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Difficile de critiquer un témoignage. Encore plus quand c'est celui d'une jeune Rwandaise qui a dû fuir son pays à l'âge de six ans, au début du génocide. Encore plus quand on sait que, dans cet exil, elle n'était accompagnée que de sa soeur aînée (15 ans), et qu'elles ont dû se déplacer à travers sept pays d'Afrique pendant six ans, de camps de réfugiés en bidonvilles, avant d'avoir l'opportunité d'émigrer aux Etats-Unis. Qui suis-je pour oser juger ce texte?
Clemantine est donc cette survivante, qui nous raconte l'indicible de ces années d'errance, en alternance avec le récit de son adaptation compliquée à sa nouvelle vie américaine. Avec pudeur et sobriété, elle évoque les violences auxquelles elle a assisté, la vie dans les campements, la débrouille, le délabrement moral complet des réfugiés, l'insécurité, surtout pour les femmes/filles isolées, la terreur que sa soeur l'abandonne. Evidemment, à l'époque, à cet âge, les enjeux politiques la dépassent, et la petite fille comprend seulement qu'il faut survivre, s'adapter, et qu'à peine on a pris ses marques dans un endroit, il faut repartir vers un autre qu'on espère moins pire. Elle explique ensuite ses difficultés à appréhender ce rêve américain qui lui tend les bras : tandis que sa soeur s'installe dans un petit appartement avec ses enfants, vivote en faisant des ménages et s'intègre à la communauté africaine locale, Clemantine, encore mineure, est accueillie dans une famille aisée qui met tout en oeuvre pour qu'elle puisse se reconstruire, et qui la mènera jusqu'à l'université de Yale. Mais la jeune fille, brillante, reste hantée par la peur, toujours aux aguets, repérant les issues de secours, et surtout, elle porte en elle une colère qu'elle gère mal. Désemparée parce que personne ne peut même imaginer ce qu'elle a traversé, et parce qu'elle n'arrive pas à en parler avec sa soeur qui refuse la discussion, elle enrage de ne pas arriver à s'exprimer, et croit que si les autres l'aident, c'est uniquement pour se donner bonne conscience. J'espère pour elle que l'écriture de ce livre lui aura été un exutoire...
Difficile, donc, de critiquer ce récit. Sur le fond, même si on ne comprend pas forcément toutes les actions/réactions de Clemantine, on ne peut que se dire qu'il est juste impossible de s'identifier à elle. Sur la forme, le texte est captivant, bouleversant, touchant, dans sa partie « africaine ». J'ai trouvé l'autre partie un peu trop répétitive, académique et cérébrale. Drôle de contraste qui illustre bien la volonté de Clemantine de s'adapter, d'être celle qu'on attend qu'elle soit, la petite réfugiée résiliente, prototype de la réalisation du rêve américain. J'ai aussi trouvé un peu étrange le décalage entre la colère de Clemantine (« personne ne peut me comprendre ») qui suinte tout au long du récit, et les six (!) pages de remerciements en fin d'ouvrage. Quelque chose m'échappe et me laisse avec un léger sentiment de malaise. Voire - sans que j'en comprenne précisément la raison - de culpabilité.

En partenariat avec les éditions Les Escales, via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Comment critiquer un tel livre , témoignage poignant , puissant et courageux , récit autobiographique qui examine les questions de l'identité , de l'appartenance, des profondes cicatrices laissées par de tels traumatismes ?
Qui sommes - nous pour juger et critiquer ? .

J'ai lu beaucoup de livres à propos des massacres au Rwanda, et même rencontré un écrivain Rwandais lors d'une conférence à ma médiathèque…

Clemantine est une survivante qui avait 6 ans en 1994 , au pays des MILLE COLLINES lorsqu'elle doit fuir les massacres avec sa grande soeur Claire qui a 9 ans de plus qu'elle…
Elle nous conte en alternant les chapitres la fuite à travers l'Afrique ——, entre présent et passé——- les déplacements de camps de réfugiés en camps de réfugiés où elles devront affronter lors de ce périple épuisant, la misère, la faim, la soif , la cruauté indicible et leur vie aux États - Unis où elles tenteront de se reconstruire . ….
À Chicago, Clemantine est recueillie pr un couple aisé … une adaptation compliquée à sa nouvelle vie américaine .
Ce récit autobiographique met en avant , aussi grâce à son écriture, l'ingéniosité et la spontanéité de ces deux filles de 6 et 15 ans , leur attachement viscéral , la complicité fusionnelle qui leur permet à tout moment de leur assurer la capacité instinctive de se retrouver.

Le lecteur ressent la cruauté , l'indicible , l'effroi , les horreurs des massacres des Hutus sur les Tustis l'incompréhension d'un tel conflit . …..
Mais j'ai été gênée par les six pages de remerciements à la fin …..
Cela m'a mise mal à l'aise….
Ce récit dramatique et bouleversant , émouvant , sincère , est à lire et à partager pour tous ceux qui n'ont pas encore lu de tels témoignages, actuels et nécessaires .
«  Il était une fois, il n'y a pas très longtemps , un pays plein de collines , pas très loin d'ici , où vivaient deux filles.
Elles se sont sauvées , elles ont marché elles sont montées dans des cars, elles ont embarqué dans des bateaux où elles ont failli se noyer , elles ont erré pendant sept ans jusqu'à ce que la fille aînée ne soit plus une enfant et la cadette non plus » …..
«  Elle essayait de maintenir ses souvenirs en ordre , consignés dans le temps, afin d'en donner un récit vrai et entier.
«  Mais aucune fin ne lui paraissait juste, car L'HISTOIRE la rendait ARDUE » ….
Un témoignage , une histoire , un récit , un tel livre peu aisé à critiquer.
Comment se reconstruire , donner un sens à son histoire après avoir vécu l'enfer ? .
«  Vouliez - vous me voir brisée ?
Tête basse et yeux baissés ?, [‘—- ]
Vous pouvez me tuer avec votre haine ,
Et pourtant , comme l'air , je m'élèverai .
MAYA ANGELOU .
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Quel rude parcours pour une enfant si jeune. Et "rude" est bien faible… il faut y ajouter "épuisant", "horrible", "épouvantable", "effrayant", "interminable".

À seulement 6 ans, être séparée de ses parents et fuir son pays (le Rwanda) avec comme seule protection sa grande soeur adolescente. Six ans d'errance de camps de réfugiés en abris miséreux, du Rwanda jusqu'en Afrique du Sud avec des retours en arrière… avec des morts sur le bord des routes, avec la faim, avec la crainte de tout et de tout le monde.

"Le mot "génocide" ne permet pas d'appréhender les expériences individuelles - celle, authentique, de chacun de millions d'être humains qu'il prétend décrire. Celle de l'enfant qui fait le mort dans la mare de sang de son père. Celle d'une mère à genoux qui pleure à jamais de chagrin.
[...]
On ne peut pas témoigner avec un seul mot." P 110 - 111

Clémantine et sa soeur Claire ont beaucoup endossé et s'adapter au États Unis ne sera pas simple.

"Au milieu de la première nuit passée chez les Beasley, lorsque je me suis réveillée pour aller aux toilettes, j'ai grimpé les escaliers et ouvert le réfrigérateur. Je n'en avais jamais vu d'aussi énorme, sauf dans des magazines ou à la télévision. J'étais stupéfiée et impressionnée. je n'ai pas pu m'empêcher de penser à nos voisins, dans notre bidonville en Zambie. À ma place, ils auraient été effarés. Comment pouvait-il exister quelque part un tel excès de nourriture tandis qu'ailleurs, à quelques heures d'avion, des gens mouraient de faim ? À cause de la malnutrition, les bras de Freddy étaient rachitique et son ventre énorme et gonflé. Ici, maintenant, mon neveu allait manger à sa faim et serait soigné. Mais il y a tellement de Freddy dans le monde." p 53

Comment ne pas être inadaptée, écoeurée et révoltée dans ce nouveau pays qui a bien trop quand d'autres n'ont rien. Clemantine passera par tous ces stades, avec un fort sentiment d'impossible compréhension de ceux qui n'ont pas vécu ces horreurs.
En finalité, tout ce vécu lui a laissé une détermination qui la mènera vers de brillantes études.

Un livre fort… aussi fort que certains livres témoignages en des temps déshumanisés.
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"La Fille au ­sourire de perles" n'est pas le récit de vacances polynésiennes. Ces perles sont amères, et ce titre évoque bien un génocide. Livre témoignage capital, d'une puissance prodigieuse, sur un théâtre qui hante notre mémoire.

Le récit de Clémentine Wamariya est une immersion dans les abîmes de la condition humaine. le génocide des tutsis au Rwanda. Il y a un moment où la dernière limite est franchie, la seconde suivante c'est la chute vertigineuse où tout ce que vous saviez de la vie s'efface. A ce point de non retour, s'il vous reste encore quelques miettes de cet instinct de survie, vous vivrez, sinon c'est la mort.


Ce livre est fabuleux de lucidité, de spontanéité, il met en lumière l'ingéniosité, de 2 filles de 6 et 15 ans, l'attachement viscéral qui les unit, la complicité indéfectible qui à tous moments, par ruse et par flair assurent leur capacités instinctives de se retrouver. Après la disparition des parents devenus introuvables, une autre logique s'imposait.


Plus qu'un manuel de survie, c'est un manuel pour espèces menacées. Elles développent une pratique de l'hygiène, et observent des rites précis pour les pieds et les mains. Extraire des larves sous la peau, conserver des vêtements propres passent avant le reste. le reste ? La confiance zéro, la méfiance maximum, l'anticipation menée comme par des agents secrets.


Traverser autant de pays, c'est possible si vous avez de l'argent. Leur petite entreprise est l'observation du prix de quelques denrées. Acheter et revendre, puis faire disparaître la différence sur soi, toujours sur soi.
Au fil des pages on jubile de voir la débrouillardise gagner en intensité, et se convertir en déplacements obstinés vers le sud, toujours l'Afrique du sud.


Après 4 à 5 années passées à mener cette évasion, méticuleuse, je suis absolument certain que vos capacités intellectuelles seront au beau fixe. Les portes de Yale, oui les portes de la meilleure université est possible, l'intelligence exécutive harcelée est le meilleur carburant pour l'esprit.
Combien a t-elle appris de langues 6 ou 7 , indispensables pour sa survie, mais quel atout dans ce monde si diversifié.

Incroyable, impensable, avec en prime un zeste de réussite de ses neveux et nièces.

Vivre avec ses souvenirs, apprendre à faire confiance, montrer qu'on ne dédaigne pas l'aide des autres, découvrir le plaisir de recevoir, est le chemin douloureux que nos deux héroïnes vont devoir inventer.
Devenir autonome à 6 ans, c'est une réalité qui existe, s'obstiner à grimper dans cet environnement rude à majorité blanche est une autre paire de manche.

Merci Oprah Winfrey et merci à Clemantine Wamariya et à votre soeur Claire, pour ce voyage hallucinant, raconté sans excès de noirceur, en livrant un vibrant hommage à votre communauté brisée.
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L'émergence de tous ses souvenirs refoulés, Clémantine est une enfant comme les autres, elle vit à Kigali au Rwanda, son surnom est Casette car elle répète tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle entend. Elle a six ans, mais l'âge n'a désormais plus aucun sens. Elle vient de s'enfuir par la porte de derrière pour échapper au génocide. La sauvagerie des massacres et l'usage du viol et de la contamination du sida comme armes de guerre.

« C'était la première fois que je la voyais verser une larme. Ça ne se faisait pas chez les adultes rwandais. Quant aux enfants, ils y étaient autorisés tant qu'ils ne savaient pas parler. Ensuite, ils ne pleuraient plus. Si, après ça, quelqu'un ne pouvait pas s'en empêcher, il devait le faire en chantant, comme un oiseau mélancolique. »

Choléra, dysenterie, mouches et insectes qui pullulent. Les caniveaux répugnants, les décharges d'ordures en plein air. Les enfants en haillons et sans chaussures, le regard vide. Les filles qui se prostituent ouvertement. Six ans passés dans des camps de réfugiés, être loin de chez soi, quelqu'un qui n'a plus de foyer. Elle n'est plus qu'un numéro, un simple numéro, si elle meurt personne ne sera au courant. Elle a perdu son identité. Avec sa soeur, elle va vivre dans sept pays africains différents un parcours déchirant et dramatique avant d'arriver aux États-Unis. le choc de l'abondance après les privations.

« Comment pouvait-il exister quelque part un tel excès de nourriture tandis qu'ailleurs, à quelques heures d'avion, des gens mouraient de faim ? »

Un livre témoignage poignant et émouvant, si bien entendu j'ai été touché par la description de cette errance pour échapper à la barbarie, ce qui m'a le plus intéressé dans ce récit c'est sa lutte pour se reconstruire, recommencer à zéro. Avec une écriture simple sans fioriture, Clemantine Wamariya nous parle de la difficulté de témoigner avec des mots, regrouper les atrocités vécues. L'impossibilité d'oublier que des membres de sa famille ont été massacrés par d'autres membres de sa famille. Ne plus penser au passé, poursuivre sa vie. Ne pas exposer ses blessures aux autres. Ne pas afficher son chagrin, le garder au fond de soi, l'enfouir. L'auteur aborde aussi la responsabilité des colonisateurs, ici les Belges, dans la haine entre Tutsis et Hutus.

Alternant passé et présent ce livre fait partie selon moi des textes forts au même titre que les témoignages sur les atrocités des nazis dans les camps, d'ailleurs la jeune Clemantine Wamariya a été troublée par la lecture de "La nuit" le récit des souvenirs qu'Élie Wiesel conserve de la séparation d'avec sa mère et sa petite soeur qu'il ne reverra plus jamais et du camp où avec son père il partage la faim, le froid, les coups, les tortures… et la honte de perdre sa dignité d'homme quand il ne répondra pas à son père mourant.

« Nous avons besoin de dire : j'honore ce que tu respectes et j'accorde de l'importance à ce que tu chéris. Je ne suis pas meilleur que toi. Tu n'es pas meilleur que moi. Personne ne vaut plus qu'un autre. »

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Les massacres font rage au Rwanda. Pour protéger Clemantine et sa soeur, leurs parents les font partir chez leurs grands-parents. Mais là aussi, il faut fuir.


Clemantine a six ans, sa soeur, Claire, en a quinze. Pendant six ans, elles vont aller de camps de réfugiés en camps de réfugiés, avant d'être accueillies aux Etats-Unis.


La fille au sourire de perles est le témoignage de Clemantine. Elle raconte les camps où il s'agit de survivre et non pas de vivre, mais aussi la difficile adaptation aux Etats-Unis. Comment se construire lorsque l'on a vécu l'horreur ?


Comme elle le fait dans sa vie d'adulte, Clemantine essaie de nous tenir à distance. Elle raconte la misère, la faim, la soif, la perte de dignité, la crainte pour sa vie, mais ne veut pas être vue comme une victime. Pourtant, l'enfer qu'elle a vécu ne peut qu'émouvoir et révolter. La description de la vie dans les camps m'a horrifiée. Tous ces hommes, femmes et enfants, obligés de fuir leur pays et qui vivent dans des conditions inhumaines m'ont bouleversée.


J'ai été profondément touchée par la responsabilité sur les épaules De Claire. Leurs vies dépendaient de sa débrouillardise, alors qu'elle était très jeune.


Dans les chapitres se déroulant aux Etats-Unis, Clemantine décrit les difficultés d'adaptation qu'elle a ressenties. Elle n'a pas eu d'enfance, elle n'a pas de repères. Elle ressent que les autres ne peuvent pas comprendre et elle a raison, on ne peut pas se mettre à sa place quand on n'a pas vécu un tel traumatisme. Ce livre montre qu'il est impossible d'imaginer les souffrances qu'elle a endurées, il montre les limites de l'esprit face à de telles souffrances. Elle a raison quand elle dit qu'on ne peut pas s'identifier à elle. Mais on comprend bien les barrières qu'elle a érigées entre elle et les autres.


Un livre va accompagner sa reconstruction. Il s'agit de la nuit d'Elie Wiesel. Elle s'est reconnue dans cet homme, qui est, lui aussi, un survivant. Elle m'a donné envie de lire cet ouvrage.

...
Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Témoignage d'une femme qui a vécu les horreurs des massacres des Hutu sur les Tutsi au Rwanda en 1994 alors qu'elle n'était qu'une enfant.
On suit donc à travers ses yeux d'enfants sa vie quotidienne d'avant puis la fuite, la peur, les camps de réfugiés, etc

Comme on peut s'y attendre, les événements narrés sont atroces de cruauté.
La qualité littéraire n'a vraiment rien de spécial.

Malheureusement, je pense avoir été bien trop éblouie par le Petit Pays de Gaël Faye pour apprécier ce récit à sa juste valeur. Beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, mais le Goncourt lycéen a démontré qu'en variant les registres on peut tout à fait faire ressentir au lecteur toute l'horreur et l'effroi d'un conflit sans pour autant chercher à être exhaustif dans le déroulement chronologique des actions et avec une recherche d'exhaustivité quasi journalistique des évènements. C'est là que réside, à mon sens, l'une des grandes forces de la littérature. Et c'est ce que je recherche et que je n'ai pas trouvé dans cette lecture.


Challenge Globe-trotteurs 2019
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Récit autobiographique, témoignage poignant d'une femme qui fuit le génocide au Rwanda , alors petite fille de milieu assez aisé accompagnée seulement de sa soeur aînée.
Le livre alterne les chapitres sur la fuite à travers l'Afrique, éprouvante et  longue (6ans), et sur la vie aux Etats-Unis, où elles essaient de se reconstruire. Cela permet d'appréhender avec un certain optimisme la vie de ces deux soeurs qui ont bien du mal à trouver leur place et à se construire une vie, malgré de belles réussites pour la narratrice.
Les chapitres sur les Etats-Unis sont plus répétitifs mais l'ensemble reste un témoignage fort sur le sort de ces déracinés qui tentèrent de trouver un monde meilleur à l'autre bout du monde. La narratrice est consciente de l'opportunité et la chance qui lui furent offertes, et des difficultés qui restent à affronter quand on doit construire sa vie loin des siens et de ses racines.

Un témoignage à lire.

Merci aux Editions Les Escales et à NetGalley pour la découverte de ce récit.

#LaFilleAuSourireDePerles #NetGalleyFrance
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"Je ne comprenais pas son utilité. Aujourd'hui, je le déteste, je le honnis. C'est un mot net et efficace qui ne contient pas une once d'émotion. Il est impersonnel quand il devrait être profond ; froid et stérile quand il devrait être atroce. Ce mot est vide, il est factuel mais déloyal, il n'est qu'un artifice, le pire des mensonges.
Le mot « génocide » ne peut pas rendre justice à ce qu'il décrit – ce n'est pas son but."

1994. Rwanda. Clemantine a six ans quand elle doit fuir le foyer familial avec Claire sa soeur de quinze ans. Fuir le génocide. Tout quitter pour survivre. Sans savoir où aller. Pendant six ans, elles vont traverser sept pays d'Afrique. de camps de réfugiés en voyages dangereux, de rencontres en massacres. Un exil forcé qui les conduira aux Etats-Unis. le début d'une nouvelle vie loin de leur famille, loin de leurs racines. Clemantine sera recueillie par une famille américaine qui lui donnera accès à une bonne école, puis à la prestigieuse Yale. Claire se retrouvera mère célibataire de trois enfants.

"Il existe une expression en swahili, vita ni mwizi : « la guerre est une voleuse ». La destruction de notre environnement était sans limites. Au milieu d'habitants en état de choc, des cadavres jonchaient les rues. Des bombes explosaient partout. Les enfants étaient affamés. Toutes mes peurs étaient devenues réalité."

La fille au sourire de perles, c'est comme un conte. Mais pas un conte de fées. Un conte où le monstre à fuir est la guerre et ses horreurs. Un conte où la cruauté, la violence et la misère guetteront Clemantine et Claire à chaque étape de leur exil. Plus j'avançais dans ma lecture plus j'avais justement en tête cette image du conte, et à la fin du récit, Clemantine Wamariya évoque La fille au sourire de perles, un conte que lui racontait sa mère quand elle était petite. Je n'en dis pas plus, si vous souhaitez lire ce livre.

Dans ce livre, Clemantine Wamariya nous livre le récit de sa vie. Son témoignage du génocide rwandais. Souvenirs enfouis, et refoulés pour certains. Elle nous raconte sa fuite. L'exil. le déracinement. La misère. La faim. La soif. La survie. Mais aussi la quête d'elle-même, de son identité et la reconstruction entamée lors de son arrivée aux Etats-Unis. Comment se relever quand on a connu l'horreur ? Une nouvelle épreuve à surmonter.

"J'avais l'impression d'avoir été arrachée du sol. Je n'étais pas prête à être déracinée, je me sentais déjà morte et enterrée."

La construction du récit est très intéressante pour appréhender la profondeur et la puissance des propos de Clemantine Wamariya. En effet, elle a choisi d'alterner le récit de sa fuite du Rwanda avec celui de sa vie aux Etats-Unis. Chacun de ses deux récits, est entrecoupé de l'autre, mais cela reste chronologique. Cela permet des pauses dans l'horreur, et de comprendre la personne qu'elle devient. Progressivement.

"Mon passé s'est effacé, il est devenu flou, confus et déformé. Je ne parvenais plus à distinguer le vrai du faux. Tout, même le présent, me paraissait contenir à la fois trop de choses et rien du tout. le temps, de nouveau, refusait d'avancer de manière chronologique ; les pages du livre de ma vie étaient éparpillées, sans lien."

Le style de Clemantine Wamariya est pudique, mais les mots sont forts. Elle crie sa colère mais sans pour autant servir un récit larmoyant. Elle analyse sa personne, son être, ses réactions dans certaines situations. Ses blessures physiques, mais aussi les blessures de son âme. Déchirures profondes. Et le regard des autres. Ces autres qui voient en premier la victime de la guerre, et pas la femme qu'elle est

"La vie, la dignité, semblables à un édifice dont les briques s'effondraient, continuaient leur chemin vers l'anéantissement. Ce que nous traversions était à la fois si illogique et si quotidien que nous n'essayions même plus de relier les destructions en chaîne à une origine précise. On souffrait. On se sentait menacés. Quelqu'un nous infligeait une blessure."

Toutefois, avec sa manière de relater les faits, de parler d'elle-même, et par le choix des mots qu'elle emploie, Clemantine Wamariya maintient une certaine distance avec le lecteur. Sûrement sa façon de gérer son traumatisme et de se protéger en apposant un filtre sur certains passages. Pour atténuer l'horreur. Ou peut-être par pudeur, ou parce qu'elle a oublié consciemment. ou pas. Elle n'avait que six ans en 1994. Au lecteur de lire entre les lignes…

"Je n'ai jamais été inatteignable. Souvent, l'histoire de ma vie me semble fragmentée, à l'image de perles sans cordon. Lorsque je fais appel à mes souvenirs, ils me paraissent chaque fois légèrement différents, et j'ai peur de me sentir définitivement perdue."

La fille au sourire de perles est un texte extrêmement fort et puissant. Qui crie l'horreur des massacres au Rwanda et ailleurs en Afrique, mais qui s'attache aussi à la reconstruction. A la vie après, et à l'espoir.

Un témoignage bouleversant, terriblement poignant.

"Je Lui ai promis que si nous nous en sortions, je serais la meilleure enfant du monde, et la meilleure des soeurs. J'allais devenir tellement gentille et aimable et généreuse… mais je ne voulais pas mourir dans l'eau. Car on ne peut y laisser aucune trace."
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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Comme d habitude un livre qui m attendait depuis sa parution que je viens de lire
Pourquoi avoir eu attendu longtemps
Ce livre nous raconte l histoire de deux soeurs dans l environnement de l immigration
Nous suivons le périple de ses deux gamines en alternance dans le temps période d aujourd hui à leur période ou elles ont quitté l Afrique
Un roman plein d émotion et de sensibilité
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