La fin. La fin de quoi ?
Nous faisons ici l’expérience de ce que l’écriture, comme la lecture, ne peut jamais être un mot définitif, un point final. Il n’y a pas de point final. Il ne saurait y avoir de point final.
Quand une œuvre se termine enfin (elle ne se termine jamais), elle est dévorée à nouveau, réingérée, voire recrachée, déglutie, vomie par d’autres et ce depuis toujours, pour toujours.
On ne saurait savoir par où commencer, puisqu’il n’y a pas de fin. Est-il pour autant question d’infini ? Voire. Le début, la fin, l’œuvre de Quignard s’en extirpe comme d’une gangue, une boue, qui serait fautive, qui serait erronée.
Cette rumeur sourde, évoquée dans ces deux textes jumeaux, elle n'est pas seulement un genre de « souffle inaudible », « souffle inouï », « plainte », « affect » ou « affection » ; elle est aussi la « bouche bée », la béance de la bouche,une trace à la fois invisible et animale et dont Quignard, maintes fois, dispose dans ses livres. Il dit même le faire dans chacun de ses livres. Cette bouche bée, ce petit souffle d'haleine formant un nuage vient exactement de Hiems et depuis revient inlassablement. C'est le signe tout à la fois de l'« extase » et de
l'« angoissement ».
On dirait que le souvenir est une espèce de spore, de germe, qui enfoui sous du tout-venant lors de la fondation et de la structuration (l’histoire en somme) d’un homme et attend le moment le moins opportun pour jaillir, pour s’épanouir, sous lestraits d’une fleur innocente.
L’inopportunité de la brisure du secret : cela vient avec l’âge ; cela naît du temps.