Retour aux affaires pour
Robert-Charles Wilson, ou plutôt à ses affaires favorites : celles qui traitent du voyage dans le temps.
La cité du futur développe en effet cette thématique chère à l'auteur, de manière assez originale, dans une ambiance qui ne dépare pas avec l'un de ses chefs-d'oeuvre qu'est
Julian (qui n'avait pourtant rien à voir avec ce sujet). Une combinaison qui rend le roman follement attractif.
1877, à l'époque du président Ulysses Grant (Ulysse, dans ce texte), des visiteurs du futur (notre présent) s'installent pour y construire deux tours au milieu de nulle part. Avec quels objectifs (louables ou non) ?
La cité du futur est un choc des cultures, une collision des époques, une confrontation qui avait tout pour en faire un roman mémorable. Il faut dire que RCW est un expert dans l'art de se fondre dans son environnement. Et c'est en suivant un autochtone de cette période révolue qu'on s'en rend une nouvelle fois compte.
L'auteur sait admirablement bien nous plonger dans l'esprit de l'époque, en adaptant son écriture au parlé et aux idées du XIXème siècle. Sa prose y est parfaite pour immerger le lecteur dès les premières pages.
Ce roman est avant tout une aventure humaine.
Robert-Charles Wilson a pris soin de ne jamais noyer son récit dans des concepts complexes, en prenant le parti de proposer un livre accessible à tous (amateurs de SF ou pas du tout !). Les fans acharnés des concepts temporels trouveront peut-être le développement scientifique trop léger (c'est presque un prétexte), mais le propos est ailleurs.
Robert-Charles Wilson est un humaniste. Il le prouve à chacun de ses romans, et
La cité du futur ne déroge pas à la règle. Jamais donneur de leçon, avec une volonté de tous les instants de permettre de mener une réflexion sur la condition humaine.
Le récit est prenant. L'histoire nous immerge dans l'Histoire qui perd de son intangibilité pour en devenir changeante, voire même instable. Un joli terrain de jeu pour observer et tenter de comprendre. Une jolie métaphore pour parler de l'acceptation de l'inconnu et pour se confronter à d'autres manières de penser. Une ode à la tolérance tout autant qu'un divertissement d'excellente facture.
RCW a toujours eu un coté nostalgique dans ses écrits de SF. C'est encore plus prégnant avec ce roman-ci. Non pas qu'il tombe dans le piège du « c'était mieux avant », mais il sait parler du passé avec un respect et une intelligence mêlés.
La thématique avait tout pour en faire un roman fleuve. L'auteur a pris l'option, d'au contraire proposer un récit, certes dense, mais qui se lit vite. Un certain manque d'ambition que je regrette un peu, tant il y avait à faire avec un sujet pareil. Mais son parti pris est respectable et ne dénature en rien le propos, ni ne gâche le plaisir immense de cette lecture.
La cité du futur est un passionnant roman d'aventure entre deux époques. Une belle réflexion éthique, une universalité du propos, et un divertissement fascinant, tout autant que captivant, à la faveur d'un rythme soutenu, parfois digne d'un thriller.
Robert-Charles Wilson n'a rien perdu de ses qualités de conteur et de sa subtilité humaniste.
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