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Citations sur Voyage extraordinaire au centre du cerveau (63)

LES FONCTIONS DU LANGAGE
Bühler, un des grands psychologues de la Gestalt, attribue trois fonctions au langage en tant qu'instrument de communication' soit : a) la fonction expressive : le langage sert à exprimer les émotions ou les pensées de l'émetteur ; b) la fonction injonctive, signalétique ou d'appel : le langage sert à provoquer certaines réactions chez le récepteur ; c) la fonction descriptive : le langage sert à décrire un certain état des choses. Selon Bühler, les deux premières fonctions sont communes aux langages humains et animaux ; en revanche, la fonction descriptive est une caractéristique du seul langage humain. Popper attribue une quatrième fonction au langage humain : d) la fonction argumentative qui constitue la base de la pensée critique. J'y ajoute une cinquième fonction : e) la fonction compassionnelle à laquelle je consacrerai un développement séparé.
p. 392
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Des anomalies génétiques héréditaires ou accidentelles, auxquelles s'ajoutent les dysfonctionnements de la société dans laquelle grandit l'individu, peuvent fournir une explication valable de la violence comportementale de l'homme, expression de la contre-passion. Les animaux offrent des modèles d'agressivité pour se défendre et protéger leurs petits ou de conduites prédatrices pour se nourrir. Dans tous ces cas, il est facile de reconnaître une valeur adaptative. J'avoue être moins convaincu par des arguments biologiques lorsqu'il s'agit d'expliquer la furie qui enflamme régulièrement l'espèce humaine ou l'ivresse contagieuse qui s'empare des hommes à la vue du sang. Le caractère adaptatif du “mal” ne me paraît pas alors évident.
p. 362
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Le trafic des passions entre les hommes me paraît l'emporter sur le commerce des idées pour fonder une communauté où chacun trouve les conditions de son existence. Les biologistes qui étudient les émotions montrent la place de celles-ci dans les comportements des animaux qui se lient ou s'affrontent, mais il n'est pas de bête au monde qui soit capable comme l'homme de mourir dans la passion ou de vivre pour l'amour de son prochain. La compassion me paraît être l'attribut constitutif de l'âme humaine.
p. 360
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Dès qu'il vient au monde, l'homme est seul. Démuni dans sa solitude, il ne peut vivre sans la présence affective et effective de l'autre. Dès ses premiers instants, il habite le cœur de l'autre et l'autre habite son cœur. « C'est par le cœur que nous connaissons les premiers principes, c'est sur ces connaissances du cœur qu'il faut que la raison s'appuie. » C'est par le cœur que nous faisons connaissance des uns et des autres. À la pénétration du cœur de l'autre répond la pénétration de notre propre cœur par celui de l'autre ; ce que Rousseau appelle la pénétration réciproque. C'est au cerveau et non au cœur que revient la gestion de cet échange ; c'est de cet organe que vient notre besoin passionné de l'autre. Un besoin que l'on peut comparer pour notre part d'humanité à celui d'oxygène ou de glucose pour notre part animale.
L'enfant nouveau-né ne se nourrit pas seulement de lait, mais aussi du regard et des gestes de sa mère, le premier autre auquel il se trouve confronté. Par l'intermédiaire de ses sens qui peu à peu s'éveillent, il pénètre le cœur maternel et s'y installe avec larmes et bagages. En retour, il ouvre son cœur aux autres, leur offrant son savoir inné et le produit de ses découvertes. La compassion préside ses premiers rendez-vous avec la vie avant de devenir le fil conducteur de son existence.
J'appelle compassion une forme d'empathie propre à l'humain et qui veut dire prendre part aux passions de l'autre. Dans la passion se mêlent intimement le sentir et l'agir. La compassion ne réside pas seulement dans l'éprouvé de l'autre, mais aussi dans le mouvement qui anime le moi en direction d'autrui. Cet être d'amour et de tendresse appartient à la même espèce humaine que celui qui fait violence à autrui. Ce que les éthologistes appellent l'agression intraspécifique, c'est-à-dire la menace ou l'affrontement entre individus, est monnaie courante chez les animaux. Mais l'humain est animé par la haine, forme grimaçante et retournée de l'amour. Il est un puits de compassion, c'est pour cela qu'il est méchant — on trouve tellement de vilains objets au fond des puits ! J'appelle contre-passion cette vision négative de la compassion pour souligner la similitude intrinsèque entre l'une et l'autre de ces « formes de vie ».
p. 359
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Je rappellerai seulement que si notre corps, lorsqu'il est en vie, ne s'effondre pas sur lui-même comme une poupée de son, il le doit à la contraction permanente de muscles qui assurent la fixation des différentes pièces du squelette autour de leurs articulations. On parle de tonus musculaire qui est responsable de la posture. Celle-ci assure deux fonctions principales : la première est de lutter contre la pesanteur pour maintenir le centre de gravité à l'intérieur de la surface d'appui, grâce à la contraction des muscles extenseurs de nos membres inférieurs (anciens membres postérieurs du temps où nos ancêtres marchaient à quatre pattes). Ce n'est d'ailleurs pas une mince affaire que de tenir debout, les ivrognes en savent quelque chose. Les membres supérieurs gardent aussi un tonus permanent dans leurs muscles extenseurs qui les empêche de pendre lamentablement le long du corps. Il faut enfin insister sur le tonus des muscles du tronc, de la racine des membres et sur celui des muscles du cou et notamment de la nuque. Tous ces muscles et leurs tendons contiennent des récepteurs (propriocepteurs) qui sont à l'origine de réflexes entretenant le maintien et assurant la régulation de la posture. N'oublions pas que cette fière allure de chasseur solitaire qui s'avance debout pour affronter l'hostilité du monde est due principalement à un simple arc réflexe (le réflexe myotatique) entre une fibre sensitive et une fibre motrice au niveau de la moelle épinière.
La deuxième fonction de la posture est de préparer et d'accompagner les mouvements du corps dans l'espace, anticipant notamment sur les changements d'équilibre qui peuvent en résulter.
Toutes les actions que nous avons décrites sont celles d'un auto-mate dont on ne peut qu'admirer la perfection mécanique. Cet « automate spinal » ne doit son adaptation à l'environnement qu'à l'intervention du cerveau. C'est par l'intermédiaire de l'automate que celui-ci sélectionne, initie et gère les actions motrices complexes dont il est responsable.
p. 343 - 44
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Les tests laissent de côté ce que j'appellerai l'aspect poétique de l'être, sa sensibilité émotionnelle, sa culture intime, ses inhibitions, ses pudeurs.
[...]
Ma suspicion à l'égard du QI (mais peut-être celle-ci tient-elle à ma prédilection pour les aventuriers qui ont quitté les chemins balisés de l'intelligence) ne doit pas m'empêcher de signaler les études sérieuses et insoucieuses des idéologies qui montrent que l'héritabilité du QI est de 0,1 (sur une échelle allant de 0 à 1) pour les enfants ...
p. 330
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Nous savons que l'esprit — j'utilise, je le rappelle, ce terme par commodité sans préjuger de la nature de l'esprit — ne cesse de lutter pour créer un système de croyances cohérent à partir d'une multiplicité d'expériences. En ce cas de divergences mineures, on réadapte généralement ses croyances ou on se lance sur le modèle freudien dans une série de dénis et rationalisations concoctés dans les cuisines de l'inconscient. Que se passe-t-il en cas de conflit total : une seule solution, la séparation de ces croyances en créant deux personnalités différentes : c'est le mur de Berlin : une Allemagne de l'Est et une Allemagne de l'Ouest. Je cite ici le cas décrit par Ramachandran1.
Le syndrome des personnalités multiples
Il existe, bien entendu, un élément de ce « syndrome » en chacun de nous. Nous parlons des fantasmes vierge/putain et nous faisons des réflexions du genre ; « Je ne me sens pas moi-même aujourd'hui », ou encore : « Il est différent en votre présence. » Mais, dans quelques rares cas, il est possible que ce schisme devienne littéral au point qu'on se retrouve avec deux « esprits différents ».
p. 326 – 27
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LA PENSÉE ET L'ESPACE
Les images mentales se comportent comme si elles occupaient un espace à trois dimensions. Au risque de ne rien comprendre, il faut renoncer à les considérer comme des images de lanternes magiques projetées sur un écran virtuel ; la comparaison la plus approchante pourrait être celle d'une image holographique — il ne s'agit là que d'une métaphore, un jeu d'optique qui n'a rien à voir avec nos réseaux neuronaux. Les images mentales peuvent donc être manipulées par l'opérateur cérébral comme de simples objets et se déplacer dans l'espace virtuel. L'expérience classique de rotation mentale le montre sans équivoque.
p. 321
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Le cerveau des facultés
Une image est d'abord une représentation du réel, ce que le sujet voit, il doit le construire dans sa tête et c'est vraisemblablement lui qui, consciemment ou non, dirige son attention sur telle ou telle région du plan perspectif. Il existe vraisemblablement au moins deux systèmes attentionnels différents. Le premier dit postérieur qui comprend le cortex pariétal postérieur et quelques structures sous-corticales associées, dévolu à l'exploration et à la détection de la cible à la façon d'un projecteur qui fouille l'espace à la recherche d'un objet ou d'un lieu. Le second système est dit antérieur : il comprend le gyrus cingulaire et l'aire motrice supplémentaire situés sur la face interne des hémisphères et étroitement connectés à l'aire antérieure du langage (Figure 31). Il est alloué à l'identification de la cible.
Depuis la fenêtre de ma chambre, j'observe la magnifique chaîne des Pyrénées, il n'y a pas de brume, le ciel très bleu est traversé de quelques nuages ; je cherche à identifier le Vignemale, le plus haut sommet de la chaîne. Le voici qui se détache par sa taille et son double sommet couvert de neige.
L'image mentale est restée inscrite dans mon cerveau. Lorsque j'évoque cette vue, une observation en RMN montrerait les mêmes régions cérébrales activées dans mon cerveau que lorsque je voyais réellement la scène. Je retrouverai le Vignemale tel que je l'ai observé ; en revanche, il me serait impossible de reconnaître tous les sommets qui l'entourent. Le travail actif que j'aurais pu faire sur l'image réelle n'est plus possible sur l'image mentale. Demandez-vous quelle est la couleur des étoiles dans le drapeau américain ; une image mentale du drapeau se formera immédiatement, mais vous êtes incapable de répondre à la question.
p. 319
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LES IMAGES MENTALES
Soixante pour cent de la surface corticale sont impliqués dans la vision, non qu'il s'agisse d'aires visuelles proprement dites, mais de régions qui participent peu ou prou au traitement de l'image. Il n'est donc pas étonnant que l'image joue un rôle majeur dans l'élaboration de la pensée, que celle-ci soit consciente ou inconsciente.
p. 318
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