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Citations sur Voyage extraordinaire au centre du cerveau (63)

… chez l'humain, l'activité sexuelle a perdu ses liens directs avec la fonction de reproduction.
p. 241
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Amour, toujours : probablement la rime la plus ringarde de la poésie française. Mais les mots ne sont jamais là au hasard. Avec l'amour, c'est bien l'éternité qui apparaît à l'horizon de l'humain. « L'éternité n'est pas de trop » titre le magnifique roman d'amour de François Cheng. Notre cerveau, maître du temps, nous permet de connaître la vie éternelle sur cette terre en nous donnant l'amour en partage, alors que nos pas nous entraînent sur les chemins de la mort : Amor, à mort, « encore des mots », pour paraphraser Dalida, chanteuse culte de notre nation de demeurés.
Le cerveau est l'organe de l'amour ; j'entends l'amour sous ses formes charnelles, mais aussi bien sous ses apparences célestes — le septième ciel lui étant généralement réservé.
En suivant les chemins de l'amour, notre voyage dans le cerveau va changer de sens. Nous quittons les sous-sols, entresols et rez-de-chaussée pour visiter les étages nobles et leurs appartements : là où les instincts s'habillent en sentiments, où les impressions et les sensations deviennent perceptions et représentations ; où même les objets et les faits sont cultivés ; où sont réglées nos conduites et jusqu'au moindre de nos actes ; lieux de mémoire et de savoir, enfin, qui font de nous des Homo sapiens.
p. 235
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Désapprendre la peur est un long travail sur soi-même qui nécessite la mobilisation de ses ressources cognitives. Le malade reste son premier thérapeute.
p. 229
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LE CARREFOUR DE LA PEUR
Tous les animaux naissent la peur au ventre et se comportent de façon semblable face à un danger : ils s'immobilisent, leur respiration devient haletante, le cœur bat la chamade en proie à un véritable orage “sympathique” avec sa libération d'adrénaline dans le sang et la mobilisation des ressources du corps en vue d'une éventuelle réaction (la fuite ou l'affrontement). Cette peur ancestrale est innée ; elle appartient à une mémoire d'espèce qui permet de reconnaître les prédateurs et autres dangers : les araignées, les carnivores, les serpents ou tout simplement les ténèbres ou encore le tonnerre. Mais la peur s'apprend aussi par conditionnement — ce qui implique par ailleurs que l'on puisse la soigner par déconditionnement.
p. 227-28
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Des centaines de millions d'années nous séparent, l'aplysie, vous et moi, de notre ancêtre commun. De cet antique animal à jamais disparu, nous avons hérité d'une organisation neuronale qui sous-tend la réaction de peur (on peut aussi l'appeler anxiété) devant une menace. L'évolution a su conserver, grâce à la sélection naturelle, ce programme essentiel à la survie d'un animal dans un monde hostile. L'anxiété correspond à ce que celui-ci ressent, la peur et ce qu'il en laisse paraître dans ses actes.
p. 225
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Insistons sur l'extension du concept d'addiction. Celui-ci s'applique — notamment dans le cadre de la théorie des processus opposants — à tous les stimuli (objets ou actes) censés apporter du plaisir ou parfois son contraire : les drogues, bien sûr, mais aussi les aliments ; les boissons qui réunissent un caractère utilitaire et celui d'une drogue (alcool, stimulants divers) ; le jeu, la recherche de sensations, le sexe, la violence, le pouvoir, le surendettement, etc. Leurs caractéristiques communes sur les plans psychologique et physiologique ont donné naissance à une nouvelle spécialité : l'addictologie.
p. 200
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Comme il est dit dans cet encadré, le système des processus opposants fonctionne dans les deux sens. Mais la comédie vire parfois à la tragédie. Certains sujets se font au début trop facilement plaisir pour n'être pas tenus ensuite d'en acquitter la dette. Ils sont comme enchaînés (addictus veut dire en latin « esclave d'un créancier que l'on ne peut rembourser ») à leur quête irrépressible qui entraîne dans son cours torrentueux l'état et l'acte. Deux pentes naturelles sur ces voies du plaisir que j'ai déjà évoquées : la première est de l'ordre du désir pur, attente d'un objet convoité, voire d'un plaisir sans objet ; la seconde est liée à la consommation et à la satisfaction d'un besoin. Mais il est difficile de séparer les deux. Le plaisir amoureux par exemple est-il lié à un désir pur ou à la satisfaction d'un besoin ? Non d'un besoin sexuel (où se trouverait le déficit, dans des testicules ou des ovaires gorgés d'hormones ?), mais d'un besoin indicible de l'autre dont l'absence provoque le manque.
p. 198
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Sans tomber dans la caricature, on peut dire que la jouissance, conséquence immédiate du comportement sexuel, a été retenue par la sélection naturelle parce qu'elle encourage la reproduction pour le plus grand bénéfice de l'espèce. Le plaisir attendu d'un repas permet la maintenance métabolique du corps ; celui de l'habillement contribue à la thermorégulation ; la douleur conduit à l'éloignement du danger et à l'immobilité réparatrice, etc.
Malgré leur caractère tranché et réducteur, ces positions théoriques sont loin d'être claires. Dans les cas les plus simples, l'état affectif (plaisir ou souffrance) fait suite à l'acte dont il est la sanction directe et enclenche sa répétition ou son évitement. Lorsqu'il est question de renforcement avec son caractère algébrique (par exemple : l'omission ou l'arrêt d'un renforcement négatif équivaut à un renforcement positif), on ne distingue plus très bien ce qui constitue le renforçateur : le stimulus ou l'acte ?
Enfin, les termes récompense et punition, par leur connotation morale, ne sont pas dépourvus d'ambiguïté. Dans l'acte sexuel, quelle est la récompense effective ? La satisfaction d'avoir une nombreuse descendance ou le plaisir de faire l'amour ? Autre exemple, qu'est-ce qui est la punition : être privé de repas ou souffrir d'avoir faim ?
Confronté à ces objections, il semble à nouveau préférable d'adopter une position théorique qui subordonne l'acte à l'état. Les valences affectives qui s'inscrivent dans les représentations et dans les actions du sujet sont liées aux fluctuations de son état intérieur. Expression de ce dernier, le plaisir et la peine sont des sentiments primordiaux (affects) qui gouvernent « la puissance d'agir de notre corps » (Spinoza, Éthique).
p. 194
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LE CERVEAU DU PLAISIR
Des millions de neurones, bien sûr, qui s'excitent entre eux avec du glutamate libéré par leurs synapses ou qui s'inhibent avec du GABA ; des potions magiques comme la dopamine proclamée « neuro-médiateur du plaisir » avec son cortège de sous-traitants, amines et peptides. Mais qu'on se le dise : un neurone ne jouit pas, il ne pense pas, il n'a pas d'âme. Ils doivent se mettre à plusieurs en assemblées, en circuits, en voies de projection pour faire jouir le corps. C'est ce dernier qui “prend son pied” et fait participer à ses ébats l'insaisissable psyché qui est tout à la fois dans le présent, le passé et le futur, la plus incarnée des abstractions.
p. 188
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Faire le mal peut être un plaisir, non une joie. La joie, seule vraie victoire sur le monde, est pure dans son essence, elle est donc irréductible au plaisir, toujours suspect en lui-même et dans ses manifestations. » Cioran, dans son grand livre De l'inconvénient d'être né, a raison. La joie est pure et elle veut l'éternité comme le chante Zarathoustra. Alors que plaisir est tordu, il est comme les racines entremêlées des mangroves, inséparable du désir dont on ne peut le défaire. Le plaisir est dans l'acte, il n'est pas le produit de l'acte. Comme le dit Gilbran : « Le plaisir est un chant de liberté, mais il n'est pas la liberté. Il est la floraison de vos désirs, mais pas leurs fruits. Il est une profondeur appelant une hauteur, mais il n'est ni le haut ni le profond » (Gilbran, Le Prophète).
p. 187
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