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Laurence Campbell (Illustrateur)
EAN : 9781953165008
144 pages
Awa Comics (23/02/2021)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Three Made Men, standing at the brink of retirement, find their unbreakable bond put to the ultimate test when they are suddenly assaulted by the ghosts of their past. Confronted by decades of buried secrets – resentments, affairs, double-crosses, and murders – the three friends have no choice but to unearth the deepest, darkest sin from their past and pray they don’t find an empty grave.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Juste retour des choses
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Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de toute autre, qui n'appelle pas de seconde saison. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, coécrits par Rob Williams & Ollie Masters, dessinés et encrés par Laurence Campbell, et mis en couleurs par Lee Loughridge. le tome se termine avec une postface d'une page et demie de Williams et une autre de la même longueur de Masters, les couvertures sans logo, et 3 pages de script avec les cases correspondantes.

Dans un coin désert en bordure de Los Angeles, trois hommes ont creusé une tombe, et ils commencent à jeter de la terre sur le cadavre qu'ils y ont déposé. L'un d'eux arrête les deux autres, leur faisant signe qu'il souhaite jeter deux pièces avec une face rayée, dans la tombe. Il pose les deux pièces, puis ils reprennent leur besogne, de recouvrir le cadavre afin qu'il ne puisse être retrouvé. Des années plus tard, le soir dans un bar, le grand costaud Primo retrouve petit Alex ; ils sont maintenant des cinquantenaires. Quelques instants plus tard, ils sont rejoints par Donny, le troisième homme qui se trouvait au pied de la tombe toutes ces décennies plutôt. Cela fait dix ans qu'ils ne se sont pas retrouvés ainsi tous les trois. Primo est même surpris que Donny se soit déplacé, car il aurait très bien pu signer les papiers et les envoyer. Ce soir, ils vont signer pour vendre leurs affaires, et pouvoir se retirer peinards. Ils finissent par sortir dehors pour se rendre à leur rendez-vous. Devant, Primo repère une voiture avec une conductrice qu'il connaît bien. Elle a encore sa flasque à sa main. Il tape sur le toit de la voiture, ce qui la réveille et lui dit que l'entrée du bar est libre. L'inspectrice Lopez aurait pu les rejoindre pour prendre un verre. Donny lui dit de la lâcher et Primo ne peut pas s'empêcher de lancer une dernière pique : que Lopez transmette leur bonjour à sa partenaire, si elle arrive à la retrouver.

Les trois hommes prennent le temps d'aller faire une pause sur la plage, en souvenir de Garcia. Primo est un peu remonté : il leur fait remarquer qu'il est obligé de lâcher toutes ses affaires juste parce que eux veulent se retirer des affaires. Donny lui fait observer que le deal a été construit comme ça : ils doivent se retirer tous les trois pour pouvoir vendre. Primo finit par reconnaître qu'ils ont fait de bonnes affaires dans cette ville. Donny acquiesce : ils s'en sont bien tirés, mieux que les pauvres hères qu'ils ont amenés jusque-là, tous ces cadavres qu'ils ont enterrés. Or justement, une étrange énergie semble parcourir tous les squelettes sous leurs pieds, alors qu'ils s'éloignent déjà. Une sorte de squelette mi-homme mi-vautour s'extirpe de la terre, avec des pièces rayées dans ses orbites vides. Il lève la tête vers le ciel, puis vers les lumières de la ville. Il se met en marche pour rallier la ville. Dans sa magnifique villa avec une grande baie vitrée donnant sur les lumières de la ville, petit Alex finit de nouer sa cravate devant son miroir. Sa femme lui fait observer tout ce qu'il accomplit, beaucoup plus que ce que son père n'a jamais réussi.

D'une certaine manière, la couverture et la scène d'introduction autour de la tombe disent tout de l'histoire : trois cinquantenaires qui ont régné sur une partie du crime organisé à Los Angeles passent la main à un repreneur au cours d'une soirée à haut risque, avec un spectre à leur trousse, un fantôme qui incarne littéralement les individus qu'ils ont tués pour en arriver là. Il y a une pauvre inspectrice de police dont la vie a visiblement été percutée par leurs exactions et qui trouve l'oubli dans l'alcool. Il y a un successeur qui utilise les mêmes méthodes qu'eux et qui semble à la fois bien installé dans la place, et à la fois pas entièrement maître de la situation qui peut encore basculer. le lecteur relève une à une les conventions du genre : le spectre de la mort violente qui plane sur tout ce beau monde dont ils ont plus ou moins conscience, les discours d'homme dur et habitués à donner la mort en face, une forme lancinante d'amertume quant au temps qui passe, une impossibilité d'accepter la réalité des comportements et de les assumer, une contrainte de recourir à la violence encore et encore, sans jamais pouvoir s'en débarrasser. Les dessins montrent une réalité âpre, marquée par des zones d'ombre qui ne disparaissent jamais tout à fait, par des éclairages qui sont soit blafards, soit trop agressifs, des individus eux-mêmes agressifs qui doivent toujours se battre pour obtenir ce qu'ils veulent.

Au départ, le lecteur éprouve la sensation de se retrouver dans une histoire convenue avec un déroulement couru d'avance, et des créateurs qui maîtrisent à la perfection les codes du genre, étant presque eux aussi dans une sorte d'acceptation qu'ils n'ont d'autres choix que de raconter leur histoire comme ça, de se conformer aux figures de style imposées, inhérentes à ce genre. Ce n'est pas désagréable, car il s'agit de bons auteurs utilisant à bon escient ces éléments. D'une certaine manière, la scène d'ouverture est impeccable : cases de la largeur de la page, silhouette essentiellement en ombre chinoise, nuit étoilée, pelletée de terre jetée sur le lecteur qui est en vue subjective au fond du trou. Puis, un remarquable fondu enchaîné qui transforme les particules de terre terne, en particules de lumière avec l'ajout de la couleur, pour arriver sur les lumières de la ville : très belle transition purement visuelle. L'artiste va ainsi réussir d'autres rapprochements : les lumières de la ville qui se reflètent sur une grande baie vitrée donnant l'impression qu'elles troublent la vision de Primo, les lumières des phares avant des voitures dans le trafic qui provoquent un effet stroboscopique sur Donny, la grille des feux rouges arrière des véhicules qui deviennent un quadrillage de sang dans les artères de la mégapole, le rouge du sang qui finit par envahir toute la vision de Primo comme l'expression de sa fureur, etc. La complémentarité entre dessinateur et coloriste est remarquable, mais en même temps ces effets sont convenus, même s'ils sont parfaitement exécutés.

L'artiste représente les personnages avec une même sensibilité réaliste empreinte d'un sérieux, et d'une forme de fatalité. le lecteur voit bel et bien des hommes âgés d'une cinquantaine d'années, avec un beau costume pour Donny et Alex, et une tenue plus décontractée pour Primo. le lecteur voit bien également que la carrure physique de ce dernier est beaucoup plus massive, et plus musculeuse. Les mines des personnages sont souvent dures, parfois pensives, comme s'ils étaient perdus dans des souvenirs d'action qu'ils regrettent mais qu'ils ne pouvaient pas éviter. La tenue vestimentaire des autres personnages reste dans un registre normal et ordinaire, entre costume pour les hommes et vêtements plus sportifs pour l'inspectrice Lopez, sans oublier dessous chics pour la prostituée que se paye Donny. le dessinateur utilise essentiellement des cases de la largeur de la page pour un effet cinématique. Il ne se contente pas de placer un personnage au milieu sans rien derrière. Il représente très régulièrement les décors : les gratte-ciels du centre-ville de Los Angeles, les bouteilles et les lumières du bar, un entrepôt, la chambre d'enfance de Primo, ou encore les rues de Los Angeles.

Les auteurs mettent en place une narration sous le signe l'inéluctabilité d'un destin implacable et le lecteur comprend dès le début qu'il s'agit d'une histoire qui ne peut pas bien se terminer. le soin apporté aux personnages, aux décors, aux prises de vue factuelles sans effets de manche permet au lecteur de s'immerger dans ce polar réaliste. Il y a donc également cette composante surnaturelle présente dès le début, avec les pièces de monnaie rayées, placées sur les yeux d'un cadavre, puis avec le squelette composite homme-oiseau. Lorsque le surnaturel pointe le bout de son nez la fois suivante, c'est sous la forme d'un squelette humain dont Alex a la vision à côté de lui sur la banquette arrière. Il n'y a pas de réelle interaction, et le lecteur est amené à y voir la présence de toutes les personnes ayant trouvé la mort sur l'ordre du trio de malfrats, ou directement exécutées par l'un d'eux. Il est donc facile d'y voir une allégorie de leur culpabilité, trouvant son écho dans la forme de regret diffus qui les taraude à tour de rôle. Cette interprétation très littérale, très directe se trouve en phase avec les caractéristiques de la narration pragmatique. Mais Primo, Donny et Alex ne semblent pas tant que ça souffrir de culpabilité, ou même se sentir réellement coupables. Ils ont chacun leur schéma mental qui les absout : ce n'est pas leur choix que de se conduire ainsi, que de tuer, ça leur est imposé par les circonstances, et par le comportement idiot des autres qui voient bien qu'il ne faut pas les trahir, qu'il ne faut pas aller contre eux. Ces manifestations surnaturelles deviennent alors simplement l'existence de ces morts, et le passé et le mode de vie associé qui ont comme conséquence logique ce qui va arriver à ces trois hommes. Avec un point de vue moral, il est également possible d'y voir un syndrome de stress post traumatique qu'ils éprouvent à leur insu, le fait d'avoir mis fin à tant de vies humaines.

Un bon petit polar assez convenu, avec un trio de criminels bien installés dans la vie, ayant atteint la cinquantaine. La narration est professionnelle, bien exécutée, et soignée, que ce soit dans la construction dégraissée, ou dans les dessins réalistes et efficaces. L'ajout d'un élément surnaturel semble superflu au départ, car il est facile de voir ce qu'il incarne. Petit à petit, il est possible d'y lire autre chose, de moins immédiat, de plus psychologique qui renforce l'idée d'un destin inéluctable.
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