Le parrain à la sauce Illiade… La mafia, ses guerres, le tout sur fond de celle de Troie. Mais au lieu d'avoir l'affrontement entre les Grecs et les Troyens, ce sera entre les Irlandais bouffeurs de patates et les Italiens, bouffeur de macaronis.
Pourtant, au départ, tout allait bien dans le quartier de Dogtown : les mafiosi irlandais et italiens s'entendaient bien, ils se partageaient les territoires, même si on se doute que dans le fond, chacun aurait voulu éliminer l'autre pour se tailler la part du lion.
Oui, mais pour se faire la guerre, il faut un déclencheur, un prétexte. Ce sera pour une histoire de nichons que tout commencera avant de se terminer dans un bain de sang.
Paulie Moretti (le clan des Italiens) n'a pas apprécié que Liam Murphy (clan des Irlandais) plote les seins de sa sculpturale copine (la Hélène de Troie). La copine n'a pas apprécié non plus. Les règles mafieuses sont strictes : on ne touche pas aux femmes des autres (mais l'un d'entre eux ne s'est pas privé, un jour, de violer la gamine d'un autre).
Moi, je dirais plutôt qu'on ne touche pas une femme qui ne le veut pas, qu'on ne lui fait pas le coup du "Dis un peu camion" pour pouvoir ensuite faire "pouet-pouet". Mais allez expliquer ça à un mec…
Surtout que le Liam, sale gamin pourri gâté, égoïste, beau sans doute comme Brad Pitt dans Friends et ne pensant qu'à sa petite personne et à sa tchole, qu'il a du mal à garder dans son pantalon. Une jolie fille qui passe et il a déjà envie de la keter avant de passer à une autre. Les femmes sont des kleenex pour lui. Il mouche blanc dedans (ou dessus) et puis les jette.
Est-il possible de rendre sympathique des mafiosi qui se font la guerre, qui se tirent dans les pattes ? Hélas, oui, c'est possible, surtout que l'auteur, pas con, nous les présente durant leurs vacances à la plage, où la famille Murphy et Dany Ryan coulent un mois d'août fait d'insouciance.
De plus, la ville de Providence est décrite, elle aussi, ce qui nous immerge encore plus dans les ambiances des mafieux ou tout simplement des membres de la famille Murphy.
L'auteur prend la peine d'approfondir certains de ses personnages, n'hésitant pas à stopper son récit pour nous conter l'enfance de Madeleine (elle a changé de prénom), son parcours, ce qui d'un côté est intéressant, mais de l'autre, cela coupe l'élan du récit.
Dommage qu'il n'ait pas su éviter le manichéisme avec Liam, qui cumule tous les défauts du monde, tout en ayant un physique de bô gosse. Il est capricieux, fait des conneries sur conneries, ne sait pas fermer sa gueule, plonge tout le monde dans la merde, est responsable de morts et personne ne le remet en place ??
Et le rapport avec la guerre de Troie, dans tout cela ? Oui, il y est, mais il n'apporte rien de plus à l'histoire, on ne me l'aurait pas noté dans le 4ᵉ de couverture que je ne l'eusse pas vu. Puisque je le savais, j'ai cherché les points de comparaisons.
N'ayant vu que le film avec Brad Pitt, mes références seront celles-là : la belle Hélène est là, c'est une belle poire, Pâris est Liam le merdeux capricieux, on a Achille, le guerrier qui veut foutre le camp à un moment donné, mais qui hurlera sa rage quand son amant, Patrocle, se fera assassiner. Hector (ou son alter ego mafieux) mourra aussi (mort horrible) de la main d'Achille, qui rejoindra l'enfer à cause de son talon du même nom.
Les passages importants de l'Illiade sont bien intégrés au texte, on a de l'action, mais pas trop (ni trop peu), on a de la psychologie, le personnage de Danny va évoluer, tout le monde est nuancé (sauf quelques-uns, très très cons ou très très égocentriques) et le récit est emballant, le roman n'a pas traîné sur la table et je n'ai pas soupiré durant ma lecture.
De là à dire que c'est une « Nouvelle trilogie explosive », comme indiqué sur le bandeau-titre… Un peu surfait, je trouve, ou alors, il faut vraiment que ce soit explosif, et pour le coup, si j'ai apprécié ma lecture, l'univers, les personnages, l'immersion dans la mafia, ça ne vaut pas la trilogie sur les cartels de la drogue (Art Keller).
Malgré tout, je réserverai mon jugement après avoir lu le deuxième tome, parce que justement, dans la trilogie des cartels, c'est surtout le deuxième et le troisième volume qui m'avaient explosé dans la gueule (même si le premier était déjà fort). Il y avait une montée en puissance dans le récit et si cette nouvelle trilogie est dans la même veine, je pourrais m'en prendre plein la tronche avec le volume 2.
Si je n'avais pas lu sa précédente trilogie, j'aurais trouvé ce roman excellent et je lui aurais collé un max en cotation, mais Winslow m'a habitué à des mets plus épicés, plus recherchés, plus fouillés. Son premier tome sur la mafia est très bon, mais ça manque de sel et c'est moins marquant que les cartels, même si j'ai appris plein de choses sur les systèmes mafieux.
Un bon roman noir, un bon thriller, un bon roman sur la mafia, qui se lit tout seul, presque un page-turner, sans pour autant avoir de l'action à gogo, mais venant de Winslow, la barre aurait dû être mise plus haut.
Néanmoins, je lirai le tome suivant avec plaisir, afin de vérifier s'il a rectifié l'assaisonnement...
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