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Citations sur Les enfants Tanner (57)

Dieu sait ce qu’on exige d’un jeune débutant : l’ardeur au travail, l’honnêteté, la ponctualité, le tact, la sobriété, la modestie, la mesure, et la persévérance, et quoi encore. Mais a-t-on jamais songé à exiger d’un patron une vertu quelconque ?
Chapitre 1, p16
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Je suis né pour être un cadeau, j'ai toujours appartenu à quelqu'un. J'étais malheureux quand il m'arrivait d'errer toute une journée sans avoir trouvé quelqu'un à qui m'offrir.
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Ah, regarder vers l'avenir, c'est tellement mieux que de rêver du passé. On rêve aussi quand on se projette dans l'avenir.Ne serait-il pas plus sage, quand on possède un esprit sensible, de consacrer son énergie et son intelligence aux jours qui se préparent plutôt qu'à ceux qu'on a déjà vécus ? Les temps à venir sont comme nos enfants, qui ont bien plus besoin de notre attention que les morts dont nous fleurissons les tombes avec amour, et peut-être aussi un peu d'exagération.
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incipit :
"Un beau matin, un jeune homme ayant plutôt l'air d'un adolescent entra chez un libraire et demanda qu'on voulût bien le présenter au patron. Ce que l'on fit. Le libraire, un vieil homme très digne, dévisagea avec attention ce garçon qui se tenait devant lui un peu gêné, et l'invita à parler. « Je veux être libraire, dit le jeune homme, c'est une envie que j'ai et je ne vois pas ce qui pourrait m'empêcher de la suivre jusqu'au bout. je me suis toujours imaginé le commerce des livres comme quelque chose de merveilleux, un bonheur, et il n'y a aucune raison pour que j'en sois privé plus longtemps. Regardez, monsieur, comme je suis là devant vous, je me sens une extraordinaire aptitude à vendre des livres dans votre magasin, en vendre autant que vous pourriez souhaiter. Je suis un vendeur-né : affable, vif, poli, rapide, parlant peu, décidant vite, comptant bien, attentif, honnête, mais pas non plus aussi bêtement honnête que j'en ai peut-être l'air. Je sais baisser un prix quand j'ai affaire à un pauvre diable d'étudiant et je sais aussi le faire monter s'il ne s'agit que de rendre service aux riches, dont je vois bien que parfois ils ne savent que faire de leur argent. Je crois malgré mon jeune âge posséder une certaine connaissance des hommes. D'autre part, j'aime les hommes, si différents soient-ils : je ne me servirais donc jamais de ma connaissance des hommes pour avantager l'un plutôt que l'autre, pas plus que mes concessions aux pauvres diables n'iraient jusqu'à nuire à l'intérêt de vos affaires, monsieur. En un mot : sur ma balance de vendeur l'amour des hommes sera en parfait équilibre avec la raison commerciale, laquelle me paraît tout aussi importante et nécessaire à la vie qu'une âme aimante et généreuse. Je saurai trouver le juste milieu, soyez-en dès maintenant convaincu. »
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La dame l'embrassa.
" Non, dit-elle, vous ne sombrerez pas. Ou bien ce serait dommage, dommage pour vous. Vous ne devez plus jamais parler si mal de vous, c'est un crime, c'est un péché. Vous vous mettez trop bas et les autres trop haut. Je saurai vous empêcher d'être dur avec vous-même. Savez-vous ce qui vous manque ? Vous devez prendre un peu de bon temps. Vous devez apprendre à parler tout bas et à répondre aux caresses. Vous allez vous amollir autrement. Je vous montrerai ; tout ce que vous ne savez pas faire, je vous le montrerai. Venez. sortons dans la nuit d'hiver. Dans la forêt qui gronde. J'ai tant de choses à vous dire. Savez-vous que je suis votre pauvre, votre heureuse prisonnière ? Plus un lot, plus un mot. Venez -- " [*]

[Robert WALSER, "Geschwister Tanner", 1907 ("Les enfants Tanner"), traduit de l'allemand par Jean Launay (1985) pour le compte des éditions Gallimard - édition de poche "folio", pages 399-400]

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[*] NDL : Relisant la fin si "ouverte" de cette oeuvre, le souvenir resurgit, de cette carte postale de 1906 retrouvée par son ami Max Brod dans les papiers de Franz Kafka (par ailleurs, fervent lecteur des "petits papiers" journalistiques de Robert Walser) :

" C'est une forêt et dans cette forêt on peut être heureux. Alors viens ! "

(écriture inconnue et signature illisible)

Etroites, étranges parentés d'âmes...
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La paresse, oui, ce n'est rien d'autre que l'arrogance , la prétention d'en savoir plus, l'illusion de savoir mieux. Quand on sait combien peu on sait, on a peut-être encore une chance de s'en sortir.
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C'est une chance d'être sorti de l'enfance, car elle n'est pas seulement faite de beauté de grâce et de légèreté, elle est souvent plus lourde à porter que la vieillesse, plus pleine de soucis.Avec les années, on vit plus doucement.Celui qui a eu une jeunesse agitée, n'a guère envie plus tard de s'agiter encore.
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《 Jeune homme, vous êtes beaucoup trop violent, dit le directeur, vous enterrez votre avenir!》
《 Je ne veux pas d'avenir, je veux du présent. Cela me paraît valoir plus.On n'a d'avenir que quand on n'a pas de présent, et quand on a un présent, on oublie complètement même de penser à l'avenir.
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Il avait donc pris de l'âge, et comme il n'était pas dépourvu, tant s'en fallait,, de sensibilité et d'imagination, il se faisait souvent le grave reproche de manquer au devoir d'être un peu heureux de temps en temps.
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« Et puis faire une carrière ne m’intéresse nullement. Ce qui compte le plus pour d’autres est pour moi ce qui compte le moins. Aucune estime pour cela. J’aime la vie, mais pas pour y faire carrière, bien que ce soit une chose formidable, à ce qu’il paraît. Qu’est ce qu’il y a de si formidable là-dedans ? Des dos voûtés avant l’âge à force de rester debout devant un pupitre trop bas, des mains ridées, des visages blêmes, des pantalons en tire-bouchon, des jambes tremblantes, de gros ventres, des estomacs ravagés, des crânes dégarnis, des yeux mauvais, agressifs, racornis, vitreux, éteints, des fronts dévastés et le sentiment avec tout cela d’avoir été un irréprochable crétin. Merci bien. Je préfère rester pauvre et avoir la santé ; plutôt qu’un logement de fonctionnaire, je préfère une chambre pas chère, même si elle donne sur une ruelle sombre, j’aime mieux les ennuis d’argent que l’ennui de me demander où je pourrais bien aller passer l’été pour rétablir ma santé ébranlée ; il est vrai qu’il n’y a qu’une personne au monde qui m’estime, à savoir moi-même, mais c’est précisément l’estime qui me tient le plus à cœur, je suis libre et chaque fois que la nécessité m’y oblige, je peux vendre ma liberté quelques temps et redevenir libre ensuite. Cela vaut la peine d’être pauvre, rester libre... » (page 263)
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