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sur 387 notes
Qui sont-ils Ces heureux du monde ? Et de quel monde ?
Celui de la Haute Bourgeoisie new-yorkaise en cette première moitié du vingtième siècle, voguant entre Cinquième avenue, Riviera française et riches demeures de la campagne pour fuir l'été trop brulant. Et même si l'on dit, l'argent ne fait pas le bonheur, dans cette société il y contribue, il y est même indispensable.

Et Lily, qui est-elle ?
"On la trouvait plutôt jolie, Lily" Elle est jeune, encore, fraiche, pleine d'esprit, on l'invite souvent, pour agrémenter les séjours campagnards, les soirées mondaines ou les croisières estivales.

"Elle croyait qu'on était égaux, Lily" Oui, mais Lily est orpheline, Et elle ne dispose pas de beaucoup d'argent, alors elle doit se plier aux lois d'une société prompte à à penser que la vérité est là où est l'argent... Alors certains sont plus égaux que d'autres

J'ai beaucoup aimé ce texte écouté en version audio trouvée sur ce site indiqué par Berni, https://www.litteratureaudio.com/

Lily m'a touchée, elle a été élevée comme une jeune femme de cette haute société, c'est-à-dire qu'elle ne sait pas faire grand-chose, à part paraitre dans le monde, tenir son rôle, rechercher un riche mari, même si de temps à autre d'autres aspirations enflent son coeur, surtout lorsqu'elle converse avec Monsieur Selden, le moins mondain de son cercle de connaissances, le plus lucide. Elle souffre du côté artificiel et convenu de toutes ces mondanités, de l'impossibilité de se départir du masque qu'elle doit porter pour rester conforme à l'image que les autres ont d'elle. Son manque de fortune la rend dépendante des autres et lui interdit d'être libre. Je l'ai trouvé à la fois naïve et étrangement lucide sur elle-même, très consciente de ses limites, mais ne pouvant se résoudre à des actions déshonorantes, même lorsque rien d'autre ne peut la sauver, pas même Monsieur Selden. L'autrice décrit à merveille le comportement de Lily, son analyse de cette jeune femme est d'une grande justesse.

Et ce que j'ai aimé par-dessus tout dans ce livre, c'est la beauté de l'écriture. Je me suis délectée à l'écouter, les mots s'enchainent les uns aux autres avec grâce et fluidité, que ce soit pour décrire la société ou les affres par lesquelles passe Lily. Cela a été un plaisir tout au long de ces quelques seize heures d'écoute. Ce livre fait partie pour moi de ceux qui me séduisent autant par la forme que le fond , comme beaucoup de ces classiques dans lesquels je me plonge avec bonheur, le plus souvent.

Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie1
Edith_Wharton_Chez_les_Heureux_du_Monde_Partie2
Lu par Vincent de l'Épine

Lien : https://www.litteratureaudio..
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"Chez les heureux du monde", ou une illustration parfaitement cynique de ce que l'argent fait le bonheur.

Au début du siècle dernier, Lily Bart est une jeune femme de 29 ans, issue d'une famille de la bonne société new-yorkaise. Désormais orpheline et ruinée, elle vit aux crochets d'une vieille tante pingre et peu sympathique. C'est là toute la tragédie de la vie de Miss Bart : élevée dans l'idée que le but de l'existence est de ne rien faire, qu'il "était de la plus haute importance de garder les apparences de la prospérité", et que sa beauté sublime lui permettra de compenser la maigreur de sa dot pour faire un riche mariage et ainsi satisfaire son besoin d'argent et de luxe, elle n'a de cesse de fréquenter la haute société oisive et hypocrite à la recherche du parti idéal. de New York à Monte-Carlo en passant par les stations chic de la côte est des USA, on apprécie sa compagnie, et la jeune femme est très demandée. Ce qui ne va pas sans entamer dangereusement son petit budget, dilapidé en riches toilettes, bijoux et dettes de jeu. Vivant constamment au-dessus de ses moyens, la situation de Lily s'aggrave encore lorsque la rumeur – que la "bonne" société susnommée accueille avec gourmandise – lui prête des faits et gestes scandaleux. de plus en plus isolée, maladroite dans ses tentatives pour redresser la situation, elle s'enfonce dans la précarité jusqu'à se voir contrainte à travailler, à sa plus grande honte et à son encore plus grande incompétence : "Puisqu'elle avait été élevée pour être purement décorative elle pouvait à peine se blâmer de n'avoir pu servir à aucune fin pratique ; mais cette découverte ruina l'illusion consolante qu'elle avait de sa capacité universelle". Une déchéance évidemment mal vue, qui la bannit à jamais de son milieu d'origine. Et la pauvre Lily de se victimiser : "Était-ce sa faute s'il peut arriver que cette mission [d'ornement délicieux] soit traversée par des nécessités matérielles ou compliquée par des scrupules moraux ?"

Lily Bart ne brille pas par sa lucidité, ni par le niveau d'empathie qu'elle a suscité chez moi, proche de zéro. Rodée aux codes et manigances de la société qu'elle fréquente depuis si longtemps, elle est intimement convaincue de la supériorité que lui confère sa beauté, et de l'attraction qu'elle exerce sur les hommes. Snobant ses semblables en son for intérieur, calculatrice et pourtant parfois tellement irréfléchie, elle a déjà laissé passer de beaux partis. A mesure que sa situation devient "urgente", elle a cependant le chic pour s'auto-saboter chaque fois davantage, incapable de résister aux impulsions plus ou moins justifiées moralement, qui la détournent du but de sa vie. Et dire que l'amour se trouvait sous ses yeux depuis le début, qu'elle en était vaguement consciente mais que décidément l'argent brillait d'un éclat beaucoup plus puissant aux yeux de Lily...

Une tragédie, donc, mais aussi une satire cruelle de cette riche et vaine société américaine du début du 20ème siècle, une société dans laquelle le mariage semble le seul ascenseur social pour les femmes, et dont les valeurs sont fondées sur les apparences, où l'hypocrisie semble être la principale caractéristique, avec le goût du luxe : on se snobe, on se poignarde dans le dos mais on recherche sans cesse la compagnie de ses semblables (ou qu'on croit tels) pour être vus au bon endroit au bon moment, pour être acceptés. C'est cette peinture sociale qui m'a le plus intéressée. Pour le reste, l'histoire de la pathétique Lily n'a éveillé aucune compassion en moi, son inconséquence, ses atermoiements et tergiversations m'ont agacée. Quant au style, je ne sais pas si c'est parce qu'il y a (trop) longtemps que je n'avais plus lu de "classique", mais j'ai eu du mal avec les dialogues elliptiques (je n'étais jamais sûre d'avoir compris les conversations). L'analyse psychologique est certes ciselée, mais se perd en longueurs et lourdeurs ennuyeuses et creuses, à l'image de la vie des personnages.
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Depuis le temps que je voulais lire ce roman, c'est enfin chose faite ! Je me suis encore une fois régalée avec Chez les heureux du monde, de l'auteure américaine Edith Wharton, que je connaissais déjà grâce à son livre Les Lettres.
Dans cette oeuvre qui ressemble à celles de Jane Austen, nous suivons le destin de Miss Lily Bart, jeune femme de vingt-neuf ans, dont la beauté exceptionnelle lui permet de côtoyer les plus riches familles, à commencer par les Trenor ou encore M. Rosedale, mais qui, petit à petit, va se retrouver seule dans un monde égoïste de ce début du XXème siècle...

Malgré un début difficile, sans doute à cause de l'écriture de l'édition, je me suis très vite identifiée à Lily, j'ai ressenti toutes ses émotions, ses premiers malheurs, et enfin, sa déchéance finale, comme si j'évoluais dans cette société répugnante. Heureusement, certains personnages sont restés sympathiques du début à la fin, d'ailleurs, dès les premières pages de ce roman, le lecteur a la chance de rencontrer M. Lawrence Selden, l'un des seuls qui restera fidèle à Lily, jusqu'à la dernière page, à la fois émouvante et magnifique !

Que dire de plus ? Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, l'intrigue était passionnante, avec un enchaînement rapide d'évènements tous aussi intéressants les uns que les autres ; bref, comme vous l'aurez constaté, j'ai adoré Chez Les Heureux du monde, que je conseillerais bien évidemment à tous...

A lire !!
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Attention coup de coeur!
Je me suis régalée avec ce roman ciselé et fin, qui m'a fait tour à tour sourire, pleurer ou penser...

Avant toute chose, j'ai été enchantée par le style. Peut-être ai-je lu trop de livres 'modernes' récemment; toujours est-il que j'ai plongé avec délices dans ces paragraphes fluides et bien construits, dans ce vocabulaire recherché et précis, toujours juste. Au travers de ses mots et de ses phrases, on devine Edith Wharton, brillante, sensible et très observatrice... Un vrai plaisir de lecture, suffisamment rare pour être souligné, d'autant que je suis habituellement bien plus attentive au fond qu'à la forme !

Bien des (belles) choses à dire au sujet du contenu, également. Miss Lilly Bart fait figure à mes yeux de pure figure de tragédie. Tiraillée entre son éducation futile et superficielle et ses idéaux de liberté, d'amour et de grandeur, elle compromet toutes ses chances de bonheur d'un côté comme de l'autre. Ainsi, c'est elle-même qui se sabote à chaque fois qu'un beau pari est prêt à l'épouser. Elle-même qui refuse de se contenter d'une une vie plus simple, independante et belle. Elle oscille en permanence entre ces deux pôles, ne parvenant pas à fixer son choix de manière durable.
Dès lors, sa dégringolade semble inéluctable. Malgré ses amis, malgré sa beauté, malgré son intelligence.

Et quelle dégringolade grandiose ! Sa chute nous fait voyager de New York à Monte-Carlo en passant par Newport. Elle nous emmène dans les salons de la haute société, chez les nouveaux riches et même à la rencontre des classes laborieuses. Elle nous dresse un panorama sans concessions de toute société humaine, entre sombres trahisons et petits travers quotidiens, sans oublier ces trésors d'amitié ou de solidarité qui subsistent parfois malgré tout.

Quel gâchis monumental que la vie de Lilly Bart, si intelligente, si belle, si honnête ! Et quel talent il a fallu à Edith Wharton pour transformer cela en un trésor de livre, à mi-chemin entre le roman d'apprentissage inversé et la peinture sociale cynique du New York de cette époque !
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(Masse critique septembre 2017)
J'aime de temps en temps déguster un classique. Je ne connaissais Edith Wharton que de nom. Certains disent qu'elle est la Jane Austen américaine. Je sais juste que j'ai eu un vrai coup de coeur pour sa plume. J'aurais dû être plus curieuse bien avant !!

« Chez les heureux du monde » conte l'histoire tragique d'une belle jeune femme, Lily Bart, qui essaie de se faire une place dans la haute société new-yorkaise au début du XX°siècle et de se conformer à son monde codifié et étouffant. Mais épouser un riche mari, devenir un « ornement délicieux », est-ce réellement un destin lorsqu'on est « trop honnête pour monnayer sa beauté » ?

Quel plaisir à lire ! Edith Wharton est avant tout une belle plume, un style très littéraire, des descriptions qui ne manquent pas de poésie, des portraits ciselés. le langage est élégant, riche. le récit est rythmé, très vivant. Alors je me suis laissée porter par les pérégrinations de Miss Bart. La bonne société de l'époque ne restait pas en place telles les cours d'antan.

Le début du XX° siècle est une période que je trouve assez fascinante. Elle préfigure notre ère tout en étant bien différente. Si son mode de fonctionnement est captivant, j'ai tout de suite envie de préciser qu'en tant que femme je suis soulagée de vivre à notre époque. La description qu' Edith Wharton en fait est parfois satirique, sa critique sans compromis. Elle dresse le portrait d'une société de privilégiés qui étouffe sous le diktat des apparences, de l'étiquette. Elle m'a donné le tournis cette société à virevolter de droite et de gauche sur le globe, à babiller sans cesse, à cultiver une hypocrisie distinguée et insensible, à dépenser énergie et rente à modeler... du vent, des frivolités, un monde de faux-semblants. Un monde que l'auteure connaît bien et qui vit ses dernières heures.

Mais ce que j'ai préféré dans ce roman ce sont les personnages, si parfaitement dessinés par l'auteure qu'ils semblent presque réels. En premier lieu, Lily bien sûr. Une femme belle, trop belle qui n'arrive pas à se résoudre à être ce à quoi elle est prédestinée : un bel ornement pour un mari riche. Non pas qu'elle n'aime pas l'argent, elle ne saurait vivre sans et ne s'en cache pas, mais une envie de liberté, un coeur qui palpite pour un homme sans fortune font qu'elle finit toujours par faire capoter ses chances de bien se marier et tous les plans élaborés avec soin. Un destin qui tourne au tragique au fil des pages. Pas de place pour les aspirations d'une belle orpheline désargentée. Ce sera une véritable descente aux enfers. Inéluctable, page après page, erreur après erreur… Partagée entre ce qu'on attend d'elle et ses sentiments, Lily ne sait pas choisir et son manque de constance la perdra. Un destin qui ne peut que toucher.

Merci beaucoup à Babelio et à Archipoche de m'avoir permis de découvrir la plume talentueuse d'Edith Wharton. Merci pour cette très belle rencontre avec Lily Bart, elle est de ces personnages qu'on emporte avec soi en fermant un livre.
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Histoire de la splendeur et de la déchéance de Lily Bart... Dans la haute société de New York du début du vingtième siècle, il ne fait guère bon vivre malgré les apparences. Si l'on veut se conformer aux règles, on peut même y perdre son identité ; c'est ce qu'Edith Wharton aura à coeur de développer magistralement tout au long de son premier roman.

Wharton a toujours écrit sur ce qu'elle connaissait le mieux : la société de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie américaine, et plus spécifiquement new-yorkaise. Elle l'étudie, elle la dissèque sans indulgence. Bien au contraire, elle en pointe constamment les travers. L'histoire de Lily Bart lui sert donc de prétexte à dénoncer une société hypocrite, superficielle, misogyne et impitoyable. Lily en est issue, mais fait figure de parent pauvre. Elle ne peut donc mener le train de vie de ses amis, mais n'imagine de pas de vivre autrement ni ailleurs que parmi eux. Et pourtant, elle est indubitablement différente. Poursuivant un seul objectif, celui de se trouver un riche mari afin de s'assurer un avenir solide et confortable, elle est sans cesse contredite dans ses projets par son aspiration à une autre vie. Elle est sa propre ennemie.

Donc, d'une part, une volonté (ancrée depuis l'enfance dans le cerveau de Lily) de se conformer aux règles de la haute société, et, d'autre part, une envie incertaine, floue, mais bien présente, de prendre son envol et de se laisser guider par ses sentiments. Ce sont ces tiraillements constants qui vont mener petit à petit Lily à sa déchéance - à moins qu'elle ne parvienne au contraire, en perdant argent, fanfreluches et "amis", à un début d'émancipation... Ce sont ces tiraillements qu'Edith Wharton va analyser encore et encore. Par son style sous influence proustienne (les phrases de dix pages en moins), elle nous fait pénétrer dans les méandres de la psychologie des personnages, et avant tout, dans ceux de Lily. Chez Les heureux du monde, c'est un petit trésor de subtilité. Et un pamphlet féministe.

Il est, cependant, parfois malaisé pour le lecteur de comprendre les comportements de la haute société new-yorkaise : est-ce si grave de faire ceci ou cela, d'avoir été vu subrepticement en compagnie de Machin ou d'Untel, pour que la seule réponse possible demeure, toujours, l'exclusion définitive et irrémédiable de la personne prise en flagrant délit ? Si l'on est pas du monde d'Edith Wharton (comme c'est évidemment le cas de la plupart de ses lecteurs d'aujourd'hui), les codes de cette société demeurent un rien hermétiques. Ce qui, au final, renforce la critique féroce de l'auteure : cette société n'est construite que sur des artifices qui sont devenus des impératifs, au mépris de toute tentative d'épanouissement personnelle. Chez les heureux du monde, c'est donc bien plus que l'histoire tragique de Lily Bart et de l'élite new-yorkaise : c'est celle des femmes, des sociétés humaines. C'est celle des individus qui, toujours et encore, cherchent à s'épanouir dans un contexte qui les contraint impitoyablement.
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Si Edith Wharton décrochera le Pulitzer en 1921 avec son superbe "Age de l'innocence", c'est bien avec "Chez les heureux du monde" qu'elle acquiert dès 1905 sa solide notoriété d'écrivain. Pour moi, il est malaisé de penser que quinze ans séparent les deux oeuvres tant elles sont proches par la subtilité de l'écriture tout en grâce et en esthétisme, et par la profondeur psychologique qui sonde avec talent tous les personnages.

Impossible de ressortir totalement indemne d'un roman d'Edith Wharton, quel qu'il soit. Avec "Chez les heureux du monde", elle nous entraîne dans le sillage de miss Lily Bart, toujours demoiselle malgré la trentaine proche, et qui évolue au coeur de la upper class new-yorkaise. Mondaine et sollicitée, miss Bart reste toutefois très vulnérable dans les cercles privilégiés de cette société fausse et malveillante. Si elle ne trouve pas rapidement à se marier, même sa beauté proverbiale ne la sauvera pas de la ruine et de la déchéance sociale. Car Lily est orpheline et pauvre, ce qui s'accorde assez peu avec ses espérances. Très consciente de ne pas avoir les moyens de son ambition, elle espère tirer son épingle du jeu en se résignant à chercher une alliance de convenance. Hélas, c'est sans compter sur ses propres sentiments pour un jeune avocat de ses amis, et sans les mesquineries des prédateurs bien décidés à la faire choir de son piédestal.

Le titre français évoque le bonheur mais ne vous y fiez pas, il s'agit bien ici d'un drame retraçant l'ascension et la chute de Lily Bart, ses grandes espérances et son brusque déclin. le seul fait de s'attacher une fois encore à une héroïne plutôt qu'à un héros témoigne de la grande modernité d'Edith Wharton. Toujours, elle donne à ses héroïnes de l'envergure et du caractère, les poussant vers l'indépendance et montrant comment leur émancipation est stoppée en plein vol par les chaînes d'une société pourrie jusqu'à la moelle sous des dehors impeccables.

Un autre très grand roman de cette grande femme de lettres.


Challenge Petit Bac 2017 - 2018
Challenge PLUMES FÉMININES 2017
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Lily est belle. Elle a l'élégance racée de qui est née pour incarner la perfection. Son visage convoque les lys, les roses fraichement écloses, la douce luminosité de la soie. Ses jolies mains appellent les dentelles les plus fines, ses délicieuses lèvres ourlées les nectars les plus subtils. Sa beauté est un hommage à tous les luxes, une promesse de toutes les bontés.
Et elle le sait. Grandie dans le monde feutré de la bonne société américaine, son charme s'est épanoui avec l'assurance de qui sait devoir recevoir les hommages qu'il mérite. Avant vingt ans, elle est parvenue à un degré de raffinement lui faisant regretter l'indéniable faute de goût qu'il y a à déjeuner devant des roses cueillies de la veille. Vous conviendrez avec elle qu'une brassée de muguets aurait été davantage opportune.
Hélas, Lily est ruinée. Enfin, son père. Lequel ne s'arrête pas là et meurt rapidement. Tout comme sa mère. Voici la jeune fille, désormais âgée de 29 ans, orpheline, contrainte de se gouverner seule avec un trop maigre pécule et pour unique chaperon une vague et ennuyeuse tante (néanmoins fortunée).
Comment la belle Lily Bart va-t-elle conduire son existence ? Comment va-t-elle combiner son aspiration à vivre dans le confort avec un code social de bienséance qui la dépossède de tout moyen d'action ? Une jeune fille de son rang ne peut en effet pas faire grand-chose ni accepter quoi que ce soit sans que sa réputation en soit atteinte. A moins de se perdre dans des cercles bien peu recommandables…
Heureusement, ses amis fortunés et insouciants sont toqués de sa présence, de ses réparties délicieuses et de ses charmes. Croisières en bals, invitations à la maison de campagne ou à l'opéra, Lily Bart voit là un terrain de jeux où exercer sa délicieuse emprise. Car il s'agit, de manière toujours plus urgente, de trouver un moyen définitif de s'inscrire dans le luxe qui lui va si bien. Autrement dit, un mari.
Pourtant, l'âme de Lily ne peut se résoudre à l'artificialité fade des mondanités newyorkaises. Pas plus qu'elle ne parvient à dépasser son aversion pour la vulgarité de certains parvenus. Ni à se dérober au charme puissant qu'exerce sur elle le sage et circonspect Mr Selden.
Comment tout ceci va donc se finir ?
J'ai trouvé chez Edith Wharton tout ce que je désespérais de lire sous la plume d'Henry James : la finesse des analyses psychologiques, la vraisemblance de caractères parfaitement étudiés. La cruauté de cette société américaine en train de se faire, de conquérir toujours de nouvelles fortunes plus vite que les élites n'ont le temps de les accepter est un décor parfait pour cette grande figure féminine qu'est Lily Bart. Les péripéties sont certes un peu convenues et nous sommes dans un roman de genre mais une fois les codes de celui-ci acceptés, je me suis régalée aux tourments de cette grande âme comme j'ai souri aux descriptions très proustiennes des mondains. Merci de tout coeur à Anna pour cette découverte. Nul doute que je lirai prochainement d'autres romans de cette brillante romancière.
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Lily Bart, soucieuse de faire un mariage qui lui assurerait tout le confort et la facilité de vie dont elle rêve, se surprend à aimer Lawrence Selden, intellectuel distingué mais pauvre.
Je n'ai ressenti aucune sympathie pour cette jeune femme incapable d'agir, paralysée par son double désir d'épanouissement spirituel et de liberté financière.
Je n'ai pas aimé ce roman, sans toutefois que le mettre vraiment en cause.
Je me demande seulement pourquoi depuis quelques années, je suis fâchée avec la littérature classique qui m'a procuré tellement de bonheur dans le passé.
Qu'est-ce qui ne fonctionne plus ? A vrai dire je ne sais pas trop.
Peut-être l'écriture trop travaillée, trop détaillée.
Peut-être l'ambiance dans laquelle je n'ai plus envie de me retrouver.
Peut-être les personnages qui me semblent mièvres bien souvent.
J'ai toujours en mémoire quelques romans magnifiques du 18ème siècle que j'ai tellement envie de relire, sans pour autant le faire par peur d'être déçue en ne retrouvant pas l'émotion passée.
Je n'ai donc pas, vous l'aurez compris, trouvé le bonheur escompté « Chez les heureux du monde. »


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Lily Bart a grandi au sein d'une famille aisée de la haute-société new-yorkaise. A la ruine puis à la mort de ses parents, seule sa tante accepte de la recueillir. Comme le veut l'usage au sein de cette société, son unique moyen pour maintenir sa position est de trouver un bon parti et de faire un mariage qui lui assurera définitivement sa position sociale.
Mais Lily est tiraillée, tiraillée entre sa raison, l'absolue nécessité de faire un bon mariage et son coeur qui, inconsciemment la mène à refuser de bons partis à plusieurs reprises.
La situation de Lily devient critique au fur et à mesure que sa fortune décline surtout qu'elle est sous l'emprise du vice du jeu. Des dettes importantes l'amènent à solliciter son entourage. Sa conduite et ses décisions finissent par se retourner contre elle et Lily doit alors lutter contre ce milieu qui était pourtant celui auquel elle était prédestinée.

Je ne connaissais pas Edith Wharton et le peu de critiques que j'avais lues concernant ses romans ne m'avaient pas particulièrement encouragée à la découvrir. Quelle erreur ! C'est à l'occasion de mon club de lecture que j'ai pu la réparer.

J'ai été plus qu'agréablement surprise par ma lecture et je peux même dire que c'est un grand coup de coeur ! J'ai vraiment adoré ce roman de bout en bout même si je reconnais que les premières pages ne sont pas faciles. le style d'Edith Wharton est magnifique mais peut paraître un peu ampoulé ( ce que j'explique par le fait qu'elle admirait beaucoup Proust et c'est vrai qu'on y reconnaît quelques similitudes, l'extrême longueur des phrases en moins). le nombre de personnages peut aussi décourager. Il n'est pas facile au début de s'y retrouver, de savoir qui est qui. Mais au fil de la lecture, on prend ses repères et cela devient alors un véritable bonheur.
Qu'est-ce que le bonheur justement ? Lily ne semble pas le concevoir sans l'associer à la richesse, d'où son obstination à faire un bon mariage. Ses discussions avec Lawrence Selden ne parviennent pas à la faire changer de conduite.

« - Mon idée du succès, dit-il, c'est la liberté personnelle.
- La liberté ? … être libre de soucis ?
- Libre de tout… de l'argent et de la pauvreté, de l'aisance et de l'inquiétude, de tous les accidents matériels. Maintenir en soi une sorte de république de l'esprit, voilà ce que j'entends par le succès. »

De par son éducation, Lily est restreinte à un certain code de conduite. Durant toute son enfance, sa mère n'a cessé de lui répéter qu'elle obtiendrait tout uniquement grâce à sa beauté. Mais sans argent, Lily doit sauver les apparences et maintenir l'illusion sur son train de vie. L'illusion ne tient pas très longtemps et elle devient rapidement la persona non grata. Même Lawrence, victime des racontars et des apparences, lui tourne le dos. Seuls quelques amis soutiendront Lily mais pas toujours de façon heureuse pour elle.

« Ce n'est pas un bel endroit, non, et la seule manière d'y prendre pied et de s'y tenir, c'est de le combattre avec ses armes, à lui…et, avant tout, ma chère, pas seule ! »

Il faut être un loup pour survivre au milieu des loups. Et bien que Lily donne l'impression d'en être un, on se rend bientôt compte que son âme est plus pure qu'elle n'y paraît.

Ce roman m'a beaucoup rappelé, dans un premier temps, La Foire aux Vanités de Thackeray. J'ai assez tôt fait le rapprochement entre Lily et Becky par leur côté calculateur et manipulateur. Mais contrairement à Becky, Lily ne s'enfonce pas dans ce trait de personnalité. Elle m'a complètement bouleversée et touchée au point que j'en ai versé des larmes. La scène des tableaux vivants rappelle aussi fortement celle des charades de la foire aux vanités.

Critique de la haute-société new-yorkaise du début du XXème siècle, Chez les heureux du monde offre aussi un panorama de la société new-yorkaise dans son ensemble, des anciennes familles de l'aristocratie aux nouveaux riches à l'instar de Rosedale et des Gormer mais aussi du milieu des travailleurs.
A travers Lily, c'est toute la mesquinerie et les fausses convenances de l'aristocratie qu'Edith Wharton pointe du doigt. Une aristocratie qu'elle a elle-même fui en partant s'installer en France.

Je ne peux que conseiller ce sublime roman magistralement écrit et d'une beauté triste à pleurer.

« Les marques mêmes de son chagrin lui seyaient comme les gouttes de pluie vont à la rose battue. »
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