Un documentaire un peu daté sur les Premières Nations des États-Unis.
Un premier chapitre de Joseph Mitchell parle des « Mohawks, charpentiers de l'acier ». L'absence de vertige semblant être un trait caractéristique des Mohawks qui ont fourni une contribution à l'érection des gratte-ciels du 20e siècle. Un talent extraordinaire qu'on a du mal à imaginer, mais banal selon un monteur de structure qui m'expliquait : « Auriez-vous peur de marcher au sol sur une poutre de 30 cm de large? Pour moi, c'est la même chose en haut, c'est comme marcher sur un trottoir…»
Dans les chapitres suivants, l'auteur décrit sa propre expérience, sa surprise de découvrir tout un monde dont il ignorait tout. Il part à la rencontre des « Six nations », des Mohawks, Onondogas, Tuscaroras, Sénécas. Il survole certaines tragédies du passé, l'éveil d'un certain militantisme et les batailles des années 5 qui étaient le présent lorsqu'il a écrit le livre :. Il décrit aussi des coutumes et des cérémonies religieuses traditionnelles ainsi que les modes de gouvernance et de propriété.
Par contre, ce sont spécifiquement les « Indiens » de l'Est des États-Unis, et je ne suis pas sûre que l'auteur était bien informé de la situation plus globale de l'Amérique du Nord (qui n'est pas que les États-Unis!), lorsqu'il raconte : « Dans un premier temps, c'est aux mains des Français que les Indiens avaient connu les pires traitements, ce qui les avait amenés à s'allier avec les Anglais. »
La réalité historique n'est pas si simple. Au 17e siècle, en Nouvelle-France, il y avait une guerre commerciale pour la traite des fourrures et certaines tribus se sont alliées aux Français et d'autres aux Anglais, produisant de nombreuses escarmouches. Mais on peut se rappeler « La grande paix de Montréal » en 1701 où les Iroquois ont signé des traités de paix avec les Français. Puis est venue la Conquête de 1760, la capitulation de la colonie et les traités qui ont mis fin à la guerre de Sept Ans en abandonnant la Nouvelle-France à la couronne britannique.
Au Québec, nous avons aussi un
pardon aux Iroquois qui étaient les « méchants » de « l'Histoire du Canada » enseignée dans les écoles jusque dans les années 70. Les Iroquois étaient les responsables de la torture des « Saints Martyrs canadiens » et du massacre de Lachine. Les Hurons étaient les « bons », les alliés des Français (alors que les Hurons font partie de la grande famille iroquoise)… On oublie facilement les autres, les Innus, les Cris, les Mi'gmaq, la dizaine d'autres nations réparties sur le territoire.
Et les difficultés contemporaines des membres des Premières Nations vont bien plus loin que la déformation historique. Au-delà des revendications territoriales, l'affirmation culturelle et identitaire, les « réserves », la pauvreté, les problèmes sociaux et même le racisme systémique sont toujours d'actualité.
Un livre qui montre un peu l'évolution des revendications aux États-Unis, mais qui n'apporte pas beaucoup d'éclairage sur le contexte actuel.