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Citations sur Le plus court chemin (95)

Toute ma relation avec lui tient dans ce bruit, qui est distance : amour et manque.
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Je compris que si je voulais échapper à une mise à mort par l'ennui, il ne me suffisait pas de regarder par la fenêtre, non, je devais travailler activement à ce flux de paroles qui me projetaient ailleurs, dans ces steppes que je retrouverai plus tard, avec l'écriture. C'est ainsi que ma langue se mit à pousser comme une graminée dans ma bouche, un haricot magique qui me parlait des carrières de granit, de chaux brûlante et de grands champs de silence. Sans pouvoir l'exprimer encore, je compris que la parole et l'écriture étaient directement abouchées au silence.
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Je ne sais pas s'ils ont été heureux. Je veux croire que oui, à leur manière. Mais il m'est difficile de ne pas penser à eux sans penser en même temps à ce que cette vie devait représenter comme ennui. Une masse colossale d'ennui. De temps qui ne passe pas. De vie réduite à sa plus basse intensité . Une vie de travail, d'effacement. « Peuple froid, indifférent, pas haineux, écrit le curé Lardo quand il débarque chez nous en avril 1941. Intelligence en dessous de la moyenne. Des carriers, des hommes de chemin de fer. »
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Nous ne sommes pas nés heureux, nous avons appris à l’être.
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« À l’époque, je ne doutais pas de ma capacité à pouvoir me survivre ; vivre durerait toujours. À présent, je vis avec l’idée que chaque seconde est la dernière. Je me vois stoppé en plein élan, au milieu même de ce paragraphe. Et voilà pourquoi je ne l’écris pas, ce livre des années magiques, je le sprinte. Parce que je ne fais pas à l’idée de mourir, parce que je ne me fais pas à celle de ne plus sentir ce bout de crayon s’user entre mes doigts, et que je refuse de ne plus connaître ce bonheur de bondit comme je le fais maintenant. Nulle part et partout à la fois. »
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Je sais qu'écrire, c'est se traverser de part en part en acceptant tout ce que l'on croisera, tout ce que l'on touchera du doigt et que l'on entendra. Même ce qu'il y a de plus terrible. Car cela, il faudra parvenir à l'aimer.
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Fixer l’éternité contenue dans le regard d’une vache, son innocence blessée. Entendre le tracteur John Deere qui s’enfonce dans le bois du Fays. Parler avec la voix d’un enfant qui ne reviendra plus, la parole perdue. Fixer les cornes en croissant de lune des bêtes que Karine, l’épouse de Jacques, rentre aux étables, leurs mamelles déformées par les centaines de milliers d’heures de traite, leur rumination triste, lente, cette façon de mâcher constamment le même morceau de temps, exactement comme moi qui écris ces lignes.
(p.14)
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Si celui qui écrit doit avoir une qualité, ce n'est pas de se changer en fille s'il est un garçon, ni de devenir vieillard, feuille de marronnier, bras de fleuve, bouse de vache ou poisson de mer, mais celle de se souvenir des voix qu'il porte en lui, et qu'il lui faut entendre puis faire parler. C'est une schizophrénie. Mais une schizophrénie de pleine santé.
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J'écris ce livre sans réfléchir, comme quelqu'un qui ferait un puzzle sans savoir combien de pièces il compte, ni ce qu'il soit former. Je n'ai pas de modèle.
Pas dimage pré imprimée où poser mes pièces. Je me promène dans le passé comme un marcheur solitaire.
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L'année de mon entrée à l'école primaire, moi aussi je partis mourir. Madame K. immédiatement me terrorisa. Ses gros mollets surtout. Et sa voix. Elle hurlait comme une possédée. On l'appelait Cheval. Dans nos cauchemars, elle tombait sur nous et nous piétinait, étouffait nos rires et nous rendait lourds comme du plomb. Le reste du temps, elle hurlait dans la classe où on restait assis, prêts à recevoir les mots comme on reçoit la communion, avec une boule au ventre et le soulagement, immense, quand c'est fini.
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