Troisième excursion dans les univers de
Claire North et j'ai d'ores et déjà envie de dire qu'une tendance se dégage très clairement : celle de l'originalité. Il y a une patte
Claire North, quelque chose qui fait que ses romans, tous ceux que j'ai lus en tout cas, sont atypiques et souvent intrigants. le serpent, premier tome d'une trilogie de novellas, ne fait pas exception à la règle, loin de là. Nous sommes dans un genre de thriller fantastique qui prend place à Venise au XVIIe siècle, et où l'on assiste à un jeu politique grandeur nature.
Thene est une jeune femme mariée de force à un époux addict aux jeux. Il l'entraîne régulièrement à la Maison des Jeux, un établissement mystérieux où il dilapide toute sa fortune. Petit à petit, pour passer le temps, elle se met à jouer à son tour et elle se découvre vite un talent pour cela. Tant et si bien qu'elle finit par attirer l'attention de la Maîtresse des Jeux de la Haute Loge. C'est un cercle privé où les enjeux sont bien plus importants et les gains bien plus élevés que ceux de la Basse Loge. Invitée à participer à une partie grandeur nature dont le plateau est tout bonnement Venise elle-même, elle va devoir faire en sorte que sa pièce maîtresse, son roi, soit élue au poste convoité de tribun. Pour cela, elle dispose de pions, de vraies personnes, qu'elle peut manipuler à sa guise…
Il y a de l'idée ! Je dirais même qu'elle est excellente, cette idée, et voir la manière dont Thene joue ses cartes en véritable stratège est assez bluffant. L'intrigue nous permet de découvrir Venise et sa culture, des figures aristocratiques ou religieuses aux enfants des rues, ses canaux, ses ruelles obscures, etc. … L'atmosphère est très réussie, l'ambiance pleine de mystère. Thene est un personnage intéressant : elle est posée, calme et discrète, presque effacée, et pourtant dotée d'une intelligence hors du commun qui va lui permettre de rivaliser avec les autres joueurs, dont les cartes sont pourtant meilleures que les siennes. Bientôt, elle s'interroge : n'est-elle pas elle-même la pièce de quelqu'un ?
Autre particularité, le style, puisque l'histoire est écrite à la première personne du pluriel. Comme si le narrateur nous prenait sous son aile, nous, lecteurs, et nous emmenait avec lui de gondoles en alcôves, assister à tout ce que font Thene et ses pièces, nous reléguant au rang d'espion, de voyeur au minimum. C'est assez étonnant comme procédé, mais pourquoi pas ? Seul bémol, l'émotion. À force de garder la tête froide, Thene en devient un peu trop impassible. J'aurais aimé davantage partager son étonnement, ses doutes, ses craintes, même si cela ne collait pas vraiment avec l'atmosphère mystérieuse choisie par l'autrice.
Quoi qu'il en soit, ce premier tome est une curiosité qu'il convient de découvrir. J'ai bien l'intention de me laisser tenter par la suite pour en apprendre plus sur la Maison des Jeux et la réelle portée de toutes les parties qui y sont disputées.
“Tout est hasard. La nature est hasard. La vie est hasard. La folie des hommes est de chercher des règles là où il n'y en a pas, d'inventer des contraintes là où aucune n'existe. Tout ce qui compte, c'est le choix.”
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