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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a du Calvino chez Vinau.
Mais son Baron perché à lui, c'est Joseph.
Et en l'absence de son petit gars parti pour quelques jours chez sa mère, il va couci-couça Joseph.

Blotti dans la cabane au fond du jardin (non Francix, tu ne chanteras pas), retranché parmi les ramures du cerisier débonnaire, Joseph est en semaine buissonnière. Imperturbable errance d'un adulte en perte de repères.

Ça démarre nuageux, et puis ça grimpe aux arbres, bonjour là-haut, direction la lumière.

Et moi je découvre Thomas Vinau, ses lignes aérées comme des poèmes en prose, sensibles, évidentes et brutes, ironiques, mélancoliques et pourtant bien vivantes. Suivre Joseph dans ses journées de régression solitaire c'est comme sauter à nouveau dans les flaques et rallumer les étoiles, l'air de mine de rien.

« Ce livre est une fenêtre qui pousse dans les terrains vagues… »
C'est Vinau qui l'écrit à la fin du bouquin.
Vinau aime les terrains vagues.
Et TerrainsVagues aime Vinau.
Tout se tient.
Merci Pascal pour le partage : )

Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Un père.
Une mère.
Un enfant pour deux.
Chacun son tour.
Un nuage pour chacun.

La part des nuages.

Noé est chez sa mère.
Joseph est seul.
Naufragé, clochard, «les orteils au céleste».
La solitude du père esseulé revient, égorge, il faut retrouver l'oxygène, chercher les éclaboussures de la vie, saisir, s'en mettre pleins les poches.
Une cabane dans l'arbre, une tortue, un mot d'amour sur un mur, trace de bave sur l'oreiller, un air de flûte, pleins, il en faut pleins les poches.

Laisser le soleil s'habiller et entrer en scène.
Accrocher le jour à la corde.

La part des nuages.
Beau, intense, poétique.


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Joseph se retrouve seul, son fils va rejoindre sa mère quelques jours. Joseph est face à son existence et à cette société qui ne correspond plus à ses valeurs. Il va donc vire durant l'absence de Noé, son fils, en accord avec ses aspirations.
Beaucoup de poésie à travers ce petit roman, comme le laisse présager le titre !
C'est un instant de rêve, une parenthèse dans ce monde, un moment où l'on prend le temps de regarder les nuages où l'on bouscule un peu notre rythme devenu beaucoup trop rapide . C'est un moment doux...
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La part des nuages, c'est la part qui nous manque, celle laissée au bord de l'enfance, là-bas sur l'autre rive de nous-même. Pourquoi nous a-t-il fallu un jour quitter ce rivage ? C'est en quelque sorte la question que se pose et nous pose ici Thomas Vinau.
Regarder les nuages est pour l'auteur un prétexte. Au fond nous ne sommes pas dupes. Regarder les nuages, c'est regarder nos vies en dedans, c'est prendre le temps de cela...
Ici un homme Joseph se prend justement le temps d'une pause sur sa vie. Son fils Noé est tout pour lui. Noé s'en va chez sa mère, Joseph est divorcé. C'est une absence qui durera une semaine.
C'est le temps d'une pause pour éviter le naufrage, Joseph accroche son rêve au sommet d'un cerisier. Il va y construire une cabane, le temps d'une semaine, Noé parti sur ce temps là-bas chez sa maman.
Ici il y a la peur de grandir,
peur de devenir comme tout le monde,
vouloir se sentir libre.
Regarder les nuages, c'est transgresser, vouloir redevenir libre dans un monde dominé par la servitude volontaire...
De temps en temps, Odile traverse le jardin. Odile est une tortue. On aimerait que le temps avance à sa vitesse. C'est sans doute pour cela qu'elle est capable de vivre plus de cent ans... C'est pour cela qu'elle me touche, lente et opiniâtre.
L'arbre dans lequel se refugie Joseph est un chemin, un chemin de traverse, une manière de dissidence dans un monde où tout s'agite.
Avec la peur de grandir, mais l'arbre protège de cette peur.
On pense alors forcément au Baron Perché... Mais Thomas Vinau n'est pas Italo Calvino.
Thomas Vinau est un poète du quotidien. Il écrit de très belles phrases. Il m'en fallait peut-être plus pour que ce texte m'émeuve. C'est peut-être la rencontre avec une émotion qui m'a le plus manquée ici dans ces mots cependant magnifiques qui viennent, se forgent peu à peu, apparaissent à nos yeux comme des pépites.
J'avais été davantage touché par la découverte d'un autre de ses récits, très beau aussi :"Ici ça va".
Cependant, c'est pour moi un texte qui fait du bien, une prose salvatrice, j'aime les mots qui sont dits ici.
Ce texte n'est rien de plus que cela.
"Repousser ce moment où l'instant capitule. Pousser des pieds la nuit. S'étirer tranquillement et prendre de la place. Se donner de la place. Là. Ici et maintenant. Entre chien et loup. Au mitan de la défaite et des rêves. Quel drôle de pli on prend à attendre de vivre. Quelle drôle de manière de courir ainsi après la fatigue et de laisser demain prendre la place d'aujourd'hui. La peau du temps est comme la membrane élastique d'une bulle de savon. Elle ne s'éprouve vraiment qu'au moment où elle explose. Restent les reflets et la lumière emprisonnée à l'intérieur".
Ne cherchons pas ici forcément un grand auteur, mais voilà une respiration consolante dans un temps dominé par le fracas du monde, le bruit qui ne sert à rien.
Alors pour cela, Thomas Vinau est peut-être tout simplement un auteur essentiel.
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Quelle belle écriture ! Auteur découvert grâce aux amis babélios que je vénère. Dans la même veine que Christian Bobin. Joseph ne vit que pour son fils Noé. Mais c'est l'arche de Joseph qui est pleine de poésie. Promenons-nous avec lui pour admirer ces petites choses de la nature qui se trouvent autour de nous. Un écrivain qui se lit plus qu'il ne se raconte pour ceux qui ne boudent pas le plaisir de jolis mots.
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Un roman tout petit tout doux, pour dire l'insouciance de l'enfance, celle des ronds dans l'eau, des sauts dans les flaques de gadoue, des amitiés improbables, des personnages cachés dans les contours des nuages, là tout là-haut, dans un ciel aussi lointain que le monde des adultes.

L'écriture de Vinau est très délicate et sied parfaitement à l'histoire de ce père un peu paumé sans son fiston. Un père qui se réfugiera dans la cabane construite avec le fils dans les arbres, et qui renouera un instant avec sa propre enfance, s'offrira une orgie de coca, de sucettes à l'orange et de roquefort, ornera les murs de dessins faits avec les doigts recouverts de chocolat, …

Je n'ai pas trop goûté ce retour en enfance, cette régression un peu naïve, même si j'ai été sensible à la tendresse qui se dégage de certains passages. Peut-être parce que cette lecture arrive après « le camp des autres » ?
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Noé, le fils de Joseph vient de partir une semaine chez sa mère.
Joseph contemple les nuages, regarde le temps passer, se réfugie souvent dans la cabane de Noé dans le cerisier.
Il faut bien le dire, il déprime Joseph sans son fils !
Il m'a beaucoup fait penser au héros de la fin des saisons.
L'un dans sa cave, l'autre dans sa cabane.
Deux hommes au mi-temps de leur vie.
Au temps de bilans sans compassion sur soi-même.
Deux hommes attachants.
Et toujours cette écriture fluide et poétique de Thomas Vinau.
On ne s'en lasse pas.
Les nuages, le ciel, la nature....
Son fils et les nuages sont les tuteurs de l'existence de Joseph.
Une semaine d'absence du fils où Joseph s'autorise des permissions, des interdits, des régressions.
Une semaine triste, c'est sûr, mais douce aussi.
Il se raccroche aux branches Joseph, il se raccroche aux nuages.
L'auteur a l'art de la mélancolie sans jamais être pesant.
On a tous envie de retrouver notre part de nuages.
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Le livre est très court [ce billet le sera aussi].
Joseph a 37 ans [j'en ai presque autant].
Il aime les tortues et les cabanes dans les arbres et les cumulonimbus [ben moi tout pareil].
Sa femme est partie ... et Dieu merci la comparaison s'arrête là ;-) !

Noé, son fils unique et adoré, celui qui le maintient à flot, est parti chez maman. Enfer de la garde alternée.
Alors Jojo vacille. Les heures s'effilochent, les idées s'emmêlent, les repères se brouillent.
Joseph grimpe au cerisier pour investir la cabane du fiston. Il traque ses odeurs de bambin, ses éclats de rire suspendus. Il attend. le temps d'une parenthèse vaguement désenchantée, il met son quotidien en pause et ses pas dans ceux d'Odile, la tortue du jardin.
C'est lent, c'est beau, jamais pesant mais plutôt aérien, avec des vrais morceaux de poésie dedans.

Et puis Joseph descend de l'arbre.
Il marche seul, dans les rues qui se donnent, et la nuit le pardonne (etc...). Chemin faisant il croise Robin, clochard magnifique et philosophe à ses heures.
Deux âmes vagabondes pour deux fois plus d'élucubrations poétiques.
Phrases courtes, épurées à l'extrême.
Le minimum vital.
Aller à l'essentiel, ne jamais s'encombrer de mots superflus pour dire le manque, l'absence de Noé, le déphasage croissant entre un Jojo à l'arrêt et ce monde fou qui tourne toujours plus vite.

En conclusion, La part des nuages fut donc une belle lecture, hors du temps, juste un peu trop brève et trop morcelée pour m'emporter complètement.
Au rythme des pensées un peu désordonnées du narrateur, on saute par association d'une idée à l'autre sans fil conducteur, et même si l'écriture lumineuse et sensible de Thomas Vinau est indéniablement celle d'un poète de talent, je crains de ne pas retenir grand chose de ces trop courts instants passés avec Joseph.
Tout juste quelques moments de grâce, délicieux mais fugaces, qui déjà se dissipent comme un nuage qui s'évapore...
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Parce que je préfère le tronc noueux du pommier à la rigidité du ‘tronc-mât' du bouleau, les chemins empierrés et accidentés au bitume des routes à grande vitesse, la rencontre fortuite dans la supérette aux coktèles ampoulés des grandes réceptions, j'ai aimé intimement les nuages de Thomas Vinau. Il extrait le jus des nuages et le soleil de son enfance.
C'est une étincelle de rébellion dans la traversée de la nuit. Il y a du rythme dans ces phrases courtes, ces pages incomplètes, ces répétitions. La langue est onirique, sensible, et poétique. La part des nuages est un recueillement, une douce rêverie dans la nature et un réveil qui laisse des marques de bois sur la joue.
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« Quand on s'intéresse un peu objectivement à la question, le champ des possibles donne le vertige. Des castors qui arrêtent des fleuves. L'eau qui peut fragmenter la roche. Gandhi qui libère un continent sans prendre les armes. La transplantation d'un coeur humain. Ça, ç'a de la gueule. Mais pour ce qui est parfois d'atteindre le soir, ou le lendemain. Ou de trouver une raison de sourire. Ou un moyen de s'endormir un peu. Juste s'endormir un peu. Tranquillement. Paisiblement. Là, y a plus personne. »

Waouh, quel roman ! quel titre ! Quelle belle découverte !
Une vie banale, celle d'un homme à la dérive. Joseph 37 ans. Sa femme l'a quitté. Un fils, Noé, parti vivre chez sa mère. Mais l'écriture de Thomas Vinau, elle, n'a rien de banale. de ce sujet commun, il nous livre un texte poétique empreint de grâce, de tendresse et d'humanité. Un roman qui donne envie de lever les yeux aux ciels, de chercher sa part des nuages et de prendre du recul.
Très beau. Tellement saisie par la plume de Thomas Vinau que j'ai enchaîné avec "Ici là-bas"... que j'ai A DO RÉ.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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