Le livre est très court [ce billet le sera aussi].
Joseph a 37 ans [j'en ai presque autant].
Il aime les tortues et les cabanes dans les arbres et les cumulonimbus [ben moi tout pareil].
Sa femme est partie ... et Dieu merci la comparaison s'arrête là ;-) !
Noé, son fils unique et adoré, celui qui le maintient à flot, est parti chez maman. Enfer de la garde alternée.
Alors Jojo vacille. Les heures s'effilochent, les idées s'emmêlent, les repères se brouillent.
Joseph grimpe au cerisier pour investir la cabane du fiston. Il traque ses odeurs de bambin, ses éclats de rire suspendus. Il attend. le temps d'une parenthèse vaguement désenchantée, il met son quotidien en pause et ses pas dans ceux d'Odile, la tortue du jardin.
C'est lent, c'est beau, jamais pesant mais plutôt aérien, avec des vrais morceaux de poésie dedans.
Et puis Joseph descend de l'arbre.
Il marche seul, dans les rues qui se donnent, et la nuit le pardonne (etc...). Chemin faisant il croise Robin, clochard magnifique et philosophe à ses heures.
Deux âmes vagabondes pour deux fois plus d'élucubrations poétiques.
Phrases courtes, épurées à l'extrême.
Le minimum vital.
Aller à l'essentiel, ne jamais s'encombrer de mots superflus pour dire le manque, l'absence de Noé, le déphasage croissant entre un Jojo à l'arrêt et ce monde fou qui tourne toujours plus vite.
En conclusion,
La part des nuages fut donc une belle lecture, hors du temps, juste un peu trop brève et trop morcelée pour m'emporter complètement.
Au rythme des pensées un peu désordonnées du narrateur, on saute par association d'une idée à l'autre sans fil conducteur, et même si l'écriture lumineuse et sensible de
Thomas Vinau est indéniablement celle d'un poète de talent, je crains de ne pas retenir grand chose de ces trop courts instants passés avec Joseph.
Tout juste quelques moments de grâce, délicieux mais fugaces, qui déjà se dissipent comme un nuage qui s'évapore...