AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 944 notes
5
108 avis
4
48 avis
3
11 avis
2
7 avis
1
0 avis
Un roman qui se présente comme un long poème, comme si une forme belle et légère d'aspect était la seule à même de porter une réalité dure et violente. Et c'est vraiment bien vu.
Mahmoud est syrien. Il plonge dans un lac artificiel, qui a recouvert son village. Et à ces occasions, il nous livre un fragment de sa vie, sa jeunesse, sa vieillesse, ses enfants, sa femme, ses amours. C'est dur, c'est tendre, c'est poignant. Les mots résonnent malgré le silence de l'eau, dans nos têtes et nos coeurs.
Cela faisait un moment que je n'avais pas été touchée comme cela lors d'une lecture. Les émotions sont bien présentes en ce début 2022 !
Commenter  J’apprécie          210
Habitant un petit cabanon au bord du lac El-Assad, lac qui a englouti son village, Mahmoud Elmachi se souvient des moments heureux mais aussi des plus douloureux. En effet, son enfance est enfouie dans ce lac où il plonge régulièrement pour se remémorer son passé ainsi que pour oublier son présent. Plonger est un moment de quiétude, d'apaisement.
Mahmoud, poète, a rencontré Leila, sa première épouse lorsqu'il était enseignant. Malheureusement, celle-ci n'a pas survécu à la mort de leur petite fille.
Plus tard, il épouse Sarah avec qui il a deux garçons et une fille. Ils sont pauvres mais riches de leur amour, de leur poésie, de leurs rencontres,… jusqu'au moment où la dictature syrienne les rattrape. Mahmoud est emprisonné. Sa poésie ne plaît pas au régime. Trois années plus tard, il sera libéré mais transformé.

Antoine Wauters nous raconte la vie tragique d'un poète syrien. La vie de Mahmoud et la réalité syrienne sont adoucies par une écriture en vers libres. Ecriture magnifique et pourtant… L'émotion n'a pas été au rendez-vous. Je suis restée à distance du récit alors qu'il est rempli de sensibilité (et non de sensiblerie). Difficile de comprendre mon ressenti car les faits et cette réalité atroce narrés de manière plus directe m'aurait sans doute fait abandonner cette lecture. Etrange…
Même si le coup de coeur n'était pas au rendez-vous, je ne peux que conseiller la lecture de ce roman qui m'a sortie de ma zone de confort par son contenu et par son écriture.

Extraits :
« Est-ce cela, vieillir ?
Mieux voir hier qu'aujourd'hui ?
Mieux voir jadis que maintenant ?
Chercher à oublier mais voir tout revenir ?
Le passé est une bombe. Il explose.
Eux, c'est cela qu'ils nomment oubli, qu'ils nomment vieillir. »

« Peu de souvenirs restent.
Seuls quelques mots, que j'ai écrits.
Mais qu'importe les mots.
Qu'importe ce que j'ai pu écrire.
Les mots ne sont que les bras armés du silence,
Et je n'ai plus envie de me battre.
C'est fini. »
Commenter  J’apprécie          214
Mahmoud Elmachi est aujourd'hui un vieil homme. Certains le surnomment le vieux fou.
Chaque jour inlassablement, il prend sa barque et son tuba et plonge au milieu du lac el-Assad. Il y plonge de plus en plus profondément jusqu'à l'engloutissement.

Il s'enfonce sur ce qu'était son village, la terrasse du café Farah, la maison de son enfance, de ses amours.

L'eau monte un peu plus chaque jour, le sommet de la mosquée ne sera bientôt plus visible.

Ce lac créé artificiellement suite à la construction du barrage de Tabqa, non loin de Raqqa de 1968 à 1973, a englouti les souvenirs de la vie d'antan, une vie meilleure, celle de son enfance, les dattiers, les siestes, les nouvelles du monde écoutées à la radio. Tout cela c'était avant !

Le barrage devait selon Hafez apporter à la Syrie, berceau des civilisations, la force, le travail et la prospérité. Changer le cours du fleuve c'était pour irriguer les terres, donner à chacun la prospérité... de belles promesses... mais hélas ce barrage c'est aussi un enjeu stratégique et les combats font rage et l'eau monte chaque jour !

Mahmoud en plongeant se souvient et lâche prise. L'absence lui pèse plus que tout.

Il se souvient de sa jeunesse, de son travail, lui l'instituteur qui devait écrire les louanges du régime, muselé, se taisant jusqu'à manquer d'air et crier l'appel à la liberté !

Il se souvient de ses amours; Leila, Sarah.. et ses enfants partis en quête de liberté. Il pense à l'horreur, la répression mais aussi à l'espoir, celui du printemps...

Il reste seul avec son grain de beauté qui lui fait mal.... et les combats qui font rage.

C'est un roman magnifique écrit en vers libres d'une force incroyable. Une pépite comme le reste de l'oeuvre d'Antoine Wauters. Une écriture poétique qui dénonce la dérive de notre monde, qui donne voix aux victimes et aux opprimés du régime syrien.

C'est puissant, émouvant. Certains passages sont à lire à voix haute apportant encore plus de puissance, de force à un espoir, un cri de liberté.

Les larmes sont montées comme les eaux à la fin de ce récit magnifique.

Un roman percutant de la rentrée, incontournable à mon sens. Une claque ! Un récit qui permet de comprendre , de découvrir ou approfondir l'histoire du peuple syrien.

Il est dans la première sélection de trois prix : Prix du roman Fnac, Prix littéraire du journal le Monde et Prix Marguerite Duras.

A ne rater sous aucun prétexte!

Enorme coup de coeur ♥♥♥♥♥


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          213
L'histoire part d'un drame : la construction du barrage de Tabqa en 1973 a entraîné la submersion d'un village par le lac artificiel El-Assad, qui est censé apporter le travail et la prospérité par l'irrigation des terres, mais qui, par le jeu des combats, est devenu un enjeu stratégique. L'eau monte chaque jour !
La force de la littérature avec des mots simples.
L'auteur belge, Antoine Wauters, s'est mis dans la peau de Mahmoud Elmachi, un poète et enseignant syrien, âgé de 70 ans. Un homme qui a osé dire non au parti Baas et qui a choisi la voix de non-violence .
Sa plume poétique évoque le va-et-vient entre deux mondes, entre rêve et réalité du vieil homme aux « cheveux blancs », qui plonge chaque jour dans le lac el-Assad à la recherche de ses souvenirs. Ce lac a englouti les souvenirs de sa vie d'antan, une vie meilleure, celle de son enfance, avec ses nouvelles du monde écoutées à la radio, ses enfants, sa femme.
La paix de son pays. Un pays « publicité de la mort » où l'absurdité règne maintenant, où la mort est aléatoire.
Une écriture dans un court roman à vers libres, avec un langage d'une grande simplicité, qui évoque le tangage de la barque « qui danse au milieu de l'eau ».
Mais « Quels mots pour dire une terre qui survit au massacre de l'enfant ? »
C'est une oeuvre engagée, qui fait appréhender les exactions du régime, la barbarie, la souffrance de ce pays à travers le ressenti des êtres humains ; les médias plutôt silencieuses ont plus facilement traité visuellement le sujet par les images des combats, des villes dévastées.

Commenter  J’apprécie          200
Le vieux poète Mahmoud Elmachi se souvient. Dans sa barque, il rame au dessus de ce qui fut son village englouti par le barrage de Tabqa sur l'Euphrate en Syrie. Sous lui, il y avait sa maison, des arbres et des jardins, des champs de pastèques, la mosquée et le café Farah où ils ont passé de si bons moments, il revoit sa mère devant le four à pain, demandant à ses enfants de se cacher car les combats avaient repris. Il se souvient de Leila, de Sarah et de ses trois enfants décédés.
Il se souvient mais il n'espère plus rien.

Il a espéré un jour quand Bachar Al-Assad est rentré au pays, ce grand timide tout frais diplômé d'une université britannique, mais quand ce dernier a fait couper les cordes vocales de ceux qui chantaient leur désir de liberté lors du printemps de Damas, Mahmoud a compris qu'il n'y avait rien à en attendre, sinon le pire.

Alors Mahmoud s'est replié, il n'écrit plus de poèmes, sinon dans sa tête, des vers remplis d'amour mais aussi de peur, de rage et de peine.
Un vieillard sur une barque que plus personne n'écoute quand la guerre fait rage.
Que valent les doux poèmes face à la folie des hommes ?

« Tu dors, vieillard. Tu n'es plus rien et ne ressens plus rien, si ce n'est la douleur des rêves ».

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
Commenter  J’apprécie          191
C'est un long poème en prose ; un roman, certes, mais en forme de poème, de méditation, de rumination ; une rumination mais en forme de flottaison et en forme de plongée : une barque, une balancelle, au milieu du lac El-Assad, qui flotte sur le vide de la mémoire ; un masque et un tuba pour plonger, « redescendre sous l'eau (…, pour) voir ce que (la) mémoire n'a pas retenu », essayer de retrouver, de toucher, le fond du lac, la vie d'avant. Avant que l'hubris barbare, le chic-chac, d'Hafez, le père, ne recouvre de cette eau omniprésente la vallée et le village où il est né, lui, Mahmoud. Avant que la paranoïa mortifère de Bachar, le fils -« son Ophtalmologue de fils », celui qui a inspiré la torture des yeux brulés à la cigarette ou passés à la lame de rasoir-, ne lui prenne trois ans de sa vie en liberté puis la vie de ses trois enfants, Brahim, Salim et Nazifé. Avant que la violence fanatique de Daech ne déchire pendant son absence sa femme, Sarah, sa compagne en poésie.

C'est le roman-méditation de Mahmoud, le poète, dont la poésie miroite dans le lac, comme dans celle d'Antoine Wauters, cette « poésie (qui) lui servait à emprisonner la prison », quand il était dans le trou. Un roman-poème à la recherche du temps perdu, de ce qui s'est perdu au fond de ce lac, dans cette « eau nommée souvenirs ». C'est un roman-poème sur la solitude, « la solitude de l'eau », le roman-poème d'un solitaire qui veux « faire le tour de (lui)-même ». C'est un roman-poème pour donner forme au silence, à l'eau informe du silence. Un long poème, « la main invisible du silence » ; des mots, ces « bras armés du silence » ; même si « l‘écriture (…) ne ressuscite rien ».

Un long poème « rempli(s) de peur, et de rage et de peine », mais rempli de vide aussi : « la vie est belle, mais elle est vide », « ce monde entier est vide ». C'est un roman-poème sur lequel plane l'ombre, le fantôme du suicide, ce visiteur du soir : « il vient me voir et plus rien d'autre n'existe » ; le suicide pour échapper au vide du sens, et au cancer qui lui ronge la peau.

C'est l'histoire d'un prix aussi. Un prix littéraire, celui du Livre Inter. Un prix différent des grands prix littéraires qui font chaque année la côte des auteurs, la reconnaissance par les pairs et par les maisons mères, les grands éditeurs. Ce n'est pas le prix des auteurs et des littérateurs, des académiciens et des experts du langage ; c'est le prix des lecteurs, enfin des 24 lecteurs-auditeurs de France Inter, sélectionnés parmi des milliers. Une certaine idée du service public. Cette année leur choix s'est fixé sur le livre totalement atypique d'un auteur belge, qui n'est jamais allé en Syrie, mais qui a médité sur cette figure moderne et inversée du déluge qu'est le lac de Tabqa, que Daech voulait détruire pour inonder ce berceau de la civilisation qu'est la vallée de l'Euphrate, et sur les événements qui ont touché ce pays doublement martyr : martyr du (des) bourreau(x) El Assad, et martyr de la folie terroriste des islamistes. Une sorte de prière agnostique sur le mal.
Lien : http://www.daniel-lenoir.fr/..
Commenter  J’apprécie          192
L'histoire d'un vieux poète syrien… Entre ciel et eau, par la grâce des mots.
Un roman à la fois tragique et poétique.

En Syrie, sur les bords d'un lac artificiel, un vieil homme sur sa barque…
Mahmoud plonge et rejoint en pensée sa femme Sarah, sa tendre bien-aimée.
L'eau matrice, l'eau consolatrice, l'eau a recouvert son ancien monde.
Alors, toute sa vie d'avant lui revient, nostalgiques réminiscences douces-amères, depuis son enfance jusqu'à ce présent englué dans la barbarie, dominé par les combats qui font rage…

Autrefois professeur de lettres et poète apprécié, c'est aujourd'hui un vieil homme et il se souvient de ses proches, partis…, des atrocités et des massacres qui inondent ce pays semblable à « une publicité pour la mort ».

Immergé, Mahmoud descend et l'eau monte, plongeant avec sa solitude dans celle de l'eau, il noie la fureur, l'horreur insoutenable.
Dans un lac de souvenirs, ses pensées peuvent dériver, sa soif de liberté s'exprimer, ses poèmes sublimer une mémoire, contre le diabolique pouvoir en place et ses ravages.

Poussé par le courant, marqué par nombre de souffrances, la guerre, la prison, meurtri par l'absence, l'éloignement ; seul, il plonge et dérive vers la lumière …

« Moi, Mahmoud Elmachi, je n'espère plus rien ».

Face aux abominations infligées dans ce pays, ce roman est d'une luminosité étincelante dans toute sa tragédie.
Certains passages font état d'une cruauté qui m'a révulsée. Et d'autres, d'une poésie magnifique.
Cette opposition donne toute sa profondeur et sa puissance à ce roman. D'amour et de mort.
*
Je découvre Antoine Wauters, écrivain belge à la plume d'une beauté à couper le souffle.
Commenter  J’apprécie          183
"Mes poèmes ne sont pas des poèmes.
Ce sont des vers remplis de peur,
et de rage et de peur".
Ce roman c'est l'histoire de la Syrie. Un monde à pleurer où la dictature et la violence sont au coeur de ce pays qui peut paraitre si doux, par la voix de Mahmoud. Lui qui aura vu sa vallée engloutie par l'eau du barrage. Lui qui a connu la prison et la torture.
L'homme parle de sa vie, de ses enfants ( disparus), de son premier amour et sa deuxième femme avec une douceur et une poésie qui bouleversent par la violence de leur histoire.
Tout le drame de la Syrie écrit en vers libre. Longue plainte pudique pour dire l'innommable. Mahmoud on se noie avec lui au bord de cet Euphrate qui fait rêver avant que la folie des hommes ne fassent basculer ce pays dans la barbarie.
Un roman puissant, à l'écriture déroutante. Un long poème pour une plongée dans le souvenir d'un pays détruit. Reste la puissance des mots d'Antoine Wauters.
Commenter  J’apprécie          180
Quel livre exceptionnel ! de la poésie en prose . Des mots ,des phrases d'une telle beauté . Comment écrire un texte aussi doux pour décrire une Syrie torturée , massacrée, anéantie par ce fou de Bachar . Malgré l'horreur, le pire ,il y a le souvenir de l'amour des deux femmes de Mahmoud et de ses enfants. Tous morts ,tous engloutis dans la douleur, engloutis comme la ville sous le barrage de Tabqa .
Commenter  J’apprécie          180
Des vers libres convoquent un passé troublé par des actes de cruauté et de barbarie, des actes infâmes perpétrés par "un régime qui écrasait tout et régentait jusqu'[aux] rêves".
Des vers empreints de liberté pour parler de blessures béantes, de peine et de rage, de pertes, de rêves entêtants comme des entraves à la sérénité.
De la poésie libre pour parler d'amour et de vies avortées arbitrairement par d'aveugles illuminés.

Un amoureux des mots nous offre ici un éblouissant moment chargé d'émotions, d'histoires et d'Histoire.
Palmer et se laisser porter de l'autre côté, dans le monde des souvenirs où "tout est là et tout est parti".
C'est un beau programme qui vous attend si vous ouvrez ce livre. Avec douceur, les mots s'y abritant poignardent le coeur. Quel témoignage ! Tout est là.
« Voilà ce qu'est vieillir.
N'avoir plus d'endroit où cacher sa douleur. »
Suis ravie d'avoir un peu de temps devant moi pour éplucher ma PAL de cette rentrée littéraire de septembre, pleine de promesses, tenues et c'est chouette ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          180





Lecteurs (1997) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..