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sur 575 notes
Je ne sais pas si, un jour ou jamais, se dévoilera parmi nous un grand écrivain connu de par le monde entier, mais en tout de cause je lui conseillerai la lecture de ce livre, parce que je le considère comme un des sommets stylistiques auquel le genre humain est arrivé durant son histoire.
Je ne me lancerai pas dans une description des beautés de ce style car je ne m'en sens pas trop l'envie présentement, et puis elle serait toujours trop pâle eu égard au style lui-même. Juste je citerai Vigny qui disait (certes à propos des poètes romantiques méconnus de son temps, mais la portée de sa phrase est en réalité universelle) dans la préface de Chatterton: "que quelques vers suffiraient à les faire reconnaitre de leur vivant, si l'on savait y regarder".
Virgile est bien mort mais l'avantage avec cette oeuvre, c'est qu'on a l'embarras du choix pour le ressusciter au rang des génies de la littérature. Comme si sa langue poétisait naturellement.
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Je l'ai lu il y a longtemps. du coup, mes souvenirs sont flous, d'autant plus que cette lecture m'avait beaucoup moins marquée que l'Iliade et l'Odyssée. Cependant, j'ai le souvenir d'un style moins typé que les poèmes d'Homère, avec même l'absence des épithètes dits homériques. On suit Enée dans ses pérégrinations jusqu'à son arrivée en Italie où il s'agit de s'approprier un territoire et de fonder une nouvelle ville dans le Latium, de se créer une nouvelle histoire pour se donner une nouvelle chance. Son voyage est mouvementé mais tout de même moins que celui d'Ulysse et s'il mène une guerre afin d'avoir le droit de fonder Albe, sa cité, ce n'est en rien comparable à la guerre de Troie. A mon sens, et même si les puristes vont certainement hurler, l'Enéide c'est à la fois l'Iliade et l'Odyssée condensées en un seul livre, le tout à la sauce latine. Cela n'empêche pas d'avoir des scènes terribles, devenues célèbres, comme l'épisode avec Didon où on sent toute cette passion, cet amour de la femme qui a eu suffisamment de ruse pour fonder une ville puissante mais demeure incapable de surmonter la passion qui la consumme de l'intérieur au point de préférer se donner la mort quand le héros la quitte. Car là aussi, il s'agit d'un héros épique de la stature d'un Achille ou d'un Ulysse. Etre le fils d'une déesse implique un destin bien extraordinaire et Enée surmonte les épreuves les unes après les autres, allant jusqu'aux Enfers avant de pouvoir fonder Albe, promise à un si grand avenir.
L'Enéide est d'une approche plus simple, à mon avis, que les deux épopées d'Homère, mais est aussi moins riche en rebondissements, ce qui n'enlève strictement rien à sa grande qualité et à sa richesse toute latine.
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Épopée à la gloire du peuple romain, L'enéide se compose de douze livres.
Les six premiers livres de cette épopée reprennent le thème de L'Odyssée, en narrant l'errance des troyens qui accompagnent Enée, après la destruction de leur ville.
Les six derniers sont inspirés de L'Iliade. Après avoir pénétré dans le Latium, Enée et les siens rencontrent l'hostilité des Latins. le conflit éclate, indubitablement ! Mais Enée l'emporte !
Après sa victoire, ce sera la réconciliation entre les deux peuples : les Latins léguant aux vainqueurs leur langage et leurs lois. Symboliquement, le présent se mêle habilement au passé.
La grandeur de cette fresque épique est dans la mise en scène de l'ensemble d'un peuple saisi dans son unité qui évite,ainsi, au poème de tomber dans l'anecdotique politique, en introduisant la dimension du général.
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« L'Enéide » traduite, une fois de plus, mais cette fois en prose par Paul Veyne (2012, Albin Michel, 432 p.)

c'est autant une critique (ou une comparaison) avec le projet de nouvelle traduction sous la direction de Marie Cosnay


Le poème inachevé de Virgile, extrêmement long (12 chants, environ 10000 vers) est considéré comme étant le plus important de la littérature latine. Virgile voulait chanter les épreuves du « pieux Énée » devenu l'« exilé prédestiné » du premier vers, puis promu l'ancêtre mythique du peuple romain. Et ceci depuis la prise de Troie à son périple pour fonder Rome en Italie.
Le but de Virgile était de distraire son lecteur, tout en racontant à sa manière la chute de Troie et les errances de Enée jusqu'à son arrivée en Italie. On aura donc droit à des moments de grande aventure, tout aussi batailleuse que sentimentales. Ainsi la prise de Troie (chant II), la passion de Didon (chant IV) qui fournira la matière à Henry Purcell pour son « Dido and Aeneas » popularisé par la voix de Barbara Hendricks. Puis les grands moments des funérailles d'Anchise (chant V) suivies de la descente aux Enfers (chant VI), où Enée va revoir tous les héros morts, à la recherche de son père. La suite est plus « historique » avec la description du bouclier d'Énée (chant VIII), la blessure d'Énée (chant XII) et la mort de Turnus (chant XII) qui termine le cycle, cependant inachevé par la mort de Virgile.
On pourra lire la traduction qu'en a faite le poète irlandais Seamus Heaney, du moins du chant VI « Aeneid Book VI » (2016, Farrar, Straus and Giroux. 112 p.). Descente d'Enée aux Enfers. Enée arrive à Cumes et rencontre la Sibylle qui va lui confirmer les prophéties faites à Anchise. Il avait auparavant publié « New Selected Poems 1988-2913 » (2015, Faber & Faber, 240 p.). dans lequel le poème « Route 110 » comporte 12 suites de 12 vers, allusion claire à l'Enéide. Seamus Heaney narre le trajet du bus qu'il prenait lorsque, étudiant, il rentrait chez lui entre Belfast et « Cookstown via Toome and Magherafelt». On a donc bien les douze chants, comme chez Virgile, qui décrivent successivement le voyage, les Enfers, la rencontre éphémère avec l'amour, les morts plus ou moins glorieuses, et finalement la mission de vie qui doit s'ensuivre.
Cette nouvelle traduction est presque un roman d'aventures alerte et divertissant, bien plus amusant qu'un simple poème épique académique écrit uniquement à la gloire de Rome et d'Auguste par un Virgile vieillissant. Cette idée de « roman nationaliste » est en fait une interprétation du XIXeme siècle, qui a provoqué le dédain du poème


Le texte de Paul Veyne, en prose (2012) (chant I, 1-11)
Je vais chanter la guerre et celui qui, exilé prédestiné (tout a commencé par lui), vint des parages de Troie, en Italie, à Lavinium, sur le rivage. Lui qui, sur terre et sur mer, fut longtemps le jouet des puissances célestes, à cause de la rancune tenace de la cruelle Junon ; qui eut tant à souffrir de la guerre, pour fonder à ce prix une ville et installer ses Pénates dans le Latium. D'où la nation latine, Albe et ses Anciens, et les murailles de la noble Rome. Muse, dis m'en les raisons : quelque divinité offensée ? Quelque grief de la reine des dieux, qui aura amené un homme d'une piété insigne à parcourir un pareil cycle de malheurs, à affronter autant d'épreuves ? de pareilles rancunes en des âmes célestes ?

Dans la traduction de Marie Cosnay (2021), en fait une traduction de Danielle Carlès, sous la direction de Marie Cosnay. Cette dernière se charge du chant III (le périple d'Enée)
Je chante les combats et le héros qui le premier, des bords de Troie parti / fugitif, par ordre du destin est venu en Italie et aux rivages / de Lavinium. Durement malmené et sur mer et sur terre/ par le pouvoir de ceux d'en haut et Junon enragée, à cause de sa colère inoubliable, / il subit aussi nombre d'épreuves à la guerre pour fonder sa ville / et porter ses dieux au Latium. de là procède le peuple latin, / nos pères albains et les murs de la haute Rome. / Muse, rappelle-moi ses raisons : quelle offense à son pouvoir, / quelle douleur a incité la reine des dieux à plonger dans un tel cercle / de hasards un héros incomparable par sa piété, à le jeter au-devant / de tant d'épreuves ? Les âmes célestes ont-elles de si violentes colères ?
Qui reprend la traduction de Jordane Bérot (2014)
Mes chants : d'armes, d'homme qui premier des bouches de Troie / Enfui (les destins !) est venu à l'Italie, aux côtes / Laviniennes. Ballotté fut-il, et beaucoup, par terres et mers : / Pouvoir d'En-Haut, colère à mémoire de Junon-la-Sauvage. / Enduré, beaucoup aussi, à la guerre, jusqu'à fonder la Ville, /Installer au Latium les dieux. de là : race des Latins, / Pères Albains, hautes murailles pour Rome. / Muse, rappelle-moi pourquoi -en quoi lésée ?- / de quoi blessée, la reine des dieux a dans de tels malheurs / Roulé, dans de telles peines précipité / L'homme d'illustre piété ? Tant est rage aux âmes célestes ?

Traduit par l'Abbé Jacques Delille (1804), texte plus ou moins de référence
Je chante les combats du héros prédestiné qui, le premier, / fuyant les rivages de Troie, aborda en Italie, près de Lavinium ; / longtemps sur terre et sur mer les dieux puissants / le malmenèrent, à cause de la colère tenace de la cruelle Junon / Il endura aussi bien des maux à la guerre, avant de fonder sa ville / et d'introduire ses dieux au Latium, le berceau de la race latine, / des Albains nos pères et de Rome aux altières murailles. / Muse, rappelle-moi quelle cause, quelle offense à sa volonté, quel chagrin / poussa la reine des dieux à imposer à un héros d'une piété si insigne / de traverser tant d'aventures, d'affronter tant d'épreuves ? / Les âmes des dieux éprouvent-elles de si grands ressentiments ? / Muse, rappelle-moi quelle cause, quelle offense à sa volonté, quel chagrin / poussa la reine des dieux à imposer à un héros d'une piété si insigne / de traverser tant d'aventures, d'affronter tant d'épreuves ? / Les âmes des dieux éprouvent-elles de si grands ressentiments ?

Le texte latin (19-29 avant JC)
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris / Italiam, fato profugus, Lauiniaque uenit / litora, multum ille et terris iactatus et alto : ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram / multa quoque et bello passus, dum conderet urbem, / inferretque deos Latio, genus unde Latinum, / Albanique patres, atque altae moenia Romae. / Musa, mihi causas memora, quo numine laeso, / quidue dolens, regina deum tot uoluere casus / insignem pietate uirum, tot adire labores / impulerit. Tantaene animis caelestibus irae ?
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"Résumé : Ce poème de dix mille vers conte l'histoire d'un jeune prince Enée, rescapé du sac de Troie, qui mêle à ses multiples péripéties quelques compagnons d'infortune. Cet homme est à la genèse de la cité de Rome."

Plutôt facile à lire mais pas passionnant
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Malgré une lecture des plus fastidieuses, la découverte des aventures d'Enée et du peuple Troyens, ayant fui la prise de leur citée, s'est avérée intéressante.
L'histoire semble commencer à la manière de l'Odyssée pour ensuite se dérouler comme l'Iliade avec pas mal de combats.
Le récit regorge de références à ces deux épopées dont Virgile s'est, visiblement, largement inspiré.
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J'éprouve une certaine difficulté à décrire mon sentiment sur l'Enéide après la lecture de la traduction de Paul Veyne (la seule que j'ai lue soit dit en passant). Je me remémore évidemment plusieurs passages assez extraordinaires (la mort de Didon par exemple, ou le fameux Chant VI, ou le retour du corps de Pallas).
Indéniablement aussi, lire une fiction qui a été écrite il y a 2000 ans, plus d'ailleurs, apprend aussi sur la constance de la nature humaine.
Cependant je n'ai pas pu m'enlever de l'esprit un commentaire lu au préalable suivant lequel la poésie ne s'achète pas. Comment cerner la forme de frustration que j'ai ressentie ? Peut-être simplement par le fait que Enée est à la fois le personnage central de l'ensemble et est assez peu consistant si ce n'est par son qualificatif de pieux. Ce manque d'aspérité au personnage, sans doute voulu pour ne pas associer d'ombre à cette histoire de la Rome naissante, ne permet pas l'échange poético philosophique que j'attendais : celui par lequel dans les textes antiques on se demande toujours si les dieux n'apparaissent pas que pour souligner un trait de caractère, bien humain, des personnages, ou si au contraire une beauté naïve des textes nous fait pénétrer plus profondément en nous-même via la vieille croyance en des dieux à la fois multiples et caricaturaux.
Au contraire le pieux Enée parait balloté au fil des pages par un destin qui le dépasse.
M'arrêter là pour décrire l'Enéide serait pourtant faire insulte au personnage de Didon par exemple, qui est l'inverse de ce que je viens de décrire d'Enée, ou à celui de Turnus... Alors je dirais qu'il m'a manqué quelque chose, c'est vrai, mais qu'à la lecture de ce texte j'ai aussi beaucoup appris.
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Je viens de terminer l'Enéide et je dois dire que je suis plutôt contente de l'avoir lu. Il est très captivant à suivre en raison de son côté mythologique et parce qu'il s'agit d'un classique dans la littérature antique. En revanche, j'avoue m'être ennuyée à plusieurs reprises.

Je pense que le fait de n'avoir lu que des extraits m'a coupée dans la lecture et la rendue tellement hachurées que des éléments restent mystérieux pour moi. Je n'ai pas eu la réponse à toutes mes questions et la lecture fut fastidieuse, même si je suis restée captivée par les informations mythologiques données dedans. En revanche, l'intrigue est très intéressante. J'ai adoré suivre cette aventure maritime, ces batailles, ces péripéties en découvrant des créatures, c'est rythmé et il se passe toujours quelque chose. Si je ne suis pas rentrée totalement, c'est vraiment à cause des coupures en plein dans le récit.

L'histoire nous amène auprès d'Enée, un enfant de Vénus, fuyant Troie dans la perspective de reconstruire sa vie ailleurs. de sa fuite de Troie jusqu'à sa victoire pour bâtir Rome, j'ai adoré voir à quel point le destin d'Enée se rapproche un peu de celui d'Ulysse. Les deux vont devoir longtemps naviguer pour apercevoir le bout de leur quête. Au-delà de l'aspect du voyage maritime avec toutes les thématiques qu'il comprend, nous avons une belle fresque autour de la culture antique, comme les Enfers, la mort, les jeux, la guerre, l'honneur. J'ai beaucoup aimé ce récit pour sa richesse culturelle, un autre monde s'ouvre devant nos yeux.

L'ambiance est véritablement épique. Nous sommes dans l'aventure et le voyage, avec ses rebondissements, une guerre, des rencontres, de l'amour, des péripéties. Nous sommes en plein coeur du monde latin antique, avec son vocabulaire et ses références à la mythologie. Elles sont si fréquentes qu'il est possible de s'y perdre et de ne pas tout connaître. de ce fait, les amateurs seront déroutés et perdus tandis que les fans du genre s'y retrouveront volontiers. En tout cas, l'immersion dans cette époque éloignée est totale.

C'est en grande partie dû au style de Virgile. C'est assez paradoxal, mais passé les problèmes de références, c'est très fluide et agréable à lire. On se plonge facilement dans ce genre à part, proche de Homère, les descriptions sont réussies – même si parfois, elles sont longues. Les mots employés sont riches, la langue est soignée et je me suis régalée à lire ce récit. Une fois de plus, je pense que ma « déroute » vient de mon édition et du fait d'avoir eu que des extraits. Je suis persuadée qu'en le lisant tout entier, nous obtenons une belle fresque très intéressante à parcourir.

Les personnages sont sympathiques, mais c'est très dur de s'y attacher, à cause du format « extraits ». Excepté Enée, il m'a été difficile d'être sensible à tous ces protagonistes rencontrés. Enée est le protagoniste principal, il est courageux, intelligent, amical et volontaire, il aime sa famille et ses amis, il reste fidèle à lui-même durant toute cette histoire. J'ai eu beaucoup d'affection pour deux autres personnages : Didon et son triste destin ainsi que pour Pallas qui n'a pas eu plus de chance lui aussi. Les deux offrent une intrigue prenante à lire et sont plutôt sympathiques à voir.

En somme, je pense qu'après avoir apprécié cette lecture, il me faudra lire le récit dans son intégralité. Ce n'est pas une priorité, parce que – malheureusement, ces coupures m'ont entaché le plaisir de découvrir ce récit qui comporte pourtant des éléments captivants. Néanmoins, la fan de mythologie que je suis fut ravie de lire ce voyage, j'ai adoré le personnage d'Enée très agréable à suivre et ces aventures m'ont intriguée. C'est un bilan en demi-teinte que je dresse parce que je reste convaincue de l'envergure du récit, mais que mon édition n'a pas su lui donner toutes ses lettres de noblesse.
Lien : http://la-citadelle-des-livr..
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C'était une des lectures obligatoires à mon entrée à l'université. Je suis toujours fasciné par les anciens textes qui ont su traverser l'épreuve du temps. La lecture n'est pas des plus confortable mais que vaut la lecture d'un grand classique de notre bonne vieille littérature occidentale ?
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J'ai adoré les premiers chapitres avec l'histoire de la chute de Troie, la rencontre avec Andromaque, les amours tragiques avec Didon et la visite aux enfers. J'ai moins aimé la suite avec toutes ces batailles pour l'installation en Italie. Un livre qui me laisse une impression mitigée mais qui reste un immense classique.
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