Citations sur L'ordre du jour (342)
C'est sublime un moteur, un vrai miracle si l'on y pense. Un peu de carburant, une étincelle, et hop ! la pression augmente, repousse le piston, qui entraine la rotation du vilebrequin et c'est parti ! Mais voilà, ce n'est simple que sur le papier, dès que ça tombe en panne, quelle mouscaille ! On n'y pige plus rien. Il faut foutre les mains dans le cambouis, dévisser, revisser...Pr, ce 12 mars 1938, malgré le grand soleil, il faisait un froide de gueux...
Hitler est hors de lui, ce qui devait être un jour de gloire, une traversée vive et hypnotique, se transforme en encombrement...
Les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas...
On accable l'Histoire, on prétend qu'elle ferait faire la pose aux protagoniqtes de nos tourments.
C'est là-bas, dans ceyye Californie industrieuse, entre quelques boulevards au carré, à l'angle d'un donut et d'une pompe à essence, que la densité de nos existences adopte le ton des certitudes collectives. C'est là-bas, les premiers supermarchés, devant les premiers téléviseurs, entre le grille-pain et la calculette le monde se raconte à sa vraie cadence, celle qu'il va adopter en définitive.
La vérité est dispersée dans toute sorte de poussière. [...]
C'est que l'HollywoodCustom Palace est un loueur de costumes, il loue au cinéma les habits de Cléopâtre ou de Danton. [...] On trouve toute la defroque de l'humanité [à l'Hollywood Palace], néant sublime, miettes de gloire dispersés sur les rayonnages, simulacres de souvenirs. Ici, on tient en réserve les épées de bois, les couronnes de carton, les cloisons de papier. Tout est faux. Le charbon sur le col du mineur, l'usure aux genoux du mendiant, le sang au cou du condamné. L'Histoire est un spectacle. À l'Hollywoos Palace, on croise tout ce qui a été : les vêtements des martyrs sont étendus et sèchent sur les mêmes fils que les toges des patrices. On ne disringue pas. Il paraît que les images, le cinéma, les photographies, ce n'est pas le monde - je n'en suis pas très sûr.
La vraie pensée est toujours secrète, depuis l'origine du monde. On pense par apocope, en apnée. Dessous, la vie s'écoule comme une sève, lente, souterraine.
Et ce qui étonne, c'est la réussite inouïe du culot, dont on doit retenir une chose : le monde cède au bluff. Même le monde le plus sérieux, le plus rigide, même le vieil ordre, s'il ne cède jamais à l'exigence de justice, s'il ne plie jamais devant le peuple qui s'insurge, plie devant le bluff.
[...] Ici, il n'y a qu'un art de convaincre qui vaille, iln'y a qu'une seule manière d'obtenir ce que l'on souhaite - la peur. Oui, ici, c'est la peur qui régne. Terminées les politesses allusives, les formes retenues de l'autorité, les apparences. Ici, le petit Juncker tremble.
[...] les dates les plus joyeuses chevauchent ainsi les rendez-vous sinistres de l'histoire.
Pourtant, la plupart passèrent leur matinée à bûcher, plongés dans ce grand mensonge décent du travail, avec ces petits gestes où se concentre une activité muette, convenable, et où toute l'épopée de notre existence se résume en une pantomime diligente.