— Oh my God, they killed Kenny !
— You bastards !
Putain, ils ont tué Kenny, ces enfoirés ! Et vous comprendrez plus loin le pourquoi de cette introduction non conventionnelle.
Pour une fois, j'ai commencé par le tome 3 des enquêtes de l'inspecteur Foster, mais ce ne fut pas un soucis, loin de là.
En effet, il m'a fallu une petite seconde pour plonger dans le roman et dans la vie de cet inspecteur. En fait, c'est comme si je l'avais toujours connu.
L'inspecteur Foster a ses blessures bien enfouies, il nous en parlera à l'occasion, durant son enquête. Pour le reste, il ne fait pas trop de bruit, il est tenace et quand il tient un os, tel le pitbull, il ne le lâchera plus comme il le fit il y a 20 ans, lors de cette sordide affaire avec Kenny… Oui, Kenny !
C'était une sordide affaire, celle d'y a 20 ans : Kenny Chester, un vieil homme, héros de la mine, se fit tabasser à mort par deux jeunes gamins de 10 ans. « Putain, ils ont tué Kenny, ces enfoirés ! » Condamnés, ils furent, dix ans plus tard, relâchés et pourvu d'une nouvelle identité.
Et 20 ans après, Foster se trouve devant les cadavres des gamins criminels devenus adultes. Qui a balancé leurs nouvelles identités ? Qui a obtenu sa vengeance ?
Son enquête ne sera pas facile : tout le monde est content de la mort des deux anciens meurtriers et personne ne veut que l'on remue la merde. L'inspecteur Foster aura fort à faire pour résoudre tout ça, vu les inimités qu'il a avec certaines personnes bien considérées de son ancienne ville.
Sans user de métaphores, de grandes envolées lyriques, de phrases complexes et ampoulées, l'auteur nous plonge dans l'atmosphère « campagnarde » de la ville de Mackington (dans le Northumberland, le Nord) au-dessus de laquelle flotte une chape de plomb.
Ici, personne n'a oublié l'affaire et tout le monde a rêvé de vengeance, surtout dans la famille de Kenny Chester. Lui qui était presque un Dieu a eu sa famille quasi canonisée après son meurtre affreux.
Pas besoin non plus d'une pléthore de paragraphes pour décrire l'état de la ville et des gens après la fermeture des mines par la Tatcher : misère sociale, plus de boulot, jeunes sans avenir, alcool, drogues, moitié des commerces qui ont fermé, une population auparavant ouverte qui s'est repliée sur elle et plus de partage entre les habitants.
On a bien compris en peu de mot la merde que la miss Maggie a foutu.
Nous sommes ici face à un roman noir plus sombre que dans la raie des fesses d'un mineur occupé au fond de sa mine, à minuit, par une nuit sans lune.
Tu penses que tu as atteint la veine la plus sordide de la mine, mais non, t'as encore rien vu ! On peut toujours creuser plus profond dans la saloperie humaine. Je m'en doutais un peu, d'ailleurs…
Le poids du passé est lourd et il a tendance à t'entraîner au fond de cette mine sombre et une fois qu'on en ressort, on respire un grand coup l'air frais, tout en frissonnant de ce que l'on vient de lire.
Une saloperie d'excellent roman noir, une enquête qui m'a laissée sur les genoux, même sans avoir fait de courses-poursuites, des personnages principaux que l'on a envie de revoir et un final haletant rempli de surprise et d'horreur.
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