à la bibliothèque municipale m'en a donné l'occasion.
La photo (ancienne) d'une très belle jeune femme sur la couverture m'y incitait, bien que l'on sache aujourd'hui qu'elle présage souvent d'un cancer du poumon ...
Il était écrit aussi 'roman'; j'imaginais ... mais qu'est ce que j'imaginais ? je me suis très vite rendu à l'évidence : il ne s'agissait pas d'un roman mais d'une saga familiale voire d'une autobiographie. La dernière partie est une Ode à la mère, personnage que l'auteur a passé son temps à détruire dans les deux premières parties ! d'd V passe toute sa famille en revue.
Le style est à mon avis travaillé sur les deux premières parties avec quelques figures de style : par exemple répétition de mots ou de morceaux de phrases; mais sur la dernière partie le style évolue; les phrases deviennent plus courtes, moins construites comme s'il restait encore plein de choses à dire et qu'elle n'en ait plus le temps.
Le titre est très beau (mais c'est un emprunt !) le livre n'est pas à la hauteur.
Je n'en retiendrai pas grand chose. En résumé je n'ai pas aimé (après avoir lu tout le livre)
Lirai-je son dernier ? je me pose la question.
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Ce livre est présenté comme un roman. Mais il s'agit d'une autobiographie linéaire, brute à l'écriture simple puisqu'il s'agit de retracer la vie de la mère de l'auteure depuis l'enfance jusqu'à son décès, au sein d'une famille tribu. Des réflexions sur le ressenti et les émotions de l'auteur sont régulièrement insérées au fur et à mesure du récit chronologique.
Si ce récit est pris comme une autobiographie, il est intéressant mais l'intérêt s'arrête là. C'est un témoignage comme il en existe tant d'autres.
La seule originalité peut éventuellement résider dans les chapitres où l'auteur nous fait part de ses doutes, de sa douleur et de ses éternels scrupules sur le bien fondé de ses révélations, sauf qu'ils ne font qu'accentuer le malaise que peut ressentir le lecteur à être placé dans un statut de voyeur. de plus, la douleur exprimée est répétée à l'envi et finit par lasser et agacer.
A mon sens, ce récit n'est pas une démarche d'écrivain mais plutôt le récit brut que chacun pourrait faire dans le cadre d'une psychothérapie. Il y a une confusion entre jeter en pâture sa vie sans vergogne aucune puisque c'est dans l'air du temps et écrire un récit construit, élaboré, créatif .
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Des éloges dans les médias, des avis de lecteurs plutôt enthousiastes, des prix littéraires (Prix du roman Fnac 2011, Prix Renaudot des lycéens 2011, Prix roman France Télévisions 2011, Grand prix des lectrices de Elle 2012) et pourtant, j'ai trouvé ce livre ennuyeux et j'avoue avoir "calé" bien avant la fin !
Je n'ai pas aimé le style d'écriture, je n'ai pas aimé l'ambiance glauque de cette auto-analyse , je n'ai pas aimé le sentiment de voyeurisme qu'elle m'a procuré... bref, je n'ai jamais réussi à m'intéresser un tant soit peu à l'histoire racontée dans ce roman nombriliste (encore moins à entrer vraiment dedans) et je me suis arrêtée après la lecture laborieuse du premier tiers.
Du même auteur, j'avais pourtant adoré "No et moi"....
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Défi ABC 2019-2020

Un bouquin pioché à la bibliothèque, sur la table réservée aux "recommandations de nos bibliothécaires". Bon,j'y trouve souvent des pépites, mais pas aujourd'hui.
Un récit, un compte-rendu des malheurs d'une famille cachés sous de jolies photos, dans une jolie maison, avec une fratrie type "Treize à la douzaine" (ceux qui ont connu la bibliothèque rose et la bibliothèque verte se souviendront peut-être), qui fait du lecteur un voyeur . Je n'ai pas fini: lecture en diagonale, d'accident en suicide, de mariage en rupture, de dépressions en psychoses, de photos de mode en incestes. Et une langue plate, ennuyeuse, prévisible, morne, terne, qui ne sauve rien de la boue du récit. Je n'avais rien lu de Delphine de Vigan. Et n'en lirai plus, c'est probable.
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