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sur 388 notes
Cette nouvelle traduction sous la plume de Laura Derajinski opte pour la reprise du titre original (The Diamond Bikini), que les précédentes transpositions avaient transformé en Fantasia chez les ploucs. À titre personnel, j'estime que cette prise de liberté fut salvatrice puisque l'intitulé est tout aussi représentatif de l'univers débridé dont le lecteur va être l'observateur. D'une, il conserve l'aspect cinglant du roman noir situé dans l'Amérique profonde. Et de deux, il est également raccord avec le ton employé car le narrateur est un petit garçon de 7 ans, à priori le dernier personnage qu'on attendrait aux premières loges d'un tel genre. C'est pourtant ce point-là qui donne au Bikini de diamants cette saveur acidulée.
Charles Williams joue à merveille de ce décalage entre les évènements relatés au travers de la compréhension (et l'imagination) d'un enfant et ce qu'en déduit le lecteur. Ce qui se traduit par un amusement continuel : on rit autant de la naïveté présumée du bambin que de l'attitude fourbe des adultes à son égard. Cette approche donne également une certaine légèreté à l'étalage de crimes et délits auxquels le petit Billy semble étranger tout en renforçant le cynisme de l'oeuvre. C'est peu dire que la plupart des adultes dans ce livre sont aussi peu recommandables qu'une brochette de légumes assaisonnés de mort-au-rat. le père ("Pop") est l'incarnation de l'escroc tranquille, tonton Finley est un illuminé obsédé par l'armageddon, la bande de policiers sont tous plus empotés les uns que les autres. Quant à l'oncle Sagamore, il est tellement doué dans la filouterie que c'est à se demander s'il ne serait pas du même sang que le shérif Nick Corey dans le chef-d'oeuvre d'humour noir Pottsville, 1280 habitants écrit par Jim Thompson en 1964. de cette galerie d'esprits bien tordus, l'unique semblant d'espoir pour l'humanité (et Billy) provient de Mlle Harrington, pourtant loin d'être une enfant de choeur.
Le style est vif, Williams s'amusant beaucoup des contraintes qu'il transgresse sans préavis, laissant planer un doute sur son étrange narrateur. le Bikini de Diamants n'a pas besoin de beaucoup de pages pour cartographier ce microcosme décadent régi par l'avarice et le populisme. Encore une fois, la grande réussite du livre est de rendre la charge implicite sans verser dans le réquisitoire. Venez vous offrir un petit moment de fantaisie chez les bouseux, ils n'ont pas leur pareil pour marquer votre séjour.
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Une ferme, Billy sept ans, ses oncle et père truands rigolards, des vrais méchants armés de mitraillette, des cochons écrasés, un sinoque complètement sourdingue qui construit une arche de Noé, une stripteaseuse au grand coeur et des forces de l'ordre ridiculisées.
Un vrai bastringue vu par l'oeil innocent de Billy.
Du noir et un humour barge et déjanté.
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Les éditions Gallmeister continuent d'exhumer des pépites oubliées de la littérature américaine, et nous offrent l'occasion de redécouvrir des chefs-d'oeuvre au charme suranné mais intact. Paru en 1956, sous le titre original « The Diamond Bikini », traduit sous le titre « Fantasia chez les ploucs », le roman iconique de Charles Williams bénéficie d'une nouvelle traduction de l'excellente Laura Derajinski, et d'un titre plus conforme au titre originel, « Le bikini de diamants ».

Ce roman tient une place particulière dans l'oeuvre de Charles Williams. Une oeuvre essentiellement consacrée aux romans noirs, dans laquelle on retrouve notamment les remarquables « Calme plat » et « Hot Spot », qui furent adaptés au cinéma. Porté à l'écran sous le titre de « Fantasia chez les ploucs », « Le bikini de diamants » nous est narré par Billy, un enfant de sept ans et évoque davantage un monument de drôlerie qu'un roman noir.

Toujours en vadrouille avec son paternel, conseiller en placements hippiques, Billy va, le temps d'un été, s'installer chez son oncle Sagamore Noonan. Un fermier haut en couleur, qui tanne du cuir pour masquer l'odeur de son activité prohibée de distillation de bourbon. Son épouse Bessie vient de lever les voiles pour une durée indéterminée, et l'oncle Finley, aussi sourd qu'illuminé, continue inlassablement de clouer des planches pour construire la nouvelle arche de Noé.

Si Sagamore s'adonne joyeusement à son passe-temps favori qui consiste à faire tourner en bourrique le shérif et ses hommes, c'est l'arrivée de Choo-Choo Caroline, strip-teaseuse pourchassée par des gangsters, qui rendra les vacances de Billy inoubliables. La plantureuse jeune femme, s'installe en compagnie du « docteur » Severance sur la propriété de Sagamore.

« Mlle Harrington a agité sa cigarette vers lui.
- Salut, vieux, elle a dit. Rentrez donc votre langue. Vous êtes en train de mouiller votre chemise. »

Caroline n'a pas sa langue dans sa poche et ne se gêne pas pour se moquer des hommes qui la reluquent avec un peu trop d'entrain. Elle noue en revanche une relation teintée de tendresse avec le jeune narrateur, à qui elle entreprend d'apprendre à nager dans le lac situé sur la propriété.

L'été magique de Billy se corse lorsque Caroline disparaît, seulement vêtue de son bikini de diamants. L'oncle Sagamore organise une chasse à l'homme (ou à la strip-teaseuse en l'occurrence) démesurée et orchestre une fête foraine pour accueillir les milliers de participants qui se sont portés volontaire pour voler au secours de la jeune femme en péril.

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L'originalité du « Bikini de diamants » tient évidemment à l'âge de son narrateur. L'intrigue nous est contée à hauteur d'un enfant de sept ans, qui croit que son oncle est vraiment un tanneur de cuir, ignore tout de son activité illicite de distillation de bourbon et porte un regard innocent sur la beauté spectaculaire de la délicieuse Choo-choo Caroline.

En confiant la narration à Billy, Charles Williams délaisse les tropes du roman noir « hard boiled », et nous propose une intrigue facétieuse et décalée, dont la drôlerie est tout simplement irrésistible.

« Je sais pas pourquoi mais un homme a beau essayer de toutes ses forces, il risque pas d'être au mieux de ses performances si sa femme déblatère vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur son foutu calcul biliaire. »

Les oncles Sagamore et Finley, le père de Billy qu'il appelle affectueusement Pop ainsi que le shérif et ses adjoints peu dégourdis évoquent un cirque joyeux qui tourne en roue libre. Lorsqu'une fête foraine s'installe sur la propriété de Sagamore, Billy évolue dans un monde étrange qui suggère une forme de rêve enfantin, où il n'est jamais l'heure d'aller se coucher.

Le tour de force de l'auteur est de nous proposer un double niveau de lecture, le regard porté par Billy sur la succession d'événements qui viennent pimenter l'été de ses sept ans, et l'intrigue « noire » que reconstruit le lecteur en lisant entre les lignes. le plaisir ressenti à la lecture du roman tient d'ailleurs en grande partie à cette reconstruction constante d'une réalité que ne fait qu'entrevoir le jeune narrateur.

« Le bikini de diamants » est pourtant plus ambitieux que la farce drolatique qu'il évoque au premier abord. Malgré son innocence et sa jeunesse, Billy est sans doute le personnage le plus raisonnable d'une intrigue truculente. Comme si par une troublante inversion de paradigme, les adultes, roués tel Sagamore, malins tel Pop ou fous tel Finley, incarnaient une faune bigarrée, tout droit sortie de l'Âge de pierre, tandis que Billy incarne une forme de mesure et d'honnêteté qui font cruellement défaut à ses aïeux. Derrière un roman noir en forme de farce, se dissimule une critique acerbe de ces adultes dont le seul horizon semble être l'appât du gain ainsi qu'une attirance incontrôlable pour une jeune beauté très légèrement vêtue.

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Que feriez-vous si l'on vous annonçait qu'une belle jeune femme, strip-teaseuse de profession, vient de disparaître sur la ferme de Sagamore, dans le plus simple appareil, juste vêtue d'un bikini de diamants, risquant de prendre froid ou de se blesser dans les ronces. Je connais votre grand coeur et je sais que ce n'est pas une place de parking à 1 dollar à l'entrée de la ferme qui va vous arrêter.
L'appel va être entendu et des milliers de véhicules vont débouler sur la propriété, le vieux Jimerson a intérêt à remiser ses porcelets car il va y avoir de la circulation sur le chemin de la ferme.
Ce qui est bien, c'est que dans les moments difficiles, on peut compter sur l'altruisme des hommes (curieusement, les femmes n'ont pas répondu à l'appel).
Boire de l'eau claire dans cette contrée présente des risques de typhoïde, heureusement Sagamore nous distille un alcool de contrebande dont vous nous donnerez des nouvelles, allez, dans sa grande mansuétude, il vous régale pour un dollar le verre.
Les autorités locales risquent fort d'être dépassées par les évènements mais le pauvre shérif au bord de la crise de nerfs a juré qu'il arrivera tôt ou tard à coffrer Sagamore.

Sagamore, docteur es-magouilles est un génie. Mais Charles Williams en est un autre. Avoir imaginé une telle histoire dépasse l'entendement ! Des dialogues savoureux à la Audiard, un excellent moment de lecture, bien déjanté, jubilatoire, un régal.
Dans la foulée, j'ai visionné le film datant de 1971 avec Jean Yanne, Lino Ventura et Mireille Darc, on y retrouve bien l'esprit du roman mais c'est plus grossier, moins subtil.
Après avoir lu Hot Spot, c'est mon deuxième roman de Charles Williams, je suis fan !

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Totem.
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Pop et son fils Billy vont s'installer chez l'oncle Sagamore et délaissent temporairement les champs de course qui sont leur bureau habituellement. Sagamore vit dans une ferme isolée et n'est jamais à court de combines pour gagner de l'argent plus ou moins légalement. A parti de ces éléments Charles Williams construit une histoire hallucinante, racontée par le jeune Billy. C'est drôle, truculent. le personnage du shérif, constamment malmené par Sagamore et au bout du rouleau est un régal. On s'attache à ces personnages hors la loi mais jamais méchants et toujours sûrs (ou qui se persuadent) d'être dans leur bon droit.
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Un livre vraiment comme je les aime. de la gnôle qui pique, des ringards de l'Amérique profonde mais pas si ringards que ça, des pépètes bien roulées...
Un humour noir à chaques pages et ça fait du bien. On retrouve Pop et son frérot Sagamore qui magouille tout le temps. On passe un bon moment et moi je ne m'en lasse pas.
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Le bikini de diamants (aussi connu sous le titre de Fantasia chez les ploucs) est un classique qui date de 1956.
Cet un roman noir léger et drôle raconté par la voix naïve d'un gamin de sept ans qui n'est pas pleinement conscient de ce que trafiquent son père et son oncle.

Billy et son père vivent sur la route, allant d'hippodrome en hippodrome, mais quand les services sociaux rappellent à l'ordre le paternel sur comment éduquer sainement un enfant, ils partent se poser à la ferme l'oncle Sagamore.
L'oncle Sagamore est un drôle de personnage et sa ferme dégage une odeur pestilentielle.
Là, Billy va rencontrer des bootleggers, des gangsters et la belle Caroline Choo-Choo, une strip-teaseuse de Chicago qui ne porte rien d'autre qu'un minuscule string incrusté de diamants. Quand elle disparaît dans la nature, Sagamore et son frère voient là une belle occasion de se remplir les poches.

C'est bourré d'humour, rempli de situations cocasses et de personnages hauts en couleur.
Les deux frères Sagamore, sous l'apparence de rednecks nigauds, polis et coopératifs, sont des gros malins qui gardent toujours une longueur d'avance sur la loi. Et ils parviennent à chaque fois de façon amusante à humilier le shérif.
Un total manque de sérieux rafraîchissant, un
"je m'en foutisme" intégral et assumé avec un petit côté Erskine Caldwell.

Traduit par Laura Derajinski
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Ayant cite ce livre dans mon precedant billet, je me devais de lui consacrer quelques lignes.

C'est le compte-rendu des mefaits d'un bouseux picaresque qui, avec son frere venu le visiter, roule les autorites du lieu, prenant un malin plaisir a les ridiculiser. Avec beaucoup de panache et une verve qui coule a flots. C'est d'un burlesque desopilant.

En plus ca a un cote charmant parce que c'est raconte par un enfant de 7 ans. Tres degourdi l'enfant, pas bete pour un sou, tres eveille, rien ne lui echappe, mais evidemment s'il voit et rapporte le comment, il ne comprend pas le pourquoi des actions. Qu'a cela ne tienne, pour le lecteur les manigances sont clarissimes et son plaisir est double par les etonnements et les emerveillements de l'enfant.

Du cote du bouseux arrive un malfrat cachant une charmante danseuse de music-hall qui se baigne vetue d'un minime bikini de diamants (voir le titre original). D'autres gangsters vont vite arriver a sa recherche et ca va mitrailler tres serieusement. Des macchabees partout. Mais la jeune danseuse, a-t-elle ete atteinte? C'est la que notre cul-terreux (pas du tout plouc, malgre le titre choisi par Marcel Duhamel, son insigne traducteur) va afficher son genie: il va organiser des recherches a l'echelle du comte, en fait attirer toute sa population masculine vers une enorme kermesse qui va lui rapporter gros.

Comment tout ca va finir? Je vais spolier: magnifiquement pour le gosse. Pour tous les autres, flics ou bouseux, danseuses ou gangsters, vous n'avez qu'a lire le livre si vous voulez le savoir.

Et vous feriez bien de le lire, parce que derriere cette franche partie de rigolade, Williams infiltre la situation de misere des campagnes americaines pendant la grande depression americaine des annees 30, stimulant des tentatives de s'en sortir pas toujours “tres catholiques", et la corruption generalisee des administrations et de la police. Il est vrai que d'autres ont developpe cela avant lui et meme mieux que lui. Mais en faire le sujet d'une farce? Je crois qu'il n'y a que lui qui ait ose. Et qui en ait produit une telle reussite dans son genre.

Je dirai meme plus: vous feriez bien de le lire dans la vieille traduction de Marcel Duhamel, celle au titre ringard de Fantasia chez les ploucs, vieille mais immortelle; il explose, le Duhamel!
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Réjouissant !

Le narrateur, Billy, 7 ans, et son père partagent le temps d'un été la vie de leur oncle et frère, Sagamore Noonan.
Cet homme à la tête d'une petite ferme est surtout un voyou de génie, cible numéro 1 du shérif du comté.
Les vacances de Billy prennent un tour encore plus passionnant lorsqu'une strip-teaseuse absolument charmante, vient trouver refuge à la ferme. Livré à lui même, alors que son père et son oncle sont occupés à distiller de l'alcool et à le revendre clandestinement, Billy se rapproche de Choo-Choo Caroline, et va chaque jour nager avec elle.
Jusqu'à ce que les gangsters lancés à sa recherche retrouvent sa trace.
Billy va de surprise en surprise, d'expérience inédite en apprentissage parfois difficile et nous donne à voir cette bande d'arnaqueurs avec une (fausse) innocence irrésistible.
J'oublierai sûrement ce roman noir adapté au cinéma sous le titre « Fantasia chez les Ploucs », mais je garderai le souvenir d'avoir vraiment passé un bon moment.

Traduction Laura Derajinski
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Le bikini de diamants.
Charles WILLIAMS (traduction Laura Derajinski illustration Sam Ward)
Coup de coeur ♥

Billy a sept ans et vit avec son papa qu'il appelle Pop.
Pop quant à lui vit de petites magouilles dans le milieu hippique.
Mais parfois ça tourne mal et il vaut mieux se mettre au vert…
Et quoi de mieux que la ferme de l'oncle Sagamore pour se mettre au vert ?
Sagamore Noon est connu partout comme le loup noir !
Un vieux type que le shérif a pris en grippe car il le soupçonne de fabriquer clandestinement sa propre gnôle sans avoir jamais pu le coincer et ça, ça le rend complètement fou le shérif !
Billy passe de bonnes vacances et un jour arrive un couple composé d'une très belle femme, Mademoiselle Harrington et du docteur Severance qui s'occupe de son « anémie sévère ».
Billy se lie d'amitié avec Mlle Harrington qui lui apprend à nager.
Et un jour, au bout milieu d'une leçon de natation dans le lac, des coups de feux sont tirés dans l'eau et Mlle Harrington disparaît seulement vêtue de son bikini de diamants.
Une immense battue est organisée par ce vieux filou de Sagamore et l'histoire prend une tournure complètement démente, insensée, ingénieuse, formidablement incroyable !

Un roman comme j'en ai rarement lu !
Le narrateur n'est autre que Billy qui du haut de ses 7 ans nous offre sa vision fraiche, innocente et mignonne de cette folle aventure.
J'ai souris tout au long de ma lecture en voyant les événements arriver avant Billy.
Tout est extrêmement bien dosé, l'humour, le suspense et les révélations.
Sagamore est un type incroyable de dérision et de cynisme.
L'ambiance très bien restituée.
Je vais maintenant m'empresser de visionner l'adaptation cinématographique « Fantasia au pays des ploucs ».

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