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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a un truc sympa quand tu es lecteur et que l'un(e) de tes auteur(e)s préféré n'a pas publié depuis un temps qui te paraît trop long, ça s'appelle, la Pile À Lire.
Parce que soudain tu te dis : Je me demande s'il ne m'en reste pas à découvrir dans ce bon vieux tas de bouquins, dans le carton ou la caisse au fond du garage, ou sur l'étagère, dans la rangée du fond.
Alors tu pioches, tu fouilles et parfois, Oh miracle ! Tu trouves.
C'est ce qu'il m'est arrivé avec ce Grand Paradis.
Quel plaisir de retrouver la plume d'Angélique Villeneuve.
Quel plaisir d'y retrouver ses femmes, filles, soeurs, mères, grands-mères, voire arrières-grands-mères.
Et quel bonheur d'y retrouver également la nature, les prés, les forêts, les rivières, les plantes et les fleurs.
Il y a tout ça dans Grand paradis.
Et une fois de plus la plume de la romancière fait mouche.
Ici, elle nous entraîne dans les pas de Do.
Do, c'est Dominique Lenoir, sa soeur, Marie, vient lui demander de venir récupérer son héritage, ces souvenirs de famille qu'elle-même ne souhaite pas conserver.
Au milieu de tout ces objets de peu de valeur, elle trouve une enveloppe contenant 3 photos.
Une fillette, la même quelques années plus tard puis devenue femme.
Qui est-elle ?
Do va mener son enquête, s'interrogeant du même coup sur elle-même.
Qui mieux qu'Angélique Villeneuve peut vous dresser le portrait de ces femmes, qu'elles soient d'aujourd'hui ou d'hier ? Qui mieux qu'elle peut vous détailler chaque photo, leur donner vie en quelques mots ?
Comme je l'ai dit plus haut, il y a cet amour, ce respect pour la nature, loin des discours écolos dont on nous abreuve, Angélique ne milite pas, elle nous ouvre les yeux, plantes ou fleurs, elle nous donne leur nom, on a même l'impression de pouvoir respirer leurs parfums.
La quête de son héroïne, quant à elle nous entraîne à la Salpêtrière au temps de Charcot et de Gilles de la Tourette.
Je suis prêt à parier que comme Do, ou moi aujourd'hui, vous allez chercher sur internet ces fameuses "Nouvelles iconographies à la Salpêtrière". Et là, devant ces images, parfois choquantes, vous essaierez de comprendre, comme l'héroïne de Villeneuve, ce qu'a vécu la Léontine des photos.
Et pour ceux qui s'interrogent, comme dans la plupart des romans de cette auteure, les hommes sont ici des fantômes,  des êtres absents ou de passage...
Quant à moi, je vais faire une petite place dans ma bibliothèque, mon petit doigt m'a dit que le prochain livre d'Angélique Villeneuve est pour bientôt. Je ne vous dis même pas si j'ai hâte de le lire...

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Court roman que l'on a l'impression de boire tant le style de l'auteur se révèle doux et fluide, "Grand Paradis" doit son titre à un coin de campagne perdue dans lequel, enfant, la petite Dominique Lenoir venait se ressourcer et offrir au soleil quelques uns de ses rares sourires. Car Dominique souriait peu : secrète, déterminée, plus grave qu'on ne l'est à cet âge, elle était déjà de ceux dont on dit qu'ils pensent trop. Son père avait quitté sa mère un jour, abandonnant dans la foulée leurs deux filles, Marie, l'aînée, et Dominique, la cadette, aussi différentes l'une de l'autre que le jour l'est de la nuit. Sur sa fuite, il ne laissait aucune indication : ni le motif, ni le lieu d'exil ou de refuge - rien que l'incertitude qui, nul ne l'ignore, est le pire que puisse connaître la personne abandonnée.

Beaucoup d'années plus tard, à l'issue d'une dispute avec Marie, devenue une espèce d'épave alcoolique, Dominique récupère livres et lettres ayant appartenu à leur mère. Dans le tas, bonne dernière, une enveloppe plus vieillie que les autres et recelant trois photographies, tout aussi vieilles puisqu'elles datent du XIXème siècle. Les trois portraits représentent la même personne à des âges différents, une certaine Léontine L. - tel est le nom noté, semble-t-il par la mère de Dominique, sur le rabat de l'enveloppe. Dominique n'hésite pas : cette Léontine L., affligée dans sa jeunesse d'un blépharospasme hystérique - un oeil était complètement clos, sans contraction apparente, tandis que l'autre restait ouvert - c'est son arrière-grand-mère.

Emue par l'affection tragique dont souffrait son aïeule, Dominique entreprend un travail de mémoire en se rendant à La Salpêtrière où Charcot, pour qui le cliché fut pris par Albert Londe, examina jadis Léontine. Elle fouille dans les archives conservées à la bibliothèque du lieu et retisse ainsi les fils de l'histoire familiale. Mais, ce faisant, des images depuis longtemps oubliées, ou plutôt mises sous le boisseau par le cerveau, vont refaire surface et lui révéler la raison pour laquelle son père partit ainsi, un jour, sans prévenir personne, sans laisser une seule lettre ...

Un roman poignant, non dépourvu d'originalité, surtout si on le compare à la littérature commerciale française actuelle. La chute étonne et ne déçoit pas. Angélique Villeneuve : un nom à retenir dans le paysage littéraire français. ;o)
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Dès le début, j'ai senti une voix, une sensibilité particulière, comme si l'auteur,venait me murmurer à l'oreille, au coeur l'histoire de Dominique, une jeune femme que l'on devine fragile, un peu hors-normes, et comme s'il fallait tourner les pages de sa quête avec retenue et délicatesse.

C'est une vieille enveloppe moisie et trois photographies mystérieuses qui vont entraîner Dominique jusqu'à l'hôpital Charcot, à Paris, sur les traces d'une patiente, d'une parente soignée pour hystérie. Les lignes intérieures de l'héroïne bougent elles aussi et laissent entrevoir des bribes de sa propre histoire, un puzzle qui se reconstitue peu à peu comme dans la douleur d'un enfantement. Des fenêtres d'air pur s'ouvrent malgré tout, avec les retours au grand paradis de l'enfance.

La fin (que je ne peux vous dire, évidemment) m'a d'abord paru un peu décevante, avant qu'un billet de Gwenaëlle me rappelle opportunément qu'il suffit parfois d'un rien pour qu'une vie change, pour qu'une personnalité sorte de son cocon et ose vivre autrement, à la fois déliée de son passé et l'assumant pleinement. C'est sans doute une des clés (avec le goût pour les vieilles photos) de ce beau roman d'Angélique Villeneuve.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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À presque cinquante ans, Dominique, employée d'une fleuriste a l'impression de passer à côté de sa vie. Elle qui s'est sentie toujours différente découvre plusieurs photos dans les affaires de sa mère décédée plusieurs années auparavant. Les photos représentent une certaine Léontine et l'un des clichés la montre en pleine crise d'hystérie. Il s'agit d'une photo prise par le photographe Albert Londe qui travaillait avec le professeur Charcot à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Pour Dominique, Léontine n'est autre que son arrière grand-mère. En faisant des recherches aux archives de la Salpêtrière, elle veut comprendre et découvrir ce qui a pu arriver à son aïeule.
La quête de soi passe souvent par celle de sa famille surtout quand on hérite d'une maladie ou de la sensation d'être différent. Remonter le fil de la généalogie pour mieux se comprendre soi-même. Dominique va immédiatement se sentir proche et surtout liée à cette aïeule. Ce livre a trouvé de nombreux échos en moi. Car bien entendu, j'ai moi-même effectué cette quête dans le passé. Des aïeuls, des maladies et des interrogations car bien souvent, la maladie n'avait pas d'étiquette. Les rapports des archives décrits pas Dominique prennent à la gorge.
Devant ces femmes malades soumises à des expériences médicales, j'ai eu la gorge nouée. Avec Léontine, les souvenirs de Dominique remontent : un père parti brusquement pour l'Amérique alors qu'elle n'était qu'une enfant. Un départ que sa soeur aînée Marie lui a toujours imputé « c'est à cause de toi, tu étais différente ». de cette quête, Dominique sortira apaisée et grandie…
L'écriture d'Angélique Villeneuve nous entraîne dans le monde intérieur de Dominique et dans ses jardins secrets. C'est beau et fort...
Une lecture qui m'a beaucoup touchée par le thème et l'écriture.
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Voilà une auteure que je découvre avec ce court roman, toute en finesse et fragilité.
Dominique est en quête, d'identité, ou de son passé, de ses origines et de son héritage génétique. Sans doute un peu de tout, un besoin de comprendre ses origines surtout que le père fut absent, disparu, rien que des lettres revenues sans réponses.

Marie, la soeur de Dominique, vient un jour lui demander de récupérer les objets de sa mère dans une carriole. Dominique, trouve au fond de cette dernière, une étrange enveloppe notée Léontine à l'encre bleue. Elle la prend sachant pertinemment qu'elle ne lui appartient pas et ne dit rien non plus à sa soeur.
Dans cette enveloppe s'y trouve trois photos de Léontine, depuis, Dominique s'identifie à cette enfant fragile et n'a de cesse de remonter le temps pour savoir qui se cache derrière cette étrange fillette qui lui ressemble. du moins, elle le pense, croyant que cette enveloppe appartenait à sa mère ou son père.

C'est à la bibliothèque de la salpêtrière qu'elle va découvrir que Léontine était atteinte d'une maladie, en se demandant si elle-même ne serait pas atteinte tout autant que sa soeur.

Dominique nous conte au fil de sa quête, son enfance, l'absence de ce père que sa mère n'a eu de cesse d'attendre, d'espérer en lui écrivant des lettres qui reviennent toutes. Elle nous décrit cette fille qui parcourt les chemins, se perd dans les herbes folles et s'abandonne sur une grande pierre plate cet endroit qui est son paradis et qu'elle a nommé "Grand paradis". Dominique a toujours été "spéciale" et c'est donc légitime qu'elle s'inquiète si les gènes de Léontine ne seraient pas présents d'une façon ou d'une autre.

Une belle histoire, sensible, qui nous amène à réfléchir sur nos liens familiaux, sans doute trouve-t-on des réponses dans nos ancêtres, notre passé.

Très belle plume, un style délicat j'ai beaucoup apprécié cette première rencontre avec Angélique Villeneuve.
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Grand Paradis d'Angélique Villeneuve est un roman beau et fragile. Fragile, comme son héroïne, Dominique, femme fanée et sans grand avenir, qu'une simple photo, peut-être de son arrière grand-mère, va inciter à revisiter son propre passé, ce père disparu, cette mère absente à elle-même, sa soeur, ennemie intime. Maniaque du détail, à la lisière du sordide et de l'irrationnel, le livre d'Angélique Villeneuve fait parfois penser à ceux de Patrick Modiano. Pour le côté flottant et flou, pour l'enquête sur une personne dont l'existence, en un temps passé depuis longtemps, éclaire d'étrange façon des événements plus récents, mais comme déjà abandonnés à la poussière des souvenirs. Tout est trouble dans Grand Paradis, ce court et superbe roman sur la mémoire, le désenchantement, la peur de la démence. A l'image de cette aïeule qui souffrait de spasmes des paupières : blépharospasme hystérique. Une maladie, une ombre lointaine, qui, inexplicablement sédimente la vie d'une femme d'aujourd'hui. Angélique Villeneuve est une tisseuse de mots, sa langue est poétique et charnue, la souffrance y est comme anesthésiée, ou plutôt domestiquée. Grand Paradis est un livre incertain jusqu'au bout, comme un paysage changeant et blafard dans une lumière d'automne. C'est tout simplement superbe.
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