L'avancée dans le dépouillement est une marche lente et difficile. En décidant de ne rien posséder, de vivre au jour le jour sans amasser de réserves, nous nous exposons au mirage du manque. Pourtant, chaque jour, nous renouvelons l'expérience que les choses dont on a besoin arrivent au moment opportun, mais la peur est un tyran impitoyable. (p. 161)
Le chemin de Compostelle est un des derniers lieux de mixité sociale, avec les aires d’autoroute où, aux urinoirs, le camionneur pisse à côté de l’aristo, égaux devant les nécessités.
L’esprit de gratitude est le commencement de la joie.
Le refus des louanges est un désir d'être loué deux fois.
(citant La Rochefoucauld, p 58)
J’ai compris qu’entre toutes les inclinations qui se disputaient mon cœur, il ne fallait pas choisir. L’existence consiste à accorder les vérités multiples dont nous sommes tissés, non à amputer telle partie de sa personnalité au profit d’une autre. (p. 312)
La marche est un grand dispensateur d’émerveillement. J’en avais besoin. Je traînais une sorte de lassitude. Mes fringales d’absolu peinaient à d’étancher dans la France de Macron. Le Black Friday, les boucles de BFM TV, le racolage d’Instagram laissaient dans mon cœur un grand vide. Moi j’éprouvais une soif de vraie vacuité. J’avais besoin de laver mes oreilles dans le silence. Je désirais le baptême des choses simples.
Toute la nuit, un vent glacé à giflé la tente, et je me suis réveillé avec des petons froids comme un ruisseau de montagne.
Il doit être six heures du matin Autour du buron règne un silence de cathédrale. Des gouttes de rosée perlent sur la toile de notre tente. Au loin, à moitié endormis, les puys quittent péniblement leurs draps de brume, tandis que le soleil se lève.
Nous partons sur la pointe des pieds, et à jeun, à l’assaut du puy Mary. Sur les flancs de cette pyramide, un chemin qui ressemble à une ride est préposé à notre réveil musculaire. Les jambes encore fourbues par les efforts de la veille, nous peinons comme des bagnards.
Il est sage de panser dans le calme à ce qui peut arriver quand la tempête se lèvera.
Nous sommes tirés à un exemplaire unique. Il n'y a qu'une seule obéissance : celle que l'on doit aux hautes exigences de sa conscience. (p. 349)
Le bonheur n’est pas un arrêt, mais une marche éperonnée par un désir.