Le voyage dans le temps est un des thèmes de prédilection des romans de science-fiction. La vision de
HG Wells ici est bien particulière. Si le futur de l'humanité peut sembler idyllique au premier abord, il cache une réalité bien plus sombre.
L'humanité s'est séparée en deux branches au destin finalement peu reluisant l'une comme l'autre mais qui sont les deux faces d'une même pièce.
HG Wells imagine ici que les plus riches sont devenus des Eloïs, des être lisses, plutôt joyeux, oisifs ayant perdu toute culture écrite et les classes ouvrières, les plus pauvres sont devenus Mordlocks, des singes immondes travaillant sous la terre, ne se déplaçant que dans l'obscurité et faisant tourner toute une machinerie complexe en sous-sol dont ils sont esclaves et qui sert à ‘entretenir le monde en surface.
On pourrait voir dans cette histoire une vision acerbe portée sur la société de la fin du 19ème siècle.
Si les inégalités continuaient à se creuser, cela pourrait engendrer une fin terrible pour l'humanité avec un bonheur qui n'est que superficiel.
C'est aussi une manière d'attirer l'attention sur le fait qu'il faut rester curieux, inventif. Les Eloïs sont innocents et vivent dans une sorte de paradis qui n'existerait pas sans les Morlocks. Leur monde enchanteur n'est qu'un leurre, la partie visible d'un iceberg dont la partie immergée cache de sombres secrets. Si à la fin du 19ème siècle l'aristocratie vit sur le dos de la classe ouvrière, les Eloïs profitent du monde entretenu en sous-sol par les Morlocks qui eux se nourrissent ensuite de la chair des Eloïs. Une sorte de cercle vicieux. Il y a aussi un contraste flagrant entre les aspirations de l'explorateur qui est un scientifique curieux et le futur où toute curiosité et envie de progrès a disparu.
Si le début du roman est un peu déroutant et le style un peu brouillon à mon sens, les pièces du puzzle se mettent petit à petit en place pour laisser la place à une histoire plutôt intéressante.