Dans l’Antiquité, chez les Grecs, on jetait à la mer, lors d’une cérémonie, les idiots du village pour expier les péchés de la communauté. Au Moyen Age, on tolérait l’ « idiot » du village mais on jugeait et on brûlait comme sorciers ceux qu’on estimait possédés.
En 1973, alors que la Révolution française mettait en ébullition les rues de Paris et que soufflait un vent de changement dans tous les secteurs de la vie sociale, le docteur Philippe Pinel, un jeune médecin, mai de Condorcet, devint directeur de l’hôpital de Bicêtre, le plus grand asile de fous de France. Il découvrit là le statut des aliénés de l’époque. Enfermés dans des cellules sombres, quand ce n’était pas dans des cages d’un mètre carré, battus, enchaînés toute leur vie, les fous étaient traités comme des animaux. Pour les calmer on leur faisait des saignées, on les plongeait dans des bains glacés, on les forçait à avaler des purgatifs. Après qu’on eu détruit la prison de la Bastille., Philippe Pinel proposa de profiter de l’ère nouvelle pour ouvrir également les asiles d’aliénés. Au nom de la liberté, l’expérience fut tentée.
-Nous avons eu, somme toute, de la chance qu’ils nous laissent partir sans plus de formalités, déclare Isidore. Je me souviens d’une expérience qui a eu lieu en 1971 à Los Angeles. Dix journalistes avaient décidé de se faire interner dans un hôpital psychiatrique pour y enquêter. Chacun est allé voir son médecin de famille déclarant qu’il « entendait des voix dans sa tête ». Cela a suffi pour qu’ils soient dirigés vers des établissements psychiatriques qui ont automatiquement classé ces symptômes comme étant ceux de la schizophrénie. Les journalistes ont alors consigné soigneusement tout ce qui se passait autour d’eux. Mais quand ils ont estimé leur enquête terminée, certains se sont aperçus qu’on ne les laissait pas sortir. Ils ont dû faire appel à des avocats, aucun médecin ne voulait reconnaître qu’ils étaient sains d’esprit. Il n’y avait que les malades à s’être aperçus que le comportement de ces nouveaux était différent…
Umberto ouvre une grande porte d’acier et les fait entrer à l’intérieur de l’hôpital proprement dit. Il referme la grosse porte derrière eux. Ils ne peuvent réprimer un infime tressaillement. La peur de l’hôpital psychiatrique.
Je ne suis pas folle, pense Lucrèce.
Je ne suis pas fou, pense Isidore.
Bruit de double tour de grosse serrure. Et si je devais prouver que je suis sensé, s’inquiète Isidore.
Le clou qui dépasse attire le marteau, ajoute Isidore jamais avare de proverbes.
Tout handicap peut se transformer en avantage
L’ÉVITEMENT DE LA DOULEUR ET L’ENVIE DE PLAISIR SONT LES DEUX DÉCLENCHEURS DE TOUTE ACTIVITÉ
Même en utilisant toutes les intelligences de tous les ordinateurs du monde, il me manquera toujours trois choses, Jean Louis.
— Lesquelles, Athéna ?
— Le rire… le rêve… la folie.
nous serons toujours plus forts que les machines, et vous savez pourquoi, Jean-Louis ? A cause des rêves. Les machines ne rêvent pas.
« Quel est l’intérêt du rêve ? » demanda le malade du LIS.
— Le rêve nous permet de nous réinitialiser. Chaque soir, durant notre phase de sommeil paradoxal, nous recevons dans nos têtes des images, des idées. Et, en même temps, nous nous libérons de tout ce qui a essayé de nous conditionner dans la journée.
Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on ne le fait pas, c’est parce qu’on ne le fait pas que c’est difficile.
Existe-t-il quelqu’un capable d’accepter la réalité nue, telle qu’elle est vraiment, sans vouloir la pré-penser ?