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sur 889 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le père, le fils et le vieil homme. Le premier, Eldon Starlight, est rongé par l'alcool et sent sa fin arriver. Il contacte son fils, Franklin, âgé de 16 ans, et lui demande de l'accompagner sur la crête d'une montagne et de l'y enterrer en guerrier, à l'image de ses ancêtres indiens ojibwés. Franklin accepte avec réticence, lui qui aurait pourtant 1000 raisons de refuser. Son père ne s'est en effet jamais occupé de lui, le confiant peu après sa naissance aux bons soins du vieil homme qui, lui, a véritablement endossé le rôle de père de substitution, apprenant à Franklin les valeurs de la vie en communion avec la nature sauvage de la Colombie-Britannique. Et pourtant, donc, malgré sa haine et son ressentiment envers son géniteur démissionnaire, le jeune homme consent à conduire son père à sa dernière demeure, dans un parcours de plusieurs jours à travers la forêt et la montagne. Le cheminement est éprouvant physiquement et mentalement, mais il est l'occasion pour Eldon de tenter de justifier son comportement passé, et pour Franklin d'apprendre la vérité sur sa naissance et ses origines. Ce voyage initiatique au coeur d'une nature sauvage sublime et d'une relation père-fils compliquée à restaurer dans de telles conditions est aussi une histoire de rédemption et de transmission, et d'amour, en fin de compte. L'écriture est belle, sobre, poétique, et le personnage d'Eldon parvient presque à susciter l'empathie. Malgré tout cela, j'attendais plus de lumière de ce roman. L'histoire est très triste, et ce livre semble sonner la fin d'un monde, celui des traditions indiennes, des hommes purs et durs à la tâche vivant en harmonie avec la Nature. Les quelques épisodes solaires n'ont pas suffi à alléger la chape de mélancolie que ce livre a déposé sur mes épaules...
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La littérature amérindienne était pour moi un territoire de lecture inconnu. le beau roman de Richard Waganese, Les étoiles s'éteignent à l'aube m'a permis de partir à sa découverte.
Les deux protagonistes sont un père et son fils, Eldon et Franck Starlight, tous deux "sangs mêlés". Au début de l'histoire, tout les oppose. Eldon vit dans un de ces bidonvilles où sont parqués les Indiens près d'une usine à papier. Franck a grandi dans une ferme, au milieu de la nature, auprès d'un vieil homme qui l'a élevé depuis son plus jeune âge. Et lorsque Eldon appelle son fils à son chevet pour l'accompagner vers sa dernière demeure : un rocher au bord d'un escarpement d'où l'on peut voir en contrebas toute la vallée où il a passé le plus clair de sa vie, Franck ne va pas sauter de joie. Mais il va pourtant partir à la rencontre de ce père démissionnaire, alcoolique et mourant.
Les retrouvailles ne vont pas être faciles. Franck va se trouver devant un homme rongé par l'alcool et dont la vie peut se résumer dans une série de renoncements et de fuites ; fuite de chez sa mère à treize ans, fuite dans l'espace et le travail en temps que saisonnier, enfin fuite définitive dans l'alcool... le prix à payer est lourd : mort de la femme qu'il aimait Angie, la mère de Franck, abandon de son fils Franck chez celui qui fut son rival auprès d'Angie, Buck. Bien sûr, il a sa part de responsabilité dans ce naufrage mais à travers ce personnage complexe et torturé, ce que l'auteur dénonce avec vigueur et dans une langue qui ne recule pas devant le réalisme le plus cru, c'est l'exploitation des Amérindiens condamnés à ne pas avoir de logement fixe, condamnés à "suivre le travail" pour des salaires de misère et tout juste bons à fournir de la chair à canon dans les deux guerres dont il est question dans le roman, notamment celle à laquelle Eldon va participer, la guerre de Corée. Ce sera d'ailleurs pour lui ce qui va le faire basculer dans un alcoolisme dur dont il ne sortira plus.. J'ai été très impressionnée par les scènes hallucinatoires que l'auteur consacre à cet épisode et qui évoquent à la fois l'enfer et cet état de transe dans lequel se trouvaient les combattants. Traumatismes insurmontables pour la plupart...
Le personnage de Franck est porteur d'un tout autre message. J'ai été frappée, en lisant ce roman, de constater à quel point il faisait écho aux débats actuels sur le rapport de l'homme avec son environnement. le personnage de Richard Waganese a ceci de remarquable qu'il incarne une relation au monde fondée sur le respect de ce qui l'entoure, que ce soit le monde végétal ou animal. Son éducation très expérientielle lui a appris à trouver autour de lui tout ce dont il a besoin, sans gaspiller et à développer un comportement très proche du corps et du sensoriel pour s'adapter à son environnement et y vivre harmonieusement. J'ai vraiment beaucoup aimé tous les passages consacrés à son bonheur d'être dans la nature : plaisir de voir des coyotes au clair de lune, plaisir de cuire la nourriture pêchée ou chassée sur un feu de bois, aussi source de chaleur. Rien dans ces passages d'un relent d'utopie passéiste. Simplement l'évocation de moments d'un bonheur simple, évoqués dans une langue précise, méticuleuse, sensorielle. Nul besoin d'hyperboles racoleuses qui pourraient rompre l'équilibre. Tout est juste et bien dit pour notre plus grand plaisir.
Même sobriété au niveau des dialogues. Souvent les répliques fusent du tac au tac surtout entre père et fils. L'un s'en plaint, Eldon, car selon lui il n'a jamais su trouver les bons mots et c'est une des tortures qu'il s'inflige! L'autre Franck y voit au contraire une justesse qu'il revendique car son éducation lui a appris à tenir à distance le langage, voire à s'en méfier. Il préfère l'agir au dire. Cela va se manifester à la fin du roman, où la dureté de ses mots sera démentie par la tendresse des gestes envers son père. D'ailleurs ce mode de relation au monde va culminer dans sa justesse, sa singularité et sa beauté dans les dernières scènes consacrées à la mort de son père. Franck va procéder à un rituel funéraire où par le toucher du visage de son père et du sien, il va symboliquement restaurer, à travers ce geste d'exploration et d'appropriation, ce lien familial qui n'a jamais existé.
Un beau point d'orgue pour un roman âpre, rugueux mais aussi merveilleusement apaisant à d'autres moments.
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Un très beau roman, parfois dur, d'un fils ayant vécu avec un père très absent car alcoolique. le temps d'un dernier voyage, le père va se raconter au fils et le fils tenter de boucher les vides de son enfance.

Nous partageons avec eux la misère de l'alcool et une immersion dans la nature. le fils est devenu un indien pisteur et nous suivons leur périple en assistant à ces relations compliquées et tristes.

Le vieil homme est une belle figure qui va me marquer.
Les valeurs du travail, de la nature, et du pardon à soi-même imprègnent ce récit dense mais beau.
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Dans ce roman, on suit Franklin Stralight, jeune homme de 16 ans qui accompagne son père Eldon, alcoolique et mourant, qui l'a de plus abandonné bébé, pour qu'il repose sur les terres ancestrales, enterré comme un guerrier. C'est une histoire de résilience et de rédemption, très difficile à résumer car le chemin est plus important que l'arrivée tout comme ici la lecture est plus importante que l'histoire (le titre original medecine walk rend mieux cet aspect-là).
Richard Wagamese appartient à la nation amérindienne Ojibwé et un des thèmes abordés en filigrane est celui de la transmission de la culture amérindienne dans la société moderne canadienne. Pour moi, le thème principal reste la destruction engendrée par l'alcoolisme, l'origine à cette volonté de destruction, et la résilience face à elle. J'ai trouvé très touchant la façon dont les blessures profondes sont exprimées sous la plume de Wagamese.
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui fait naître des bulles de sensation par les sons et les odeurs. Au début, j'ai vraiment eu l'impression d'entendre plutôt que de lire. le héros est en effet très attentif à son environnement, et les descriptions passent par tous ses sens. On entend les pas de la jument sur le pavé, comme on sent l'odeur du pin après l'averse (mais l'auteur est bien plus poétique que moi :)). C'est du coup une écriture très contemplative. Comme les héros, on ne peut que prendre notre temps en lisant cette histoire. J'ai vraiment savouré l'écriture, ce qui permet aussi de prendre du temps pour encaisser les émotions décrites.
En conclusion, c'est un très beau roman, très contemplatif (avec cependant quelques longueurs) et j'ai découvert une belle plume que je retrouverai avec plaisirs dans d'autres livres.
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Livre de nature writing. Livre de transmission. Des traditions du peuple Ojibwé. Et de recettes de vie, de vie simple.

Mais livre aussi et avant tout sur la paternité. Qui est le vrai père ? le père biologique ou celui qui vous a aimé et éduqué ? Pourquoi passons-nous notre temps à retrouver et comprendre et vouloir aimer coûte que coûte ses parents biologiques lorsqu'ils sont défaillants ?

Le tout se lit aisément, une fois ouvert, impossible de le refermer avant de l'avoir terminé. Ce qui est le signe d'une histoire prenante, ou, plus simplement, d'un bon livre.
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« Les étoiles s'éteignent à l'aube » est un cri silencieux, hurlant la vie, la mort, le besoin profond d'être et de le savoir ! Son auteur, Richard Wagamese, connu pour sa littérature amérindienne appartient à la nation indienne ojibwé. Il nous exhorte ici à prendre conscience des forces de ces nations indiennes et de leurs modes de vie ; il nous dit aussi la fragilité de celles-ci et leur possible disparition sous le poids de nos civilisations prétendument civilisées.
Franklin Starlight n'a que 16 ans. C'est déjà un homme depuis des années pourtant. Enfant, gamin, il a vécu avec le vieux, celui qui lui a tout appris. Tout ? Presque. ‘Le vieil homme lui a fait don de la terre à partir du moment où il avait été capable de s'en souvenir et il lui avait montré comment la traiter, l'honorer, disait-il, et le garçon avait senti l'importance de ces enseignements et il avait appris à les écouter, bien les reproduire.' Mais le vieil homme ne lui a jamais dit qui était vraiment son père, encore moins sa mère.
Franklin va partir, seul, laissant là ce père nourricier qui lui a tout appris pour aller à la rencontre de son géniteur mourant. Avec lui, il va entreprendre un voyage qui se révèlera initiatique dans le monde sauvage de l'arrière-pays de la Colombie-Britanique. Son ‘père', épave errante rongée par l'alcool sait qu'il va mourir. Lui qui ne s'est jamais préoccupé de son fils, a fait appel à lui, lui demandant l'aide nécessaire pour être enseveli, selon les traditions indiennes. Il veut donc que son fils l'accompagne jusqu'à la montagne où il pourra mourir en indien, renouant de la sorte avec les forces vitales et les esprits qu'il a refusé de suivre, leur préférant les eaux troubles, dites de vies mais frelatées, et les dégâts qui en découlent.
Je suis rentré dans ce récit en toute sérénité. Je sentais que Richard Wagamese allait alimenter ma réflexion à propos des sources de vie, des attitudes à développer si on accepte de ne se considérer que comme un gestionnaire de la Terre et non comme son prédateur. le livre regorge de perles à méditer à propos de la vie, de l'éducation, de la consommation, de la place de chacun, de chaque chose et du partage d'idée, de biens, de vie. le livre est un hymne au respect à avoir pour l'autre et soi-même.
C'est aussi le cri de qui veut, au-delà des apparences, jeter des ponts pour re-susciter l'autre à la vie. Même si sa vie est le moment de sa mort ! C'est là une des forces du récit, instituer la mort comme une étape de vie et non la fin de celle-ci ! Alors, même déjà mort, ou quasi, le géniteur peut, au-delà de tous ses manquements, devenir père. Et le fils peut devenir dépositaire du transmis du père !
« Les étoiles s'éteignent à l'aube » n'est pas un livre amusant, joyeux. Il n'est pas triste et ennuyeux pour autant. C'est la description d'un fil tendu entre Terre et Ciel sur lequel le funambule qu'est tout être humain peut marcher, trouver son équilibre, progresser vers un plus haut, un plus vrai, un plus uni avec lui-même, les autres, la Mère-Terre.
Un bon moment de lecture, de conscience, de pleine conscience à développer et à faire nôtre.

Lien : https://frconstant.com
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Les Etoiles s'éteignent à l'aube est un récit de passage, un double passage : celui d'un très jeune homme qui n'a jamais connu sa mère, élevé par un vieil homme qui n'est pas son père parce que le vrai père est plutôt aux abonnés absents – passage à l'âge adulte de Franklin qui ne le deviendrait pas pleinement si son père ne lui révélait pas l'histoire de ses origines ; passage d'un homme vers la mort, Eldon, ravagé par l'alcool et qui, même s'il n'a jamais été proche de la nature, veut être enterré dans la montagne comme ses ancêtres ojibwés.

Qui dit récit initiatique dit aussi parole, transmission et celle-ci est à la fois douloureuse et libératrice pour le père et le fils : le premier n'a jamais su exprimer ses émotions, ses sentiments et a noyé ses doutes, sa colère, son silence dans l'alcool, le second est naturellement taiseux, attitude renforcée par sa déjà longue proximité avec la nature. Il y aura de la douleur, de l'inconfort, mais aussi de l'attention, de la dignité et de l'apaisement dans ces mots transmis entre père et fils.

Une grande place est accordée à la nature évidemment : forêts, rivières, animaux, voûte céleste étoilée, traces, chasse et pêche respectueuses, écoute, observation, partage des fruits du travail, un art de vivre que le vieil homme a transmis au jeune Frank et qui va lui permettre sans doute de garder son équilibre intérieur face aux révélations de son père et à l'agonie de celui-ci. (C'est cela aussi sans doute – avec le bon sens instinctif du jeune homme – qui m'a permis de m'accrocher à ce beau roman car le thème de l'alcoolisme est un thème assez rédhibitoire pour moi).

Richard Wagamese est malheureusement décédé assez jeune en 2017, à l'âge de 61 ans. J'espère que d'autres romans que celui-ci et Jeu blanc seront traduits en français.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Franklin Starlight, seize ans, renoue avec son père biologique après bien des années d'éloignement. Eldon Starlight est au bord du gouffre à tous les niveaux. Alcoolique, à la dérive et malade, il souhaite aller mourir dans la forêt, à un endroit sacré qu'il a déjà exploré dans sa jeunesse. Il compte sur son fils pour l'y conduire, lui promettant de tout lui dire sur des pans de son existence jamais racontés, par honte et par impuissance. Car Franklin a vécu jusqu'à maintenant dans une ferme sous l'oeil bienveillant de Bunky. « Quand il pensait au mot père, il ne pouvait imaginer personne d'autre que le vieil homme. ». le parcours emprunté sera un véritable chemin de la guérison (medicine walk) pour Eldon, non pas physiquement, l'alcool ayant déjà fait ses ravages, mais moralement car la parole libère.
Un roman d'une infinie tristesse et d'une grave beauté, la nature sauvage témoin des propos parfois blessants de deux êtres qui se sont mutuellement écorchés et qui, à la fin, en appellent à la paix.
Malgré certains passages redondants dans l'écriture, ce roman dégage une forte impression pendant et après la lecture. L'évocation des us et coutumes des premiers occupants sur le territoire canadien n'y est certes pas étrangère de même que cette relation malmenée père-fils dont on découvre petit à petit les origines.
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Après avoir été un père absent pendant les premières années de son enfance et de sa jeunesse, Eldon, demande à son fils Franklin de l'emmener mourir dans les montagnes, là où, trop affaibli, il ne peut se rendre seul. le face à face entre le fils et le père va permettre à la parole de s'installer, à la bienveillance de reprendre ses droits et à l'amour filial de vivre. Les rites et traditions du peuple Ojibwé, se révèlent par la voix d'un des leurs… Un livre pour « sentir la terre sous ses pieds et entendre le bruit de la nature. »
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Il semble que j'ajouterai une critique positive aux nombreuses que ce bouquin a suscitées. C'est vraiment un roman formidable: profond, simple, incarné.
Avec une grande économie de moyens, l'auteur saisit le réel des choses, de la nature et des situations. On est immédiatement immergé dans cette histoire de filiation problématique, faite de dégoût, de tragédie, mais aussi de compréhension et de volonté d'avancer. Et ce rythme, posé, régulier, cette description des gestes précis et adéquats à la tâche, ces dialogues qui vont droit au but, mais qui dévoilent les choses progressivement. Et enfin, la vie avec l'environnement naturel, pas une confrontation, non, une sorte de symbiose, et coopération.
Bref, j'ai adoré. Et je trouve le titre anglais "Medicine walk" bien plus approprié au ton et au contenu de ce roman.
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