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4,14

sur 387 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pauvre petite fille riche...... Riche enfin pas tant que cela. Lily Bart doit se trouver un mari, riche si possible, car elle mène grand train : robes, sorties, train de vie tout coûte chère madame.....  Sa tante Mrs  Peniston l'a recueillie à la mort de ses parents, subvient à ses besoins mais elle doit penser à l'avenir et à 29 ans elle est en passe de devenir une "immariable".

Il faut dire que Mademoiselle est très exigeante : quand Lawrence Seldon, avocat, trouve grâce à ses yeux et lui laisse entrevoir ses sentiments elle pense qu'il est en dessous de sa condition et de ce qu'elle peut espérer. Quand aux hommes fortunés ils sont souvent sans charme pour la belle jeune femme. A vouloir trouver la perle rare, elle passera d'illusions en désillusions, se retrouvera au centre de commérages et d'intrigues pour finalement se retrouver au ban d'une société dont elle était une des plus remarquables représentantes.

Ce roman se déroule à la fin de l'âge d'or américain, fin XIXème siècle et évoque la Haute Société nord américaine dans ce qu'elle représente : futilité, rivalité, paraître et violence sournoise. Edith Wharton décrit ce qu'elle a bien connu, d'une manière lucide et  satirique.

Lilly apparaît dès le début du roman comme une femme égoïste, insouciante, hautaine, dépensière et joueuse, elle pense que rien ni personne ne peut l'atteindre, sûre d'elle et de sa beauté, de ses atouts, elle pense que sa quête d'un mari ne sera que pure formalité.

Ah ! point n'était besoin chez Lily de propos délibéré pour lui dérober son rêve ! Il suffisait de regarder cette grâce inclinée pour y voir une force naturelle, pour reconnaître que l'amour et le pouvoir appartiennent à celles de cette race, comme le renoncement et l'altruisme demeurent le lot de celles que les premières dépouillent. (p254)

Dans la seconde partie, elle va apprendre à ses dépens les rouages de la haute société américaine qui n'aime pas que l'on se joue d'elle : elle va découvrir les rancunes, vengeances et mesquineries et aussi haut qu'elle soit, elle va connaître la chute que subissent ceux qui n'appliquent pas les règles.

Dans la solitude de sa chambre, Lily se trouvera ramenée à la directe observation des faits. Naturellement, leur aspect diurne différait de la nébuleuse vision de la nuit. Les Furies ailées se transformaient en rôdeuses mondaines, qui entraient chez l'une ou chez l'autre pour "potiner" à 'heure du thé. (p261)

Cette Lily Bart est décrite d'un premier abord comme une femme peu sympathique, à l'image de cette société qu'elle fréquente, ne portant qu'un regard que sur le monde qui l'entoure, loin de toute préoccupation autre que sa petite personne, son devenir et les moyens de continuer à mener la belle vie qu'elle a connue jusqu'à maintenant.

Ça, c'est Lily, toute entière, vous savez : elle travaille comme un nègre à préparer le terrain et à faire les semailles ; puis, le jour où elle doit récolter la moisson, elle se lève trop tard ou elle court à un pique-nique. (p285)

A la manière de Jane Austen c'est une profonde analyse de la vie mondaine américaine, ses arcanes et ses codes. On retrouve le thème de l'urgence du mariage pour toute femme de l'aristocratie sans fortune, sur un ton à la fois satirique, ironique et sans complaisance mais aussi l'analyse psychologique fine et détaillée des différents acteurs du drame.

Car il s'agit bien d'un drame qu'Edith Wharton décrit avec force détails, les usages, les rites, le rythme des saisons avec leurs villégiatures, les soirées, le faste des résidences, des tenue. Elle se glisse, à la manière d'une journaliste d'un magazine people, dans ce qui constitue la vie d'un des membres de cette partie du monde.

Même si j'ai trouvé la première moitié un peu longue, j'ai même failli abandonner je l'avoue, trouvant que l'histoire tournait un peu en rond, pensant qu'il s'agissait d'un énième roman sur la recherche du mari, ayant parfois un peu de mal à m'y retrouver au milieu de tous ces hommes et femmes n'ayant comme seule préoccupation que les petits arrangements entre amis et leur paraître. Je commençais à penser que finalement tout cela était très convenu mais il n'était pas possible que les 500 pages ne contiennent que cela.

Bien m'en a pris  : Le récit prend une toute autre tournure dans la deuxième partie. Les masques tombent et le récit bascule.... Et ça j'aime !

A la différence de Jane Austen, Edith Wharton n'hésite pas à donner à sa gentille étude des mœurs de la gentry américaine une toute autre tournure, la satire va se transformer en drame. Et là je ne l'ai plus lâché. J'ai eu le sentiment que le rythme s'accélérait au fur et à mesure de la descente aux enfers de Lily, à la manière d'un feuilleton, tout ce que Lily avait gravi va la faire chuter. Autant j'avais peu de compassion pour cette femme arrogante du début du roman autant je me suis attachée à elle et à son devenir.....

C'est, certes, une lecture exigeante avec une écriture précise, raffinée, où tous les détails comptent. Il y a une belle maîtrise du sujet, de la construction du récit, de la mise en place de chaque personnage,  j'ai eu beaucoup d'attirance et de compassion pour cet avocat au cœur tendre, malmené par Lily, j'ai aimé la façon dont l'auteure donne à certains une "seconde chance".

Les heureux du monde sont-ils heureux ? Trouve-t-on le bonheur parmi eux ? Peut-être le pensent-ils, en tout cas ils en donnent toutes les apparences mais il faut faire partie de leur monde, en avoir les moyens, utiliser les mêmes codes et accepter que sous le masque des apparences la réalité soit toute autre.

Je n'étais tout juste qu'une vis ou un écrou dans la grande machine que j'appelais l'existence, et, quand je suis tombée de là, j'ai découvert que je n'étais d'aucun usage, nulle part ailleurs. Que faire lorsqu'on s'aperçoit qu'on ne peut s'adapter qu'à un seul trou ? Il faut ou bien y retourner, ou bien être jeté au rebut.... et vous ne savez pas combien c'est dur !... (p466)

Pas un coup de cœur mais que j'aime retrouver une telle construction, un style et une belle écriture, qui décrit avec tant de grâce et parfois avec une pointe d'ironie, notre monde car à bien y réfléchir ces heureux du monde existent toujours, ici ou là-bas.......


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Sont ils heureux, ces heureux du monde, et la douceur insouciante de leur vie faite d'opulence et de plaisirs codifiés par une stricte étiquette vaut-elle la peine d'y sacrifier son existence?
C'est en tout cas le choix que fait Lily Bart, orpheline bien née, belle comme le jour, maîtrisant sur le bout des doigts ces codes et ces valeurs qu'elle a été élevée à suivre et désirer, mais dépourvue du graal qui lui permettrait de réellement pénétrer le petit monde de l'aristocratie new-yorkaise : l'argent.
Edith Wharton le connaissait bien, ce monde, et le regard plus que distancié qu'elle porte sur lui me fait me demander si c'est par cynisme qu'elle y jette une héroïne certes droite et habile mais éminemment antipathique, égoïste, totalement aveuglée par son éducation, pour l'y faire briller de mille feux avant de l'exclure cruellement d'un univers factice qui ne veut pas d'elle.
Pour ma part j'aurais bien du mal à plaindre cette apprentie garce malgré son destin tragique, ce qui ne m'a pas empêchée de me régaler de l'évocation plus vraie que nature d'un milieu social aussi étroit et brillant qu'inhumain.
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Début XXème siècle
Lily Bart est une jeune fille de 29 ans évoluant dans la haute bourgeoisie New-yorkaise. de bonne naissance mais ruinée, elle n'a qu'une ambition : faire un riche mariage avec un homme de son milieu.
Lily Bart est à la fois intelligente (elle a conscience de ce que le mariage, tel que la société dans laquelle elle évolue le conçoit, est une prison), mais d'un autre côté elle ne peut se résoudre à abandonner cette vie futile et oisive pour être indépendante. Elle ne sait pas distinguer ses vrais amis de ceux qui la trahiront.
Je l'ai trouvée à la fois superficielle et émouvante, futile une minute et l'instant d'après profonde.
Qu'elle soit toujours célibataire à 29 ans prouve d'ailleurs qu'elle n'est pas prête à se « vendre au plus offrant » ....elle cherche un « parti » et quand les choses se précisent, elle « sabote » ses chances...
Jusqu'au jour où la société dans laquelle elle a toujours vécu lui tourne le dos...
La belle se débat, essaie de se défendre ....contre des rumeurs infondées...
Quelle ironie du sort : Lily Bart qui est la plus honnête de toute la « bande » se retrouve seule ...
Un roman très intéressant qui dissèque une certaine société « bien sous tout rapport » en apparence mais terriblement cruelle.......
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J'ai beau souvent aimer les classiques que je lis, j'ai bêtement toujours des appréhensions à les sortir de ma PAL surtout quand ils dépassent les 200 pages écrites petit >< C'est idiot car dès les premières pages en général, je suis fixée et ici, j'ai d'emblée trouvé le style exquis. Il ne m'en fallait donc pas plus !

Edith Wharton, c'est un peu la Jane Austen de l'Amérique du début XXe pour moi. D'elle, j'avais déjà lu et adoré Kerfol et autres histoires de fantômes où le format court m'avait enchantée et sa plume amusée, mais j'avais eu bien plus de mal avec le temps de l'innocence à côté duquel j'étais un peu passé en roman, lui préférant son adaptation ciné. Malgré la profusion de ses titres dans ma PAL j'hésitais donc. Or comme je le disais dès les premières lignes j'ai été séduite. Pourquoi ? Parce que la plume est vive, légère et acérée à la fois. Elle a à la fois cette beauté de la petite phrase qui fait mouche et la fluidité nécessaire pour facilement tourner les pages surtout quand un roman fait plus de 400 pages ^^

Comme souvent dans les romans de l'autrice, nous suivons une héroïne, Lily, qui lui sert à croquer la société new yorkaise du début du XXe dans ce qu'elle a de plus rude et nauséabond. En effet, Lily est une jeune orpheline oisive au début du roman, qui se plaît à vivre au-dessus de ses moyens pensant que tout ira bien grâce à ses amis et sa tante qui s'occupe d'elle. Malheureusement, la vie n'est pas si simple que ça et nous allons suivre ses déboires et ses désillusions qui ne vont faire que s'aggraver, sans parler des gaffes qu'elle-même va commettre. 

J'ai un avis partagé sur cette héroïne que j'aurais aimé pleinement apprécier mais qui a une personnalité qui rend cela difficile. Elle a un côté enfant gâté que je n'aime pas beaucoup mais qui m'émeut aussi. Elle se comporte parfois très mal avec ses "amis" mais d'autres parmi eux se permettent de lui faire subir des choses pas jolies jolies non plus. Alors c'est dur de l'aimer mais impossible de la détester.

Elle évolue dans une haute société bourgeoise new yorkaise qu'on découvre sous son regard naïf avec ses amitiés changeantes et rarement profondes car souvent intéressées. On la suit, comme on peut le faire à Londres, lors de la saison mondaine, dans les fêtes et sorties auxquelles elle participe. Cela a quelque chose de très frivole et superficiel. Mais surtout, on découvre avec elle l'envers du décor : la pression que certains ressentent pour maintenir leur train de vie, la peur de perdre ses amis si on ne suit pas, certaines personnes qui profitent de la naïveté d'autres, l'empêchement d'épouser vraiment qui ont veut car il y a d'autres contingences dont il faut tenir compte, etc. le poids des apparences, de la réputation, des rumeurs et surtout de l'argent et des relations dans tout ça est effroyable et parfaitement raconté ici ! C'était fascinant.

Par contre, j'ai été beaucoup moins séduite par le rythme de l'histoire que j'ai trouvé un peu chaotique. Il a du sens vis-à-vis de ce que vit Lily qui tombe de Charybde en Scylla au fil du temps, ne sachant jamais sur qui vraiment s'appuyer à part son amie de toujours et le cousin de celle-ci, son ami de coeur qu'elle ne peut malheureusement pas épouser. le drame est partout et cela s'en ressent à la lecture même si c'est raconté de manière piquante et sarcastique le plus souvent. Ainsi, j'ai parfois été submergée par tout ce qui arrivait à Lily et je ressentais un peu de lassitude face à cela, surtout en milieu de lecture après avoir eu grand espoir finalement déçue. En revanche, j'ai trouvé la fin parfaite, tellement juste et logique après tout ça. J'admire vraiment l'autrice pour le parcours de vie qu'elle a osé écrire à son héroïne.

Grâce à Chez les heureux du monde, j'ai découvert que je pouvais aimer Edith Wharton sur des textes longs, j'ai donc un regain d'intérêt pour ceux qui peuplent ma PAL. J'ai adoré la poésie âpre et cinglante de sa plume qui croque magnifiquement la haute société new yorkaise d'autrefois à travers le destin dramatique d'une jeune fille gentille et naïve qui s'est retrouvée piégée par celle-ci et ses ambitions. C'est parfois un peu long, un peu trop dramatique mais parfaitement mené avec une critique réelle et profonde des dangers de cette société. Je m'essaierai à d'autres romans de cette autrice.
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J'ai d'abord posé un pied frileux dans ce roman et pendant de longues pages, il m'a semblé qu'il valait surtout pour la beauté et la finesse de son écriture et pour la rare acuité de son analyse psychologique. Puis, en même temps que mon indifférence pour Miss Lily Bart se muait en sympathie, j'ai commencé à m'intéresser sérieusement à l'histoire en réalisant que les événements s'enchaînaient avec la plus grande fatalité : le destin de Miss Lily Bart, jeune fille d'une grande beauté issue d'une famille ruinée, suit son cours inexorable, découlant en grande partie de la personnalité de l'héroïne, dont le naturel droit et fier s'oppose aux valeurs vénales inculquées par sa mère. D'un côté, elle laisse filer les occasions, plus ou moins consciemment, d'un riche mariage et de l'autre, elle passe à côté de l'amour, qu'elle ne saura d'ailleurs pas reconnaître, ou alors trop tard. Ses petites entorses, bien innocentes, aux usages de la haute société dans laquelle elle évolue lui vaudront d'être sacrifiée sur l'autel des faux-semblants et elle ne pourra se résoudre à utiliser le vil moyen qu'elle avait de se défendre.

Satire percutante du monde superficiel et malveillant de la haute société new-yorkaise, roman d'une grande finesse où ce qui est dit et ce qui est suggéré forment un entrelacs délicat, voilà une lecture qui, je le pressens, va m'imprégner durablement.

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J'ai lu ce roman du 09/08/2016 au 16/08/2016.
Un roman que j'ai lu pour sa description de la société new-yorkaise. Je n'ai pas du tout regretté mon choix, j'ai adoré le protagoniste, Miss Lily Bart qui incarne à mes yeux la Nana de Zola, la Fantine d'Hugo puisqu'elle vit dans le luxe et à cause des rumeurs, sa réputation se dégrade et vite elle subit une déchéance au sein de la société et devient vite très pauvre.
J'ai eu une préférence pour l'homme qu'elle aime et vice versa, Lawrence Selden malgré le fait qu'ils n'auront jamais l'occasion de vivre heureux ensemble ou de profiter des moments pleinement d'amour.
Ce roman représente très bien la société entre les coups bas, les rumeurs, l'esthétique, les relations, les ambitions et surtout l'argent. Mais aussi, Wharton nous laisse un message vers la fin : l'argent ne fait pas tout dans la vie comme on le remarquera durant la déchéance de Lily.
J'ai adoré l'écriture de l'auteure.
Pour conclure, je vous conseille de le lire pour avoir une idée des sociétés de l'époque XIXème-XXème siècle.

Ma note : 8.5/10
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Au départ assez désorientée par le style très travaillé de ce roman du début du siècle, je suis finalement rentrée dans l'histoire : la haute société New-Yorkaise est très bien retranscrite, ainsi que les états d'âmes de Lily pour se sortir des situations difficiles dans lesquelles elle se trouve du fait de son état d'orpheline ruinée à la recherche d'un mari issu de la « bonne » classe sociale. Ce roman change des écrits contemporains que j'ai pu lire dernièrement, notamment dans le style d'écriture parfois plus ardu. Dans le même genre, je préfère quand même Jane Austen.
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"Percy Gryce l'avait assommée tout l'après-midi -rien que d'y songer semblait réveiller un écho de sa voix monotone-, et pourtant elle ne pouvait l'ignorer le lendemain, il lui fallait poursuivre son succès, se soumettre à plus d'ennui encore, être prête à de nouvelles complaisances, à de nouvelles souplesses, et tout cela dans l'unique espoir que finalement il se déciderait peut-être à lui faire l'honneur de l'assommer à vie."

Lily Bart est une jeune américaine de bonne famille mais sans argent. Nous sommes au début du 20° siècle (le roman a été écrit en 1905), elle a 20 ans et il est donc urgent qu'elle fasse un beau mariage. Pour cela Lily sait qu'elle peut compter sur son charme et sa beauté:

"L'endroit était charmant, et Lily n'était pas insensible à son charme, ni au fait que sa propre présence le rehaussait encore ; mais elle n'était accoutumée à goûter les joies de la solitude qu'en société, et cette combinaison d'une belle jeune fille et d'un site romanesque lui semblait trop parfaite pour être ainsi gaspillée. Personne toutefois n'apparaissait pour profiter de la circonstance, et, après une demi-heure d'attente stérile, elle se leva et continua d'errer."

Seulement voilà, malgré sa soif de vivre dans l'opulence, il y a chez Lily un fond de morale qui, à plusieurs reprises, alors qu'elle était prête à toucher au but, l'a amenée à saboter ses efforts et a fait capoter une demande en mariage qui semblait pourtant acquise.

Je découvre une société oisive qui, entre la saison en ville et les vacances à la campagne, me fait beaucoup penser à l'aristocratie britannique de la même époque. Sauf qu'ici les femmes fument et qu'il y a des divorcé-e-s. Les plus riches sont prêts à inviter Lily chez eux voire à lui payer un séjour en Europe pour profiter de sa bonne compagnie. On attend cependant qu'elle rende quelques services en échange : faire des travaux de secrétariat ou servir d'alibi à l'amie adultère.

A mesure que le temps passe et qu'elle se lie d'amitié avec Lawrence Selden, un avocat qui évolue dans ces mêmes cercles mais sans en être dépendant, Lily a de plus en plus de mal à concilier ses aspirations contradictoires. Elle ne peut pas envisager de vivre pauvrement, c'est-à-dire sans acheter fréquemment de nouvelles robes et de nouveaux bijoux mais elle prend conscience que ces distractions ne peuvent pas donner de sens profond à sa vie. Faute d'arriver à trancher sa situation devient très inconfortable et nous mène à une fin pathétique qui m'a fait venir des larmes aux yeux.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture. Edith Wharton dresse un portrait critique de cette haute société new-yorkaise dont elle était elle-même issue. A l'occasion, quand Lily découvre la vraie pauvreté, elle nous montre aussi les dures conditions de vie des gens du peuple. Néanmoins je relève l'expression de préjugés antisémites qui me hérissent :

"Il tenait de sa race l'art d'apprécier exactement les valeurs, et le fait d'être vu arpentant le quai bondé, à cette heure de l'après-midi, en compagnie de miss Lily Bart lui représentait, pour parler sa langue, de l'argent comptant." Et pourtant le personnage décrit ici, juif et nouveau riche, apparait finalement comme un brave homme.

A côté de ça la condescendance masculine prêterait presque à rire : "Mon droit d'agir comme je le fais est tout simplement le droit universellement reconnu qu'a un homme d'éclairer une femme quand il la voit inconsciemment placée dans une position fausse."
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Regard acéré sur le destin et les illusions sur lesquelles on le bâtit. Sombre au final. Magnifiquement servi par une écriture ciselée.
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C'est le troisième Wharton que je lis (après The Age of Innocence et Ethan Frome). Comme toujours, c'est un régale linguistiquement (en tout cas en VO). Wharton déploie des jolies phrases et des piques terribles, de manière à ce que l'on navigue entre la tragédie et la comédie. Finalement, n'est-ce pas cela, aussi, la réalité.

À ce titre, j'ai remarqué quelques ressemblances avec Jane Austen et Virginia Woolf (surtout Night and Day), sauf que la version américaine est visiblement beaucoup plus dure et réaliste.

Une belle lecture qui vous laissera l'impression que Lily est restée quelque part dans la pièce avec vous.
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