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Citations sur Mrs Dalloway (375)

Alors ce fut comme il arrive sur une terrasse au clair de lune, quand l’un des deux se sent humilié parce qu’il s’ennuie déjà, tandis que l’autre reste assise, silencieuse, très tranquille, regardant tristement la lune, et qu’il remue le pied, tousse un peu, remarque un écrou de fer sur le pied de la table, déplace une feuille, mais ne dit rien ; ainsi sentait Peter Walsh. Pourquoi revenir ainsi sur le passé ? Pourquoi le lui rappeler ? le faire encore souffrir, quand elle lui avait infligé des tortures infernales ? Pourquoi ?
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Lady Bruton se retenait souvent de juger les hommes, par respect pour cette mystérieuse affinité qui fait qu'eux, non les femmes, sont les ministres de l'univers ; ils savent comment dire les choses, ce que l'on doit dire ; aussi était-elle sûre que si Richard la conseillait et si Hugh écrivait tout irait très bien.
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Car il n'y a qu'une chose qui vaille la peine d'être dite : ce que l'on sent.
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Que vaut l'intelligence, dit Lady Rosseter en se levant, comparée au cœur ?
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La chose étrange, en y repensant, c’était la pureté, l’intégrité de son sentiment pour Sally. Ce n’était pas le sentiment que l’on a pour un homme. Il était complètement désintéressé et, de plus, avait une qualité qui ne peut exister qu’entre femmes, entre jeunes filles adolescentes. Il était, de son côté à elle, protecteur. Il venait du sentiment qu’elles avaient d’être liguées, de la crainte d’un événement qui les séparerait (le mariage leur apparaissait comme une catastrophe) ; de là cette chevalerie, ce sentiment protecteur qui était beaucoup plus fort de son côté que de celui de Sally. Car en ce temps-là elle était d’une témérité insensée, faisait les choses les plus idiotes par pure bravade, parcourait à bicyclette le parapet de la terrasse, fumait des cigares. Absurde, tellement absurde ! Mais son charme était si puissant, pour Clarissa tout au moins, qu’elle se voyait encore debout dans sa chambre au premier étage, tenant le pot d’eau chaude entre ses mains et disant tout haut : « Elle est sous ce toit !… sous ce toit ! »

Non, ces mots ne signifiaient maintenant plus rien. Elle ne retrouvait même pas un écho de son ancienne émotion. Mais elle se souvenait d’avoir été glacée d’excitation, de s’être coiffée avec une sorte d’extase pendant que les corneilles volaient dans l’air rosé du soir (il lui revenait un peu, ce sentiment de jadis, tandis qu’elle enlevait ses épingles, les posait sur la coiffeuse et se mettait à rajuster ses cheveux), de s’être habillée, d’être descendue et d’avoir senti en traversant le hall que « s’il fallait mourir maintenant, ce serait le moment du plus grand bonheur ». C’était là son sentiment, le sentiment d’Othello, et elle l’éprouvait, elle en était sûre, aussi fortement que Shakespeare avait voulu qu’Othello le sentît, tout cela parce qu’elle descendait dîner, en robe blanche, avec Sally Seton.
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La paix entra en elle, la rendit calme, contente, tandis que l’aiguille, attirant doucement la soie jusqu’au bout de sa course paisible, rassemblait les plis verts et les attachait très légèrement à la ceinture. Ainsi, un jour d’été, les vagues se rassemblent, se soulèvent et retombent, se soulèvent et retombent, et le monde entier semble dire : « C’est tout », avec une force de plus en plus grande, si bien que même le cœur, dans le corps étendu au soleil sur la plage, dit aussi : « C’est tout ». Ne crains plus, oh ! ne crains plus, dit le cœur qui remet son fardeau à la mer, une mer qui soupire innombrablement pour tous les chagrins, et qui recommence, se soulève et retombe. Et le corps resté seul écoute l’abeille qui passe, la vague qui se brise, le chien qui aboie au loin, au loin.
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[Clarissa Dalloway] Son idée sur la question étant que les dieux, qui ne perdaient jamais une occasion de blesser, de contrarier et de gâcher les vies humaines, étaient sérieusement déconcertés si vous sous comportiez quand même comme une grande dame.
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On ne peut pas mettre des enfants au monde dans un monde tel que celui-ci.
On ne peut pas perpétuer la souffrance, contribuer à la reproduction de ces animaux libidineux, qui n'ont pas d'émotions durables, rien que des caprices et des vanités qui les font dériver tant-tôt par-ci, tantôt par-là. ...

... Car la vérité, c'est que les êtres humains n'ont ni bonté ni foi ni charité, à part ce qui peut servir à accroître leur plaisir du moment.
Ils chassent en bandes.
Leurs bandes sillonnent le désert et disparaissent en hurlant au fin fond de l'univers.
Ils abandonnent ceux qui tombent. Ils portent des masques grinçant
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…c’est là le privilège de la solitude; dans l’intimité, on peut faire ce qu’on veut. On peut pleurer, si on est sûr de ne pas être vu. Cela avait été sa perte – cette sensibilité – dans la société anglo-indienne; le fait de pleurer, ou même de rire, à contretemps. J’ai en moi quelque chose, se dit-il, en se tenant près de la boîte aux lettres, quelque chose qui pourrait d’un moment à l’autre jaillir sous forme de larmes. Pourquoi, Dieu seul le sait.

(Folio, p.197)
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Tout cela aboutissait à une théorie transcendantale qui, avec son horreur de la mort,l'autorisait à croire que puisque notre être visible, cette partie de nous qui apparaît, est tellement éphémère, comparée au reste, comparée à la partie invisible de notre être, qui se ramifie si loin, la part invisible survivrait sans doute, renaitrait d'une certaine façon attachée à tel ou tel ou même hanterait certains endroits après la mort. Peut-être- peut-être.si l'on songeait à leur amitié longue de près de trente ans, sa théorie se vérifiait. Toutes brèves, malheureuses ou souvent douloureuses qu'aient été leurs rencontres, sans parler de ses absences à lui et des interruptions (ce matin par exemple, Elizabeth était entrée , comme un poulain aux jambes longues,belle et silencieuse, juste au moment où il commençait à parler à Clarissa), leur effet sur sa vie avait été incommensurable. C'était un mystère. On vous donnait une graine pointue, acérée, déconcertante, la rencontre réelle: le plus souvent affreusement pénible, et pourtant, quand on était loin, dans les endroits les plus inattendus, cette graine pouvait fleurir, répandre son parfum, se laisser caresser, regarder sous tous les angles, et vous pouviez la saisir toute entière et la comprendre, après des années où elle avait été égarée. Ainsi Clarissa lui était revenue à l'esprit;à bord d'un bateau; dans l'Himalaya; évoquée par les choses les plus insolites. Elle l'avait influencé plus que toute autre personne. Et toujours sa façon de se planter devant lui sans qu'il l'ait souhaité, sereine, distinguée, lucide ; ou bien ravissante, romanesque, envoûtante, faisant penser à un champ ou une moisson en Angleterre. Le plus souvent il la voyait à la campagne et pas à Londres. Tant et tant de souvenirs...
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