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EAN : 9782414005109
Edilivre-Aparis (10/02/2017)
4.25/5   2 notes
Résumé :
" Je l'ai vu, la première fois en remontant des ghâts. Je glissais alors dans l'inconfort d'un espace-temps inattendu. Je ne savais pas encore... à cet instant se rejouait un vécu familier, enfoui, loin, loin, dans les entrailles du temps.
Dans la rue balayée par les queues des babouins, derrière la grille lourde qui cache à peine le désert du jardin qui ne fleurit plus, ombre furtive, il a surgi. Juste le temps de le reconnaître... "

Ce roman ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sous l'influence bénie des plus flamboyants souvenirs des films de Satyajit RAY ("Aparajito", "La Déesse", "L'expédition", "Charulata", "La grande Cité", "La Maison et le Monde", "les joueurs d'échec"), j'ai commencé la lecture de "L'Offrande" de Catherine WALD : un texte qui est pétri de cette belle "Matière des Indes", avec énormément de détails culturels et cultuels recensés (j'ai repensé aux fameux "effets de réel" et autres notations extrêmement précises d' "atmosphère" olfactive, visuelle, etc.... liées à la mémoire prodigieuse de Georges SIMENON) : j'y ai appris notamment - au travers de ces 4 destins qui se rejoignent (la jeune Gita et le sage Vinoba à qui elle est "confiée" dès ses 12 ans dans une société à la fois très religieuse et xtrêmement patriarchale, mais aussi les "Occidentaux" amoureux de l'Inde et très amoureux l'un de l'autre que sont les Parisiens Tessa et Mike) - une façon de voir sa destinée "presque" entièrement sous influence extérieure puisque "Brahma crée, Vishnou conserve et Shiva détruit"). On repense à cette scène du "Salon de Musique" de S. RAY et du naufrage qui rend le vieil aristocrate mélomane veuf quand les protagonistes s'approchent du théâtre de désolation après le tsunami...

De très beaux passages comme : "Le ciel est lourd, une cohorte de nuages jaunes fend l'espace en une bande horizontale et rompt ce qui d'ordinaire repose lisse et limpide, immuable au-dessus de nous. Comment les étoiles vont-elles se raconter ce soir ? Ce ciel ressemble à mon coeur."... nous montrent suffisamment les fulgurances poétiques constellant ce texte à la belle puissance d'évocation d'un pays aimé, de ses odeurs, de ses lumières...

"[...] Les corps se scellent quand il est dit aux âmes : "L'instant de la reconnaissance est advenu ; vivez et demeurez l'une par l'autre, car la route est longue, et précieux le temps des retrouvailles."

On peut conseiller de faire suivre cette "saine lecture" d'un ouvrage particulièrement attachant par sa très grande authenticité et sa modestie par ... la redécouverte des beaux ouvrages de Rabindranath TAGORE que sont "Le mendiant et autres histoires" (un de ses plus formidables recueils de nouvelles) et deux de ses plus célèbres romans que sont : "La Maison et le Monde" et "Le Naufrage"...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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C'est un livre magnifique, magique, lumineux, qui offre un très beau voyage en Inde et à travers les mémoires et héritages de vie antérieures.
Il est émouvant, bouleversant, il fait énormément réfléchir à des questions comme la loyauté, l'amour, le désir, les schémas dans lesquels on peut parfois se retrouver enfermé... et ce qu'on peut faire de tout cela, pour soi et ceux qu'on aime.
L'amour et le désir y sont racontés avec une douceur, une compréhension et une beauté infinies, et m'ont semblés d'autant plus beaux que ce livre nous apprend à les aimer et les accepter "en eux-même" plutôt qu'à travers le prisme d'une morale judéo-chrétienne enfermante, hélas présente, même en filigrane, dans la plupart des oeuvres littéraires et cinématographiques d'aujourd'hui.

Ce livre parle de mémoires de vies antérieures, et je pense que même si l'on n'y croit pas, on peut quand même y trouver un doux message d'espoir d'une paix possible avec les blessures ou poids d'un héritage familial ou historique... et d'une libération.
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Un jeu de miroir entre le présent et le passé, une superposition des temps dans la continuité des sentiments, la certitude de l'amour : dans un univers où la survivance du passé est possible, entre Inde et Occident, l'histoire d'une femme qui trouve, avec la certitude de la réincarnation, sa propre voie et la délivrance de l'autre.
À lire, pour un voyage poétique de l'âme et du corps.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les yeux de mon père ne me quittent pas [...] Mes yeux sont rivés aux siens. En même temps je me projette près de l'âtre où je vois ma mère préparer les repas. J'ai appris avec le temps à la seconder. Mes frères partent à l'école dans la journée. J'aide ma mère, puis je rejoins les pèlerins venus écouter mon père qui commente les écritures, torse nu, vêtu de son seul cordon blanc de brahmane.
Longtemps, la densité de l'air, la moiteur du fleuve sont restées synonymes de séparation. C'est là que j'ai appris que je devais quitter la douceur du foyer, pour me donner à celui à qui j'étais promise.

[Catherine WALD, "L'Offrande", EdiLivre, 2017 - "Gita raconte", page 16]
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– Tu ne peux rien, personne ne peut rien. Shiva seul fait que cela arrive ou pas... Brahma crée, Vishnu conserve et Shiva détruit. Tu ne peux rien contre ça. C'est la loi.

[Catherine WALD, "L'Offrande", EdiLivre, 2017 – "Tessa raconte", page 53]
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Nous partons d'un pas rapide vers le fleuve, la lampe à laquelle je m'accroche éclaire à peine. La poussière tisse autour de nous un voile de brume jaune et crisse sous nos pas. Vinoba m'enveloppe la tête avec le châle, puis rabat un des coins devant ma bouche.

[Catherine WALD, "L'Offrande", EdiLivre, 2017 - "Gita se souvient", page 49]
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Sous le vieux dôme, les pas des étudiants résonnent, certains pressés d'arriver aux portes de l’amphithéâtre, d'autres nonchalants, sûrs, que quoiqu'il arrive, leur destin les attend et leur réserve la meilleure place. Mike fait partie de ceux qui bénéficient de cette croyance. Alors la vie, dans son immense générosité et intelligence, le leur rend bien. J'adapte mon pas au sien, sans effort. Cela, je l'apprends de lui. Nous sommes avant tout des êtres d'habitude qui nous accordons avec ceux que nous aimons.
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