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144 pages
CHARLES-LAVAUZELLE & Cie (01/06/1946)
4/5   1 notes
Résumé :
Récit de l'arrestation et de la déportation d'une mère et de sa fille.
Du 22 mai 1942 (Île de Bréhat) au 22 avril 1945 (Mauthausen) en passant par Angers, la prison de la Santé et Ravensbrück.
Préface (en date du 21 avril 1946) du général Audibert, chef de Résistance de l'Ouest, député à la Constituante.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y a des vieux livres, tout racornis et au papier jauni que l'on retrouve à l'occasion d'un rangement ou d'un déménagement. Celui-ci est l'un d'eux. Ouvrons-le.

Il s'agit du récit de l'arrestation et de l'emprisonnement de l'auteure pendant la Seconde Guerre mondiale. le 22 mai 1942 elle est arrêtée avec son mari et sa fille pour leurs activités dans un réseau de la Résistance (Georges France 31), puis transférée de l'Île de Bréhat à Mauthausen en passant par Angers, la prison de la Santé, Fresnes et Ravenbrück ; elle sera libérée in extremis le 22 avril 1945. Déportée N.N (Nacht, Nebel, "Nuit et Brouillard"), elle raconte dans l'année qui suit son retour, les atrocités dont elle a été la victime endurante pendant près de trois ans et le précieux témoin.

le livre est préfacé par le Général Audibert, qui coordonnait l'Armée secrète dans l'ouest de la France et qui fut lui-même arrêté en mars 1944, déporté à Buchenwald et libéré par les Américains.

Il y a un grand contraste entre le ton agressif de la préface qui sous-entend qu'on ne pourra jamais vouloir "rendre sa force maléfique à une race capable de telles atrocités" et celui de l'auteure qui s'en tient à la description de ce qu'elle a vu et subi. Mais le récit vaut un terrible réquisitoire : "Dans les poches des vêtements [que les prisonnières doivent trier] on trouve de tout, [...] même un jour une main de bébé toute sanglante, roulée dans un mouchoir".

Je ne pense pas qu'il soit inutile, pour nous autres qui n'avons connu ni guerre, ni occupation, ni déportation d'affronter ce type de récit. C'est même le plus minuscule hommage que nous pouvons rendre à ceux qui ont donné leur vie pour notre liberté : ayons au moins le courage de regarder bien en face ce qu'ils ont vécu pour nous.

La profondeur abyssale de la méchanceté dont l'homme est capable, entraperçue dans ce livre, révèle la prodigieuse capacité de résistance de l'être humain convaincu de la justice de son combat. Elle suppose aussi qu'il existe, pour un monde équilibré, une bonté tout aussi extraordinaire.
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