L'oeuvre de cet intéressant auteur colombien est une réaction au réalisme magique.
Le bruit des choses qui tombent est un bon roman qui peut se lire comme une histoire policière narrant l'amitié gâchée entre un jeune professeur de droit, Antonio Yammara, et Ricardo Valverde, un homme secret qui sort de prison aux USA après 20 ans, pour trafic de drogue.
Yammara et Valverde se retrouvent seulement pour jouer au billard et après l'assassinat de Valverde en 1996, Yammara fera des recherches pour essayer de comprendre cette mort.
Valverde était le petit fils d'un héros de l'aviation colombienne et par la suite il deviendra un aviateur courtisé par les narcos jusqu'à sa capture par les américains et son incarcération pour 20 ans.
Le titre du livre fait mention au crash aérien subi par l'épouse de Valverde, un bruit que l'on ne peut pas identifier, un bruit laissé par ces vies qui disparaissent, par le bruit qui font les choses qui tombent de haut, un bruit qui ne cesse jamais, suspendu dans la mémoire.
Dans cette histoire des années 90, Bogota a un rôle, une ville triste, au ciel toujours bas, a 2500 mètres d'altitude, couverte comme s'il s'agissait d'un drap sale recouvrant la ville depuis sa fondation.
En tant que natif de Bogota, Vasquez se demande pourquoi un pays choisit comme capitale la ville la plus lointaine et la plus cachée. Les habitants de Bogota sont assez renfermés et froids comme leur ville, une ville où règne dans ces années 90 l'insécurité et la violence, héritées du cartel de la drogue.
De façon métaphorique les objets qui tombent correspondent à la chute d'un pays et de ses gens. C'est un roman très intertextuel où l'écrivain utilise des textes pour les 6 chapitres du livre en provenance d'autres auteurs comme les poètes colombiens Aurelio Arturo et
Jose Asuncion Silva, tous les deux cités plusieurs fois.
C'est un roman énigmatique basé sur un travail de la mémoire et un texte qui comporte plusieurs clés sous jacentes, comme par exemple le rôle de l'aviation colombienne dans la guerre gagnée contre le Pérou en 1932-33 ou le billard, une véritable institution dans ce pays; ou « les mimes », une invention d'un ancien maire de Bogota comme un moyen ludique et pédagogique pour éduquer le citoyen dans la rue.
Dans ce roman tous les faits sont véridiques. C'est l'histoire moderne de la Colombie où Yammara représente le colombien moyen typique, un personnage qui a probablement plusieurs traits autobiographiques.
La violence inouïe déclenchée par le trafic de drogue a fait quelques 300 000 morts, soit environ 50 morts par jour. Et la conséquence de cette période sur la population a été une solitude, un enfermement de toutes les classes sociales par la terreur.
Le final est ouvert, à chaque lecteur d'imaginer quelque chose. Après tout, l'acte de lire est une de rares libertés qui nous restent pour exercer notre libre arbitre.
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