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4,14

sur 396 notes
(Masse critique septembre 2017)
J'aime de temps en temps déguster un classique. Je ne connaissais Edith Wharton que de nom. Certains disent qu'elle est la Jane Austen américaine. Je sais juste que j'ai eu un vrai coup de coeur pour sa plume. J'aurais dû être plus curieuse bien avant !!

« Chez les heureux du monde » conte l'histoire tragique d'une belle jeune femme, Lily Bart, qui essaie de se faire une place dans la haute société new-yorkaise au début du XX°siècle et de se conformer à son monde codifié et étouffant. Mais épouser un riche mari, devenir un « ornement délicieux », est-ce réellement un destin lorsqu'on est « trop honnête pour monnayer sa beauté » ?

Quel plaisir à lire ! Edith Wharton est avant tout une belle plume, un style très littéraire, des descriptions qui ne manquent pas de poésie, des portraits ciselés. le langage est élégant, riche. le récit est rythmé, très vivant. Alors je me suis laissée porter par les pérégrinations de Miss Bart. La bonne société de l'époque ne restait pas en place telles les cours d'antan.

Le début du XX° siècle est une période que je trouve assez fascinante. Elle préfigure notre ère tout en étant bien différente. Si son mode de fonctionnement est captivant, j'ai tout de suite envie de préciser qu'en tant que femme je suis soulagée de vivre à notre époque. La description qu' Edith Wharton en fait est parfois satirique, sa critique sans compromis. Elle dresse le portrait d'une société de privilégiés qui étouffe sous le diktat des apparences, de l'étiquette. Elle m'a donné le tournis cette société à virevolter de droite et de gauche sur le globe, à babiller sans cesse, à cultiver une hypocrisie distinguée et insensible, à dépenser énergie et rente à modeler... du vent, des frivolités, un monde de faux-semblants. Un monde que l'auteure connaît bien et qui vit ses dernières heures.

Mais ce que j'ai préféré dans ce roman ce sont les personnages, si parfaitement dessinés par l'auteure qu'ils semblent presque réels. En premier lieu, Lily bien sûr. Une femme belle, trop belle qui n'arrive pas à se résoudre à être ce à quoi elle est prédestinée : un bel ornement pour un mari riche. Non pas qu'elle n'aime pas l'argent, elle ne saurait vivre sans et ne s'en cache pas, mais une envie de liberté, un coeur qui palpite pour un homme sans fortune font qu'elle finit toujours par faire capoter ses chances de bien se marier et tous les plans élaborés avec soin. Un destin qui tourne au tragique au fil des pages. Pas de place pour les aspirations d'une belle orpheline désargentée. Ce sera une véritable descente aux enfers. Inéluctable, page après page, erreur après erreur… Partagée entre ce qu'on attend d'elle et ses sentiments, Lily ne sait pas choisir et son manque de constance la perdra. Un destin qui ne peut que toucher.

Merci beaucoup à Babelio et à Archipoche de m'avoir permis de découvrir la plume talentueuse d'Edith Wharton. Merci pour cette très belle rencontre avec Lily Bart, elle est de ces personnages qu'on emporte avec soi en fermant un livre.
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Lily Bart 29 ans issue d'un milieu modeste, aime frayer avec la haute société. Ambitieuse et belle, elle souhaite se marier avec un homme riche pour rester à l'abri des aléas de la vie. Elle pense que sa beauté lui facilitera les choses. Elle a quelques noms en vue, mais étrangement, chacun de ses projets échoue, comme si elle savait au fond d'elle qu'elle restait en inadéquation avec l'esprit de ces messieurs et de ce milieu.

Elle sympathise avec Lawrence Selden, un avocat qui tente de la diriger vers d'autres priorités :

"Selden repoussa son chapeau en arrière et la regarda de côté.
- le succès… qu'est-ce que le succès ? Je voudrais bien connaître votre définition.
- le succès ?… (Elle hésita.) Mais c'est tirer de la vie tout ce qu'on peut en tirer, j'imagine… C'est une qualité relative, après tout… N'est-ce pas aussi votre idée du succès ?
- Mon idée ?… à Dieu ne plaise !
Il redressa le buste avec une énergie soudaine, appuyant ses coudes sur ses genoux, et, les yeux fixés sur le paysage harmonieux :
- Mon idée du succès, - dit-il, - c'est la liberté personnelle.
- La liberté ?… être libre de soucis ?
- Libre de tout… de l'argent et de la pauvreté, de l'aisance et de l'inquiétude, de tous les accidents matériels. Maintenir en soi une sorte de république de l'esprit, voilà ce que j'entends par le succès. "

Mais Lily tient à côtoyer les hautes sphères et, persévérante, elle se rapproche de personnages aux intentions troubles. le mariage lui apparait comme la seule issue, mais, victime des ouï-dires, elle est mise à l'écart, Lawrence Selden lui-même ajoutant foi aux rumeurs.

Le portrait de cette jeune femme est troublant, elle qui tient à vivre dans le luxe et se raccroche à la "stupide cherté de la nourriture et la voyante sottise de la conversation, une liberté de langage qui n'atteignait jamais l'esprit, et une liberté d'action qui ne s'élevait jamais jusqu'au roman.", mais reste trop honnête pour monnayer sa beauté. Elle reste déchirée entre sa moralité et ses ambitions et la fin du roman offre une satire poignante de cette société étouffante du début du XXème siècle !

Un classique qu'on apparente souvent à Henry James ou Jane Austen - en plus sombre- tant la subtilité des portraits se marie à merveille avec l'intrigue ancrée dans le siècle.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Si Edith Wharton décrochera le Pulitzer en 1921 avec son superbe "Age de l'innocence", c'est bien avec "Chez les heureux du monde" qu'elle acquiert dès 1905 sa solide notoriété d'écrivain. Pour moi, il est malaisé de penser que quinze ans séparent les deux oeuvres tant elles sont proches par la subtilité de l'écriture tout en grâce et en esthétisme, et par la profondeur psychologique qui sonde avec talent tous les personnages.

Impossible de ressortir totalement indemne d'un roman d'Edith Wharton, quel qu'il soit. Avec "Chez les heureux du monde", elle nous entraîne dans le sillage de miss Lily Bart, toujours demoiselle malgré la trentaine proche, et qui évolue au coeur de la upper class new-yorkaise. Mondaine et sollicitée, miss Bart reste toutefois très vulnérable dans les cercles privilégiés de cette société fausse et malveillante. Si elle ne trouve pas rapidement à se marier, même sa beauté proverbiale ne la sauvera pas de la ruine et de la déchéance sociale. Car Lily est orpheline et pauvre, ce qui s'accorde assez peu avec ses espérances. Très consciente de ne pas avoir les moyens de son ambition, elle espère tirer son épingle du jeu en se résignant à chercher une alliance de convenance. Hélas, c'est sans compter sur ses propres sentiments pour un jeune avocat de ses amis, et sans les mesquineries des prédateurs bien décidés à la faire choir de son piédestal.

Le titre français évoque le bonheur mais ne vous y fiez pas, il s'agit bien ici d'un drame retraçant l'ascension et la chute de Lily Bart, ses grandes espérances et son brusque déclin. le seul fait de s'attacher une fois encore à une héroïne plutôt qu'à un héros témoigne de la grande modernité d'Edith Wharton. Toujours, elle donne à ses héroïnes de l'envergure et du caractère, les poussant vers l'indépendance et montrant comment leur émancipation est stoppée en plein vol par les chaînes d'une société pourrie jusqu'à la moelle sous des dehors impeccables.

Un autre très grand roman de cette grande femme de lettres.


Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge PLUMES FÉMININES 2017
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Un titre sacrément ironique pour un roman qui nous dépeint les vicissitudes d'une jeune femme qui cherche à faire un beau mariage mais qui reste victime de son éducation et des conventions sociales de son époque. Je le recommande vivement ! En effet pas de roman à l'eau de rose ici mais plutôt une peinture d'une société new-yorkaise hypocrite qui souhaite maintenir les apparences avant toute chose, peu importe votre état d'esprit vous devez sourire, encaissez les coups sans faire voir ce qu'il vous en coûte.
La solitude, le manque de sincérité dans les rapports humains est le prix à payer de ce luxe matériel et notre héroïne va devoir faire des choix cruciaux pour son avenir entre sa raison et son éthique.
Le style est assez classique et sans difficulté majeure en V.O (si vous avez l'habitude de lire en anglais).
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A première vue c'est un roman très dix-neuvième siècle, il raconte les mésaventures d'une jeune femme dans un milieu privilégié, l'élite new-yorkaise, mais il a ses spécificités américaines et il est plus moderne. Les femmes divorcées, qui jouaient de l'argent ou fumaient des cigarettes, étaient encore un peu mal vues mais seulement par tradition. Les reliquats du puritanisme étaient peut-être le moindre mal dans ce monde d'artifice mais qui gardait l'avantage de l'élégance, tout comme la critique qu'en fait miss Wharton : lucide, parfois acerbe mais jamais grossière.
Cette élite new-yorkaise de la fin du dix-neuvième siècle est un monde mort et enterré depuis longtemps. Les plus anciennes couches étaient issues d'immigrés hollandais, ce sont eux qui ont créé Wall Street et pendant que les hommes spéculaient, les femmes dépensaient l'argent qu'ils gagnaient. Un monde qui était en pleine transition. Tout cela parait une autre époque, New-York ressemblait encore aux capitales européennes, mais comme dans tous les bons romans on s'y retrouve, car dans n'importe quelle classe sociale, dans n'importe quel temps, les hommes restent au fond toujours les mêmes, avec leurs petites passions personnelles. Tout le monde a fait l'expérience de la jalousie, de l'orgueil, des hypocrisies, des mesquineries, en y attachant plus ou moins d'importance, et Lily Bart, l'héroïne, y attache beaucoup d'importance, comme à son statut social.
Dans les vieux romans romantiques, où la raison s'oppose aux sentiments, généralement les sentiments prévalent à la fin et tout se termine bien. Mais, Lily Bart n'est pas une fille romantique, c'est une figure classique. Avec toute sa beauté, son intelligence, son émotivité et sa fraîcheur, elle a des défauts - peut-être des défauts d'éducation - elle est pimbêche et calculatrice, elle le sait, mais elle est dominée par sa crainte de la pauvreté. Sa personnalité est complexe, indécise, et les relations qu'elle entretient avec les autres personnages aussi ; ce mélange de contraintes et d'ambitions sociales est passionnant à découvrir.
A 29 ans, Lily est toujours célibataire, c'est-à-dire que socialement elle n'est presque rien, puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire pour une femme riche que d'être mariée. En vérité elle occupe bien son temps dans une sorte d'emploi sans nom ni statut, aujourd'hui on dirait qu'elle se trouve entre la secrétaire, l'hôtesse et la chargée de relations publiques, c'est grâce à ces services qu'elle est accueillie dans la haute-société. Bien sûr, ce n'est pas un réel emploi avec une vraie rémunération (quelle horreur !) et le seul moyen pour Lily de maintenir son train de vie resterait de se marier. Voilà la situation dans laquelle elle doit se démener.
Dans cette sphère de la haute société new-yorkaise, elle erre de clan en clan, hermétiques les uns aux autres, où les plus enviés snobent les parvenus. D'une certaine manière, elle erre comme Dante dans les neuf cercles de l'enfer (le dernier étant la classe laborieuse). Elle va être trahie, jouée, lâchée, oubliée, servir de bouc-émissaire, sans jamais apprendre de ses propres erreurs, car il y a une fatalité dans ce roman aux effets sûrs, bien conçu, sobre et terriblement tragique. Edith Wharton était une romancière habile, cultivée, sans aucune ostentation, tout est au service de l'intrigue et elle avait aussi une âme de moraliste, elle a parsemé son roman d'aphorismes bien sentis.
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J'ai beaucoup aimé ce portrait tout en contraste de la haute société américaine où se côtoient le pire et le meilleur et j'ai aimé suivre l'héroïne qui s'enfonce doucement dans la déchéance à laquelle tentait d'échapper coûte que coûte.
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J'ai lu ce roman du 09/08/2016 au 16/08/2016.
Un roman que j'ai lu pour sa description de la société new-yorkaise. Je n'ai pas du tout regretté mon choix, j'ai adoré le protagoniste, Miss Lily Bart qui incarne à mes yeux la Nana de Zola, la Fantine d'Hugo puisqu'elle vit dans le luxe et à cause des rumeurs, sa réputation se dégrade et vite elle subit une déchéance au sein de la société et devient vite très pauvre.
J'ai eu une préférence pour l'homme qu'elle aime et vice versa, Lawrence Selden malgré le fait qu'ils n'auront jamais l'occasion de vivre heureux ensemble ou de profiter des moments pleinement d'amour.
Ce roman représente très bien la société entre les coups bas, les rumeurs, l'esthétique, les relations, les ambitions et surtout l'argent. Mais aussi, Wharton nous laisse un message vers la fin : l'argent ne fait pas tout dans la vie comme on le remarquera durant la déchéance de Lily.
J'ai adoré l'écriture de l'auteure.
Pour conclure, je vous conseille de le lire pour avoir une idée des sociétés de l'époque XIXème-XXème siècle.

Ma note : 8.5/10
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Un livre admirablement construit et écrit qui m'a arraché de belles larmes... A lire absolument !!! Cette oeuvre montre combien il est difficile d'être élevée ds une sphère de la société à laquelle on ne peut s'adapter mais dont on ne peut se passer
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Histoire de la splendeur et de la déchéance de Lily Bart... Dans la haute société de New York du début du vingtième siècle, il ne fait guère bon vivre malgré les apparences. Si l'on veut se conformer aux règles, on peut même y perdre son identité ; c'est ce qu'Edith Wharton aura à coeur de développer magistralement tout au long de son premier roman.

Wharton a toujours écrit sur ce qu'elle connaissait le mieux : la société de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie américaine, et plus spécifiquement new-yorkaise. Elle l'étudie, elle la dissèque sans indulgence. Bien au contraire, elle en pointe constamment les travers. L'histoire de Lily Bart lui sert donc de prétexte à dénoncer une société hypocrite, superficielle, misogyne et impitoyable. Lily en est issue, mais fait figure de parent pauvre. Elle ne peut donc mener le train de vie de ses amis, mais n'imagine de pas de vivre autrement ni ailleurs que parmi eux. Et pourtant, elle est indubitablement différente. Poursuivant un seul objectif, celui de se trouver un riche mari afin de s'assurer un avenir solide et confortable, elle est sans cesse contredite dans ses projets par son aspiration à une autre vie. Elle est sa propre ennemie.

Donc, d'une part, une volonté (ancrée depuis l'enfance dans le cerveau de Lily) de se conformer aux règles de la haute société, et, d'autre part, une envie incertaine, floue, mais bien présente, de prendre son envol et de se laisser guider par ses sentiments. Ce sont ces tiraillements constants qui vont mener petit à petit Lily à sa déchéance - à moins qu'elle ne parvienne au contraire, en perdant argent, fanfreluches et "amis", à un début d'émancipation... Ce sont ces tiraillements qu'Edith Wharton va analyser encore et encore. Par son style sous influence proustienne (les phrases de dix pages en moins), elle nous fait pénétrer dans les méandres de la psychologie des personnages, et avant tout, dans ceux de Lily. Chez Les heureux du monde, c'est un petit trésor de subtilité. Et un pamphlet féministe.

Il est, cependant, parfois malaisé pour le lecteur de comprendre les comportements de la haute société new-yorkaise : est-ce si grave de faire ceci ou cela, d'avoir été vu subrepticement en compagnie de Machin ou d'Untel, pour que la seule réponse possible demeure, toujours, l'exclusion définitive et irrémédiable de la personne prise en flagrant délit ? Si l'on est pas du monde d'Edith Wharton (comme c'est évidemment le cas de la plupart de ses lecteurs d'aujourd'hui), les codes de cette société demeurent un rien hermétiques. Ce qui, au final, renforce la critique féroce de l'auteure : cette société n'est construite que sur des artifices qui sont devenus des impératifs, au mépris de toute tentative d'épanouissement personnelle. Chez les heureux du monde, c'est donc bien plus que l'histoire tragique de Lily Bart et de l'élite new-yorkaise : c'est celle des femmes, des sociétés humaines. C'est celle des individus qui, toujours et encore, cherchent à s'épanouir dans un contexte qui les contraint impitoyablement.
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J'ai ADORE ce livre. Alors c'est vrai que je me doutais un peu que ça me plairait car j'avais vu le film de Martin Scorsese "le temps de l'innocence" d'après un de ses romans et que je suis une grande fan de Jane Austen.... J'ai été happée par le livre et l'histoire de Lili Bart, impatiente d'en lire la suite et déçue que ce soit déjà fini.
C'est un monde cruel qu'elle nous raconte et pourtant on se demande tout le temps pourquoi l'héroïne n'essaie pas d'en sortir. On attend avec impatience les rencontres entre Lili et Selden qui sont savoureuses.
Je suis impatiente de lire d'autres oeuvres d'Edith Wharton!
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