Citations sur Chinoises (143)
Tous les programmes préenregistrés devaient passer par un si grand nombre d'étapes et d'examens que l'on considérait qu'ils ne présentaient plus de danger. Mais pour les émissions en direct, il y avait beaucoup moins de garde-fous en place. Tout reposait sur la technique et l'habileté du présentateur à mener une discussion en évitant de s'approcher des zones sensibles. Les directeurs écoutaient souvent ces programmes le coeur battant, car certaines erreurs pouvaient leur coûter leur poste, si ce n'est leur liberté.
A cette époque, les femmes obéissaient aux « trois soumissions et quatre vertus » : soumission au père, puis au mari et, après sa mort au fils ; vertus de fidélités, de charme physique, de décence en paroles et en actes, et d’attention aux soins domestiques. Pendant des milliers d’années on avait enseigné aux femmes à respecter leurs aînés, à se montrer pleine d’égard envers leurs maris, à surveiller le four et à faire des travaux d’aiguille, tout cela sans mettre un pied hors de la maison. Qu’une femme étudie, lise et écrive, discute des affaires de l’Etat comme un homme, et même donnent des conseils aux l’hommes, c’était une hérésie pour la plupart des Chinois de cette époque.
Je me suis souvenue de ce que le Vieux Chen m’avait dit : « Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce que l’on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir. Si vous n’écrivez pas des histoires, leur trop-plein va vous briser le cœur. A l’époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m’aurait peut-être valu la prison. Je ne pouvais prendre le risque d’abandonné mon fils, ou ces femmes qui comptaient sur l’aide et les encouragements que leur apportait mon émission de radio. En Angleterre, le livre est devenu possible.
Les chinois disent que les femmes fortes sont à la mode ces temps ci, mais les femmes pensent que "derrière chaque femme qui réussit, il y a un homme qui la fait souffrir"
Mon grand-père, au début de la Révolution culturelle, a été désigné à la vindicte publique parce qu’il s’était attiré les éloges de deux des amis mortel de Mao Zedong. Le premier était Chiang Kai-shek, qui avait mentionné mon grand-père en termes élogieux parce qu’il avait travaillé à développer l’industrie nationale face à l’agression japonaise. Le second était un ancien camarade de Mao, Liu Shaoqi, qui avait félicité mon grand-père pour avoir donné une grande partie de ses bien au pays. Chiang Kai-shek avait dû fuir la Chine et se réfugier à Taiwan., et Liu avait été incarcéré après être tombé en défaveur. Mon grand-père avait plus de soixante-dix quand il a été emprisonné. Il a survécu à cette épreuve avec une force de caractère surprenante.
Dans chaque famille, il y a un livre qu'il vaut mieux ne pas lire à haute voix.
Je me suis souvenue de ce que le Vieux Chen m'avait dit : " Xinran, vous devriez écrire tout cela. Ecrire permet de se décharger de ce qu'on porte et cela peut aider à créer un espace pour accueillir de nouvelles façons de penser et de sentir. Si vois n'écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le coeur. " A l'époque, en Chine, écrire un livre tel que celui-ci m'aurait peut-être valu la prison. Je ne pouvais prendre le risque d'abandonner mon fils ou ces femmes qui comptaient sur l'aide et les encouragements que leur apportait mon émission de radio. En Angleterre, le livre est devenu possible. Comme si une plume m'avait poussé dans mon coeur. (p. 352)
Quand vous interrogez votre mémoire, vous ouvrez une porte sur le passé ; la voie qui mène aux souvenirs a de nombreux embranchements, et le chemin est à chaque fois différent.
Si vous n’écrivez pas ces histoires, leur trop-plein va vous briser le cœur.
Dans la Chine d'aujourd'hui, soit vous avez une famille mais pas les sentiments, soit vous avez les sentiments mais pas de famille. Les conditions font que, pour les jeunes, le métier et le logement sont des préliminaires indispensables au mariage. Leurs parents ont fait de l'exigence de sécurité et de fiabilité les bases de la construction d'une famille. Pour ces deux générations, les arrangements pratiques passent toujours en premier et, quand le sentiment existe, il s'est développé par la suite. Or, ce que la plupart des femmes recherchent et désirent, c'est une famille fondée sur les sentiments. C'est pour cela qu'on trouve tant d'histoires d'amour tragiques dans l'histoire de la Chine -des histoires qui n'ont porté ni fleur ni fruit. (p. 179)