Je ne suis pas une passionnée de polars. J'aime les intrigues, mais je m'attache assez peu souvent aux flics dont je trouve qu'ils ont un peu tous un profil similaire, souvent caricatural. Je n'y trouve pas non plus le lyrisme et les jolies phrases que je prends plaisir à lire en littérature blanche ou noire, mes genres préférés...
En ouvrant le dernier roman d'
Isabelle Villain, j'ai une petite appréhension : quelques amis et contacts l'ont lu avant moi, et m'ont confié avoir beaucoup pensé à moi.
J'appréhende ma lecture, je connais le sujet pour l'avoir vécu de l'intérieur. L'auteure sera-t-elle crédible ? Saura-t-elle rendre ces sportifs de haut niveau crédibles ? Comprendra-t-on le lien singulier qui se crée et perdure entre le coach et son poulain ? Arrivera-t-elle sans faire dans la surenchère, à expliquer que les choix sont impossibles ?
Isabelle Villain cochera toutes ces cases.
Je savais que la gymnastique et la natation avaient énormément de points communs ( charge de travail de 6 à 7h/jour, 6 jours/7 hors compétition, le dimanche étant une journée de récup mais bien souvent de compet, qualités et exigences sportives identiques, souplesse, souffrance physique ).... Des sports peu ludiques ou la notion de sacrifice et de douleur physique est profondément ancrée dans la structure du sportif....
Isabelle a parfaitement réussi ce pari. Moi, j'y étais, j'y suis retournée, je me suis retrouvée, parachutée dans la team Millet de Font Romeu en 1986. Certes avec d'autres lois, plus laxistes et plus clémentes envers les agresseurs, mais je me suis retrouvée dans cette fiction. J'ai trouvé très intelligent de poser le décor des Jeux de Paris 2024 avec tout le socle de documentations et de faits réels en décor de fond. Habile. Très....
Bien évidemment, ce roman est une fiction, il y a un accident qui se révélera très rapidement être un homicide. Une semaine d'enquête, de fausses pistes, de voies sans issue, de révélations, de contournements jusqu'au final. Paris 2024. Pfiou.
Néanmoins, j'allais regretter le manque d'émotions apporté par une plume assez austère, quasi journalistique, assez typique du genre. Phrase courte qui va à l'essentiel, à la manière du rapport d'enquête. Je me disais, dommage, il me manque encore ça. Je n'ai rien à reprocher à la syntaxe, aucune faute ne vient gâcher mon plaisir de lecture, le roman a été correctement corrigé. Il me manquait juste le petit supplément d'âme.
Et puis, soudain, en une phrase, un service demandé, presque rien, une ultime requête d'une jeune athlète à Rebecca la flic à la presque toute fin du bouquin, chapitre 31. Et les vannes s'ouvrent. Et je ne retiens plus rien.
Parce que… Parce que je sais que cette phrase, la même, cette dernière demande, j'aurais pu moi aussi la formuler. J'en ai encore les larmes aux yeux. Il y a tant de choses dans cette requête. Une vie de passion en quelques mots de résilience…
Je vous laisse les découvrir.
Merci Isabelle.