J'ai lu que les parents qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique sont plus susceptibles de frapper leurs enfants. (...) Peut-être que lever la main sur son enfant, c'est le préparer à la guerre. (p. 25)
Je sais. Ce n'est pas juste que le mot mourir renferme un rire.
Trevor le chasseur. Trevor le carnivore, le redneck, pas
Une fiotte, un flingueur, une fine gâchette, pas une tante ou une tarlouze. Trevor le mangeur de viande mais pas de
Veau. Jamais de veau. Laisse tomber putain, plus jamais depuis que son papa lui avait raconté l’histoire quand il avait sept ans, à table : veau rôti au romarin. Comment c’était fait. Que la différence entre le veau et le bœuf c’est les enfants. La viande de veau ce sont les enfants
Des vaches, leurs petits. On les enferme dans des boîtes qui font leur taille. Une boîte à corps, comme un cercueil, mais un corps vivant, comme une maison. Les enfants, le veau, ils restent complètement immobiles parce que pour être tendre il faut que le monde vous touche le moins possible. Pour rester tendre, le poids de votre vie ne doit pas reposer sur vos os.
[…]
Les monts obscurs…
Qui ont leurs limites, comme les corps. Comme le veau.
Qui attend dans sa maison-cercueil. Pas de fenêtre – mais une fente pour l’oxygène. Nez rose pressé dans la nuit d’automne, il inspire. Les relents défraîchis de l’herbe coupée, le goudron et le gravier de la route, le goût sucré et âpre des feuilles dans un feu de camp, les minutes, la distance, le fumier terreux de sa mère à un champ de là.
Au salon de manucure, -désolée-est un outil qu'on utilise pour bosser dans le sens du poil jusqu'à ce que le mot lui-même se change en monnaie. Il ne représente plus uniquement -une excuse-, il insiste, il rappelle: Je suis là, juste là, en dessous de vous. Il s'agit de se rabaisser de sorte que la cliente se sente dans son bon droit, supérieure et charitable. (...)
Etre désolée est payant, être désolée même ou surtout quand on n'a aucun tort, vaut toutes les syllabes d'autodénigrement qu'autorise la bouche. Parce que cette bouche doit manger. (...)
-Désolé-, pour ces hommes , était un passeport pour rester. (p. 114- 116)
Être un garçon américain, puis un garçon américain avec une arme, c’est se déplacer d’un coin à l’autre d’une cage.
Je serais bien incapable de citer le nom de ces fleurs. Parce que Lan ne leur en a jamais donné. Encore maintenant, à chaque fois que je vois des petites fleurs violettes, je jurerais que ce sont celles que j'ai cueillies ce jour-là. Mais sans nom, les choses se perdent. (p. 244)
Même si la femme ne peut le lire, elle sait que cela indique un nom, quelque chose qu'une mère ou un père a donné, quelque chose qui ne pèse rien mais qu'on porte pour l'éternité, comme un battement de coeur. (p. 54)
The stories, at first, were folklore. My grandmother would tell a ghost story, then she would say: oh, that was after the napalm. So through cycles of these stories, that world started opening and as a child I would ask: what’s napalm? They ploughed on. It was almost intoxicating for them to create a mythology of their lives, because they were so powerless. They were all women. The men were gone; they did their harm and were gone. And they were empty hands, had no English, were powerless everywhere else. But when it was time to tell the story, they held everything.
J'avais envie de pleurer mais je ne savais pas encore le faire en anglais. Alors je n'ai rien fait.
Ce n’est pas juste que le mot mourir renferme un rire.