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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juan Gabriel Vásquez a une plume limpide et son roman, remarquablement construit, est à la fois l'histoire d'une famille et de tout un pays, depuis les glorieuses heures de son indépendance à la naissance des cartels et jusqu'à aujourd'hui.
Avec une facilité déconcertante, il aborde ici une multitude de sujets : l'attitude de pays colonisé qu'a pu garder la Colombie, l'amour paternel, le deuil, la perte des idéaux, l'essor du trafic de drogue et ses conséquences sur la population… le tout sans que l'on s'ennuie une seconde ou qu'on ait l'impression de lire un reportage. le bruit des choses qui tombent est au contraire extrêmement romanesque et très sensible. Je compte bien lire d'autres romans de cet auteur très prometteur.

https://des-romans-mais-pas-seulement.fr/romans/le-bruit-des-choses-qui-tombent-juan-gabriel-vasquez/
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La rencontre avec ce livre se fit d'abord par sa couverture. Elle m'évoquait un autre roman, policier celui là, de Tonino Benacquista Trois carrés rouges sur fond noir”. Hormis les boules, une rouge, une blanche et une queue de billard, la comparaison entre ces deux romans s'arrête à la couverture mais c'est quand même pour elle que j'ai choisi ce livre. Pour Benacquista, le billard était la raison de vivre de son personnage principal, pour Juan Gabriel Vasquez (normalement, sur Vasquez le a est avec avec accent aigu mais je ne sais pas le faire sur mon clavier - je sais, j'aurais pu chercher sur Internet mais je préfère m'en remettre à vous), c'est dans une salle de billard que se rencontre les protagonistes : le narrateur, Antonio, la quarantaine (mais seulement 26 ans lors de la rencontre), professeur d'université et Antonio, d'une bonne vingtaine d'années son aîné, homme secret et dont on pressent un lourd passé.

C'est en lisant dans la presse la mort d'un hippopotame ayant fait partie du zoo mégalo de Pablo Escobar qu'Antonio se remémore, quelques années auparavant, le germe d'une amitié qui le noua à Ricardo Valverde. Avant que celui ci ne soit assassiné en pleine rue de Bogota en compagnie d'Antonio qui lui, sera blessé. Les éléments pourraient être en place pour un roman policier mais cela n'intéresse pas l'auteur.

Il se penche sur le ressenti d'Antonio qui s'il se remet peu à peu de ses blessures sombre dans une dépression liée bien sûr à l'attentat qu'il vient de subir mais également à cette jeunesse dans laquelle la violence était partout, ses anniversaires marqués par les meurtres commis par Escobar et par la guerre des cartels. A travers son personnage, Vasquez s'interroge sur les répercussions subies par quelqu'un qui naît en même temps que le trafic de drogue. Antonio est persuadé qu'il doit comprendre la mort de Ricardo pour comprendre pourquoi il est si difficile pour lui de se remettre de cet acte terroriste. Avec Maya, la fille de Ricardo, qui cherche à réunir le maximum de témoignage sur son père, il va enquêter sur le passé, sur l'histoire de son pays pour essayer de décoder sa propre vie.
Les choses qui tombent ce sont avant tout les avions puisque Ricardo, pilote, est doublement touché par des accidents d'avions mais c'est surtout, pour l'auteur, les répercussions que le terrorisme lié au marché de la drogue, ont sur la vie privé des gens, sur l'éducation de leurs enfants pendant les années 80 en Colombie. Comment peut-on grandir, devenir adulte, dans un pays où la terreur est omniprésente ?
Lien : http://avelbre.fr/2012/10/le..
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Parfois on rencontre des gens qui nous impressionnent et nous intriguent, c'est le cas d'Antonio Yammara lorsqu'il rencontre le mystérieux Ricardo Laverde. L'amitié entre les deux hommes naît dans une salle de billard, quelques instants partagés et c'est le début d'une longue histoire pour Antonio Yammara. Il ne le sait pas encore mais sa vie va être bouleversée par cette rencontre. le jour où Laverde se fait assassiner par des motards en pleine rue, Yammara, qui l'accompagnait, se retrouve gravement blessé. Blessé physiquement et moralement, il ne cesse de penser à son ami et de entreprend de savoir qui était cet homme si secret et nostalgique pour surmonter son mal-être.
Un très beau roman sur l'histoire du la Colombie et sur la violence des cartels et des trafics de drogues.
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L'oeuvre de cet intéressant auteur colombien est une réaction au réalisme magique.

Le bruit des choses qui tombent est un bon roman qui peut se lire comme une histoire policière narrant l'amitié gâchée entre un jeune professeur de droit, Antonio Yammara, et Ricardo Valverde, un homme secret qui sort de prison aux USA après 20 ans, pour trafic de drogue.
Yammara et Valverde se retrouvent seulement pour jouer au billard et après l'assassinat de Valverde en 1996, Yammara fera des recherches pour essayer de comprendre cette mort.
Valverde était le petit fils d'un héros de l'aviation colombienne et par la suite il deviendra un aviateur courtisé par les narcos jusqu'à sa capture par les américains et son incarcération pour 20 ans.

Le titre du livre fait mention au crash aérien subi par l'épouse de Valverde, un bruit que l'on ne peut pas identifier, un bruit laissé par ces vies qui disparaissent, par le bruit qui font les choses qui tombent de haut, un bruit qui ne cesse jamais, suspendu dans la mémoire.
Dans cette histoire des années 90, Bogota a un rôle, une ville triste, au ciel toujours bas, a 2500 mètres d'altitude, couverte comme s'il s'agissait d'un drap sale recouvrant la ville depuis sa fondation.
En tant que natif de Bogota, Vasquez se demande pourquoi un pays choisit comme capitale la ville la plus lointaine et la plus cachée. Les habitants de Bogota sont assez renfermés et froids comme leur ville, une ville où règne dans ces années 90 l'insécurité et la violence, héritées du cartel de la drogue.
De façon métaphorique les objets qui tombent correspondent à la chute d'un pays et de ses gens. C'est un roman très intertextuel où l'écrivain utilise des textes pour les 6 chapitres du livre en provenance d'autres auteurs comme les poètes colombiens Aurelio Arturo et Jose Asuncion Silva, tous les deux cités plusieurs fois.

C'est un roman énigmatique basé sur un travail de la mémoire et un texte qui comporte plusieurs clés sous jacentes, comme par exemple le rôle de l'aviation colombienne dans la guerre gagnée contre le Pérou en 1932-33 ou le billard, une véritable institution dans ce pays; ou « les mimes », une invention d'un ancien maire de Bogota comme un moyen ludique et pédagogique pour éduquer le citoyen dans la rue.
Dans ce roman tous les faits sont véridiques. C'est l'histoire moderne de la Colombie où Yammara représente le colombien moyen typique, un personnage qui a probablement plusieurs traits autobiographiques.

La violence inouïe déclenchée par le trafic de drogue a fait quelques 300 000 morts, soit environ 50 morts par jour. Et la conséquence de cette période sur la population a été une solitude, un enfermement de toutes les classes sociales par la terreur.
Le final est ouvert, à chaque lecteur d'imaginer quelque chose. Après tout, l'acte de lire est une de rares libertés qui nous restent pour exercer notre libre arbitre.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Le jour où Ricardo Laverde est assassiné, la vie d'Antonio bascule. Au mauvais endroit, au mauvais moment, il est la victime collatérale de cet attentat. Au-delà des blessures physiques, Antonio ressort profondément marqué par cet événement. Obsédé par le besoin de comprendre les raisons de cet acte, paralysé par la peur, il perd pied... Il décide d'enquêter pour démêler les fils de la vie mystérieuse de Ricardo Laverde.

Ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais ce fut une lecture plaisante, instructive sur la Colombie post-Pablo Escobar, le rôle du Corps de la Paix et le climat qui régnait à l'époque à Bogota.

La fin m'a particulièrement émue...
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Lo más triste que puede pasarle a una persona, tener recuerdos de mentira.

Cela commence étrangement avec une histoire d'hippopotame. Un hippopotame que l'on retrouvera beaucoup plus loin dans le récit et qui réapparaîtra comme une mémoire lancinante, pas très compréhensible, et coûteuse. Pas à pas, c'est le récit d'une vie cachée ou oubliée qui est remontée à la surface, celle de Ricardo Laverde, pilote d'avion, que sa fille Maya et qu'une rencontre de hasard, Antonio Yammara, vont travailler obsessionnellement à retrouver.

Un vie cachée, secrète même, qui s'inscrit entre deux accidents d'avion qui décideront de sa vie, en dehors de lui. Celui qui décidera de sa vocation de pilote avant même sa naissance et celui qui mettra fin à son avenir. Entre les deux, il y a l'histoire de la Colombie, prise dans les illusion et mensonges du narcotrafic, entraînée dans la violence de la guerre à la drogue. Dévorés par la nécessité de mieux découvrir, de connaître et comprendre le passé qui les a condamné à ne vivre qu'à moitié, Antonio et Maya semblent butter sur une réalité sans raison, sans explication, simplement sur le bruit des catastrophes et sur le silence qui les suit. Si les choses ont été autrement avant, elles ne peuvent plus se rejouer. Les ressasser, c'est prendre le risque de s'y perdre, de s'y noyer. Il leur faudra apprendre à vivre, à revivre, avec des bribes de souvenirs toujours amputés ou déformés.

Un récit emprunt de fatalisme sur le poids de l'histoire, des histoires, et du silence trop grand qui les accompagnent, sur le besoin de savoir comme sur celui d'ignorer. le besoin de comprendre, de trouver le sens ou au moins la raison des choses nous entraîne irrésistiblement dans le récit de l'Histoire, aussi énigmatique, discrète et irréelle que cet hippopotame qui surgit dans la lumière des phares pour aussitôt s'éclipser dans la jungle soumise à une pluie équatoriale.

Solidement ancrée dans l'histoire colombienne, bien méconnue du lecteur occidental moyen, le Bruit des choses qui tombent nous la fait découvrir par la bande, en l'éclairant de l'intérieur. Au delà, il y a l'histoire, avec son grand H, et le rapport que chacun d'entre nous peut avoir avec elle, de l'ignorance à la fascination. Si Antonio a vite la conviction que cet homme taciturne qu'il a rencontré était un autre homme avant, lui aussi devient un autre homme une fois que L Histoire lui a mis la main dessus. Il en est un peu de même du lecteur à la sortie du récit. le bruit des choses qui tombent résonne encore dans le silence qui suit.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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Ce roman faisait partie de la sélection pour les prix Fémina et Médicis du roman étranger.
Il a obtenu le prix Roger Callois 2012 de littérature latino américaine.
Pourtant, il semble avoir été un peu boudé par les lecteurs et par la presse et je trouve ça bien injuste.
Voilà donc ma très modeste contribution (même si mes lecteurs sont fort peu nombreux...) pour tenter de le faire sortir de l'ombre.

Vous n'êtes pas très amateur de littérature policière? Moi, non plus.
Vous redoutez le genre livre à sensations sur le trafic de drogue? Rassurez vous. Il ne s'agit pas de cela.

Juan Gabriel Vàsquez évoque, à travers une histoire intime, celle d'Antonio Yammara, la malédiction d'un peuple, victime dans son propre pays, des narcotrafiquants.
Antonio est professeur de droit. Il fréquente un club de billard où il se lie à Laverde, un homme secret dont il connaît peu de choses.
Leur destin se scelle le soir où Laverde est assassiné et où Antonio, victime collatérale de cet attentat est blessé.
Sa vie en est bouleversée. Il tente alors de percer le mystère Laverde.
Le roman prend la forme d'une quête et d'une enquête qui nous fait traverser l'Histoire de la Colombie, une histoire désespérée où les victimes sont nombreuses et les cicatrices difficiles à refermer.
L'auteur s'interroge sur la transmission, comment chaque génération a marqué l'histoire du pays et celle de ses enfants.

"L'âge adulte nous donne l'illusion pernicieuse de contrôler notre vie et sans doute dépend-il de ce leurre. Je veux dire par là que ce mirage nous incite à nous sentir adulte, car nous associons notre maturité à l'autonomie, au droit souverain de décider de notre avenir proche. le désenchantement se produit tôt ou tard, mais il finit toujours par arriver et ne rate jamais le coche. Nous l'accueillons sans grande surprise, car l'expérience nous enseigne à ne pas nous étonner de voir notre existence modelée par des évènements lointains, des volontés en partie ou totalement étrangères à nos propres décisions. Ces longs processus qui finissent par croiser notre vie - tantôt pour lui fournir l'élan dont elle avait besoin, tantôt pour réduire en pièces nos projets les plus magnifiques - sont invisibles, comme les courants souterrains ou les infimes déplacements des plaques tectoniques, et quand le séisme a eu lieu, nous employons les mots que nous avons appris pour nous tranquilliser et parlons d'accidents, de hasards ou de destin. (page 241)"

Il exprime aussi la nécessité de connaître le passé pour pouvoir expliquer le présent , et enfin construire un avenir.

C'est un livre intime captivant, formidablement construit et écrit dans un style limpide.
Ne soyons pas nombrilistes. La littérature non francophone nous réserve de belles découvertes.


Lien : http://leslivresdechris.blog..
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