On peut avoir déjà entendu parler de la conférence de Berlin et n'en savoir rien du tout. Rien du tout de sensible. Heureusement,
Eric Vuillard est là pour décrocher des croches-pattes qui nous oblige à ouvrir les yeux sur des morceaux d'une histoire occidentale qu'on regardait de trop loin. Ni véritable histoire ni essai, l'auteur nous propose un récit à la forme assez libre qui navigue entre la description de cette rencontre berlinoise de 1884 où les grandes puissances européennes se partagent l'Afrique et la colonisation sanglante du
Congo.
Au centre, le personnage de Léopold II, roi des Belges et président de l'Association internationale du
Congo, qui exploitera le
Congo. En quelques pages fortes,
Eric Vuillard nous rappelle que colonisation et l'exploitation économiques des ressources ont été un même mouvement. Une banale histoire de fric, quelques mecs très riches qui avaient les moyens de s'enrichir encore plus en massacrant, torturant, emprisonnant des millions de personnes. L'exploitation du caoutchouc a vidé le
Congo d'une grosse partie de ses habitants (la moitié, ont avancé certains) et ont rendu Leopold II immensément riche, et « roi avec 10 millions de morts sur la conscience » comme l'écrivait
Mark Twain.
Nous vivons toujours sous ce régime économique, même si la colonisation a pris des formes plus policées. Ce livre est un rappel nécessaire.