AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782378561772
256 pages
Verdier (24/08/2023)
3.88/5   184 notes
Résumé :
Ce livre est né d'une question: que se passe-t-il lorsqu'un auteur, qui a beaucoup écrit sur l'enfance, remonte le fil d'argent de sa propre enfance ?

"Le plus court chemin" est un hommage aux proches et la tentative de revoir, par les mots, le vaste monde d'avant les mots: les êtres, les lieux, les valeurs et les sensations propres à une époque sur le point de disparaître.

Antoine Wauters dit l'amour et le manque. Parce qu'écrire, c'e... >Voir plus
Que lire après Le plus court cheminVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 184 notes
5
26 avis
4
19 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Rentrée littéraire 2023.

Avec le plus court chemin, véritable ode à l'écriture, Antoine Wauters, ne plonge pas dans la vie d'un vieil homme pour relater l'histoire de la Syrie dans les soixante dernières années, comme il l'avait fait dans le magnifique Mahmoud ou la montée des eaux mais dans sa propre vie intérieure, en nous relatant des fragments de son enfance.
Une démarche en fait, quasiment similaire comme il le dit lui-même.
Il nous raconte son enfance, du début à la fin des années quatre-vingts, dans un petit village des Ardennes belges, jusqu'à la chute du Mur qui fut pour lui une onde de choc, une fracture.
Comme des bulles qui remonteraient dans son esprit, Antoine Wauters en se promenant dans le passé, nous livre de courtes séquences où il note ce qui lui revient, un mélange de mémoire et d'oubli.
Il évoque cette enfance auprès de ceux qui l'ont tendrement aimé, dans ce coin de campagne wallonne presque coupé de tout.
Pour faire revivre ce quotidien, il parle des arbres, de la nature immense, il nomme les lieux, raconte son père banquier, sa mère enseignante, son frère Charles et plus tard sa soeur Lorraine, Nénène et Papou ses grands-parents, Parrain Jacques et ses oncles flamands, autant de personnes qui, chacune à leur manière ont eu une importance dans sa vie, une influence dans ce qu'il est, l'ont nourri physiquement et intellectuellement.
Le début des années quatre-vingt-dix sera pour lui l'endroit de la cassure et jouer ne sera désormais plus pareil.
Il confie qu'il n'a pas toujours aimé ces lieux et qu'il en est même parti, mais s'aperçoit que les voix des gens du coin ne l'ont jamais quitté, qu'elles sont toujours là et qu'il les écrit...
L'écriture est pour Antoine Wautersle plus court chemin pour rapporter ces fragments d'enfance qui ne sont plus visibles mais tellement importants.
Ce roman qui s'apparente à une autobiographie est un récit très personnel qui engendre d'immenses émotions. Pourtant, il peut être considéré comme universel, tant le fait que pour chacun d'entre nous, nos vies sont nourries par la voix de nos ancêtres, notre passé.
En contant cette époque, l'auteur nous fait revisiter une époque sur le point de disparaître, le virtuel devenant plus réel que tout : « Un espace de douceur et de cruauté, avant les ordinateurs, avant le règne du porno et des jeux vidéo immersifs, avant que tout se mette à trembler et à aller très vite. Avant que les gens tombent amoureux d'eux-mêmes, abîmés dans leurs téléphones. »
Le plus court chemin m'a fait rêver, rappelé de nombreux souvenirs d'enfance oubliés, m'a évidemment rendue nostalgique de ces temps où comme le dit si bien l'auteur, la vie était placée sous le signe de ce bienheureux ennui...
Tendresse, mélancolie, sensibilité, délicatesse et poésie traversent ce récit intime et universel.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          862
Antoine Wauters, auteur que je découvre avec plaisir, nous propose une chronique emplie de nostalgie sur l'enfance avec ses frayeurs, ses rêves et ses regrets. Il y est aussi question de l'écriture, de son exigence et de cette solitude dans l'anonymat. Il y est aussi question de lecture, passage indispensable avant l'acte d'écrire.
« Je crois que quand on vit ça jour après jour pendant longtemps, cette jouissance douloureuse de n'être personne, que quand on vit ça assez longtemps, je crois que oui, on peut écrire. »

Ce livre se feuillette comme un album de famille. A travers les évocations des parents, des grands-parents Nénène et Papou, et des oncles, et, plus proche de lui, son jumeau Charles et c'est un peu comme si on retrouvait certains membres de notre propre famille. Nos souvenirs d'enfance font écho à ceux de l'auteur. Il raconte l'insouciance des jeux.
« Quand il n'y a pas école, j'embrasse prestement mes parents, j'enfile mes vieux habits et je vais jouer. C'est une phrase magique. Tu fais quoi aujourd'hui ? Je vais jouer. »
C'est une enfance simple et ordinaire qui se déroule dans les Ardennes belges, là où on est Wallon, différent des flamands qu'on méprise un peu, il faut le dire. On ne va jamais très loin la vie s'écoule dans ce même lieu, pourtant elle est heureuse
« Aussi loin que je me souvienne, pourtant, mon enfance est un sprint heureux. »
C'est aussi un magnifique portrait de famille et Antoine Wauters pose un regard lucide et tendre sur sa famille. A commencer par la mère qui veille au bien-être de ses enfants tandis que le père, déprimé par la perte de son travail, est plus pudique dans ses sentiments.
Il y a cette phrase que je trouve magnifique « Nous ne sommes pas nés heureux, nous avons appris à l'être » car oui, le bonheur, ça ne tombe pas tout cuit dans la bouche, encore faut-il s'exercer à être heureux pour le devenir.,
En regardant grandir cet enfant à la fois inquiet, coléreux et curieux de tout, on découvre l'écrivain qu'il deviendra car, très vite, l'écriture est là comme une évidence, l'écriture qui autorise une certaine solitude, ce qui convient bien à l'enfant devenu l'adulte qui se pose en marge du monde.
« Je sais qu'écrire, c'est se traverser de part en part en acceptant tout ce que l'on croisera, tout ce que l'on touchera du doigt et que l'on entendra. Même ce qu'il y a de plus terrible. »

« le plus court chemin », c'est une écriture qui va à l'essentiel, une poésie du quotidien, le tout condensé en paragraphes brefs, ce qui rend la lecture facile et fluide. Mais ne vous y trompez pas, malgré la brièveté des chapitres, le sujet est profond et universel, c'est pour cela qu'il nous touche autant.

Commenter  J’apprécie          732
Quand une personnalité introvertie, presque autistique, débouche sur l'écriture…

Antoine Wauters, dans ce roman qui n'en est pas un, nous dessine à coups de chapitres d'une page ou moins son enfance dans les Ardennes belges, avec ses parents, son frère et sa soeur, ses oncles et tantes, ses grands-parents. Nous sommes dans les années 80 et les gsm, les jeux vidéo n'ont pas encore contaminé le monde, l'innocence et la nature.
J'ai aimé cette évocation pleine de nostalgie.

Il y mêle le rapport à l'écriture, il y décrit le processus qui l'a transformé en écrivain. Transformé ? Non, à vrai dire. Car dès l'enfance, tout est là. Les mots se bousculent dans sa tête, et ils vont sortir à gros bouillons un peu plus tard.
Disons que cette réflexion sur l'acte d'écrire m'a quelque peu ennuyée.

Et puis il parle de son présent d'écrivain, replié dans la petite maison d'Ardenne, au point de ressentir un malaise à l'idée de « vendre » ses livres.
L'enfant mutique s'est révélé un adulte économe de mots.
Le plus court chemin vers l'enfance, c'est l'écriture.
Commenter  J’apprécie          404
Ce livre est un puzzle littéraire.
A chaque page, Antoine Wauters, par petites touches, nous raconte des souvenirs de son enfance passée dans les Ardennes belges, là où les Wallons se sentent bouseux par rapport aux flamands.
Dans les années 80 Antoine Wauters vit avec son jumeau, Charles, entre ses parents et ses grands-parents. Un temps où le dictionnaire était la seule source de culture, où les habits étaient portés jusqu'à usure complète, où les jeux étaient en plein air.
Un père qui travaille beaucoup...déprime aussi...mais qui est capable de dire à son fils" Merci d'être qui tu es, garde bien précieusement cette clé que tu as découverte. La clé du ciel, du brouillard, du bruit du vent dans les arbres."
Sa mère est obsédée par le bonheur de ses enfants "Nous ne sommes pas nés heureux, nous avons appris à l'être...plus on expérimente des moments de bonheur plus ça devient une façon de vivre, je te souhaite le meilleur." (Tout parent normalement constitué devrait dire ça à ses enfants !!!)
Nénène et Papou sont des grands-parents charmants, elle une grand- mère gâteau, lui un grand- père pieux, silencieux, un peu bizarre.
Malgré cette douceur ambiante, à dix ans, Antoine Wauters a envie de se jeter contre un mur. Il comprend ce jour-là qu'il ne peut pas se détruire, qu'il va être obligé de vivre et c'est ce jour-là qu'il "cesse d'être un enfant". Il cherche le pourquoi de la vie. Alors il va écrire, l'écriture est l'un des thèmes principaux du livre, l'écriture ET la lecture.
"Celui qui écrit doit avoir une qualité...celle de se souvenir des voix qu'il porte en lui, et qu'il faut entendre, puis faire parler". Toujours avant d'écrire Antoine Wauters lit, parce que "lire est une armure de sens" et "il ne va nulle part sans avoir lu".
C'est un livre poétique, drôle, nostalgique, profond.
N'ayez crainte, ce n'est pas un livre nombriliste, si Antoine Wauters parle de lui c'est pour mieux comprendre les autres...ou le contraire !



Commenter  J’apprécie          368
« L'écriture vient toujours après. Après la fracture. Après la faille. Quand vient le manque. »

Impression mitigée après la lecture du dernier Wauters. Et je réalise d'ailleurs que, contrairement à ce que je croyais, je ne suis pas une fan inconditionnelle de cet auteur (merci @latina d'avoir ramené à ma mémoire des lectures moins enthousiasmantes).

C'est un recueil des souvenirs, faits de courts billets qui surgissent un peu au gré de la fantaisie de l'auteur, assemblés au hasard comme les pièces d'un puzzle. Son enfance, c'est l'Ardenne belge (en Wallonie, contrairement en France et en Flandres, l'Ardenne est au singulier, alors qu'on parle des Ardennes françaises et des Ardennes flamandes, ces dernières étant par ailleurs aussi jolies que la wallonne) des années quatre-vingt et nonante, dans un village reculé.

C'est aussi le témoignage d'un écrivain, qui parle de sa nécessité vitale d'écrire … Je ne me prononcerai pas sur le sujet de cette nécessité vitale, débat récurrent dans le monde artistique … Et c'est aussi une très belle lettre d'amour d'un fils à sa maman, ce qui lui vaut les trois étoiles.

Bon je ne goute pas trop à la nostalgie, ni au « c'était mieux avant ». Je n'apprécie pas non plus l'esprit étriqué, conservateur et raciste des campagnes … (je ne dis pas que c'est partout comme ça, mais je vis en ville, dans une ville cosmopolite qui plus est, et force est de constater que mes concitoyens sont très nettement moins racistes, moins réactionnaires et acceptent beaucoup mieux la différence). Et donc forcément ce n'était peut-être pas un livre pour moi.

Mais bon voilà j'aime la prose poétique de Wauters, son style en général. Et là aussi j'ai été déçue : assez peu de poésie, de métaphores, sans compter une construction qui se répète de billet en billet, avec souvent une dernière phrase « choc » contenant un paradoxe : « minuscule et très vaste », « nulle part et partout à la fois », « mon enfance me remplit et de joie et de peine », « la plus cruelle. Et la plus douce », … Ouais une fois ça va, deux fois … mais trois fois (et plus) bonjour les dégâts. Pour reprendre un slogan typique des années quatre-vingt, si chères à l'auteur …

Commenter  J’apprécie          306


critiques presse (3)
LeMonde
11 septembre 2023
A chaque ligne, Wauters s’approche au plus près de celui qu’il a été, coléreux, casseur, différent, pour tenter de comprendre l’homme qu’il est devenu. Cette acuité donne au livre une force impressionnante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
08 septembre 2023
Antoine Wauters construit, par un puzzle poétique, un tableau de son passé, du nôtre aussi, car il ressemble à bien des souvenirs que nous conservons tous.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Elle
05 septembre 2023
Dans « Le Plus Court Chemin », le poète et écrivain belge revient sur son enfance. Beau et prenant.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, je me demande si mes qualités d'enfant n'ont pas fait de moi un adulte pitoyable, si mon refus d'aller vers les autres ne m'a pas transformé en type étroit, terrorisé par tout. Si, avec le temps, les charmes qu'on prêtait à cette soif de mondes parallèles, et de dédoublement, ne m'ont pas enfermé dans ce lieu où seul compte ce qui se lit et ce qui s'écrit. Et si les qualités qu'on prête aux écrivains pour finir, ne relèvent pas davantage du pli autistique que du talent. Mes livres sont-ils autre chose que mes maladies déguisées ? Des peurs qui cachent leur nom ? Je sais qu'écrire, c'est se traverser de part en part en acceptant tout ce que l'on croisera, tout ce que l'on touchera du doigt et que l'on entendra. Même ce qu'il y a de plus terrible. Car cela, il faudra parvenir à l'aimer.
Commenter  J’apprécie          60
Chaque fois que je pense à eux, à leurs vestes élimées bien qu'impeccablement propres, à leur simplicité, à leurs bienheureuses poules, c'est le visage de l'URSS qui me vient à l'esprit. Un monde où l'argent ne signifiait pas tout. Je revois Nénène dîner avec ce simple morceau de pain et ses quartiers d'orange, les vitamines C trôner à côté du produit vaisselle, le porte-torchons avec ses trois petites têtes en forme de trou de cul, les chapelets et le buis bénit, et je me dis que ce sobre mode de vie, c'est comme ça que je vois les choses aujourd'hui, n'indiquait finalement que ça : le capitalisme n'avait pas encore tout conquis. Depuis qu'ils sont partis, je vis avec l'impression que la moitié moelleuse du monde m'a été reprise. Sa douceur. Sa lenteur. Avec le sentiment que la vie est coupée en deux. D'un côté, une joie dormante. De l'autre, une tristesse, un regret. Et je sens physiquement la coupe. Combien je suis divisé. Enfant et vieux. Sensible et comme déjà revenu de tout.
Commenter  J’apprécie          10
Sale de la tête aux pieds, on bondissait dans les sous-bois, attachait nos ennemis à des troncs avec des lianes souples qu'on fumait par ailleurs, cent pour cent sains et cent pour cent malades, sauvages, intégraux, enfants et loups. Un espace de douceur et de cruauté. Le milieu des années quatre-vingt, avant les ordinateurs, avant le règne du porno et des jeux vidéo immersifs, avant que tout se mette à trembler et à aller très vite. Avant que les gens tombent amoureux d'eux-mêmes, abîmés dans leurs téléphones.
Commenter  J’apprécie          50
Comme points de contact entre nous, il y avait l'air qu'on respirait, la vasque de la baignoire où on prenait nos bains, la soupe qui cuisait et partout répandait son fumet, les gants de toilette, hérités d'Andrée de Hannut, qu'on se partageait, les slips, chemises et tee-shirts qu'on se partageait aussi, le carrelage où sifflaient nos chaussettes, les pas japonais dans le jardin (y a-t-il jamais eu de pas japonais dans le jardin ?), les ballons de foot, les passements de jambes, la même fatigue, les soirs où les parents rentraient bitus de chez des amis, et que nous nous endormions (ou feignions de le faire) dans la voiture, les virus qui nous mordaient à tour de rôle, la fièvre et les aphtes, les rhumes, tout cela comme des passerelles magiques entre nous, liant nos corps. À présent, on se touche si peu.
Commenter  J’apprécie          10
Nous emmenant voir le tilleul de Lillé, celui des Floxhes et le vieux chêne Saint-Antoine, qui comptaient parmi les derniers spécimens de la région, elle disait : « Tous ces bouts de fer incrustés dans l’écorce, vous les voyez ? C’étaient des maladies. L’arbre les a mangées. En les mangeant, il en a débarrassé les gens. » Ce principe de transmission du mal qu’on retrouve dans cette croyance aux arbres à clous, j’y suis sensible. Il y a dans l’écriture un peu de ce principe.
Commenter  J’apprécie          230

Videos de Antoine Wauters (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine Wauters
À l'occasion de la 25ème éditions des correspondances de Manosque, Antoine Wauters vous présente son ouvrage "Le plus court chemin" aux éditions Verdier. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2887254/antoine-wauters-le-plus-court-chemin
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : écritureVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (493) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1711 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..