Rien qu'en lisant le titre de ce livre, deux questions viennent spontanément à l'esprit : est-ce vrai ? et comment est-il possible que le producteur français de produits de beauté numéro un soit impliqué dans une telle sordide histoire ?
Essayons d'y voir un peu plus clair en analysant les données.
L'auteur,
Monica Waitzfelder, affirme que sa mère lui a raconté comment son père, un juif, à été obligé par les nazis, en 1936, de céder un superbe bâtiment à Kartsruhe en Allemagne, au profit d'un groupe d'assurances allemand, qui l'a revendu, en1954, à L'Oréal. Une demande de dédommagement dûment documenté a été rejetée par le groupe cosmétique, qui declare ne porter aucune responsabilité dans les événements antérieurs à son achat d'après guerre. La Cour suprême, en 2004, a décidé ne pouvoir statuer. La demande de Waitzfelder est maintenant en instance devant la Cour Europeenne des Droits de l'Homme à Strasbourg.
Au cours de rebondissements multiples, les choses sont devenues particulièrement désagréables, lorsque le passé du fondateur de L'Oréal a été déterré. le rôle d'Eugène Schueller, comme financier de la Cagoule (de triste mémoire), et sa sympathie ouverte pour Vichy et même Hitler jusqu'en 1942. le fait qu'il a été blanchi "miraculeusement" après la guerre, surtout grâce à André Bettencourt, qui est devenu son beau-fils et PDG de L'Oréal, n'a fait qu'envenimer cette sombre histoire.
Il ne revient, bien entendu, pas à moi de trancher, mais la question qui me chiffonne est comment il se fait qu'un géant comme L'Oréal a préféré une bataille juridique et publique, où son passé peu glorieux risquait d'être déballé, à un arrangement à l'amiable, qu'il aurait pu passer simplement par pertes et profits ? Avec un chiffre d'affaires de 25,84 milliards d'euros et un bénéfice net de 4,54 milliards d'euros, en 2016, ce n'est sûrement pas un accord équitable, voire royal, avec la demanderesse qui aurait mis en danger ce colosse. Les actionnaires auraient touché un dividende un tantinet moins riant et l'affaire se serait arrêtée là.
Ce qui moi m'a choqué dans cette ténébreuse affaire, c'est qu'à la conférence de presse de
Monica Waitzfelder, à l'occasion de la publication de la version française de son ouvrage - une conférence pourtant assistée par de nombreux journalistes, curieux de voir ce directeur d'opéra - seulement 3 journaux ont daigné publier un article, à savoir : le Monde, le Parisien et Actualité Juive ! Ce qui illustre le pouvoir considérable dont L'Oréal bénéficie, à travers son immense budget publicité, auprès des autres organes de la presse.
Quoique cette histoire n'est guère simple, surtout en batailles juridiques entre ces fameux cabinets d'avocats d'affaires, le livre se lit facilement et il ne faut pas être avocat d'affaires soi-même pour apprécier les finesses de ce dossier. En plus, l'ouvrage est construit et écrit de façon à vous clouer sur votre siège.
À suivre : cette version moderne de la lutte du petit poucet contre Goliath.