L'enlisement dans une (notre) société atone :« leur torpeur, leur fin de banquet sordide, leur peur larvée en fête permanente. Leur manque de stupeur. » jusqu'à la souffrance (mais pas de raison, même pas). Dons dans le vide ou sans importance.
L'abandon du père et l'importance qu'il prend, les deux soeurs et l'enfant se retrouvant seules, la remise en cause de trente ans de « contentement ».
Se déroule le chemin d'une reconstruction de « la Souriante », au prix d'expériences vécues sincèrement, à travers la peur.
Une langue maîtrisée, travaillée, qui la plupart du temps fait ressentir admirablement l'intérieur du je qui s'exprime, qui peu à peu abandonne sa sagesse presque contrainte pour le lyrisme dans la quête.
Et la fin qui dérobe.
Commenter  J’apprécie         10
J’en ai trente-cinq, des années, mais voilà : je sens que mon langage s’appauvrit. Cela veut dire, cela trahit, que dans ce brouhaha partout, ce brouhaha partout, ce vacarme assourdissant, quelque chose non seulement m’échappe, mais quelque chose s’échappe, de moi, qui n’est pas une matière de mots, pas plus qu’une matière de mon corps. C’est mon âme, il me semble, il me semble que s’échappe mon âme.
non ce qui a mal parce qu’on ne répond pas à ses attentes, qui est triste parce que le monde est loin, mais de ce qui râle, de ce qui souffre en silence parce que le monde est trop là-présent, parce que tout le monde attend de toi, parce que tout le monde veut de toi, parce que tout le monde n’attend que ça,
Qu’est-ce que le désir ? La peur de la satisfaction, le désir du désir infini, le désir de rester irrésolue.